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En publiant ce que nous savons sur les meilleures méthodes employées pour la fabrication et la manœuvre d'un instrument aussi utile, nous voulons le mettre à la disposition de tout le monde et amoindrir, autant que possible, le retour des obstacles que nous avons eu à surmonter. Nous espérons que ce que nous avons appris en creusant grand nombre de puits, en perfectionnant d'anciens outils, en en créant de nouveaux, en publiant même nos erreurs, servira à d'autres qui, avec nous et probablement mieux que nous, continueront à perfectionner et à simplifier des procédés qui bientôt auront un degré de sûreté tel, qu'avant vingt ans peut-être on se servira de la sonde en tous lieux. Jusqu'ici, à quelques exceptions près, on n'a fait, pour ainsi dire, qu'égratigner la terre sur un petit nombre de points. C'est à peine si on connaît l'écorce du globe à quelques cents mètres, tandis que l'avenir, approfondissant le champ des découvertes, fera surgir de 1,000 mètres et plus des substances utiles aujourd'hui inertes.

On nous a souvent dit que ces publications sur l'industrie que nous exerçons seraient nuisibles à nos intérêts. Nous croyons, au contraire, que la propagation d'une industrie est toujours utile. L'homme seul, isolé, perd de sa puissance; son ardeur reste improductive souvent, s'il ne livre ou ne communique, au moins à un tiers, ses inventions ou ses perfectionnements. Il ne doit jamais être satisfait tant qu'il y a possibilité d'améliorer, soit par lui-même, soit par ses concurrents. Une science éminemment pratique fait plus de progrès en quelques années qu'en plusieurs siècles, si beaucoup y prennent part. Que serait la photographie tenue secrète par Daguerre ou paralysée par un brevet. Sans doute l'inventeur eût acquis une

grande fortune, mais il n'eût point vu son œuvre marcher à pas de géant.

En sondage, on peut presque dire que la pratique précède la théorie; l'ouvrier intelligent en remontrerait souvent au plus fort mathématicien. Aucun art ne démontre peut-être plus clairement la valeur de l'instinct, du mérite pratique d'un simple ouvrier. Il est donc nécessaire de faire tout ce que l'on peut pour le populariser; il est probable qu'il y aura plus à gagner qu'à perdre.

SONDAGE POUR EXPLOITATION DE SEL GEMME.

Comme pour toute autre mine, la sonde sert à la découverte des gisements salifères; mais ici elle donne lieu elle-même aux puits d'extraction. Pour cela, on fore à un diamètre suffisant pour permettre d'établir un ou deux tubages que l'on bétonne avec soin, afin d'isoler complétement tout le terrain supérieur de la source salée ou de la masse de sel gemme.

Ce nouveau procédé est beaucoup plus avantageux que l'extraction en bloc du sel brut, souvent mélangé à des matières argileuses ou gypseuses dont il faut le débarrasser en le faisant fondre, lorsqu'il est arrivé au sol. Voici en quoi il consiste :

Le sondage étant fait et tubé dans toute la partie supérieure aux masses salifères, on injecte dans ce puits des eaux douces qui mettent les sels en dissolution, et ensuite, au moyen de pompes d'une construction spéciale, on ramène au sol l'eau chargée de sel presqu'à son maximum de saturation.

Ces eaux sont élevées au-dessus du sol au moyen de pompes en cuivre maintenues au-dessus du terrain sur lequel elles reposent. La tringle du piston doit plonger dans l'eau salée;

ce mode se pratique en Souabe, dans les salines de l'Est, à Varangéville, à Saint-Nicolas, etc., etc.

Les pompes étant souvent relevées pour les réparations, il est important, pour faciliter le travail, que le sondage ait au moins de 0.15 à 0.20 de diamètre à sa partie supérieure, et soit bien tubé dans toutes les couches superposées aux formations salines.

