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rieure, très-peu adhérente au silicate formant la masse intérieure, est mamelonnée; par places on y observe des sphérules qu'on y dirait incrustées.

Les parcelles cosmiques recueillies par le professeur Nordenskiöld sur les champs de neige des régions polaires, et envoyées au Muséum, ont été directement examinées au microscope. Elles sont constituées de grains noirs très-petits, agglomérés, offrant une ressemblance frappante avec ceux extraits d'un sédiment d'eau de pluie tombée en France. Un sable ferrugineux tombé à Lobau (Saxe), le 13 janvier 1835, renferme des grains sphériques et de nombreux fragments, dont la surface est formée de mamelons arrondis.

Quelle conclusion doit-on tirer de ces études ?

S'il paraît certain, d'après les observations qui précèdent, que, parmi les poussières ferrugineuses atmosphériques, il en existe dont l'origine est extra-terrestre, il faut reconnaître aussi qu'il en existe d'autres qui sont soulevées par les vents à la surface de la terre, ou emportées dans l'air par la fumée de nos usines. Il faut se rappeler que le fer affecte la forme globulaire quand il jaillit en étincelles, ou qu'il brûle dans une flamme: l'oxyde des battitures formé au rouge donne naissance à des sphérules magnétiques. Lors des dernières inondations de la Seine, un sable apporté à Choisy, par des eaux qui avaient sans doute balayé le voisinage de quelque usine, contenait une grande quantité de globules sphériques d'oxyde de fer magnétique. Mais il ne contenait pas de nickel. Il y a donc des réserves à faire au sujet des sphérules de fer que l'on peut rencontrer dans le voisinage des grandes villes.

Mais cette source terrestre de poussières ferrugineuses n'explique en aucune façon l'abondance extraordinaire de parcelles de fer qui flottent partout dans l'atmophère, et qui se retrouvent dans la neige des régions polaires, dans celle des Alpes, dans les eaux météoriques recueillies au milieu des campagnes; elle est étrangère à l'existence dans l'air de ces innombrables corpuscules nickelifères, dont on ne peut, actuellement, chercher l'origine que dans la poussière qui se détache en pluie de feu de la surface incandescente des météorites.

L'étude de l'atmosphère et des corps qu'elle renferme est ardemment poursuivie, depuis quelques années. Non seulement elle charrie des particules minérales, comme nous venons de le voir, mais encore des œufs, des sporules, qui vont porter la vie animale et végétale dans des régions innaccessibles à l'homme ou dans des cryptes de la plus minime étendue. Les belles recherches de M. Pasteur et du physicien anglais Tyndall ont projeté récemment une vive lumière sur ces questions si élevées, puisqu'elles touchent aux manifestations les plus simples de la vie sur notre globe. Prochainement, nous pourrons dire à nos lecteurs les résultats derniers de la science, en contradiction formelle avec l'hypothèse des générations spontanées, ainsi que nous le faisaient prévoir les conclusions déjà formulées par les savants qui, de tout temps, ont observé ou expérimenté en employant des méthodes judicieuses et précises.

Nous traiterons le sujet avec tous les développements que mérite sa haute importance.

Il nous est impossible de terminer cette chronique sans dire quelques mots relatifs à l'antiquité de l'homme.

Nos lecteurs savent que l'existence de l'homme pendant l'époque quaternaire est aujourd'hui incontestée. Ne vivait-il pas avant? A quelle époque géologique faut-il faire remonter son apparition, et par conséquent le sixième jour de la Création mosaïque ?

Dans l'état actuel de la science, il est impossible de donner une réponse précise. Deux savants abbés, MM.Delaunay et Bourgeois, ce dernier professeur à Pontlevoy, ont trouvé dans le miocène de la Beauce, c'està-dire en plein tertiaire moyen, des silex taillés et du charbon qu'ils supposaient provenir d'un foyer allumé par la main de l'homme. Naturellement les libres-penseurs ont nié les conclusions formulées par ces deux Catholiques, sur la valeur archéologique de leur découverte. - Pourquoi? Par simple esprit de contradiction, peut-être !

