AVIS DE L'ÉDITEUR. PEU EU d'Auteurs ont écrit avec autant de finesse, de naturel & de grace que M. de Marivaux : il à fu donner le coloris le plus agréable aux matières qui paroiffoient le moins fufceptibles d'agré mens. Tout devenoit intéressant fous fa plume élégante, & jamais Littérateur n'a joint à un efprit auffi fin, auffi réfléchi, une Philofophie auffi aimable & auffi attraiänte. Ses Ouvrages font autant de plaifir à ceux qui ne lifent que pour s'amufer, qu'à ceux qui cherchent à s'inftruire, même en s'amusant. Il a fatisfait tous les gouts, parce qu'il a fu faifir celui de fon fiècle. Nous avons raffemblé dans cette collection tout ce que M. de Marivaux a A penfé & écrit de mieux. Nous espérons que nos Lecteurs applaudiront au préfent que nous leur faifons, & que notre travail leur fera agréable. 4 VIE OU ÉLOGE HISTORIQUE DE M. DE MARIVAUX. L femble que la vie d'un Homme de Lettres n'eft,, à proprement parler, que l'hiftoire de fes Ouvrages: cela peut être vrai en général, mais nous croyons devoir nous écarter de cette manière de penfer à l'égard de M. de Marivaux. En lui, l'Homme privé est auffi bon à connoître que l'Auteur. Quelle aménité! quel caractère ! quelle ame! elle étoit auffi fenfible, auffi belle, que fon efprit étoit fécond & ingénieux. Les productions qui font forties de fa plume font entre les mains de tout le monde & lues avec avidité : quel plaisir n'aura-t-on pas d'apprendre que celui qui fit honneur au fiècle de l'efprit par fes rares talens, en a fait encore davantage à l'humanité par l'exercice continuel de toutes les vertus! C'est ce que nous nous propofons de faire voir; nous prévenons nos Lecteurs que nous avons puifé dans toutes les fources connues, pour leur donner un détail circonftancié des Ouvrages & de la vie de M. de Marivaux. Nous n'avons point travaillé pour nous; nous n'avons pensé qu'à éviter, à ceux qui nous liront, la pénible recherche de ce que nous raffemblons ici. Nous n'avons rien négligé de ce qui pouvoit contribuer à la gloire de notre Auteur & à la fatisfaction du Public. Nous ferons entrer dans cet Éloge hiftorique deux lettres de M. de Marivaux, qui fervent à en développer le caractère, & qui n'ont point encore parues. Elles font écrites avec cette lége reté, ce naturel, & cette philofophie aimable qui font le principal mérite de fes ouvrages. Des Perfonnes de la plus grande confidération, qui paffoient leur vie avec |