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les bâtiments sont occupés aujourd'hui par le collége de Henri IV, où ses arrière-petits-fils suivent le cours de leurs études et jouissent des bienfaits de l'éducation publique.

CHAPITRE VII.

Le Palais-Royal sous Louis-Philippe, duc d'Orléans.

1752-1780.

TANDIS que, dans sa retraite de Sainte-Geneviève, Louis, duc d'Orléans, s'adonnait à l'étude des sciences et de la théologie, Louis-Philippe, son fils, alors duc de Chartres, faisait ses premières armes en Flandre sous le maréchal de Noailles. Dans la campagne de 1743, il se signala par sa valeur, et eut un cheval tué sous lui, à cette bataille de Dettingen, si fatale à l'armée française. Là, au moment du plus grand désordre et du plus extrême danger, il parcourait les rangs et soutenait le courage des soldats par sa présence d'esprit et son exemple.

A la fin de cette année, le 18 décembre, il

épousa Louise-Henriette de Bourbon-Conti, fille de Louis-Armand de Bourbon, prince de Conti, et de Louise-Élisabeth de Bourbon-Condé. Cette princesse, remarquable par sa beauté, par la noblesse avec laquelle elle tenait sa cour, et par la vivacité de son esprit, mourut au PalaisRoyal, le 9 février 1759, dans la 43° année de son âge 1.

En 1747, le duc de Chartres fut nommé gouverneur du Dauphiné, et Louis, duc d'Orléans, son père, étant mort, il devint duc d'Orléans. Le roi lui conserva la maison qu'il avait accordée au prince son père.

Peu d'années après, le duc d'Orléans rendit le plus grand service à la France, en y popularisant l'inoculation. Le triomphe de cette importante découverte, dû à l'autorité d'un grand exemple, assure à ce prince le titre glorieux de bienfaiteur de son pays.

<< C'est dans le mois d'avril 1756, dit un manuscrit contemporain, qu'ont été inoculés, au Palais-Royal, M. le duc de Chartres et made

1 La princesse touchait à sa dernière heure ; de son lit de mort, elle entendit le bruit du tournebroche de la cuisine de l'abbé Mongault, et elle dit en souriant : « Je peux mourir << tranquille, l'abbé Mongault n'en perdra pas un coup de << dent. >>

moiselle de Montpensier sa sœur. Il a fallu du courage à M. le duc d'Orléans pour être le premier prince en France qui ait fait faire cette opération, et surtout sur son fils unique. Le roi ne l'avait ni approuvé ni désapprouvé il lui avait seulement dit qu'il était le maître de ses enfants. Presque tous les courtisans de M. le duc d'Orléans n'étaient pas de son avis et avaient tâché de le détourner de cette entreprise qu'ils regardaient comme téméraire. La mort de la petite Chastelain, à la suite de l'inoculation, avait fait beaucoup de bruit et était une de leurs principales raisons; l'exemple était encore récent, et tout ce qu'on pouvait dire pour le combattre semblait ne rien prouver contre cette expérience et le préjugé. Ceux même qui étaient partisans de l'inoculation, n'osaient pas la conseiller, de peur qu'on n'en rejetât sur eux l'événement, s'il était malheureux. On m'a assuré que celui qui a donné le premier à M. le duc d'Orléans l'idée de faire inoculer ses enfants, est le chevalier de Jaucourt, connu par le Dictionnaire de l'Encyclopédie dont il a composé un grand nombre d'articles, et même trop, à ce que disent les

savants.

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Quelques jours avant l'inoculation, madame la duchesse d'Orléans pleurait devant son mari, qui lui dit : « Madame, quoique mon parti soit

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<< bien pris, si ce n'est point de votre consen<< tement que se fait cette inoculation, elle n'aura << pas lieu ce sont vos enfants comme les « miens. »> «Eh! Monsieur, répondit la princesse, 'qu'on les inocule, et laissez-moi pleurer. » L'opération a parfaitement réussi ; et la duchesse, quand ses enfants ont été guéris, ayant paru avec eux à l'Opéra, a été saluée par les acclamations de la salle entière. >>

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M. le duc d'Orléans avait pris les précautions les plus sages: il avait fait venir de Genève, M.Tronchin, fameux médecin, élève de Boërhaave, qui passait pour le grand inoculateur de l'Europe. M. Tronchin gagna dans ce pays un argent immense. Jamais médecin n'eut une vogue pareille; c'était une fureur; il y entrait du fanatisme. M. le duc d'Orléans lui donna dix mille écus argent comptant, outre des boîtes d'or et d'autres bijoux dont la princesse lui fit présent...

La guerre s'étant rallumée en 1757, le prince servit dans cette campagne sous le maréchal d'Estrées, et il eut la gloire de contribuer à la victoire d'Hastenbeck. On savait que le maréchal d'Estrées voulait livrer bataille au duc de Cumberland; Paris était dans la plus vive attente. Le premier courrier qui apporta la nouvelle de la victoire d'Hastenbeck descendit au PalaisRoyal, et la duchesse d'Orléans, pour satisfaire

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