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jeune Prince ce qu'il désiroit de l'Église de <«< Dieu à quoi il respondit fort distinctement

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qu'il demandoit la cérémonie du baptesme. En <<< suite de quoi ce Prélat ayant demandé à la « Reine de la Grand'Bretagne et à son Altesse Royale qui estoyent invitez pour estre parrain «<et marraine, quel nom il leur plaisoit lui don<< ner; la Reine de la Grand'Bretagne, après avoir << fait civilité et compliment à sadite Altesse, lui « donna le nom de Philippes : sur quoi le sieur <«< Bloüin, son premier valet de chambre, ayant « dénoué deux rubans desquels son pourpoint << estoit attaché devant et derrière, afin qu'on lui << pust plus aisément apliquer le saint huyle des <«< catéchumènes, cette cérémonie et toutes les << autres furent faites avec une merveilleuse at<< tention et dévotion de ce Prince, qui remplit <«< un chacun d'une grande satisfaction, et leur << fit aisément concevoir ce qu'on en doit espérer << en un âge plus meur: car il receut le sel bénit « et dist d'un ton et d'un geste dévotieux l'Abre«< nuntio et le Credo, et respondit si adroitement <«< et si à propos à toutes les interrogations que « le Prélat officiant lui faisoit au langage de l'Église, qu'il donna bien à connoistre par là « les soins avec lesquels son sage précepteur, qui est celui du Roy, cultive sa piété, et lui apprend de bonne heure le chemin du ciel; ce

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<< tendre zèle n'ayant pas mesme esté interrompu << par quelques Dames, qui le voyant paroistre si agréable sous le cresmeau de point de Gènes, « s'écrièrent plusieurs fois, ha! qu'il est beau. << Enfin la mesme musique ayant chanté Domi«ne, salvum fac Regem, et ce Prélat donné la « bénédiction solennelle, chacun s'en retourna grandement édifié. >>>

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Deux ans après son arrivée au Palais-Royal, Anne d'Autriche donna une fête brillante1.

Le 5 novembre 1645, on y célébrait avec beaucoup de pompe et d'éclat le mariage d'Uladislas VII, roi de Pologne, avec Marie-Louise de Gonzague, fille du duc de Nevers 2. Le roi, la

1 Cette princesse aimait la comédie italienne, dont Mazarin avait introduit le goût en France.

« Le mardi gras de cette année (1646), la reine fit représenter une de ces comédies en musique dans la petite salle du Palais-Royal, où il n'y avait que le roi, la reine, le cardinal, et le familier de la cour, parce que la grosse troupe des courtisans était chez Monsieur, qui donnait à souper au duc d'Enghien. Nous n'étions que vingt ou trente personnes dans ce lieu, et nous y pensâmes mourir d'ennui et de froid. Les divertissements de cette nature demandent du monde, et la solitude n'a pas de rapport avec les théâtres. »

(Mémoires de madame de Motteville, tome I, page 346.)

2 Marie-Louise de Gonzague avait été aimée de Gaston, duc d'Orléans; plus tard elle s'était éprise de Cinq-Mars,

régente, le duc d'Orléans et tous les principaux de la cour étaient réunis dans la chapelle du Palais. On y remarquait aussi le comte Opalinski, palatin de Posnanie, et l'évêque de Varmie, envoyés extraordinaires de S. M. polonaise, le comte Gerhard d'Enhofft, ambassadeur d'Uladislas, et une foule de princes et seigneurs polonais. L'évêque de Varmie officiait et le comte Opalinski représentait le royal époux. Cette messe solennelle fut suivie d'un festin nuptial, qui surpassa en magnificence tout ce que l'on connaissait jusqu'alors.

La demande de la main de la princesse avait été faite à Fontainebleau, à la reine régente, par l'ambassadeur, au nom de son maître; le contrat avait été passé le 26 septembre entre Louis XIV, Anne d'Autriche et le comte Gerhard d'Enhofft, fondé de pouvoirs de son souverain.

La conduite de la régente fut noble et grande envers Uladislas, tendre et généreuse pour Louise de Gonzague : elle la traita comme sa fille et lui constitua une dot de sept cent mille écus, somme très-considérable pour le temps.

<< De laquelle somme, dit le contrat, il y a « d'une part, six cent mille livres que S. M. a

et avait partagé les rêves de grandeur de ce brillant favori de Louis XIII.

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« données et donne à ladite princesse en faveur <«< dudit mariage, par affection que S. M. lui « porte, étant sa proche parente, issue du sang royal; et d'autre part, la somme de quinze cent <«< mille livres à laquelle S. M. évalue et liquide <«< du consentement de ladite dame princesse, les « droits à elle appartenans pour quelque cause « et quelque titre que ce soit, en la succession << dudit feu seigneur duc de Mantoue, son « père1. >>

L'entrée solennelle des envoyés extraordinaires dans Paris avait eu lieu le 29 octobre.

Une relation du temps, après avoir décrit longuement l'ordre du cortége, le nombre des heiduques, des gardes, des pages, des écuyers, la variété et l'éclat des uniformes, la richesse des fourrures, enfin la magnificence des costumes des gentilshommes et des princes polonais, termine en ces mots :

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<< Enfin paroissoient les envoyés extraordi

'Dans le contrat de mariage on remarque cette clause assez singulière :

« Il sera en la faculté du sérénissime roy de Pologne de « pouvoir, après l'accomplissement dudit mariage, faire quelque don nuptial à ladite dame princesse qui soit digne « d'une reine, pour lui témoigner d'autant plus l'estime qu'il «< fait de sa vertu et de son mérite, et de l'affection qu'il lui « porte. »

<< naires ayant devant eux le sieur de Berlize, <«< introducteur des ambassadeurs; l'évesque de << Varmie vestu de tabis violet avec un chapeau << et un cordon d'or enrichi de diamants, estoit «< à la droite, et le palatin de Posnanie à la gauche, vestu de brocart d'or, chargé de force

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pierreries; comme estoient aussi son cimeterre, « son espée et ses estriers, tout couverts de << turquoises, rubis et diamants, ayant son che<< val sellé et houssé de toile d'or et ferré de << quatre fers d'or, l'un desquels se déferra à des<< sein dans les rues. »

Le comte Opalinski et l'évêque de Varmie étaient entourés de plusieurs princes et seigneurs français envoyés à leur rencontre pour leur faire honneur. Ils passèrent devant le Palais-Royal et allèrent descendre à l'hôtel de Vendôme. Mais l'effet de cette marche pompeuse fut perdu pour le peuple, qui était accouru en foule dès le matin pour jouir d'un spectacle impatiemment attendu. L'entrée avait commencé trop tard; et le cortége n'était pas au milieu de la ville, que déjà le jour tombait; de sorte qu'il défila dans l'obscurité, au grand désappointement des Parisiens qui ne purent rien voir, et à la plus grande mortification des Polonais qui ne purent être vus. Ils se plaignirent beaucoup de ce qu'on ne leur avait donné ni torches ni flambeaux, pour éclairer

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