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L'étude que nous venons de faire est moins un raisonnement théorique que la conclusion naturelle d'un grand nombre d'observations appartenant à une catégorie spéciale et dont nous avons signalé les plus importantes.

Ces faits démontrent suffisamment l'utilité de l'emploi de la suggestion hypnotique dans l'éducation musicale.

Suggestion curative dans le cours d'une attaque d'éclampsie. par M. le D' LE MENANT DES CHESNAIS

J'aurais été heureux de pouvoir signaler à la Société la guérison par suggestion d'accès complets d'éclampsie puerpérale.

Je n'en ai pas lu d'exemples dans nos revues, mais nous savons tous que les accidents nerveux, même dus à une intoxication, sont susceptibles d'amélioration par la méthode suggestive.

Néanmoins le résultat que j'ai obtenu chez la malade qui fait l'objet de cette communication m'a paru assez intéressant pour vous être rapporté.

Il s'agit d'une femme de 30 ans dont la constitution grêle est due pour beaucoup aux conditions misérables dans lesquelles s'est faite sa crois

sance.

Elle avait vingt ans quand je lui donnai mes premiers soins, et souffrait d'une grande anémie, mais ne présentait aucune lésion organique. Au moral elle est d'un caractère très doux et la parfaite correction de son maintien aussi bien chez elle que dans la rue, s'harmonisait avec la délicatesse de ses sentiments et de ses goûts et la distinguait des autres filles de son rang. Elle était domestique.

Quand elle se maria un an ou deux plus tard, elle se portait bien. Elle tomba malheureusement sur un individu alcoolique, appartenant à un milieu des plus vulgaires, et de nouveau elle eut à lutter contre la misère et des tribulations de toutes sortes.

J'avais constaté, quand elle était fille, combien il m'était facile de l'hypnotiser. Il me suffisait de lui commander de dormir, ou qu'elle devinât à mon regard que je voulais qu'elle s'endormit, pour qu'elle entrât immédiatement dans un sommeil des plus profonds, devenant complètement automatique, insensible et étrangère au monde extérieur, avec amnésie totale au réveil. Tous ceux qui pratiquent l'hypnotisme savent combien chez de pareils sujets l'influence suggestive est profonde. Si l'hypnose n'est pas indispensable à la suggestion efficace, du moins, peut-on affirmer que dans l'hypnose, l'efficacité de la suggestion est en raison directe de l'intensité du sommeil.

Aussi ai-je pu en maintes circonstances employer utilement chez elle la méthode suggestive contre des troubles fonctionnels et surtout contre les tendances au découragement, et lui rendre ainsi l'énergie et la résignation nécessaires pour supporter ses tribulations de chaque jour. Par

contre il est remarquable de constater que chez cette femme si suggestible le milieu dans lequel elle vit n'a jamais eu d'influence sur son fond moral. Elle est restée aussi douce, honnête et aussi réservée dans son maintien et ses paroles qu'étant jeune fille.

Il y a un an, elle accouchait de son troisième enfant. Les deux premiers accouchements s'étaient passés sans incident particulier. La sagefemme vint me prévenir un matin qu'après un accouchement assez rapide la veille au soir, elle avait été prise de crises nerveuses, avec perte de connaissance. Depuis elle paraissait dans une sorte de coma, les crises revenaient de temps en temps, ne s'accompagnant pas de véritables. convulsions, mais les mouvements des orbites quand elle entr'ouvrait les paupières donnaient à son visage un aspect très impressionnant.

La sage-femme n'avait pas eu l'occasion d'analyser les urines n'ayant pas vu la jeune femme pendant son dernier mois de grossesse.

Je me rendis près de la malade que l'on avait, par bien des petits moyens, cherché à faire reprendre connaissance.

Elle était calme à mon arrivée, et inerte sans contracture. Je la pinçai elle était insensible. Je soulevais les paupières, les sclérotiques seules se voyaient.

Confiant dans mon influence sur elle je lui dis: Marie-Louise, réveillezvous complètement, j'ai à vous parler.

Lentement elle revint à elle, me regarda et prononça mon nom.

Je lui dis alors de m'écouter attentivement et je la prévins qu'elle allait se rendormir d'un sommeil tout à fait calme, pendant lequel on lui donnerait ce que j'aurais prescrit, mais sans qu'elle se réveillât. J'insistai sur ce fait qu'elle dormirait ainsi, dans un calme profond sans aucune crise nerveuse, jusqu'au lendemain matin et qu'elle se réveillerait alors se sentant tout à fait bien, et surtout la tête complètement dégagée.

