Page images
PDF
EPUB

et de rendre la circulation plus facile dans le portique qui conduit de la cour de Nemours aux galeries du jardin. »

Le grand bassin, deux parterres brillants de fleurs et de verdure et ornés de statues, ont ajouté à l'élégance et à la fraîcheur du jardin; enfin le péristyle Montpensier, l'aile occupée par l'appartement du duc d'Orléans, le pavillon Montpensier et la prolongation de la galerie du théâtre jusqu'à la rue Saint-Honoré, terminés depuis 1830, ont mis le complément à ce grand et beau travail, qui, malgré les dépenses énormes qu'il devait entraîner', malgré les difficultés de toute espèce dont il était hérissé, a marché avec une rapidité due à la persévérance du prince autant qu'à l'heureux accord de son goût avec le talent de son architecte.

1 Suivant M. Fontaine, la dépense s'est élevée à 12 millions.

CHAPITRE XI.

Le Palais-Royal sous Louis-Philippe Io, roi des Français.

1830-1831.

TÉMOIN tour à tour de la puissance de Richelieu, des folies de la Fronde, de l'éclat de la Régence, du premier enthousiasme de la révolution de 1789, enfin, de ce bonheur tranquille et pur que donne, au sein d'une belle famille, l'exercice de toutes les vertus, le Palais-Royal devait reprendre rang parmi les résidences royales 1 le jour où tout un peuple vint offrir la couronne à son premier citoyen. Mais avant de rappeler les scènes de ce grand événement dont ce palais fut le théâtre, nous ne pouvons passer sous silence la brillante fête du 31 mai 1830.

'Le Palais-Royal fut réuni à la couronne le 9 août, avec les autres biens que le duc d'Orléans tenait de ses aïeux à titre d'apanages.

Le roi de Naples, François Ier, frère de la duchesse d'Orléans, aujourd'hui reine des Français, après avoir accompagné à Madrid sa fille Christine, qui allait s'asseoir sur le trône de Ferdinand VII, roi d'Espagne, était venu à Paris avec la reine Marie-Isabelle son épouse. Le duc d'Orléans, son beau-frère, voulut lui donner un grand bal au Palais-Royal; il y convia en même temps Charles X, le dauphin son fils, la dauphine, la duchesse de Berry. Jamais ce palais n'avait brillé d'autant de magnificence : les salons parés des plus riches produits de l'industrie nationale, ces vastes galeries de tableaux, ces immenses colonnades, ces toits de verre étincelants de mille feux, offraient, au milieu de la plus belle des nuits, toute la pompe d'une

fête orientale.

La première salle, où s'élevait un amphithéâtre de fleurs, servait d'introduction à la galerie dite de la Psyché, dans laquelle était établi un pre

1 Ce prince était instruit; il aimait la littérature, les arts, et se plaisait à dire des choses obligeantes à ceux qui les cultivent. Dans sa première visite au Palais-Royal, il examina tout avec le soin le plus empressé, et loua avec une bonne grâce intelligente tout ce qui méritait des éloges.

2 Elle avait reçu ce nom du charmant tableau de Picot, qui depuis a été transporté dans une autre galerie.

mier orchestre le second était placé dans la salle du conseil, aujourd'hui salle du trône, où les yeux s'arrêtaient avec curiosité sur les batailles de Jemmapes et de Valmy, peintes par Horace Vernet; un troisième orchestre animait la grande galerie où sont représentés les sujets qui retracent l'histoire du Palais-Royal. Les feux de mille bougies, la brillante variété des uniformes, la beauté des femmes, l'élégance de leurs parures, l'éclat des couronnes de France et de Naples réunies, tout concourait à relever la splendeur du bal; mais ce qui lui donnait une physionomie particulière, c'est que, grâce à la sérénité du ciel, on circulait sur toutes les terrasses qui, chargées d'orangers en fleurs, et

La cocarde tricolore avait fait exiler du Musée ces deux premiers souvenirs militaires de notre révolution. Celui de Valmy revint à la pensée de Charles X, à l'époque de son sacre à Reims. Se trouvant près de ce champ de bataille avec le duc d'Orléans, il lui dit : « Il y a trente ans, nous <«< nous trouvions ici bien près l'un de l'autre ; mais ce n'é" tait pas pour la même cause. Ah! çà, que pensez-vous du départ du duc de Brunswick? Croyez-vous qu'il ait été <«< acheté? — Sire, lui répondit le duc d'Orléans, je puis « vous assurer que Kellermann et ses troupes ont tout fait. « On avait flatté Brunswick; on lui avait promis une vic« toire facile; quand il a vu le courage et l'ardeur de nos « soldats, il s'est éloigné. »

[ocr errors]

décorées de guirlandes en verres de couleur justifiaient ce mot de Charles X à Gérard : « Voilà <<< un beau tableau à faire; c'est une féerie, une « des Mille et une Nuits1. »

Le roi de Naples, un peu fatigué, se retira de bonne heure avec la reine. Le roi de France ne tarda pas à le suivre, mais la duchesse de Berry, après avoir assisté à un souper de douze cents couverts, servi dans les grands appartements de la duchesse d'Orléans, se mêla aux danses qui ne finirent qu'avec le jour.

Le duc d'Orléans, fidèle à ses principes, avait invité à son bal toutes les notabilités, sans distinction d'opinion; et cet hommage nouveau, rendu sous les yeux de la cour à la ville de Paris, n'était pas le moindre attrait de cette fête, la plus remarquable qui eût été donnée depuis 1814.

Le lendemain, lorsque le duc d'Orléans se présenta aux Tuileries, « En vérité, Monsieur, lui << dit Charles X, il est impossible de voir une

[ocr errors]

plus belle fête; c'était un spectacle enchanteur. « Avez-vous lu le journal des Débats? Il vous a <<< bien traité et moi aussi ; j'en ai été bien aise, car, depuis quelque temps, je n'y étais plus accou<«< tumé. On m'a dit qu'on a brûlé quelques chaises

[ocr errors]

'Charles X, ayant rencontré M. Fontaine dans le bal, lui dit en souriant : « C'est superbe! il me semble que vous ne faites pas toujours d'aussi belles choses moi. pour

[ocr errors]
« PreviousContinue »