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CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE

Séance annuelle de la Société d'hypnologie et de psychologie

La dixième seance annuelle de la Société d'hypnologie et de psychologie aura lieu le mardi 16 juillet 1901, à quatre heures précises au palais des Sociétés Savantes, 28, rue Serpente, sous la présidence de M. le Dr Jules Voisin, médecin de la Salpêtrière.

Les auteurs sont invités à adresser dès à présent les titres de leurs communication à M. le Dr Bérillon, secrétaire général, 14, rue Taitbout.

ORDRE DU JOUR :

1o Compte-rendu de la situation morale et financière de la Société. 2o Communications et lectures.

3o Présentation de malades.

4° Vote sur l'admission de nouveaux membres.

5o Elections.

6o Rapport sur la souscription Dumontpallier.

Après la séance annuelle, un banquet aura lieu à sept heures comme les années précédentes, au restaurant du palais des Sociétés Savantes. Tenue de ville.

N. B. Les membres de la Société sont invités à prendre bonne note que la date de la séance annuelle est fixée au mardi 16 juillet à QUATRE HEURES PRÉCISES.

Communications déjà inscrites

Dr Jules VOISIN: Traitement des contractures spasmodiques par l'hypnotisme et la suggestion.

Dr Paul MAGNIN: Psychologie des sentiments affectifs : traitement psychothérapique dans un cas d'affectivité morbide.

Dr BÉRILLON: 1o Pathologie du sommeil Les rêves prolongés;

2o Le traitement psycho-mécanique de la chorée, des tics et des habitudes automatiques.

Dr Paul FAREZ: Deux cas de vomissements incoercibles guéris par suggestion.

Dr PAU DE SAINT-MARTIN

Note sur un cas de catalepsie compliquée,

traitée et guérie par l'hypnotisme.

Dr BOURDON (de Meru): Applications de la méthode hypno-pédagogique au traitement des habitudes vicieuses.

Dr Henry LEMESLE: Fausses grossesses et grossesses nerveuses.

Dr Félix REGNAULT : Le dédoublement de la personnalité.

Dr LE MENANT DE CHESNAIS: Suggestion curative dans le cours d'une attaque d'éclampsie.

Dr BELLEMANIÈRE: Kleptomanie guérie par la suggestion hypnotique. Dr HICKMET (de Constantinople): Rôle psychique des cautérisations ignées dans la thérapeutique des Arabes.

Dr ARAGON : Étude médico-légale sur le doute. Dr Paul JOIRE (de Lille): Emploi de la suggestion dans l'éducation artistique et dans l'étude de la musique.

Dr M. LÉPINAY: Les agents provocateurs de l'hystérie chez quelques ani

maux.

Dr MANFRONI (de Turin): Analgésie suggérée dans le sommeil normal.

Dr Gino MAIORFI (de Sienne): Deux cas de sitophobie obstinée chez des

aliénés.

Un cas de démence chez un chien.

A la dernière réunion des neurologistes et psychiâtres de l'Allemagne du Sud, le Dr Nissl (d'Heidelberg) a communiqué l'observation d'un chien àgé de deux ans, indemne de toute tare héréditaire ! », dont les allures se modifièrent subitement au cours d'une promenade il prit et conserva un air stupide ne s'intéressant plus aux personnes qui composaient son entourage habituel. Il ne reconnaissait plus son maître; sans cesse il tournait en cercle. Les fonctions de relations allèrent en déclinant. Il devint gâteux. Cependant, l'appétit et les fonctions digestives se maintinrent en bon état. Les pupilles étaient dilatées; elles réagissaient paresseusement.

On se décida à sacrifier l'animal, afin de pouvoir procéder à l'examen de son cerveau. Seule, l'écorce grise des hémisphères fut trouvée altérée. Les parois des vaisseaux étaient le siège d'une infiltration massive par des cellules arrondies; celles-ci distendaient les gaines adventices. Les cellules et les fibres nerveuses, ainsi que la névroglie, étaient dans un état d'intégrité relative. L'ensemble du processus rappelait assez bien ce qu'on observe chez les sujets de l'espèce humaine dans les cas d'encéphalite non suppurée.

Un nouveau cas de léthargie.

