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depuis plusieurs mois. Elle vient me consulter à mon cabinet à deux ou trois reprises, puis je suis appelé chez elle, car elle ne peut marcher; elle présente de la contracture permanente des pieds en dedans. Je l'hypnotise, et aussitôt les pieds reprennent la position normale. Je suggestionne, espérant la suppression de la contracture. Mais elle se reproduit quelques instants après mon départ. Je revois la jeune fille deux fois. Malgré une longue suggestion et des exercices de marche, la contracture se reproduit, avec maux de tête atroces. Je suis remercié. Entre parenthèses, ma pratique me fit beaucoup de tort dans l'esprit des gens du pays. J'appris quelques semaines après que l'on avait consulté un autre confrère qui soumit la malade à la médication broinurée intensive. Depuis, la jeune fille est morte tuberculeuse. La tuberculose, s'étant greffée sur de l'hystérie, était sans doute une des causes de la permanence de la contracture.

Car, dans l'observation suivante, j'ai obtenu une guérison qui date de deux ans et demi.

OBSERVATION IV. Mlle X..., fillette de quatorze ans et demi, de constitution chétive. -Les parents sont meuniers et la tare éthylique est probable, car la fillette a eu des convulsions dans son enfance et est très nerveuse. Depuis une dizaine de mois, le caractère a changé, chaleurs dans le ventre, seins ayant grossi, douloureux, en imminence de formation, a eu une très vive secousse (peur ?) cinq à six jours avant ma visite. Depuis cette secousse, elle présente une agitation avec des mouvements à faire croire à la danse de Saint-Guy. Insomnie complète. Dans le pays, on croit à un sort jeté. Elle est ensorcelée. Pression des points sensibles, ovaires et des yeux; sommeil hypnotique, après deux minutes au plus.

Suggestion, pression, massage des bras, des jambes, traitement tonique pour aider à la formation.

Je revois la fillette deux fois en consultation, puis après une éclipse de trois mois environ, une voiture s'arrête à ma barrière, et les parents m'apportent dans leurs bras la fillette ne pouvant se tenir debout, les pieds contracturés. Je l'endors très facilement et, après un exercice de marche d'un quart d'heure, je lui ordonne de remonter seule dans la charrette, dont le marche-pied offre une certaine difficulté d'ascension, comme le savent les médecins de campagne.

Je suis la fillette prêt à la recevoir, et aussi pour la maintenir sous l'influence de ma volonté. On arrive ainsi près du cheval qui, retournant la tête, souffle largement dans le visage de l'endormie. Réveil subit. Recontracture des pieds. Je soutiens d'un bras la fillette et de l'autre main presse les yeux, et la fillette monte tranquillement dans la voiture. Je la laisse endormie, et recommande à son oncle, demeurant à 4 kilomètres, de la faire descendre endormie, puis de la réveiller en lui soufflant dans la figure. L'oncle remplit mon rôle à plusieurs reprises. Guérison. Les règles s'établissent quelque temps après. L'oncle m'a dit dernièrement que la fillette allait très bien.

OBSERVATION V. - Mme X..., âgée de 38 ans, embonpoint excessif, rien à signaler dans son enfance. Réglée tardivement. Domestique de ferme jusqu'à l'époque de son mariage datant de 8 ans. Deux ans avant, c'està-dire il y a 10 ans, elle éprouve une secousse nerveuse violente. Au moment de ses règles, seule avec sa maîtresse, elle avait dû séparer et rattacher deux chevaux entiers qui se battaient dans l'écurie. Depuis cette époque, les règles sont dangereuses, difficiles, après une interruption assez longue, elle éprouve souvent des étouffements, la sensation de boule, etc.

Les rapports conjugaux sont très rares et souvent impossibles. L'anneau vulvaire, contracté et douloureux, ne permet pas le coït. Depuis près d'un an, l'ennui, des idées lugubres, l'anéantissent. Elle dort à peine, ne mange pas, et est incapable de tout travail. Jugeant ma visite nécessaire, je vois cette malade, le 16 février 1900, dans son lit.

