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d'hommes aux principes révolutionnaires et ennemis de la foi catholique; et, sans se laisser absolument dominer par leur haine et leur étroit philosophisme, il subissait néanmoins leur influence, et se laissait entraîner, surtout dans ses moments de dépit et d'humeur, à des actes éminemment répréhensibles et aux plus funestes conséquences.

Le ministre Français Cacault, qui avait toute la confiance et toute l'estime du saint Père, fut à cette époque (le 8 avril 1803) remplacé par le cardinal Fesch, archevêque de Lyon, et oncle du premier consul. Le célèbre littérateur, M. de Châteaubriand, fut désigné comme secrétaire d'ambassade.

Le 27 mai, Bonaparte écrivit au saint Père directement à ce sujet.

« TRÈS-SAINT PÈRE,

» Je me suis déterminé à rappeler auprès de moi le citoyen Cacault, qui vient de résider auprès de Votre Sainteté, en qualité de ministre plénipotentiaire de la république française. Le motif qui m'a

guidé n'a sa source dans aucun sujet de mécontentement. Sa conduite pendant toute la durée de ses fonctions a mérité au contraire mon entière approbation. Mais le désir de le remplacer auprès de Votre Sainteté par un personnage revêtu d'un caractère éminent, et de donner à Votre Sainteté une preuve plus manifeste de mon attachement et de mon respect filial, est la seule raison qui a dû me déterminer à ordonner son rappel. Je lui enjoins en conséquence de prendre congé de Votre Sainteté, et mon intention est qu'en remplissant cette dernière fonction de son ministère, il renouvelle à Votre Sainteté les assurances de mon attachement et de mon respect filial, ainsi que les vœux que je ne cesserai de faire pour la conservation de Votre Sainteté et la prospérité de son pontificat.

» Donné à Saint-Cloud, le 7 prairial an XI de la république française ( 27 mai 1803).

» BONAPARTE. »

Les commencements de la nouvelle am

bassade ne furent

pas

heureux, et les re

lations se mirent tout d'abord sur un ton de raideur et d'apreté qui devait porter de tristes fruits. Le cardinal Fesch ne tarda pas à se brouiller avec M. de Châteaubriand, et se montra plutôt l'oncle du guerrier despote, que prince de l'Église. Au surplus, si la vérité fait une loi de parler avec sévérité des premiers pas du cardinal dans la carrière diplomatique, elle oblige aussi à déclarer qu'il se conduisit plus tard, et dans des circonstances plus difficiles, avec sagesse, fermeté et dévouement à l'orthodoxie.

M. de Châteaubriand ne resta pas longtemps secrétaire de l'ambassade. Le meurtre du duc d'Enghien fut pour lui le motif d'une courageuse démission.

Le 18 mai 1804, le sénat français déclara Bonaparte empereur. Huit jours aupavant, il avait fait écrire au cardinal Caprara pour inviter Sa Sainteté à venir le sacrer et le

couronner.

Le pontife, à cette nouvelle, tomba dans un grand abattement, et il se résolut à demander conseil aux cardinaux. Vingt des plus influents furent consultés, quinze furent d'avis d'adhérer à la demande, en

variant toutefois sur le mode et sur les conditions à exiger; ces principales conditions furent énoncées en ces termes :

«Le désir de Sa Sainteté de connaître particulièrement Sa Majesté Impériale, et de lui être agréable, le bien spirituel de l'Eglise de France, l'espérance qui est si persuasive et si éloquente, la conviction que Sa Majesté ne voudrait pas permettre que le retour du saint Père mît le comble à ses afflictions, l'avaient décidée à répondre affirmativement à son légat.

>>> Les seules difficultés qu'elle se soit faites elle-même, et que quinze cardinaux lui ont répétées, doivent la décider à faire présenter à Sa Majesté l'empereur des Français, avec un vou affirmatif, des conditions, comme mesure essentielle et indispensable, qu'elle exige pour obvier à la critique, pour donner des raisons puissantes au sacré collége, et plausibles aux différentes cours d'Europe, quoiqu'elle ait des motifs fondés de croire qu'on lui en gardera un ressentiment éternel.

» 1° Pour justifier son départ de Rome et la stagnation, pendant plusieurs mois, des affaires entamées avec les différentes

cours, Sa Majesté Impériale, en invitant Sa Sainteté, par lettres, à se rendre à Paris, lui exprimera, qu'indépendamment du désir d'être couronnée et sacrée par le saint Père, et des empêchements qui s'opposent au voyage de l'empereur en Italie, les affaires multipliées concernant la religion, et sur lesquelles Sa Sainteté lui a fait des représentations, lui fournissent une occasion également désirable pour la prier de lui faire l'honneur de se rendre en France, où elle-même pourrait traiter les affaires sur les lieux, et parvenir à une définition utile à sa tranquillité et au bien de la religion. La lettre sera conçue en des termes très-engageants et très-honorables pour Sa Sainteté : afin de donner une plus grande importance à cette invitation, il faudrait l'envoyer par une députation de deux évêques.

» 2o Sa Majesté Impériale voudra bien assurer à Sa Sainteté qu'elle lui donnera la satisfaction de l'écouter favorablement, lorsqu'elle lui invinciblement qu'il y a quelques articles des lois organiques qui outrepassent les libertés de l'église gallicane, et les prétentions de l'ancien

prouvera

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