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Cet officier supérieur a étudié, avec une patience admirable, toute la baie, et démontré qu'un bon port de sûreté pouvait être établi à l'île Bourbon, qui deviendrait un lieu de retraite dans ces parages souvent terribles.

SONDAGES HORIZONTAUX.

Les sondages horizontaux reçoivent de nombreuses applications pour la recherche des sources sur le penchant des collines, et pour l'exploration des massifs d'une exploitation de mines, dont la topographie n'a pas été continuée ou n'a été exécutée qu'imparfaitement. Il peut arriver que de vieilles galeries, voisines de celles où se trouvent les mineurs, soient pleines d'eau, et même à un niveau de plusieurs mètres audessus d'eux. S'ils avancent imprudemment dans le massif qui les sépare de ce réservoir, les eaux se font elles-mêmes une issue qui s'agrandit rapidement, remplissent en peu d'instants les galeries, et engloutissent les ouvriers. Pour éviter d'aussi graves accidents, les mineurs, avant d'enfoncer un massif que l'on suppose être occupé par les eaux, y pratiquent un trou de sonde de très-petit diamètre. Si le réservoir existe, les eaux qui s'en écoulent par un petit orifice, 0.04, par exemple, ne peuvent, quelle que soit leur hauteur de charge, donner lieu à aucun sinistre, l'ouverture étant pratiquée dans un massif conservant une assez grande épaisseur.

Des raisons inhérentes à la nature des propriétés, à la configuration du sol, s'opposent quelquefois à ce que l'on donne, par un fossé, écoulement à des eaux qui forment étang dans les parties hautes. L'on doit alors avoir recours à un aqueduc; mais si la distance depuis la prise d'eau jusqu'à son débouché

n'est pas grande, un sondage horizontal, correspondant à un second trou de sonde pratiqué verticalement dans le réservoir, amène le même résultat et présente souvent, sur tout autre moyen, une grande économie.

M. Colomez de Juillan, ingénieur en chef chargé du service hydraulique à Tarbes, a conçu depuis longtemps le projet d'utiliser, pour le service des irrigations de ces beaux pays, au pied des Pyrénées, un certain nombre de lacs situés dans ces montagnes. Ayant calculé la quantité d'eau fournie chaque année à ces réservoirs par la fonte des neiges, il propose de pénétrer, par une galerie à peu près horizontale et souterraine pratiquée dans la montagne, au-dessous de ces lacs, en un point qui lui permette de prendre tout ou partie de ce tribut annuel. La galerie arrivée à ce point, situé plus ou moins près des bords du lac, suivant sa forme naturelle, serait munie à sa tête d'un système de vannage puissant, capable de supporter la pression exercée par la hauteur de la colonne d'eau, et de ne lui donner que l'issue nécessaire aux besoins de l'agriculture. Ceci fait, un sondage vertical serait pratiqué pour mettre en communication le lac avec la galerie horizontale, et permettrait d'utiliser les énormes masses d'eau contenues dans ces immenses réservoirs. Jusqu'à présent, vingt et quelques lacs peuvent, d'après les remarquables études de cet ingénieur, se prêter à cette heureuse combinaison.

Cette disposition, comme on le voit, rappelle ce que nous venons de dire; mais ici le grandiose de l'opération ne permet pas de songer au sondage horizontal; il n'y a donc que ce qui concerne la partie verticale qui rentre dans le domaine de la sonde.

Les ponts et chaussées emploient aussi les sondages horizon

taux pour l'asséchement des terrains qui forment les parois élevées d'une tranchée, ou pour la consolidation d'une chaussée au moyen de tirants qui servent à presser un boisage appliqué contre les plans inclinés ou talus.

On s'est encore servi de sondages horizontaux pour assainir des levées de chemins de fer, en y introduisant des drains sans interrompre le service. Sur le chemin de fer de Versailles, rive droite, un éboulement de glaise eut lieu sur une hauteur de 7 mètres et sur une longueur de 35 mètres. M. Flachat nous envoya demander plusieurs petites sondes, et, en huit jours, d'excellents résultats ont été obtenus, sans que la circulation fût un seul instant interrompue.

