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il est donc absolument nécessaire que la chose qu'on propose soit un droit, autrement on y feroit entrer tous les principes qu'on voudroit, et alors ce seroit un recueil de principes.

» Il faut donc examiner si les articles 16 et 17 sont un droit.

>> Certainement leur exposition n'en exprime pas un; il faut donc les poser au

trement.

» Mais il faut les insérer en forme de déclaration des droits, et alors il faut dire : Le droit des hommes est de respecter la religion, et de la maintenir.

>> Mais il est évident que c'est un devoir et non pas un droit.

» Les hommes n'apportent pas le culte en société, il ne naît qu'en commun. C'est donc une institution purement sociale et conventionnelle.

» C'est donc un devoir.

» Mais ce devoir fait naître un droit; savoir, que nul ne peut être troublé dans sa religion.

» En effet, il y a toujours eu diverses re ligions; et pourquoi ?

» Parce qu'il y a toujours eu diverses opinions.

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» Mais la diversité des opinons résulte nécessairement de la diversité des esprits, et l'on ne peut empêcher cette diversité. >> Donc cette diversité ne peut être attaquée.

>> Mais alors le libre exercice d'un culte quelconque est un droit de chacun.

» Donc on doit respecter son droit. »Donc on doit respecter son culte..

» Voilà le seul article qu'il soit nécessaire d'insérer dans la déclaration de droits sur cet objet.

>> Et il doit y être inséré; car les facultés ne sont pas des droits, sans doute, mais l'homme a droit de les exercer, et l'on peut et l'on doit distinguer l'un de l'autre.

» Mais si le droit est le résultat d'une convention, la convention consiste à exercér librement ses facultés; donc on peut et on doit rappeler dans une déclaration de droits l'exercice des facultés.

» Je soutiens donc l'article de M. de Castellane, et sans entrer en aucune manière dans le fond de la question, je supplię ceux qui anticipent par leurs craintes sur les désordres qui ravageront le royaume, si l'on y introduit la liberté des cultes, de

penser que la tolérance, pour me servir du mot consacré, n'a pas produit chez nos voisins des fruits empoisonnés, et que les protestans, inévitablement damnés dans l'autre monde, comme chacun sait, se sont très-passablement arrangés dans celui-ci : sans doute, par une compensation due à la bonté de l'Etre suprême.

que

>> Nous qui n'avons le droit de nous mêler des choses de ce monde, nous pouvons donc permettre la liberté des cultes, et dormir en paix ».

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On remit la discussion à la première séance; mais on mit én question si l'on - s'assembleroit le lendemain (qui étoit un dimanche), ou le surlendemain.

M. de la Borde demandoit qu'on renvoyât au lundi, parce que plusieurs membres étoient dans l'usage d'aller à Paris les dimanches, et qu'il étoit intéressant de réunir le plus de membres possible pour une question de cette nature. a. el c

M. Dandré observa, de son côté, que les représentans avoient été envoyés pour assister à la salle nationale, et non pour aller à Paris.IS 29th webla zol ure

Mirabeau dit que la raison la plus prépondérante,

Fondérante, pour laquelle on vouloit une séance le lendemain, étoit qu'il y auroit le moins de tolérans possible, et le plus d'intolérans, et que c'étoit la veille de la SaintBarthélemy ».

Il fut décidé qu'il y auroit séance le lendemain.

Dans la séance du soir (22 août), il fut fait lecture d'une lettre de M. Necker, adressée au président, par laquelle il le prévenoit qu'il alloit prendre les ordres de sa majesté, et que le mercredi d'ensuite i soumettroit à l'assemblée des réflexions sur l'emprunt, que jusque là il la prioit de suspendre sa délibération à cet égard.

Mirabeau se leva pour déclarer que « c'étoit encore plus sous un ministère qui avoit la confiance de la nation, qu'il étoit important de décider qu'une lettre ministérielle ne pouvoit, en aucune manière, arrêter la délibération de l'assemblée ».

Un membre de la noblesse ayant fait la motion tendante à renvoyer au jour indi̟qué par le premier ministre des finances, à délibérer sur l'emprunt,

Il fut décidé qu'il n'y avoit pas lieu à délibérer quant à présent,

Tome I.

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23 août.- La délibération du jour précédent fut reprise.

M. l'abbé d'Aymar disoit qu'il étoit nécessaire de rappeler à l'infracteur caché de la loi, qu'il y avoit un tribunal encore plus caché que son crime, et auquel il ne pou voit échapper.

Mirabeau s'éleva avec force contre cette motion, en observant qu'il n'étoit pas permis de changer l'ordre du jour »>.

M. l'évêque d'Autun voyoit des vérités dans les articles 16 et 17, et n'y voyoit nul droit; il pensoit qu'il falloit les réserver, et que leur place étoit dans la constitution.

L'assemblée décida qu'il n'y avoit pas lieu à délibérer, quant à présent, sur ces articles.

On soumit l'article 18 à la discussion.
Mirabeau parla ainsi :

« J'ai eu l'honneur de vous soumettre hier quelques réflexions qui tendoient à démontrer que la religion est un devoir et non pas un droit, et que la seule chose 'qui appartenoit à la déclaration dont nous sommes occupés, c'étoit de prononcer hautement la liberté religieuse.

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