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CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE

Les séances de la Société d'hypnologie et de psychologie ont lieu le troisième mardi de chaque mois, à 4 heures et demie, au Palais des Sociétés savantes, 28, rue Serpente, sous la présidence de M. le Dr Jules Voisin, médecin de la Salpêtrière.

La prochaine séance de la Société aura lieu le mardi 15 avril 1902. Les médecins et les étudiants sont invités à y assister.

Avis important. M. le Dr Paul Farez, secrétaire-général-adjoint, 93, rue de Courcelles, Paris, a accepté de remplir les fonctions de trésorier. Pour faciliter les recouvrements, les Membres de la Société sont invités à lui adresser le montant de leurs cotisations.

Liseur de pensée, liseur de muscles, et sensibilité tactile.

Nous avons reçu de M. Giard, professeur à la Sorbonne, une très flatteuse et très intéressante lettre de laquelle nous détachons le passage suivant :

<< Dans une récente communication de M. Bloch à la Société de Biologie, je relève un passage qui me paraît avoir quelque intérêt et appuyer d'une façon singulière l'explication si ingénieuse donnée par le Dr Farez des procédés des liseurs de pensée (liseurs de muscles) ('). Ce n'est pas sans raison que la main du conducteur est placée sur la tempe ! »

La communication dont il s'agit est intitulée le Sens de l'Auto-Topographie. M. A.-M Bloch y étudie le degré de précision et d'exactitude avec lequel nous localisons sur les différentes parties du corps le point sur lequel nous exerçons un contact..... « L'inspection de la figure montre les degrés de la sensibilité qui, faible au front, augmente à mesure qu'on descend vers le nez, les joues, le menton; enfin, elle met en relief un fait inattendu, à savoir, l'augmentation de la précision sensorielle vers les côtés de la face, TEMPES et joues, par rapport à la partie antérieure. »

Il n'est donc pas étonnant que le soi-disant liseur de pensée applique systématiquement la main conductrice à sa tempe, puisque cette région est précisément celle où se percevront avec le plus de netteté les mouvements musculaires desquels dépendra la réussite des expériences.

(1) Revue de l'Hypnotisme, février 1902, p. 240.

La Psychologie est la science de la volonté

Dans un récent article publié dans la Révue Thomiste, sous le titre : Les limites de la biologie, M. le professeur Grasset, de Montpellier, s'applique à démontrer l'autonomie de la psychologie en tant que seience particulière. D'après lui vouloir concilier les sciences morales et les sciences naturelles, autant chercher à rétablir la paix dans un ménage divisé par l'incompatibilité d'humeur. Mieux vaut reconnaître que la Biologie n'est pas apte à tout expliquer et, quelque étendu que soit son domaine, qu'il y a quelque chose qui lui échappe. Ce « quelque chose » doit être l'objet de la Psychologie.

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« On a fait de grands efforts dans ces derniers temps, écrit le profes<< seur Grasset, pour supprimer l'individualité de la Psychologie et la «noyer dans la physiologie, et par suite dans la Biologie. C'est avec les << appareils enregistreurs, dans les laboratoires de physiologie et à la « Salpêtrière, que l'on étudie la Psychologie aujourd'hui. Il est certain « que, les diverses parties de notre humanité étant étroitement solidaires, il y a des chapitres-frontières que le psychologue ne peut « étudier qu'en connaissant la physiologie notamment du système « nerveux : c'est là l'objet d'une science récente qui n'a pas dit son << dernier mot, la psycho-physiologie. Mais on ne peut pas plus supprimer « la psychologie qu'on ne peut supprimer la physiologie elle-même, en « la remplaçant par la psycho-physiologie. La psychologie est une « science à part qui a ses modes et procédés d'étude et son objet, spé<< ciaux et distincts de ceux de la Biologie. Son mode spécial de connaissance est ce que l'on appelait autrefois la conscience: c'est l'observation « intérieure, l'auto-observation. >>

<< Selon la définition de Fouillée, la psychologie serait, en dernière « analyse, la science de la volonté, de même que la physiologie est la « science de la vie. »

Coprophages

Une secte bien étrange, qui s'intitule « les mangeurs d'immondices,>> vient de se fonder à Saint-Louis.

Le fondateur et chef de la nouvelle communauté, M. William Winsor prétend que son système est basé sur des études scientifiques. Il invoque l'exemple des bêtes qui ont un goût naturel pour la coprophagie.

« Elles ne souffrent, dit-il, jamais de maux d'estomac tandis que les hommes sont atteints de toutes sortes de dyspepsies. »

Les disciples de M. Winsor, prennent chaque jour une cuillerée « d'immondice » qui n'est autre chose que de la vase du Mississipi.

Il faut dire que M. Winsor, qui collectionne cette matière, la stérilise

et la vend ensuite par petits paquets du prix d'un franc vingt-cinq centimes.

A quand l'exploitation de l'eau de Seine par des « coprophages » parisiens? Elle est riche, l'eau de Seine.

Cours du docteur Bérillon.

A L'ÉCOLE PRATIQUE DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE

M. le docteur Bérillon, médecin inspecteur des asiles d'aliénés, directeur de la Revue de l'Hypnotisme, commencera, le lundi 21 avril, à cinq heures du soir, à l'Ecole pratique de la Faculté de médecine, amphithéâtre Cruveilhier, un cours libre sur les Applications psychologiques, cliniques et thérapeutiques de l'hypnotisme.