Et par prudence, je prescrivis du chloral à donner par la bouche et en lavements si les crises reparaissaient.

Cette prescription fut inutile, car le sommeil resta calme comme je l'avais dit, et je retrouvai le lendemain matin, ma malade bien éveillée se sentant seulement très faible.

La convalescence fut régulière.

On peut évidemment dans le cas présent se demander si les crises avaient été réellement de l'éclampsie.

Les éléments de contrôle ordinaire nous ont ici fait défaut, mais les circonstances dans lesquelles apparurent les crises nerveuses signalées par la sage-femme et l'entourage de la malade, avec persistance de la perte de connaissance jusqu'à mon arrivée permettent tout au moins l'hypothèse sinon l'affirmation d'un état éclamptique. ·

Aussi me suis-je cru autorisé à vous présenter ce cas avec cette épithète, ne serait-ce que pour encourager nos confrères à joindre la méthode suggestive, même dans les cas d'éclampsic confirmée, aux autres traitements plus classiques du chloroforme, du chloral et de la saignée.

RECUEIL DE FAITS

Aphonie hystérique; guérison par suggestion ('),

par M. CRESPIN, externe des hôpitaux de Lille.

Nous venons d'avoir l'occasion d'observer, dans le service de M. le professeur Combemale, une hystérique qui y est entrée pour un accident dépendant de sa névrose, accident assez fréquent d'ailleurs et bien connu. Notre intention n'est donc que d'en rapporter brièvement l'observation à titre documentaire, d'autant plus que la malade a guéri par un traitement suggestif et que par là même, le diagnostic est certain.

OBSERVATION. Le 21 février 1901, entrait à l'hôpital de la Charité, dans le service de M. le professeur Combemale, la nommée Dh..... Octavie, dévideuse, âgée de 26 ans (salle Sainte-Clotilde, no 7). La malade se plaint d'avoir la voix éteinte. Réglée à 12 ans, elle l'a été régulièrement jusqu'à 18. A cet âge, grossesse normale; depuis cette date, époques menstruelles irrégulières; parfois très abondantes. Deux pertes, l'une à trois mois, l'autre à cinq mois. La malade est mariée depuis deux

ans.

Rien comme antécédents héréditaires : père et mère bien portants ; un frère et une sœur morts de variole en bas âge.

La malade a toujours été fort impressionnable, riant et pleurant pour les choses les plus futiles. Crises nerveuses qui ont débuté à 19 ans et qui surviennent à la suite d'émotions, de contrariétés, etc., très fréquemment. Un soir, huit jours avant son entrée à l'hôpital, à la suite d'une discussion d'ordre matrimonial, crise très violente avec perte de connaissance. Le lendemain matin, notre malade se réveille sans voix, complètement aphone.

A l'examen fait le jour de son entrée, on constate une impossibilité absolue de parler à voix haute. Elle n'a conservé que le chuchotement. Il n'existe aucune trace d'aphasie, tous les mots sont correctement prononcés. Cette aphonie des plus nettes est très caractéristique et domine l'hystérie de cette malade : c'est d'ailleurs la première fois que pareil phénomène se produit chez elle.

Pas de zones hystérogènes; les réflexes cornéens et pharyngé conservés.

En revanche, champ visuel très rétréci, comme on peut s'en rendre compte d'après les chiffres suivants.

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De plus, à l'auscultation du cœur, on perçoit un souffle au premier temps, à la pointe, sans retentissement à l'aisselle on l'entend aussi, mieux même, au niveau des vaisseaux du cou. La malade accuse de la dypsnée au moindre effort, dans la vie ordinaire.

En présence des symptômes cités plus haut et surtout du début de l'aphonie, l'idée d'hystérie s'impose naturellement et on a recours à la suggestion au moyen de badigeonnages à l'éther picriqué. L'effet thérapeutique ne tarde pas à se produire la voix revient progressivement à tel point que le 1er mars la malade sort tout à fait guérie ».

Les troubles du langage qu'on peut observer chez les hystériques affectent différentes formes. On constate soit le mutisme, soit le bégaiement, soit l'aphonie motrice (ce qui est plus rare), soit enfin l'aphonie, comme dans le présent cas.