Un cas nouveau de léthargie vient de se produire dans l'hôpital de Saint Spiridion en Roumanie. Il s'agit d'une jeune fille qui s'endormit après avoir subi une opération sous l'influence du chloroforme, et qui depuis ne donne signe de vie que pour quelques instants, toutes les douze ou quinze heures, se rendormant aussitôt. Les médecins attribuent ce sommeil léthargique à l'effet du chloroforme sur le système nerveux de la jeune fille.

Suggestion olfactive

M. de Parville rapporte dans sa « Revue des sciences » un cas amusant de suggestion, d'après la Psychological Review. Le fait a été raconté par M. Slosson et s'est passé à l'Université de Wyoming.

« J'avais préparé, dit M. Slosson, une bouteille remplie d'eau distillée, soigneusement enveloppée dans de la ouate et enfermée dans une boîte. Après quelques expériences faites dans une conférence, je déclarai que je désirais me rendre compte avec quelle rapidité une odeur se diffuserait dans l'air de l'amphithéâtre. En conséquence, je demandais aux assistants de lever la main aussitôt qu'ils percevraient l'odeur.

« J'enlevai le coton de la bouteille avec précaution et je versai à la surface un peu du contenu du flacon, en faisant mine de m'éloigner un peu. Je pris une montre à secondes et j'attendis le résultat.

« J'expliquais à haute voix que j'étais absolument certain que personne dans l'auditoire n'avait jamais senti l'odeur du composé chimique que je

venais de verser et j'exprimai l'espoir que, si l'odeur devait sembler forte et caractéristique, du moins elle n'incommoderait personne. »>

Au bout de 15 secondes, la plupart des auditeurs placés près du professeur levèrent la main. En 40 secondes l'« odeur » se répandit jusqu'au fond, de l'amphithéâtre par ondes parallèles assez régulières. Les trois quarts environ de l'auditoire déclarèrent percevoir l'odeur.

Au bout d'une minute, M. Slosson était obligé d'interrompre l'expérience plusieurs des auditeurs du premier rang se trouvant gênés par l'odeur »> au point de vouloir quitter la salle!

Le centre du sommeil.

M. Soca a rapporté récemment l'observation d'une jeune fille qui fut atteinte d'un sommeil prolongé pendant sept mois, et chez laquelle on trouva à l'autopsie, une tumeur comprimant le plancher du troisième ventricule. Cette observation vient à l'appui des faits expérimentaux qui ont amené M. Raphaël Dubois (de Lyon), il y a déjà plusieurs années, à admettre l'existence, entre le bulbe et le cerveau, d'un centre jouant un rôle prépondérant dans le mécanisme du sommeil et aussi du réveil. Quand, par suite du travail, de la fatigue, etc., une quantité suffisante d'acide carbonique s'est accumulée dans les tissus et dans le sang, il en résulte une parésie de la région en question; la température s'abaisse, les mouvements respiratoires diminuent de nombre et d'amplitude, et le sommeil se produit. Pendant celui-ci, l'acide carbonique continue à s'accumuler dans le sang; lorsque sa proportion est suffisante, le centre en question, au lieu d'être engourdi, se trouve excité; les mouvements respiratoires s'accélèrent et très rapidement, comme il arrive pour toute narcose produite par un gaz, le réveil arrive. En d'autres termes, c'est le même agent, l'acide carbonique qui produit le sommeil et le réveil.

Un cas de jeûne prolongé chez la vache.

Les animaux à sang chaud peuvent digérer en quelque sorte, leurs différents organes. Les animaux hibernants ont cette heureuse faculté de ne pas être obligés de boire. Et M. Liberge, vétérinaire à Bellême (Orne), vient d'apporter un nouveau document à l'étude du jeûne. Il s'agit d'une vache normande, âgée de huit ans, appartenant à une cultivatrice du Haut-Cissey, commune du Gué-de-la-Chaîne, près Bellême (Orne). Dans la nuit du 8 octobre dernier, la vache disparut de son herbage. Le 17 novembre, quarante jours après! on retrouva la pauvre bête. Elle s'était, comme disent les témoins du fait, emmanchée entre trois meules de paille. On eut fort heureusement l'idée de démolir les meules pour faire du battage et l'on retrouva le corps de la vache encore vivante.

