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devant lesquels il avait tant de fois prié pendant sa vie. Ce désir était connu du pape régnant. Ce pontife, tant pour remplir la pieuse volonté du défunt, que pour satisfaire les vœux de son cœur, et l'empresseinent des Romains qui demandaient à posséder les restes, du pontife persécuté, crut devoir ordonner auprès du premier consul, des instances qui obtinrent un heureux succès. Il fut donc annoncé qu'on transporterait de Valence sur le Rhône, à Saint-Pierre du vatican, les restes du pape mort en France. Monsignor Spina, qui avait eu la charge honorable de retirer et d'accompagner le corps, recevait dans tous les lieux où il passait, du clergé et du peuple, un accueil qui témoignait leurs regrets et leur piété.

Le 15 février, jour anniversaire de l'exaltation de Pie vi, créé pape vingt-sept ans auparavant, le convoi arriva au bourg de

la Storta.

Au moment où les portes de Rome s'ouvrirent pour l'entrée du lit funèbre, qui rappelait de si tristes souvenirs, on vit un spectacle qui remplit le cœur du plus profond attendrissement. Le cercueil était pré

cédé de deux cents personnes, qui, marchant serrées sur peu de rangs, portaient, chacune, une torche allumée; deux cents autres personnes avec le même nombre de torches, suivaient le lit funèbre.

Lorsque le convoi passa devant les bastions du château. Saint-Ange, les batteries firent des salves redoublées qui ne cessèrent qu'à l'instant où le corps entra dans l'église de Saint-Pierre, et tous les temples de la ville sonnèrent plus rapidement les glas.

pu

La réception devait être faite par le cardinal d'York, archiprêtre de l'église tumulante, c'est-à-dire de l'église où l'on garderait le corps, et qui, en cette qualité, avait seule envoyer sa croix à la procession, mais le pape accompagné du sacré collége voulut être présent, et ce fut lui qui fit les premières cérémonies religieuses prescrites par le rite sacré, et qui les termina par l'absoute solennelle.

La garde noble et la garde suisse restèrent auprès du corps qui avait été déposé au milieu de la grande nef. L'église SaintPierre était remplie de peuple qui voulait avancer et voir le catafalque. Il fallut ouvrir les rangs, et tous ceux qui étaient pré

sents, au nombre de plus de trente mille passèrent devant le corps, et se retirèrent par les nefs latérales.

Le lendemain, on célébra un service solennel où fut déployé tout ce que Rome a de majesté et de magnificence; et l'anbassade française était elle-même présente dans la tribune diplomatique, comme pour expier publiquement les torts de son gouvernement envers le Père commun des fidèles.

CHAPITRE IV.

Le concordat de 1801 venait d'être publié à Paris, le jour de Pâques, 18 avril 1802; mais cette publication avait été précédée de choix fâcheux pour quelques siéges épiscopaux, et suivie de la promulgation d'articles organiques, qui en dénaturaient l'esprit, et qui n'avaient point été concertés avec le cardinal Caprara, alors légat du saint-siége.

Dans le même moment, les cours d'Autriche, d'Espagne et de Naples ne mettaient pas, dans leurs relations avec le saint-siége, cette confiance filiale qu'il avait droit d'attendre d'elles. C'étaient des susceptibilités difficiles à ménager, des exigences qui accroissaient les embarras, un esprit de méfiance qui ne tenait pas compte des difficultés du moment, et qui

abreuvaient le cœur du pieux pontife d'amertumes et de chagrins.

Mais suspendons un instant le récit des graves évènements qui vont se développer, pour rapporter deux faits d'une moindre importance, mais qui ne sont point sans intérêt, et qui nous donneront une idée de la bonté du saint Père, et de la physionomie de Rome à cette époque. Nous laisserons parler le secrétaire de l'ambassade française, M. Artaud, à qui nous devons ces détails.

« Le premier consul, dans un de ses moments de bienveillance pour Rome, voulut envoyer en présent, au saint Père, deux bricks de guerre destinés à protéger son commerce. Ces deux bricks appelés exprès, l'un le Saint-Pierre, l'autre le Saint-Paul, furent amenés à Civita-Vecchia par le commandant Dornaldegny. La remise des bâtiments, munis de leurs agrès et complètement armés, fut faite dans ce port avec toutes les formalités convenables.

» Le pape envoya chercher les officiers dans des voitures, et les fit traiter à Rome avec des égards pleins de bienveillance.

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