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Bordeaux qui, de temps à autre, est obligé de marcher pendant trois ou quatre jours de suite, jusqu'à ce qu'il tombe exténué; pour accomplir ses fugues, il a fait construire une piste autour de son hôtel. Je connais, pour ma part, un courtier de commerce qui, le jour, se conduit comme tout le monde. Le soir, il se couche vers 9 h. 1/2 ou 10 heures. A minuit, minuit et quart, il se lève, regarde par la fenêtre, attend que le dernier tramway, soit passé et que le marchand de vins d'en face ait éteint ses lumières. Alors, persuadé que personne ne le verra sortir, il s'en va marcher autour des Halles. Pendant toute la durée de sa fugue, il est parfaitement conscient de ses actes; mais ces marches n'ont pas tardé à fcrcer son cœur et il est maintenant albuminurique.

Or, parfois la nature rentre difficilement dans les cadres que nous traçons; il est des fugues qui ne correspondent point uniquement et complètement à l'une de nos trois grandes variétés cliniques; témoin le cas de cet homme.

Il a 37 ans. Jadis marchand de vins, il est maintenant valet de chambre. Depuis quelques mois, il a un sommeil agité, entrecoupé de fréquents cauchemars. Il revoit sa mère et son frère dont la mort l'a beaucoup frappé et il se réveille en sursaut. Alors, il se sent obligé de se lever, marche dans sa chambre une heure ou deux et se recouche. Dans ces derniers temps, il est même sorti de chez lui. Après avoir marché quelque temps dehors, il rentre se coucher; mais, parfois, il ne peut s'empêcher de sortir à nouveau trois ou quatre fois dans la même nuit. Notez qu'il n'y a pas d'amnésie consécutive. Cet homme sait et raconte très bien tout ce qui lui arrive. Il s'agit d'une fugue consciente, par conséquent psychasthénique.

Cependant, cette fugue est à début brusque; elle commence par de petites contractions musculaires; notre homme sent des coups dans la nuque, voit des ombres devant les yeux; sa face est grimaçante et il subit une certaine obnubilation; dès qu'il rentre chez lui, il dort d'un sommeil de brute. Par tous ces côtés, cette fugue, on le voit, se rattache à l'épilepsie.

Ce n'est pas tout. Cet homme est hypnotisable, au moins dans une certaine mesure, et, pendant son sommeil hypnotique, il retrouve la mémoire de certains faits dont il n'a pas conscience à l'état normal. Il se rappelle, par exemple, qu'un jour il est allé à la Cascade du Bois de Boulogne, qu'il a joué à la manille avec des cochers, qu'il a reçu une - blessure à la main, qu'il a failli être écrasé par une voiture, etc. Par conséquent, au cours de ces fugues, certains actes sont conscients; d'autres paraissent oubliés, mais peuvent être remémorés grâce au sommeil hypnotique. Par ce côté la fugue serait donc hystérique.

En fait, elle est complexe et participe de chacune de nos trois variétés Ce malade a été frappé par l'hérédité: sa mère était une hystérique à grandes crises et son frère est mort dans un asile. Lui-même, tout jeune, était très impressionnable et a même présenté du somnambulisme nocturne ; aujourd'hui, il a de l'hypoesthésie dans le côté gauche du

corps, voilà pour l'hystérie. Il a été marchand de vins et, l'alcool aidant, sa prédisposition héréditaire s'est accentuée; notons en outre que, coup sur coup, il a perdu sa mère et son frère ; cette double émotion n'a fait qu'accroître sa psychasthénie. Est-il en même temps épileptique ? C'est très possible; Charcot et Magnan ont bien montré que plusieurs psychoses ou névroses peuvent coexister chez le même individu. En devenant alcoolique, il a pu exciter ses centres moteurs et faire appel au mal comitial. D'ailleurs il a eu conscience que son métier de marchand de vins était pernicieux; il s'est fait valet de chambre et est devenu sobre. Il est donc dans une bonne voie et la suggestion achèvera de le guérir.

Maladie des tics avec coprolalie (1)

Par M. le professeur RAYMOND

Voici une jeune fille de 13 ans et demi. Vous l'entendez prononcer des mots orduriers, mais malgré elle, d'une manière involontaire et inconsciente. Elle présente, en outre, à gauche, dans le bras, la jambe et la face, des mouvements qui ont débuté par le bras, il y a quatre ans.