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L'aphonie hystérique est caractérisée par la perte de la parole à voix haute c'est là sa définition. Le début en est toujours brusque, à la suite d'une émotion vive, d'une attaque, d'une laryngite, d'une angine, d'un traumatisme local, etc., ou de toute autre cause. Boulay cite le cas d'une jeune fille, à nombreux stigmates hystériques concomitants, qui devenait aphone à chaque époque menstruelle (').

La toux et ses caractères habituels le chant à haute voix est conservé, ainsi que le rêve parlé (2). L'aphonie n'est donc que partielle ; les contractions volontaires des muscles vocaux sont seules troublées; ces troubles sont liés à l'existence de paralysies, d'ordinaire bilatérales, susceptibles de varier d'intensité et de localisation d'un jour à l'autre, frappant tantôt les constricteurs, tantôt le transverse, tantôt le thyroaryténidien (Lermoyez et Boulay).

L'aphonie hystérique s'accompagne souvent d'anesthésie de la muqueuse du larynx. L'excitabilité électrique des muscles est conservée. L'aphonie peut être observée à l'exclusion de tout autre accident. hystérique. La respiration est normale.

La durée peut en être fort longue; parfois des années (Dejerine). Jonquières a publié dans le « Correspondenz Blatt » 1882, un cas d'aphonie hystérique singulier. Une fillette de 17 ans devenue subitement aphone à la suite d'une angine durée : 13 mois - guérison subite 3 mois après: rechute. La compression des hypochondres avec le poing ramenait immédiatement la voix.

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L'aphonie, hystérique peut guérir subitement comme elle est venue ou disparaître progressivement, il en est qui récidivent d'une façon

(1) BOULAY. daire, 1er mai 1896.

Diagnostic et traitement de l'aphonie hystérique.

(2) GERHARD. - Deutsche médic. Wochenschrift.

Gazette hebdoma

décourageante. On en a vu enfin des rebelles à tout traitement; pour celles-là on a émis l'hypothèse de la contracture des muscles antagonistes des adducteurs. L'aphonie peut précéder le mutisme hystérique ().

Le traitement n'agit évidemment qu'à titre suggestif. On a préconisé l'introduction d'une sonde dans le larynx, ayant en vue l'effet psychique bien entendu; puis, après l'avoir retirée, on fait épeler le malade à haute voix, on le fait compter lentement, et enfin articuler les mots, progressivement, en commencement par les plus faciles et les plus usuels. Riceda emploie cette méthode pendant le sommeil hypnotique (Afonia isteria). On a vanté l'électrisation extérieure ou intérieure du larynx, le massage du larynx (Seifert), l'examen rhino-pharyngien (2). Mais encore une fois, ces modes de traitement n'agissent que par suggestion: ce qui explique leur nombre et leur diversité.

Chez notre malade, un badigeonnage simple de la région a suffi pour amener la guérison complète.

COURS ET CONFÉRENCES

Un cas intéressant de fugue mixte (3)

Par M. le professeur RAYMOND

Au point de vue clinique, on distingue trois sortes de fugues, celles des épileptiques, celles des hystériques et celles des psychasthéniques.

La première débute d'ordinaire par une aura. L'épileptique présente quelques petits phénomènes convulsifs, puis il marche d'une manière tout à fait inconsciente; tous les actes qu'il accomplit sont, eux aussi, inconscients; après la fugue il éprouve un irrésistible besoin de dormir.

La fugue hystérique est celle qui dure le plus longtemps, parfois des jours, des semaines et même des mois. L'hystérique se comporte alors comme s'il était dans son état normal; personne ne se doute qu'il fait une fugue; ses actes sont adaptés à ses besoins; en outre, le souvenir de tout ce qui s'est passé pendant la fugue peut être retrouvé dans le sommeil hypnotique, ce qui n'a pas lieu pour l'épilepsie.

La fugue du psychasthénique, autrement dit, du dégénéré, n'est pas inconsciente. En proie à une idée obsédante, le psychasthénique est obligé d'y obéir. Pitres a rapporté l'histoire d'un grand négociant de

(1) ERNOUL. Le mutisme hystérique, thèse de Paris, 1897. THAON, Congrès laryng. de Milan, sept. 1880. SCHEPPEGRELL, Médical News, 16 septembre 1893. (2) MICHELSEN,· Soc. néerlandaise laryng., Amsterdam 1894.

(3) Présentation de malade faite à la Clinique des maladies du système nerveux à la Salpêtrière.

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