Les couches du terrain houiller sont souvent inclinées et presque verticales; leur constatation demande dans ce cas un sondage d'une profondeur considérable, qui, si les couches étaient à peu près horizontales, serait peu profond; on a recours alors à un sondage horizontal qui, dans un terrain régulier, peut, sans présenter beaucoup de difficultés, atteindre une distance de 50 mètres. Ce système demandant peu de hauteur pour les engins, les recherches peuvent avoir lieu dans des galeries souterraines. Des sondages horizontaux ont encore été pratiqués pour porter secours à des ouvriers pris par des éboulements et enfermés, soit dans des tunnels, soit dans des galeries de mines. Aussitôt pratiqués, ils permettent tout d'abord l'introduction de l'air, et l'établissement d'un mouvement de va-et-vient pour le passage de vivres, puis l'étude réfléchie de moyens de sauvetage, qui, entrepris précipitamment dans des terrains ébouleux, peuvent amener de nouvelles catastrophes.

Nous terminerons ces considérations par un dernier exemple.

En 1841, M. le commandant Chabaud-Latour, chargé des travaux de l'enceinte continue à Belleville, fit appel à notre maison. Les ponts et chaussées s'opposaient à ce que l'on coupât la route de Belleville à Romainville, placée à mi-côte et très-fréquentée. Il s'agissait cependant de faire écouler les eaux rencontrées en amont, qui s'accumulaient le long de la route et qu'on ne pouvait diriger vers la vallée. Un sondage horizontal, à 6 mètres au-dessous de la route, fut proposé et accepté. Il fut exécuté en peu de jours, et ne nécessita qu'une dépense de 1,500 francs, y compris les tuyaux de conduite, qui reçurent toutes les eaux accumulées sur plusieurs kilomètres de longueur pour les épancher dans la vallée.

RECHERCHES DE MINES.

Dans le nord de la France, le bassin houiller, connu généralement sous le nom de l'exploitation la plus importante (les) mines d'Anzin ) s'étendait, il y a quelques années seulement, sur une bande de 40 à 50 kilomètres, marchant au nord-ouest depuis la frontière, Condé et Thivencelles, jusqu'à Douai. Là, le prolongement de ce bassin houiller se perdait; quelques travaux de recherches pour le retrouver étaient restés infructueux. Dans ces dernières années, de nouvelles tentatives dans le même but furent plus heureuses, et prolongèrent successivement cette bande houillère de Douai aux portes de Béthune, et de cette ville jusque bien au delà de Lillers, sur une longueur de 80 kilomètres environ. Dix ou douze nouvelles concessions furent accordées sur les résultats fournis par les sondages. Plusieurs d'entre elles sont en pleine voie d'exploitation et ont déjà considérablement enrichi la contrée.

Les formations à traverser avant d'arriver aux grès et aux schistes houillers sont des alluvions plus ou moins puissantes, 100 ou 200 mètres de craie, quelques mètres d'un poudingue argileux connu sous le nom de tourtia, remplaçant dans le Nord les sables verts de la glauconie qui fournissent, dans d'autres parties du bassin crayeux, les belles fontaines artésiennes de Tours à Elbeuf en passant par Paris. Immédiatement au-dessous du tourtia, paraissent les formations houillères. Lorsque l'on fait des sondages de recherches dans ce bassin, il faut employer la sonde à plusieurs diamètres, comme pour un puits artésien. Quelques coupes de ces sondages, exécutés de 1838 à 1841 et de 1850 à 1855, en prouvent la nécessité. Les terrains traversés ne se soutenant pas généralement, on est obligé de descendre plusieurs séries de tuyaux de retenue; les couches ayant souvent un pendage de 40 à 55°, si le forage ne tombe pas dans une tête de veine, il faut percer 100 à 150 mètres dans le terrain houiller. Cette formation traversée par percussion, les schistes et les grès superposés, ayant un fort pendage, se détachent, s'éboulent parfois, et occasionnent de nombreux accidents, s'ils ne sont pas tubés.

Les gisements houillers, dans le Nord, sont généralement de 150 à 250 mètres de profondeur; les nombreux niveaux d'eau à traverser, soit dans les terrains tertiaires supérieurs, soit dans la craie, soit dans la jonction avec le tourtia, nécessitent, pour les puits d'extraction, un boisage et un picotage puissants, et l'emploi d'une machine d'épuisement de 3 à 400 chevaux-vapeur pour passer les niveaux d'eau. Frappé de cet état de choses, et voulant éviter aux compagnies de recherches des dépenses de fonçage qui ont plusieurs fois dépassé 500,000 francs, sans amener aucun résultat, M. Legrand

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