Née à terme, elle a été nourrie au sein et élevée dans de bonnes conditions. Elle a eu la rougeole, la scarlatine, du rhumatisme, et, à la suite de ce dernier, une arthrite infectieuse du genou gauche.

Son affection actuelle a été diagnostiquée danse de Saint-Guy, mais on a fait en cela preuve de grande ignorance. Dans la chorée, en effet, les mouvements sont incohérents, absurdes, illogiques, tandis qu'ici ils sont rythmés; en outre, ils semblent reproduire un acte et se rapporter à un but. C'est une maladie des tics, laquelle est non pas une maladio à part, mais une partie détachée de l'histoire des myoclonies.

Friedreich avait décrit sous le nom de Paramyoclonus des contractions rapides, brusques, instantanées de groupes musculaires déterminés, mais respectant toujours la face. Avec trois ou quatre observations seulement, il avait voulu constituer un type. Or, le type est beaucoup plus complexe qu'il ne l'a dit. Le paramyoclonus n'occupe pas seulement le tronc et les membres, il peut être généralisé. La chorée électrique des adolescents, celle d'Hénoch-Bergeron est aussi un cas particulier de la myoclonie. Il en est de même de la chorée fibrillaire de Morvan.

Cette maladie des tics comporte, outre les contractions musculaires, un terrain de dégénérescence tel que le tiqueur n'est plus maître ni de sa parole, ni de sa pensée. Il faut donc modifier le terrain par un traitement général comportant l'hydrothérapie, des médicaments toniques, l'huile de foie de morue, etc., puis, par une sorte de suggestion faire

(1) Présentation de malade faite à la Clinique des maladies du système nerveux à la Salpêtrière.

l'éducation des mouvements, surtout en apprenant au malade à faire les mouvements inverses de ceux qui lui sont habituels.

Si la maladie des tics est abandonnée à elle-même, elle ne fait que croître. Je connais des femmes qu'on n'a pas soignées et qui, mariées, mères de famille, ne peuvent s'empêcher, dans les diners, dans les soirées, de donner libre cours à leur besoin de dire à jet continu des mots orduriers.

Ici, comme dans tout traitement analogue, tant vaudra le médecin, tant vaudront les résultats.

CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE

Les séances de la Société d'hypnologie et de psychologie ont lieu le troisième mardi de chaque mois, à 4 heures et demie, au Palais des Sociétés savantes, 28, rue Serpente, sous la présidence de M. Jules Voisin, médecin de la Salpêtrière.

Les prochaines séances de la Société auront lieu le mardi 15 octobre et le mardi 19 novembre 1901.

Les séances publiques ont lieu les troisièmes mardis de chaque mois à 4 heures et den:ie. Les médecins et les étudiants sont invités à y assister.

Adresser les communications à M. le Dr Bérillon, secrétaire général, 14, rue Taitbout, et les cotisations à M. Albert Colas, trésorier, 1, place Jussieu.

Un guérisseur de paralysie au XVIIIe siècle.

Dans les Nouvelles, petite gazette qui se publiait à Amsterdam, à la date du 21 avril 1724, nous trouvons relatée l'histoire d'un inconnu à Paris qui guérit des paralytiques.

«< On voit ici (à Paris) le détail des trois cures extraordinaires de paralysie faites par un particulier demeurant rue Tiquetonne, dans la maison de M. de la Beaume, maitre des comptes.

<< Au mois de mars 1723, il guérit la fille du S. Dupuis, marchand de vins dans la rue St-Nicaise, affligée depuis 3 ans et 7 mois d'une si cruelle paralysie qu'on était obligé de la porter, parce qu'elle ne pouvait, en aucune façon, se tenir sur les piez ayant la jambe et les genoux sans mouvement et soudez avec les cuisses, les nerfs de derrière les jambes, nommés les fléchisseurs, raccoursis de trois doigts, ce qui avait retiré et courbé les muscles et la plante des piez avec des roideurs si extraordinaires qu'il n'était pas possible de les faire mouvoir; elle était enfin déclarée incurable par plusieurs médecins de la Faculté de Paris qui l'avaient vue, et néanmoins ce même particulier l'a fait marcher et elle marche présentement comme si elle n'avait jamais été paralytique.