Enfoncée dans une dépression du sol, comprimée dans la paille, la vache était absolument emprisonnée. On constata qu'elle avait les lèvres collées, que sa maigreur était extrême, et qu'elle présentait la silhouette générale d'une levrette. Mais enfin elle vivait. On la rentra à l'étable, on la mit au régime lacté, on la purgea, et au bout d'une huitaine de jours cette vache se gonflait et engraissait. Il y a là un cas d'autophagie très intéressant.

L'Administrateur-Gérant: ED. BÉRILLON

Paris. Imprimerie A. QUELQUEJEU, rue Gerbert, 10.

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Les indications de l'hypnotisme et de la suggestion dans le traitement de l'alcoolisme (1)

Par le Dr TOKARSKY (de Moscou)

Pendant 13 ans, j'ai fait plus de 700 observations sur l'application de l'hypnotisme chez des alcooliques et je présente au Congrès mes conclusions.

Les résultats obtenus ont été très favorables; je compte près de 80 0/0 de guérisons pour les malades qui se sont présentés chez moi de leur propre volonté, ce qui est la condition nécessaire sans laquelle je n'entreprends pas le traitement hypnotique. L'état des malades avant le traitement était très souvent déplorable. La plupart des alcooliques buvaient près d'un litre d'eau-de-vie russe (40 0/0 d'alcool pur) par jour, ou encore une plus grande quantité pendant plusieurs jours, avec des intervalles de sobriété variant de 15 jours à 6 ou 8 mois. Tous ne pouvaient pas résister par eux-mêmes à cette tendance vers l'alcool, et beaucoup d'entre eux s'étaient ruinés, devenus incapables de travail. Ces malades appartenaient à toutes les classes de la société : savants, professeurs, médecins, prêtres, marchands, commis, ouvriers, paysans. Je n'ai soigné qu'une vingtaine de femmes et je ne peux en dire rien de particulier. Les malades que je compte pour guéris sont ceux qui n'ont plus recommencé à boire après l'hypnotisation pendant un an au moins.

(1) Rapport présenté au 2o Congrès international de l'Hypnotisme expérimental et thérapeutique (août 1901).

Les personnes qui abusent de l'alcool peuvent être réparties en plusieurs catégories :

1o Des personnes bien portantes qui commencent à boire sous l'influence du milieu, qui contribue à faire boire de l'alcool à chaque occasion même la plus minime: à propos d'une fête de famille par exemple. Après des abus de cette sorte, courts et sans conséquence, au bout de quelques années, certaines personnes se sentent tellement entraînées vers l'alcool qu'elles ne peuvent plus résister à cette tendance, tantôt d'une manière continue, tantôt par accès qui durent plusieurs jours, une semaine environ. Ces personnes conservent quelquefois assez longtemps l'aptitude au travail qui est interrompue de temps à autre par des accès qui sont quelquefois suivis par des accès de délire des alcooliques qui ne se développent pas complètement dans la plupart des cas et se bornent aux hallucinations pendant deux ou trois jours.

2o Les mêmes personnes héréditairement saines mais devenues alcooliques par suite d'une mauvaise habitude peuvent atteindre des degrés plus avancés d'empoisonnement et en devenant des alcooliques chroniques présentent des signes de l'activité psychique affaiblie, la faiblesse de la mémoire, l'abaissement de l'énergie,une tendance vers la mélancolie, le sommeil mauvais, quelques signes physiques comme le tremblement général, la congestion du foie, quelquefois la névrite alcoolique. 3o Des personnes qui, avant de devenir alcooliques, présentaient des signes de dégénérescence psychique. Il ne s'agit ici que de la dégénérescence très peu marquée qui ne se manifeste que par le changement d'humeur, qui devient instable et passe de l'animation à la dépression, des idées gaies aux idées tristes et désespérées. Ces états d'excitation et de dépression se développent d'ordinaire longtemps avant que les abus commencent. On observe souvent en pareil cas que les premières gorgées d'alcool bues dans un état de dépression font disparaître cette dernière, chassent les idées tristes et l'angoisse. Cette circonstance grave est la cause principale que les malades au lieu de fuir les boissons spiritueuses, les recherchent consciemment comme un soulagement de leur état dépressif, loin de penser qu'ils deviennent peu à peu des alcooliques chroniques. Les résultats de ce traitement sont évidents: le système nerveux affaibli par le vin, réagit par le retour de l'angoisse dans un degré encore plus fort qu'avant et le cercle vicieux se forme.

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