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Nud, tremblant, dépouillé de tout ce qu'il poffede,
Il te trouve, il gémit, il implore ton aide.
Ne dois-tu pas alors chercher jufqu'en ton fond
De quoi le retirer de ce goufre profond?

Et ne pas comme Orofe, auffi riche qu'avare,
Pour les amis foufrans avoir un cœur barbare,

Moi! me disoit un jour cet Arabe vilain,
A d'indigens mortels j'irois doner du pain,
J'irois diminuant les trefors que j'amasse

De mon fils, de mon gendre encourir la difgrace,
Et faire à mes enfans iritez contre moi

Retrancher l'apareil de mon pompeux convoi?
Quoi ! manger votre bien, diront-ils, quelle honte
Voyez à quel excés le luxe aujourd'hui monte.
Que d'un mal fi comun dont Paris eft ateint,
Un fage Philofophe avec raison se plaint!
Depuis que cinq cens gueux roulent sur la finance,
Un fou déréglement a suivi l'abondance.

Tout veut dans leur éclat imiter ces Vautours,
On voit la Procureuse arborer le velours,
On voit en plats d'argent la Marchande servie,
Lhistrione en caroffe, & de laquais fuivie,
L'artifan débauché fe rafine le goût,

Et jusqu'en ses navets va chercher du ragoût,

Hac einere ulterior metuas? At tu, meus hares

Quifquis eris, paulum à turbâ seductior audi.

bone, num ignoras? Miffa eft à Cafare laurus

Infignem ob cladem Germana pubis, & aris

Frigidus excutitur cinis: ac jam poftibus arma,

Fam Chlamydes regum, jam lutea gaufapa captis į

Effedaque ingentefque locat Cofonia Rhenos

Diis igitur, genioque ducis centum paria, ob res

Egregie geftas, induco: qui vetat? Aude,

dire

Coeur avare, ame baffe, efprit dans le délire,
Qu'importe aprés ta mort tout ce que l'on peur
Et que ton heritier quand tu n'y feras plus,
Exhale fa colere en chagrins fuperflus?
Quoi! de tes propres biens, dans ta fotife extrême
Crainte de l'iriter tu te prives toi-même..

O toi, qui que tu fois, qui crois être le mien,
Toi qui vis dans l'espoir d'avoir un jour mon bien,
Ne vas pas te flater qu'en avare peu fage
Pour te rendre opulent je m'en ôte l'ufage.
Tes chagrins, je le voi, naiffent de mes plaisirs,
Mais je vis, & veux vivre au gré de mes defirs.
Quand par les longs travaux mon Roi comblé de
Au char de fa prudence enchaîne la victoire, [gloire
Que fage, pénétrant en guerre comme en paix
De fes Rivaux jaloux il confond les projets,
Que fon fang revêtu de nouvelès courones,
De l'Empire François afermit les colonnes,
Que zelé Protecteur de l'Autel & des Rois
Intrépide, invincible, il en défend les droits,
Et laiffant à l'envie à foûtenir le crime,
Rend tous les honneurs dûs au Prince legitime:
Je veux me réjouir, ne m'eft-il pas permis.
De rire, & malgré toi régaler mes amis ?

Fa, nifi connives. Oleum, artocreafque popello

Largior: an prohibes? Dic clare: Non adeo, inquis,

Exoffatus ager juxta eft. Age, fi mihi nulla

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Clivumque ad Virbi: prafto eft mihi Manius hares.

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Tu voudrois l'empêcher, fotife faus pareille,
Et je vais avec eux décoifer ma bouteille.
Parle-moi franchement, héritier confondu,
Tu gémis en fécret de ce vin répandu,
Et dans le fond du coeur renfermant ta colere,
Tu feins de m'aplaudir de peur de me déplaire;
Mais fi lorsque je ris, ton inquiet chagrin
Prétend compter mes plats & controler mon vin
Un jufte Teftament puniffant ton audace,
Prendra plutôt un gueux pour le métre à ta place;
Je t'enverrai gémir dans ton petit taudis.
Manque-t-on d'héritiers, pour un l'on en a dix ?

Charuel enrichi des bienfaits de fon Maître,

Tout coufu de coufins vêcut fans les conoître : Eft-il mort on en voit pleuvoir de tous côtez, Et par quatorze gueux fes biens font difputez.

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Appius lè camard, né coquin & fans pere; Mit de fes deux ayeux toute la race en biére ; Il meurt, & pour gober l'amas de fes écus. L'on voit trente camars greffez fur Appius.. Mais comment, direz-vous, en même parentage: D'un grand & d'un coquin acorder le lignage ? En Ecuffons timbrez de Fleurons de Marquis De combien de Vautours voit-on briller les fils

M

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