Page images
PDF
EPUB

aux hommes d'abord, et ensuite aux travaux. L'oubli, la paresse, ou la nonchalance doivent être réprimés sévèrement, comme causes de la plupart des accidents, tandis qu'une sévère et stricte observation des bonnes coutumes en réduit extrêmement le nombre et la gravité.

Les écoles d'arts et métiers fournissent des sujets propres à acquérir facilement, et en peu de temps, les connaissances nécessaires à un bon directeur de travaux. Nous n'avons eu qu'à nous louer des jeunes gens qui nous ont été adressés par l'ancien directeur de l'école d'Angers, M. Dauban. L'un d'eux, M. Ayraud, est resté pendant vingt-cinq ans dans notre maison comme principal collaborateur. Doué d'une haute intelligence, d'un grand savoir et d'une modestie véritablement exceptionnelle et exagérée, il a rendu sans bruit les services les plus signalés à l'industrie des sondages. Élève de l'un de nous, maître de l'autre, ami affectionné de tous deux, ce n'était qu'avec peine qu'il acceptait la part si méritée qui lui revenait à bon droit dans les progrès accomplis. A sa mort, en 1855, il était chargé déjà depuis longtemps de la direction supérieure de tous nos travaux, et avait acquis en géologie un coup d'œil pratique important. Il fut chargé de différentes missions en Russie, en Afrique, etc., et il les a accomplies de la manière la plus remarquable. C'est à son habileté et à sa persévérance que nous avons dû le plein et prompt succès de ces difficiles. sondages entrepris dans les alluvions de Venise, et la réparation merveilleuse d'accidents survenus dans d'autres sondages à Rouen, à Londres, etc...

Sur les traces de notre regretté Ayraud marchent avec succès MM. Trouillet, qui le remplace auprès de nous depuis 1855; Mauget, chargé de nos longs et laborieux travaux de

Naples et des Deux-Siciles, Jus, actuellement en mission dans le Sahara oriental, et Berjeaut à Athènes. Parmi les plus jeunes, qui se sont déjà distingués par leur aptitude à ces travaux, MM. Dez et Baudelaire prouvent chaque jour que les écoles d'arts et métiers sont une bonne pépinière, non-seulement pour former de bons conducteurs de travaux, mais aussi des ingénieurs pratiques.

On peut aussi se procurer de bons directeurs de sondage à l'École des mines de St-Étienne, parmi les élèves libres de l'École des mines de Paris, à l'École centrale, etc.; s'ils ont une infériorité pratique sous le rapport mécanique, comparativement aux élèves des écoles d'arts et métiers, ils ont une supériorité marquée pour être employés dans les exploitations minéralogiques qui suivent les découvertes de la sonde. Eux seuls possèdent les connaissances indispensables pour mettre en activité ces importants travaux.

Parmi ces derniers nous citerons MM. Bastide, de l'École des mines de Paris, et Lippmann, de l'École centrale, qui nous donnent un concours éclairé, et prouvent qu'avec un bon esprit on peut descendre à des détails pratiques sans déroger à un savoir supérieur.

En dehors de ces directeurs, qu'une bonne éducation première a mis à même de diriger promptement des travaux, nous devons signaler aussi quelques-uns de ces hommes qui, par leur intelligence, une bonne conduite et une grande volonté, sont arrivés à suppléer victorieusement à ce qui leur manquait. Nous citerons en première ligne : M. Gault, dont les travaux ont toujours été remarquables par leur promptitude, leur bonne organisation et, partant, leur économie. Nous avons rarement rencontré un esprit plus perspicace pour réparer de suite ces

accidents assez fréquents en sondages, et modifier les outils d'une manière aussi rationnelle; M. Ribet, qui dirige actuellement nos travaux en Belgique, l'un des vétérans de notre maison, entré il y a vingt-neuf ans; il a su conquérir l'estime de toutes les compagnies de recherches près desquelles nous l'avons successivement détaché.

CHAPITRE IV

DES DIFFÉRENTES APPLICATIONS DE LA SONDE.

De l'enfoncement des

Des sondes d'exploration pour l'étude des terrains. pilotis et de la pose des pieux pour les lignes télégraphiques. Des puits d'amarres pour les ponts suspendus. - Des sondages sous-marins pour la destruction des récifs et l'étude des ports. Des sondages horizontaux.- Des sondages des mineurs et de la recherche des gisements minéralogiques ou métallifères. Des puits d'aérage de mines. Des puits absorbants pour desséchements ou pour absorption des eaux fétides provenant d'usines. - Des puits artésiens, ou recherche des eaux souterraines et de leur application.

[ocr errors]
[ocr errors]

La sonde n'est étrangère aujourd'hui à aucun travail souterrain. Sa forme et sa composition varient suivant le but qu'on se propose; elle est simple ou compliquée, et diffère beaucoup de ce qu'elle était lorsque son application était plus restreinte.

Nous allons indiquer dans les sections suivantes de ce chapitre les différentes applications faites jusqu'à présent, et les modifications qui en ont été la conséquence. Nous traiterons ensuite, avec détail, de l'outillage et des engins de manœuvre que nous nous bornerons à indiquer ici.

DES SONDES D'EXPLORATION.

Les sociétés d'agriculture et les personnes qui font valoir en grand leurs domaines emploient depuis quelques années avec succès de petites sondes portatives pour études de drainage, recherches des marnes, des sables, des argiles ou des pierres à bâtir.

Le génie militaire fait un usage habituel de la sonde d'exploration, avant d'asseoir des massifs énormes de maçonnerie sur un sol dont la partie inférieure lui est inconnue, ou pour déterminer la nature d'un sol destiné à un campement.

Les carriers et entrepreneurs de bâtiments s'en servent, les premiers pour connaître la puissance des bancs à exploiter, et les seconds pour s'assurer que les terrains leur offriront une base assez solide pour supporter les édifices qu'ils ont à élever.

Les ingénieurs des ponts et chaussées l'utilisent pour établir avec exactitude les cahiers des charges d'adjudication des travaux de terrassement, pour les études de chemins de fer et de canaux, pour poser les piles des ponts, ou faire des puits d'amarres à l'effet de fixer les câbles et chaînes des ponts suspendus.

Depuis dix ans, pas un édifice d'un peu d'importance ne s'est élevé dans Paris, pas un pont n'a été fait ou modifié, sans qu'à l'aide de la sonde on ait reconnu le sol jusqu'à une profondeur suffisante, pour qu'on sache avec certitude les conditions de solidité présentées par les terrains sur lesquels on élevait des constructions, soit sur les rives, soit dans le lit même de la Seine.

Elle sert aux maîtres de forges, aux fabricants de porcelaine,

« PreviousContinue »