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Quoi qu'il en soit, avant ses splendides conférences à Notre-Dame de Paris sur l'Euvre de Dieu, le Père Monsabré, une des gloires de la chaire moderne, tant pis pour la modestie de cet illustre prédicateur, -- s'est transporté au musée de Saint-Germain pour examiner minutieusement les silex découverts par les savants abbés que nous venons de nommer. Or, le Père Monsabré n'a pas hésité à déclarer qu'il a rapporté de sa visite la conviction bien étabiie que ces silex ont été taillés par la main de l'homme, car les géologues ne nient pas l'authenticité du gisement. Or, entre le dépót des couches du miocène moyen et celui des terrains quaternaires, il s'est probablement écoulé des millions de nos siècles. Mais, comment ? L'homme n'aurait-il donc pas laissé d'autres traces de son existence pendant ce laps immense de temps? Pourquoi l'admettre dans les temps tertiaires?

M. de Quatrefages, en présentant à l'Académie des sciences un travail d'un savant italien, M. Capellini, nous annonce que sa conviction est faite maintenant; que dans la période pliocène, -fin des temps tertiaires, intermédiaire entre les époques miocène et quaternaire, — l'homme a existé en Toscane!

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Déjà,au nom de M. Capellini,il avait entretenu l'Académie des sciences de la découverte de l'homme pliocène dans cette région de l'Italie; mais, faute de données suffisantes, M. de Quatrefages n'avait pu se prononcer avec certitude sur la réalité de l'interprétation donnée par le savant italien, au sujet des entailles que portaient certains os de cétacés. Les planches qui accompagnent le dernier travail de M. Capellini ne laissent à présent plus de doute dans l'esprit du savant professeur du Muséum : Elles présentent tous les caractères d'incisions faites sur l'os encore frais, par un instrument tranchant, qui, dans plusieurs cas, a pénétré obliquement en faisant éclater l'os sur une des faces de l'incision, << tandis que l'autre est lisse et nettement délimitée.

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L'existence de l'homme en Toscane, à l'époque pliocène, est donc « définitivement démontrée » conclut M. de Quatrefages.

Ajoutons à l'adresse des libres-penseurs, qui aiment tant à nous contredire, que les ossements de Balænotus, décrits et figurés dans ce mémoire, ont été découverts dans trois localités: San-Marino, Poggiarone, près du mont Aperto, et la Collinella sous Castelnovo della misericordia. Ils n'ont qu'à s'y rendre; peut-être en reviendront-ils avec de nouvelles preuves, confirmant la découverte du savant italien; et nous leur dirons alors: « certainement le pliocène est du 6e jour ou de la 6e époque de la «< création et peut-être faut-il aussi y comprendre tous les terrains ter<<< tiaires. >>

Dr DE MARMIESSE.

A TRAVERS LA PRESSE

SOMMAIRE: La thèse de M. Hauréau et les affirmations de M. Spuller. La collation
des grades dans les anciennes universités. d'après le Bullaire romain.- Les Papes
et les universités. Le journal l'Instruction publique et Fréderic Ozanam.
L'orthodoxie de Dante.
raire. Bibliothèques à la douzaine.
Mgr Dupanloup, la Revue politique et le Courrier litté-
Ecoles, le docteur de Marmiesse et Giordano Bruno.
Les moines fainéants. La Tribune des
Delavigne. Les enfants de Nemours.
Le Louis XI de Casimir
toire du protestantisme français: Madame l'amirale.
Le Bulletin de la société pour l'His-
Un problème historique. L'Amalthée de Marc Claude de Buttet. - Le
M. Ricotti, M. Schickler.
Le centenaire de Rousseau.- Une lettre inédite de
Napoléon 1er. L'athéisme de M. de Lalande. La statue de Paul Louis Courrier.
M. About et M. Sarcey. M. Bonnemère : Histoire des Paysans.

Testament de Jean-Jacques.

I

Dans notre dernier article nous relevions deux lettres de M. B. Hauréau sur la liberté de l'enseignement au moyen-âge, adressées au Journal des Débats. Il y déclarait, on s'en souvient, que ni les papes, ni les rois n'ont beaucoup fait pour augmenter le crédit de la science; il s'étonnait que le Pape se fût, pour ainsi dire, réservé ce qu'on appelle aujourd'hui la collation des grades: bref, il semblait renouveler, en un langage correct, les accusations « d'intolérantisme et d'obscurantisme» portées contre l'Eglise, si souvent qu'elles en deviennent banales, et si mal à propos, qu'elles sont ridicules.

