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Nemours, comté de Dourdan et Romorantin, et marquisats de Coucy et Folembray. Les lettres patentes de 1692 ajoutèrent le Palais-Royal à ces superbes dotations; enfin mademoiselle de Montpensier, morte en 1693, l'avait institué son légataire universel.

Ce prince est le chef de la maison d'Orléans, qui est aujourd'hui sur le trône.

Élisabeth - Charlotte de Bavière survécut à son époux. Atteinte d'une hydropisie, le 5 décembre 1722, elle fut enlevée le 8 du même mois aux larmes de sa famille, qui environna son lit de mort de la douleur la plus respectueuse et la plus vraie. Madame avait défendu qu'on l'enterrât avec pompe et qu'on ouvrît son corps. C'était, dit Saint-Simon, une princesse de l'ancien temps attachée à l'honneur et à la

vertu.

Le régent, son fils, exécuta pieusement ses dernières volontés. Le 10 décembre, vers dix heures du soir, on porta de Saint-Cloud à SaintDenis la dépouille mortelle d'Élisabeth-Charlotte de Bavière.

Elle avait eu trois enfants de Monsieur : Alexandre-Louis d'Orléans, duc de Valois, né le 2 juin 1673: il mourut au Palais-Royal dans la nuit du 15 au 16 mars 1676; Philippe d'Orléans, qui fut régent de France; et Élisabeth - Charlotte

d'Orléans, mademoiselle de Chartres, née le 13 septembre 1676. Cette princesse fut mariée le 13 octobre 1698, à Léopold - Charles, duc de Lorraine et de Bar. Ses hautes qualités et l'amour de ses sujets l'appelèrent à la régence après la mort de son mari : elle fut la mère de François 1er, empereur d'Allemagne et époux de Marie-Thérèse.

I

On trouve dans l'inventaire du Palais-Royal dressé en 1701 1, après la mort de Monsieur, une désignation sommaire des principaux appartements tels qu'ils existaient pendant la possession du frère de Louis XIV. Cet inventaire nous révèle le goût d'alors pour les meubles précieux et les riches étoffes; mais ce palais déjà si somptueux allait bientôt recevoir un nouvel éclat du prince qui gouverna la France.

Voir les pièces justificatives, lettre D.

CHAPITRE V.

Le Palais-Royal sous Philippe, duc d'Orléans, régent.

1701-1723..

AVANT la mort de son père, Philippe d'Orléans, qui portait le titre de duc de Chartres, s'était distingué dès l'âge de dix-huit ans, dans la campagne de Flandre en de Flandre en 1691, au siége de Mons et au combat de Leuze. Après cette campagne, il revint à Versailles, où il épousa, le 18 février 1692, Françoise-Marie de Bourbon, dite Mademoiselle de Blois, fille légitimée de Louis XIV.

Après son mariage, le duc de Chartres retourna à l'armée, se trouva à la prise de Namur, fut blessé au combat de Steinkerque, et commanda avec honneur la cavalerie française à la bataille de Nerwinde le 27 juillet 1693 1.

M. le duc de Chartres avoit chargé à la tête de la

Devenu, en 1701, l'héritier du nom, des titres et de la fortune de son père, il porta dans les embellissements intérieurs du Palais-Royal la passion qu'il avait pour les arts. Oppenort passait à cette époque pour le plus habile architecte : le duc d'Orléans le choisit pour directeur général de ses bâtiments et jardins. Un des premiers travaux qu'il lui confia fut le grand salon qui servait d'entrée à la vaste galerie construite par Mansard. Ce salon, qui prit le nom d'Oppenort, était surchargé d'ornements, dont le bon goût n'avouait pas toujours la hardiesse ou la bizarrerie; car, selon M. Fontaine, « les archi<«<tectes d'alors semblaient avoir pris le caprice

maison du roy. Il avoit tout animé par sa présence et par son exemple, et estoit demeuré cinq fois seul au milieu des ennemis. Le sieur du Roché, l'un de ses escuyers, l'empescha d'estre pris, et tua deux hommes auprès de luy, qui avoient tiré chacun un coup de pistolet sur ce prince qui en receut quatre dans ses habits et dans ses armes; un de ses gentilshommes fust tué auprès de luy. M. le marquis d'Arcy, qui avoit perdu le duc de Chartres dans la mêlée, receut plus tard et à ses côtés quatre coups dans ses habits, et le prince eut un cheval tué sous luy. (Extrait d'une relation de la bataille de Nerwinde, par Devizé, 1693.)

1 Ces bâtiments, qui s'étendaient jusqu'à la rue de Richelieu, ont été démolis, lorsqu'on a construit la salle du Théâtre-Français.

« pour guide, la singularité pour maxime, et l'afféterie pour but. »

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La guerre enleva bientôt le duc d'Orléans à ces tranquilles occupations. En 1706, le duc de Vendôme ayant quitté l'armée d'Italie, pour venir prendre le commandement de l'armée de Flandre, le roi le remplaça par le duc d'Orléans; c'est à cette occasion que furent publiées ces lettres patentes : « Ayant jugé à propos de choi<< sir un chef pour prendre le commandement ‹général de nos armées d'Italie, nous avons ré<< solu d'envoyer notre très aimé neveu le duc d'Orléans, tant pour répondre à l'ardent désir qu'il témoigne depuis longtemps de se voir à la << tête de nos troupes, et de pouvoir, en signalant <«< sa valeur, se rendre utile à notre gloire et au «< bien général de l'État, que parce que nous re<«< connaissons qu'outre l'élévation d'esprit et les « sentiments qu'il a dignes de sa grandeur et de <«< sa naissance, il a par ses soins et son applica<«<tion acquis de bonne heure l'expérience et les << talents nécessaires pour le commandement des <«< troupes, ainsi qu'il l'a fait assez paraître dans <«< celui de notre cavalerie, qu'il a exercé avec « toute l'habileté d'un grand capitaine. » Jeune, avide de gloire, fier d'avoir à se mesurer avec le prince Eugène et le duc de Savoie, le duc d'Orléans brûlait de donner la bataille sous

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