Je procède à un examen minutieux de la malade. Aucun organe lésé. Le toucher ne révèle rien. Ovaires très sensibles. J'endors la malade par la pression ovarienne et oculaire. Je suggestionne longuement cette nerveuse, et j'insiste sur les rapport conjugaux. Comme traitement médicamenteux: eau chloroformée contre les spasmes de l'estomac et phosphate de soude, tonique nerveux. Je lui impose de revenir à ma consultation, huit jours après, puis de quinze jours en quinze jours. La suggestion a réussi, et obéissant, elle revint tous les quinze jours d'abord, puis tous les mois, ensuite tous les deux mois. La malade, contre vent et tempête, prend le chemin de mon cabinet, obéissant à une impulsion inconsciente. Je revois cette personne il y a trois mois environ. Sa santé est transformée. Elle se trouve bien, elle a repris courage et travaille. Elle s'endormait à la parole, autrefois. Cette fois-ci, elle résiste. Je n'insiste pas, d'autant plus que la présence d'une tierce personne, derrière la porte, et dont elle est consciente, l'a fait résister. Mais son état de santé actuel rendrait l'hypnotisme plus difficile. En dehors du bon résultat obtenu par la suggestion, je noterai l'économie du traitement. Depuis son mariage, tout l'argent économisé et disponible s'était évanoui, gaspillé en inutiles consultations et en achat de médicaments variés et très onéreux.

OBSERVATION VI. — Mme X..., âgée de quarante-deux ans. Embonpoint très marqué. Bonne santé habituelle. Rien à signaler dans son enfance. Vient me consulter à deux reprises en avril 1900. Cette femme a perdu il y a quatorze mois un fils unique âgé de sept ans. Le chagrin a entraîné des troubles profonds. Depuis six mois, suppression menstruelle. Insomnie, picotement de toute la peau. Zones d'hyperesthésie et d'insensibilité. Inertie presque complète. Inutilité des bromures prescrits lors de deux consultations. Le 9 mai, je me rends près de la malade. Aucune lésion d'organe. Creux de l'estomac très sensible (pointe du sternum). La pression de ce point et des yeux produit presque instantanément le sommeil. Suggestion.

Je maintiens cette nerveuse pendant plusieurs mois sous l'influence

de mes conseils, en suivant la même méthode que dans l'observation précédente. Retour à la santé. Je rencontre fréquemment cette personne, lorsque je me rends à Condé. Sa santé est bonne et elle est consolée dans la mesure du possible.

Remarque. Sous l'influence des troubles nerveux, alors que les ovaires sont troublés dans leurs fonctions, il peut se présenter un embonpoint excessif, comme chez les ètres mâles ou femelles châtrés (observations I, V, VI).

OBSERVATION VII.

Mlle X..., dix-huit ans, ouvrière de filature. Ses parents me font appeler fin novembre 1892.

Cette jeune fille présente de la fièvre vive avec un ensemble de symptômes simulant la fièvre muqueuse ou fièvre typhoide légère. Rien à signaler dans ses antécédents. Sur cet ensemble se greffent des accidents nerveux (boule). Tous ces troubles ont été causés par chagrins d'amour, rupture de mariage. Points ovariens sensibles, mais point sternal (pointe) très sensible produisant l'étouffement. Pression de ce point et pression oculaire, sommeil hypnotique très rapide, suggestion. Deuxième visite le 2 décembre, mieux sensible. Nouveau sommeil. Je fais lever la malade, les yeux bandés. Elle transporte un objet d'un endroit à un autre selon ma volonté.

Troisième visite le 6 décembre. Désirant me rendre compte si la conscience persistait dans cet état, et après avoir averti la mère, j'impose à mon hypnotisée de s'habiller, de faire un petit paquet de ces affaires, puis d'embrasser sa mère qu'elle doit quitter pour toujours et pour être à mes ordres en tout et pour tout.

La jeune fille résiste, obéit, mais arrivée à la porte, elle éclate en sanglots, se cramponne à la porte. Je la réveille en soufflant dans la figure pour mettre fin à cette scène pénible.

OBSERVATION VIII. Mlle X..., dix-sept ans, grosse fille robuste et de bonne santé, prend le lit, atteinte d'une fièvre très vive, mal de tête, envie de vomir, langue sale, étouffements: un ensemble de symptômes pouvant faire croire à un début de fièvre typhoïde. Le début brusque éloigne cette idée. J'apprends que les règles ont été arrêtées brusquement il y a cinq à six jours, cette domestique ayant éprouvé une grande frayeur en voyant son patron se colleter avec un de ses voisins. Sommeil. Suggestion. Guérison.

Les observations VII et VIII ont pour point de départ l'arrêt des règles. Par le sang menstruel, en dehors de la ponte des œufs, la femme, surtout la jeune fille, se débarrasse de toxines, question dont on s'occupe beaucoup en ce moment. Ces toxines ont sans doute produit cet ensemble simulant un état typhoïde.

L'utilité de l'hypnotisme et de la suggestion dans ces sortes d'affections est indéniable.