Par une bizarre coïncidence, un député, qui n'est pas de l'Institut, et qui fut célèbre sous le règne de M. Gambetta, prétend dans son rapport sur la loi Waddington, que l'Etat a toujours eu le droit de conférer les grades académiques. Or, il est certain que les universités, dans tous les temps et tous les pays, n'ont jamais conféré les grades qu'en vertu de pouvoirs qu'elles tenaient du Saint-Siége, et, pour s'en assurer, il suffit de consulter le Bullaire romain. Il nous offrira des diplômes d'érection de ces universités, dans lesquelles le souverain pontife accorde la faculté dont nous parlons, tantôt sans aucune restriction, tantôt sous certaines réserves et conditions. Le quatorzième siècle vit les Papes en autoriser un grand nombre en divers pays; dès l'année 1231, Grégoire IX prescrit des statuts à l'université de Paris, et il en est qui regardent le grade de licence; le pape Alexandre IV exerça de nombreux actes de juridiction, en plusieurs circonstances, relativement à la même université (1).

Boniface VIII érigea l'université d'Avignon par la bulle Conditoris omnium, datée d'Anagni, 1er juillet 1303. «Cette ville, dit la bulle, étant très-propre à une université d'études, le Pape donne aux lecteurs la faculté d'enseigner et de faire des licenciés et des docteurs en droit canon

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et civil, en médecine et arts libéraux; les candidats au grade de docteur seront présentés à l'évêque, et, lui présent, les maîtres de l'art auquel le grade se rapportera, les examineront, et le prélat donnera le grade, du conseil des maîtres, à ceux qu'il en trouvera dignes. :

En 1332, Jean XXII, par la bulle Cum Civitas, fonde l'université de Cahors. A la demande d'Humbert, dauphin de Viennois, Benoît XII fonde, en 1339, l'Étude générale de Grenoble, où les écoliers pourront obtenir les grades doctoraux en droit canonique et civil, médecine et belles-lettres. En 1464, à la demande du duc d'Aquitaine. l'université de Bourges est fondée par une bulle de Paul II. En 1460, Pie II, constitue celle de Nantes par la bulle Inter felicitates, avec faculté de conférer les insignes du doctorat en théologie, droit canonique et civil, et médecine. Le pape Bencît XIII, ayant approuvé l'érection des chaires de droit et des arts libéraux dans la ville de Lescar, on demanda dans la suite l'annexion d'une faculté de théologie; Pie VI approuva cette nouvelle institution, et donna le pouvoir de conférer les grades par un bref du 7 décembre 1779.

« Nous pourrions, dit un correspondant de l'Univers auquel nous empruntons ces détails à l'appui de notre réfutation de M. Hauréau, nous pourrions à l'aide du Bullaire romain, ce monument précieux de la sollicitude pastorale sur l'Eglise, étendre cette démonstration historique aux différentes régions soumises à l'autorité du Saint-Siége. Partout c'est à l'autorité du Saint-Siége que l'on a recours pour ériger les universités, et souvent c'est l'autorité royale elle-même qui sollicite cette érection. Ce n'est donc point au nom de l'Etat ou du roi, c'est par l'autorité apostolique que les universités ont été établies, c'est par délégation de la même puissance que les grades ont été conférés aux candidats.

Les universités déméritantes de la foi catholique et du Saint-Siége ont été quelquefois privées du pouvoir de donner les grades. Clément XI révoqua tous les priviléges de la faculté théologique de Paris (excepté celui de la soumission directe au Saint-Siége) avec la défense de donner les grades durant cette suspense. La Sorboune s'attira ce châtiment par la manière dont elle se comporta dans l'affaire du jansénisme. On peut voir dans le Bullaire romain (tome X, page 97), cette bulle de Clément XI, commençant par ces mots : Circumspecta Romanorum et datée du 18 novembre 1716.

Le Pontife rappelle le souvenir des innombrables bienfaits dont le Siége apostolique a comblé cette faculté célèbre : il fait le récit de son indigne conduite au sujet de la bulle Unigenitus, et prononce la peine de suspense de tous ses priviléges, avec défense expresse de donner les grades tant que la suspense n'aura pas été révoquée. »

II

L'Instruction publique, feuille universitaire qu'il ne faut pas confondre avec la Revue officielle publiée par la librairie Hachette, donne dans son dernière numéro un charinant portrait de Frédéric Ozanam, signé de M. Gérard Devèze. Et quoique cette feuille universitaire ne soit pas celle que le ministre subventionne, il la faut louer d'avoir dit qu'Ozanam «ne négligeait pas de remplir un des devoirs qu'il regardait comme le

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