Supposons qu'après avoir traversé 200 mètres de marnes irisées, de gypse anhydre ou de gypse calcarifère, on atteigne le sel gemme en bancs d'épaisseurs différentes, alternant avec de nouvelles couches de marnes; si dans un pareil terrain, on descend jusqu'à 220 mètres la colonne aspirante de la pompe, elle sera en peu de temps entourée de débris de marnes et de roches. Lorsque l'enlèvement des bancs de sel gemme, par les eaux qu'il sature, aura provoqué un encombrement du trou, tel que les eaux aspirées soient trop sales pour pouvoir être utilisées, il sera urgent, pour nettoyer le trou de sonde, de relever la pompe; on éprouvera alors des difficultés provenant des pressions produites par les débris qui entourent la colonne, et l'on courra le danger de laisser une partie de celle-ci dans le trou de sonde. Il convient donc de tuber le trou avec une colonne d'aussi longue durée que possible, ayant sa partie inférieure d'un diamètre tel, que la colonne aspirante puisse y être introduite librement, et sa partie supérieure d'un diamètre plus grand à partir d'une profondeur qui dépend de celle du sondage; attendu que, plus cette dernière est grande, plus la colonne de liquide salé est proportionnellement pesante, comparativement à la colonne d'eau douce extérieure, ajoutée à la pression atmosphérique; soit 40 mètres la profondeur à laquelle il convient de placer le piston au-dessous du sol, la co

lonne dont nous parlons devra augmenter de diamètre et avoir au minimum 0.155, c'est-à-dire laisser passer librement un corps cylindrique de 0.150.

PUITS D'AÉRAGE DE MINES ET DE CARRIÈRES.

La température croît moyennement d'un degré par 30 mètres de profondeur. Jusqu'à quelques mètres elle varie un peu suivant la latitude.

A Paris, à 50 mètres, elle est en général de 10 à 11 degrés. Dans les mines, différentes causes concourent à l'augmenter : l'accumulation des lampes et de la population travaillante d'une part, d'une autre les pyrites en décomposition et certains gaz qui se dégagent. Beaucoup de moyens ont été tentés, avec plus ou moins de succès, pour renouveler l'air nécessaire à la conservation de la santé et de la vie des mineurs. Ils sont indiqués, expliqués et détaillés dans les ouvrages de MM. Combes, Burat, etc.; nous ne nous occuperons donc ici que de ceux qui ressortent de notre spécialité, laissant aux ingénieurs et directeurs à examiner ceux qui sont le plus appropriés aux localités et aux circonstances qui se rattachent à leurs mines.

Souvent il existe dans les exploitations houillères ou métalliques des galeries de 1,000 à 1,500 mètres de longueur; quelques carrières présentent également des rues très-prolongées. Un des moyens les plus certains pour l'aérage est de faire des sondages de 0.25 à 0.35 de diamètre qui, partant du sol et plongeant jusqu'au toit des galeries, établissent des courants d'air constants. M. Sello, directeur des mines du bassin houiller de Sarrebruck, en a établi un grand nombre

au moyen du sondage à corde. Le terrain qu'il traversait étant un grès uniforme, le mode qu'il a employé était le plus économique et le plus prompt.

Lorsque l'on a à traverser des terrains qui contiennent des eaux, il faut agir comme pour un puits artésien et apporter un grand soin dans le tubage, sans quoi, au lieu d'aérer la mine ou la carrière, on la noie. La sonde, en remontant, ramenant des échantillons des terrains traversés, et le journal du sondeur lui faisant connaître les variations du niveau d'eau dans son trou de sonde, il est toujours prêt en temps utile pour tuber et bétonner l'extérieur de sa colonne avant de percer la voûte de la galerie que l'on veut aérer. On peut dans certains cas, au moyen de fortes tiges en bois reliées par des emmanchements en fer, faire des puits d'aérage de 0.60 et même de 1 mètre de diamètre. Plusieurs de ces puits, placés sur une même galerie, établissent des courants d'air et extraient l'air vicié.

Un fait assez curieux s'est présenté lors des derniers et désastreux-débordements de la Loire. L'immense ardoisière des Grands-Carreaux, près Angers, est exploitée maintenant par vastes chambres souterraines carrées qui, accrues depuis, avaient, lorsque nous les avons visitées, les proportions suivantes chaque face 60 mètres de longueur, l'élévation du sol à la voûte 90 mètres. Les tours de Notre-Dame de Paris n'ayant que 66 mètres de hauteur pourraient donc tenir sous cette magnifique voûte, et y figurer comme un meuble gigantesque. Comme on fabrique à l'intérieur le gaz qui sert à l'éclairage des ouvriers, et que l'exploitation se fait à la poudre, il en résulte que l'air, malgré l'énorme capacité de ces chambres, était souvent vicié par le gaz ou la fumée. Pour

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