(L'Année médicale de Caen.)

CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE

Société d'hypnologie et psychologie

Les séances de la Société d'hypnologie et de psychologie ont lieu le troisième mardi de chaque mois, à 4 heures et demie, au Palais des Sociétés savantes, 28, rue Serpente, sous la présidence de M. le Dr Jules Voisin, médecin de la Salpêtrière.

La prochaine séance de la Société aura lieu le mardi 20 mai 1902. Les médecins et les étudiants sont invités à y assister.

Avis important. - M. le Dr Paul Farez, secrétaire-général-adjoint, 93, rue de Courcelles, Paris, a accepté de remplir les fonctions de trésorier. Pour faciliter les recouvrements, les Membres de la Société sont invités à lui adresser le montant de leurs cotisations.

Séance annuelle de la Société d'hypnologie

La séance annuelle aura lieu le mardi 17 juin 1902. L'année dernière il a été décidé que la séance annuelle serait avancée d'un mois. Comme les années précédentes, la séance annuelle sera suivie d'un banquet. Nous comptons cette année sur la présence d'un grand nombre de nos collègues de la province et de l'étranger.

La guerre du Transvaal et la folie en Angleterre.

On remarque, en Angleterre, que beaucoup de gens revenus de l'Afrique du Sud sont en proie à une surexcitation nerveuse manifeste. D'autre part, il y a un accroissement du nombre des vésanique dont la cause serait, d'après M. Claye Shaw, la guerre du Transvaal. En tous cas, le rapport de la Commission des asiles de Londres, constate qu'en 1901 le nombre des aliénés s'est élevé de 16. 358 à 21.369.

NOUVELLES

L'enseignement médical de la Pitié

Quatre médecins de l'hôpital de la Pitié se sont réunis pour instituer, dans cet hôpital, un enseignement tel que, chaque matin, les étudiants puissent entendre une ou deux leçons faites sur une branche spéciale de la pathologie. Cet enseignement n'est pas seulement didactique, une large part est réservée à la pratique aussi bien dans les salles de malades que dans la salle des consultations spéciales, en ce qui concerne les maladies de la nutrition, les affections du système nerveux, la dermatologie,

la gynécologie médicale. Les élèves seront mis à même de suivre les examens cliniques, les soins donnés dans les divers cas, en même temps que les leçons théoriques.

Maladies du système nerveux

M. BABINSKI Commencera ses conférences cliniques sur les maladies du système nerveux le samedi 3 mai à 10 h. 1/2 et continuera tous les samedis suivants.

M. DARRIER.

Dermatologie

Samedi, à 9 h. 1/4.- Amphithéâtre - Leçons cliniques et théoriques sur les maladies de la peau.

Jeudi, à 10 h. - Laboratoire Piorry - Conférences avec démonstrations microscopiques sur l'histologie des maladies de la peau.

Lundi et vendredi, à 9 h. 1/4. - Salle des consultations spéciales - Consultations dermatologiques.

Mardi, à 10 h. - Salle Piorry - Opérations dermatologiques.

Gynécologie médicale

M. Paul DALCHÉ commencera ses leçons de gynécologie médicale, le lundi 21 avril à 10 h. 1/4 et continuera les lundis suivants.

Objet du cours : la Puberté

Mardi, à 9 h. Salle Cruveilher Maladies des femmes.

Mercredi, à 9 h. Salle des consultations spéciales - Même sujet. Vendredi, à 9 h. - Salle Monneret - Clinique générale.

Maladies de la nutrition

M. Albert ROBIN reprendra ses leçons de clinique thérapeutique, le mercredi 16 avril, à 10 h., et continuera les mercredis suivants.

Objet du cours : Thérapeutique des maladies de la nutrition. Jeudi, à 9 h. Salle des consultations spéciales

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maladies de la nutrition: M. Michel assistant. Samedi, à 9 h. Salles Serres et Valleix

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avec discussion du traitement.

Ecole de psychologie.

Diagnostic des

Présentation de malades

Le cours de M. le Dr Bérillon à l'Ecole pratique de la faculté de médecine sera complété par une conférence, avec projections lumineuses, faite à l'Ecole de psychologie, 49, rue Saint-André-des-Arts, le jeudi 22 mai, à cinq heures. Sujet de la conférence Le grand hypnotisme d'après les travaux de Charcot et de Dumontpallier. - Les médecins et les étudiants sont invités à y assister.

L'Administrateur-Gérant: ED. BÉRILLON

Paris. Imprimerie A. QUELQUEJEU rue Gerbert, 10.

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