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l'on fasse entre chaque séparation repasser la charrue, il y aura une différence d'au moins 0.66 de niveau entre le fond de séparation de chaque billon et la partie la plus élevée du milieu. Les eaux descendront naturellement dans les rigoles, et, pour s'en débarrasser, il suffira de donner de 100 à 200 mètres de distance l'un de l'autre un coup de sonde avec une tarière de 0.20 à 0.25 de diamètre. Deux hommes peuvent faire plusieurs trous dans une journée; pour empêcher ces trous de se boucher, on fait un saucisson en épines ou broussailles, on l'introduit dans le trou, autour duquel on fait un petit collier de même nature, et d'un diamètre double de celui du sondage. Au moyen de ces précautions faciles et peu coûteuses, on obtient bientôt l'asséchement complet du sol (voyez pl. 19, fig. 3). Lorsque les sondages doivent être nombreux, il est plus économique d'être propriétaire de la sonde et de faire exécuter les forages par des hommes de la ferme que d'en charger un entrepreneur.

DES PUITS ARTÉSIENS

RECHERCHE D'EAU ASCENDANTE OU JAILLISSANTE; QUELQUES MOTS SUR L'ALLURE DES EAUX SOUTERRAINES ET SUR LES TERRAINS OU L'ON DOIT LES CHERCHER ; EXPLICATION THÉORIQUE DES JETS ARTIFICIELS; CONDITIONS NÉCESSAIRES À LEUR EXISTENCE; SOURCES; INFILTRATION DES EAUX PLUVIALES, coup d'ŒIL SUR UNE CONTREE MEUBLE ET STRATIFIÉE.

En donnant une idée de l'allure souterraine des eaux, nous avons indiqué, dans le précis qui précède, les causes qui les amènent à la surface du sol, lorsqu'on leur donne issue, soit par la sonde, soit au moyen d'une excavation quelconque.

Les différentes couches qui composent l'écorce de la terre peuvent se ranger, pour le sujet qui nous occupe, en quatre

catégories: 1o terrain détritique; 2° terrain d'alluvion; 3o terrains tertiaire et secondaire composés de diverses couches meubles, arénacées et perméables, et de couches imperméables de marne ou d'argile, de couches puissantes de roches, traversées plus ou moins par des fissures; 4° terrain primitif, en masses irrégulières.

Les eaux pluviales qui tombent annuellement sur le sol forment une épaisseur de 0.60 à 0.65 centimètres, et donnent pour chaque kilomètre carré un volume de 6 à 700,000 mètres cubes. Une partie coule à la surface du sol, chargée plus ou moins de détritus enlevés aux couches sur lesquelles elle passe; une autre partie est enlevée par l'évaporation, et la troisième est absorbée par le sol dans lequel elle descend à des profondeurs qui dépendent de la constitution géologique de la localité où s'opère ce phénomène. Les eaux, ainsi absorbées, circulent dans les fissures des terrains, quelquefois sans y être pressées, et dans ce cas donnent naissance à des sources qui sont abondantes pendant un court espace de temps, après lequel elles disparaissent en partie ou en totalité, jusqu'à l'époque d'une nouvelle alimentation. D'autres fois elles pénètrent lentement les terrains meubles, de manière à les alimenter constamment; de là, l'existence des sources à écoulement continu. Enfin, les eaux souterraines existent encore à l'état de repos dans des cavités, dans des dépressions dont elles out rempli les issues, qui partent de ces réservoirs ou lacs et aboutissent à la surface du sol.

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SOURCES DANS LE TERRAIN DÉTRITIQUE. Ce terrain remplit les dépressions superficielles du sol. Il se trouve en dépôts puissants dans les vallées, constitue souvent le sol des déserts, et recouvre les pentes des montagnes auxquelles il a pris les

éléments dont il se compose. Selon la nature des couches désagrégées, il est perméable ou compacte. Certaines roches donnent lieu à des dépôts qui se laissent facilement traverser par les eaux, tandis que d'autres produisent de véritables brèches, entre lesquelles l'eau ne peut circuler que par les fissures qui les traversent. D'autres fois le terrain détritique est composé d'argiles ou de sables, les eaux coulent sur les premières et sont absorbées par les seconds.