« Le marquis de Briqueville, mestre de camp d'infanterie, fils aîné du marquis de Luzerne, demeurant rue de l'Université, paralytique depuis 4 ans des deux jambes, avait les nerfs fléchisseurs retirez sous les genoux d'environ 3 doigts, les muscles de la plante et les doigts des piez courbés en dessous, roides et sans mouvement, beaucoup d'humeurs pétrifiées et durcies aux deux piez, en sorte qu'il ne les pouvait mettre à terre ni marcher; ayant fait quantité de remèdes, pris les eaux de Bourbon et Barège, l'espace de 3 ans consécutifs, sans soulagement, M. Maréchal, premier chirurgien du roi, informé de la cure, ce dernier lui a conseillé de se mettre entre les mains du même particulier, lequel l'a si bien fait marcher qu'il a été l'automne dernier à la chasse et pendant plusieurs mois.

<< Au mois de juillet 1723, le sieur Chevance, avocat, demeurant rue de la Monnaye, paralytique depuis 8 ans des deux jambes, sans pouvoir marcher, même avec des béquilles, marche à présent seul avec deux

cannes.

« Ces trois faits m'ont été affirmés par une attestation de deux notaires de Paris. »

(Interméd. des Cherch. et des Curieux, 30 août).

Le géant Hugo

Hugo, le géant de l'Exposition de 1900, est né à Saint-Martin (AlpesMaritimes). Ce colosse est âgé de 22 ans, mesure la taille de 2 m. 29. Il pèse 201 kilos. Dans sa bague passe librement une pièce de 10 centimes. Il couvre facilement une pièce de cinq francs avec son pouce. Avec sa main, il atteint une hauteur de 3 mètres. Les bras étendus, il développe la largeur de 2 m. 47. Ses souliers ont la pointure 59; son tour de taille et de poitrine est de 1 m. 96. Il se couche dans un lit de 3 mètres de long et 1 m. 50 de large.

Le géant Hugo a toujours été dans des proportions extraordinaires ; il pesait, en venant au monde, 15 livres ; à l'âge de 6 ans, il mesurait déjà 1 m. 25; à 10 ans, 1 m. 70; à 15 ans, 2 m.; à 20 ans, 2 m. 25, et aujourd'hui, mesurant 2 m. 29, il s'est encore aperçu qu'il avait grandi de 2 centimètres l'année dernière.

Il est bien le colossal Gargantua du Vieux Paris, à l'Exposition de 1900. C'est, du reste, pour cela qu'il a été jugé seul capable de remplir ce rôle. Hugo détient le record des géants et jette un défi à tous les champions du monde entier. Les parents de Hugo sont de petite taille; le père mesure 1 m. 64 et la mère 1 m. 68; son frère cadet fut exempté du service militaire faute de taille.

L'Administrateur-Gérant: ED. BERILLON

Paris. Imprimerie A. QUELQUEJEU, rue Gerbert, 10.

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HÉRÉDITÉ.

Henriette-Marie d'Angennes du Fargis était fille de Charles d'Angennes du Fargis et de Magdelène de Silli. Le Dictionnaire de Moréri (1759) contient quelques renseignements d'ordre biologique sur les familles d'Angennes et de Silli, dont plusieurs membres subirent avec succès les suggestions religieuses. Les noms de ces derniers sont écrits. ci-dessous en italique.

I. Famille paternelle. La famille d'Angennes, originaire du Perche, tira son nom de noblesse d'une terre située dans cette province. Elle a laissé des traces dans l'histoire à partir du XIVe siècle. Le premier ancêtre connu s'appelait

Robert.

Jacques Ier dit d'Angennes, qui mourut en 1562, eut 12 enfants, parmi lesquels 5 sont à signaler: Charles Ier, Nicolas, Claude, Louis et Philippe.

Charles Ir d'Angennes naquit le 30 octobre 1530, et mourut le 23 mars 1587, à 56 ans, 4 mois et 24 jours.

Il fut sacré évêque du Mans le 12 octobre 1559 (29 ans), assista à la conclusion du concile de Trente en 1563 (33 ans), fut nommé ambassadeur auprès du pape Michele Ghislieri (Pie V), qui le fit cardinal en 1570 (40 ans), prit part en 1572 (42 ans) au conclave qui élut le pape Ugo Buoncompagni (Grégoire XIII), auprès duquel il reste comme ambassadeur; assista et souscrivit en 1583 (53 ans) à un concile de la province de Tours, et enfin fit partie en 1585 (55 ans) du conclave qui élut le pape Felice Pereti (Sixte V).

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