Il le continuera les Lundis et Jeudis suivants à cinq heures.

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PROGRAMME

L'hypnotisme. - Phénomènes généraux et définitions de l'hypnotisme.- Rôle de l'hypnotisme en psychologie et en médecine.

La technique de l'hypnotisme. -Les procédés pour provoquer les états profonds de l'hypnose. La suggestibilité et l'hypnotisme.

de la suggestion.

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Mécanisme

Les

Phénomènes somatiques de l'hypnotisme. rapports de l'hypnotisme avec l'hystérie. Phénomènes psychiques de l'hypnotisme: illusions; hallucinations; variations de la person⚫nalité, etc.

Fête de l'Ascension.

Psychologie des fonctions de la vie organique.
L'hypnotisme et les phénomènes vaso-moteurs.
Méthode graphique.

Applications psychologiques, cliniques, thérapeu-
tiques et pédagogiques de l'hypnotisme. La
méthode hypno-pédagogique.

Le cours sera complété par des démonstrations expérimentales, à l'Ecole de Psychologie, 49, rue St-André-des-Arts (le Jeudi à 10 h. 1/2).

L'Administrateur-Gérant: ED. BERILLON

Paris. Imprimerie A. QUELQUEJEU rue Gerbert, 10.

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On croit généralement que lorsqu'on sait par cœur les quatre ou cinq cents articles qui composent un code pénal, et lorsqu'on a fait l'analyse logique et grammaticale de ces articles, on a épuisé le domaine de la science criminelle.

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La plupart croient que la science qui s'occupe de l'homme criminel n'est que l'étude de la pénalité qui attend le criminel et l'analyse de la façon dont cette pénalité doit être mesurée pour chaque criminel. En effet, le droit pénal d'aujourd'hui se limite à peser, d'un côté la quantité du crime, et cherche à mettre, sur l'autre côté de la balance, une dose de pénalité qui rétablisse le prétendu équilibre moral.

On oublie complètement, ainsi, une autre partie de la science du crime, une partie fondamentale: la partie qui étudie les causes de la criminalité et le criminel lui-même.

Je pense que, pour la science comme pour la société, il ne suffit pas d'affirmer que le crime est une infraction à la loi pénale, infraction que le code punit avec une certaine quantité, plus ou moins lourde, de prison. Il faut savoir pourquoi l'homme devient criminel, pourquoi on commet des crimes. En un mot, il faut savoir quelles sont les causes générales et spéciales de la criminalité. C'est uniquement en connaissant les causes d'un phénomène dangereux, que vous pouvez agir sur ce phénomène en cherchant à couper ses racines; — c'est-àdire en agissant sur ses causes.

Jusqu'à présent la science qui étudie le crime s'était bornée - à étendre la liste sèche et aride des crimes, et à décréter,

(1) Leçon faite à l'Université de Lausanne.

pour ces crimes, des peines, qui se rapprochaient plus de la vengeance de la société offensée que de la défense de la société assaillie. Les savants employaient tout le phosphore de leurs cerveaux pour peser la grandeur du crime d'un côté et pour appliquer de l'autre un poids égal de pénalité. Il est évident, au contraire, que la science du crime doit être plus large, plus moderne, et plus scientifique. Il ne suffit pas de faire un catéchisme criminel dans lequel sont numérotés les crimes et leurs peines. Il faut d'abord étudier les causes de la criminalité et chercher, après, des mesures qui, d'un côté préviennent les crimes en diminuant leurs causes, et qui, de l'autre côté, répriment les crimes qu'on n'a pas pu empêcher.

Comme vous voyez, le droit pénal d'aujourd'hui ne comprend qu'une seule branche de cette science nouvelle, c'est-à-dire la branche qui s'occupe de réprimer directement les crimes. Le droit pénal d'aujourd'hui considère le crime comme un phénomène qui naît du néant. Il ne cherche pas, il ne veut pas chercher pourquoi le crime est né. Il lui suffit d'avoir le crime. L'expérience a démontré qu'on ne peut pas lutter contre le crime avec les codes modernes. La lutte rationnelle contre le crime exige que la société, avant de perdre son temps à réprimer des faits dont les causes continuent à survivre, doit chercher à couper jusqu'aux racines, ces causes, et seulement après on pourra et on devra penser à la répression.

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Il s'agit donc de substituer au droit pénal, qui, comme nous le verrons dans la suite, est non seulement une doctrine qui n'a pas une véritable valeur scientifique, mais aussi une doctrine sans valeur pratique, car elle n'a pas diminué la marche du crime, il s'agit donc, dis-je, de substituer au droit pénal, une science plus large qui étudie les causes de la criminalité et qui, en s'appuyant sur les résultats de cette étude, cherche à lutter contre l'augmentation ou la stagnation de la criminalité.

J'appelle cette nouvelle science la sociologie criminelle, et c'est justement de la Sociologie Criminelle que nous parlerons aujourd'hui et dans les leçons suivantes.

Je vous ai dit que la sociologie criminelle étudie, d'abord, les causes de la criminalité.

Le droit pénal, dans cette partie, se tire d'affaire d'une façon aussi erronée que simple. La cause du crime, selon lui, est le libre arbitre du criminel. Le crime n'aurait ses racines que dans la libre volonté du criminel.

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