Dans les pays de montagnes, on rencontre souvent des sources dans le terrain détritique, et l'on remarque que la disposition des couches de roches favorise leur présence ou s'y oppose complétement. Ainsi, si les détritus recouvrent une pente élevée et étendue qui soit à peu près la même que celle des roches qui la forment, on sera certain de rencontrer, vers son pied, des sources provenant d'infiltrations à travers ce terrain. Sur la pente opposée, les petits espaces qui existent entre les différentes assises de roches, recevant directement les infiltrations, servent parfaitement à assécher le terrain qui, dans le premier cas, est au contraire saturé d'eau. Cet exemple néanmoins ne se présentera pas, lorsque les feuillets ou les joints des roches ne laisseront aucune issue aux eaux, soit que cela provienne de la nature de leur formation, soit que ces issues aient été comblées par le terrain détritique lui-même.

Nous venons d'indiquer comment les eaux, descendant du haut des pentes, reparaissent à leur pied, sous forme de sources, en passant sous les amas de détritus. Si l'on suppose maintenant que ces ouvertures d'écoulement soient bouchées, ou recouvertes par une couche imperméable d'une grande épaisseur qui s'élève au-dessus d'elles, et que l'on traverse

cette couche au moyen d'un trou de sonde ou d'une fouille, les eaux s'élèveront dans cette nouvelle issue au-dessus du niveau de leur écoulement primitif, en vertu de la hauteur de charge, mesurée de leur point de départ à l'endroit où ont lieu les infiltrations, jusqu'au point où la fouille ou la sonde les atteint.

Ce terrain est com

SOURCES DANS LE TERRAIN D'ALLUVION. posé, comme le terrain détritique, de fragments enlevés à diverses couches et à diverses roches. Il en diffère par son étendue et par sa régularité plus grande, et en outre, parce que les terrains de la composition et du transport desquels il résulte ne conservent souvent plus d'analogie avec les terrains environnants : c'est le contraire de ce qui a lieu ordinairement pour le terrain détritique. Il est généralement composé de sables, graviers, cailloux roulés et de marnes ou d'argiles. Les anciens dépôts occupent souvent des contrées très-élevées, qu'elles recouvrent sur une grande étendue. A l'époque où les grands cours d'eau se sont formés, les vallées ont été comblées par des alluvions, qui aujourd'hui sont recouvertes de terre végétale et de riches cultures, au milieu desquelles les eaux s'écoulent plus lentement qu'autrefois. La perméabilité des dépôts permet aux eaux de s'y étendre souterrainement loin de leur lit: ainsi cachées, elles sont soumises aux mêmes variations qu'à l'état libre.

Les sources sont fréquentes aussi dans le terrain d'alluvion, et plus souvent que dans le précédent, elles peuvent être amenées au jour par la sonde. En effet, comme les surfaces qu'il occupe sont étendues, les eaux circulent au loin dans les couches meubles, qui quelquefois sont recouvertes par des couches imperméables. Si à une assez grande distance des

points d'infiltration, on se trouve en même temps sur un point qui leur soit inférieur, les eaux, en vertu de leur tendance à l'équilibre, s'élèveront dans la fouille que l'on pratiquera. Les alluvions les plus importantes que nous connaissions sont en Hollande, dans la vallée du Rhin, et sur le littoral de l'Adriatique, du côté de Venise. Dans cette dernière localité, M. Pasini leur assigne une puissance d'au moins 400 mètres. Lorsqu'on les remonte de la mer au pied des Apennins, on reconnaît qu'elles se composent alternativement de couches imperméables et de couches meubles, et que ces dernières, qui ont une grande étendue, absorbent une grande partie des eaux des nombreux fleuves qui les traversent; de là résultait la certitude que des puits artésiens sur le littoral de la mer réussiraient infailliblement. (Voir la coupe des puits que nous avons forés à Venise, pl. 52.)

SOURCES DANS LES TERRAINS TERTIAIRE ET SECONDAIRE.-Après les terrains détritique et d'alluvion, viennent les terrains tertiaire et secondaire, dont les couches, beaucoup plus étendues, surtout celles du second, donnent lieu à des réservoirs d'eau et à des sources plus considérables que celles des deux groupes dont nous venons de parler. Ces terrains sont composés de sables, d'argiles ou marnes en couches régulières et de roches d'épaisseurs diverses. Sur beaucoup de parties élevées des environs de Paris, les eaux traversent les sables supérieurs et restent stagnantes sur les argiles ou marnes de l'étage lacustre moyen. Lorsque ces couches sont un peu inclinées et coupées par des ravins, leurs eaux s'échappent dans les parties basses sous forme de sources, tandis que sur les plateaux horizontaux elles séjournent sur le sol et s'opposent à sa culture. Quelques couches du terrain lacustre in

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