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Jean Capele aussi monnoyer et d'autre but le carrefour de Beaugran (1). En fin de compte, il ressort des contrats passés en revue par l'expert, ainsi que de ceux du 26 Juin 1618 et du 6 Mai 1627 que le temple avait été édifié aux dépens d'immeubles ou de fractions d'immeubles appartenant à Poisson, Le Tellier et Capelle (2).

Chaque église protestante avait à sa tête le Consistoire (conseil presbytéral d'aujourd'hui), composé d'un ou plusieurs ministres et de quelques anciens ou diacres, choisis parmi les fidèles notables, bourgeois ou nobles: tels à St-Lô, pour n'en citer que deux, Jean Dieu, S' de Beauregard et Pierre Sanson S' de Cahanel.

Tout consistoire déléguait au colloque de sa classe (maintenant le consistoire) un ministre et un ancien. Il était également représenté au Synode provincial, lequel, à son tour, envoyait au synode national un nombre variable de députés. Ainsi, à l'assemblée de Loudun, qui se réunit le 25 Septembre 1619, et compta 83 membres, on note Benjamin Basnage, ministre de Carentan, puis de Ste-MèreEglise (3), accompagné d'Alain, ancien de St-Lô. Deux ans plus tard, de toutes les parties de la Normandie, on se rendit à l'assemblée de La Rochelle. Louis XIII s'émut des propositions émises dans ce synode: au mois de Mai, il enjoignit à tous les Ministres d'avoir à déclarer et à signer, au greffe de chaque Bailliage, qu'ils désavouaient les actes de La Rochelle. La plupart, ne voulant signer pareil désa

(1) Ce carrefour portait au xve siècle le nom de place Bacouillet. C'est le carrefour, dit de l'hospice, actuel. (2) Arch. de la Manche.

(3) Basnage avait succédé à Jean Brouault, Sr de Ste Barbe, prieur de St-Eny. Il était fils d'un ancien pasteur de Norwich. Il se rendit illustre à cause de son Traité de l'Eglise et des hautes fonctions qui lui furent confiées plus tard, telles que celle de député en Angleterre vers le roi Jacques, de l'agrément duquel il passa en Ecosse avec le titre d'envoyé des églises protestantes de France, illustre enfin par son fils, Henri Basnage, le célèbre commentateur de notre coutume normande.

veu, sortirent du royaume: Marc Maurice (1) s'expatria, et Joachim Soler se réfugia dans l'ile de Jersey. Pendant l'absence de ce dernier, qui dura deux ans, l'intérim fut rempli par Jérémie Chartier, Ministre de Groucy, en La ChapelleEnjuger et Jean Tapin du Manoir, Ministre des Essarts (2). Les Ministres, qui se succédèrent à St-Lô, furent au nombre de quatorze.

Pierre Chrestien 1557-1558.

Pierre Henrye 1558-1565. Le 2 Juin 1558, il épousa, devant Mr Chrestien, Martinne Levallois, qui lui donna deux filles: Marie baptisée le 2 Août 1559, et Anne, nommée le 18 Jan-vier 1561 par Guillaume Mathieu. Après la mort de Martinne, il contracta une nouvelle union avec Marie Safz, de laquelle il eut Suzanne, baptisée le 10 Janvier 1565.

Jean Henrye 1558-1594.

Mathieu de la Faye, dit de la Vigne 1559-1601.

Il n'est point question de ce Ministre dans la première édition de la France protestante des Frères Haag. Voici quelques détails sur son curriculum vitae. A la suite de l'édit du 23 Septembre 1568 portant défense, sous peine de mort, de professer publiquement d'autre culte que celui de la religion catholique, et enjoignant aux Ministres réfractaires de sortir du royaume, il se réfugia à Jersey. En 1580, il revint en France; contraint de chercher asile une seconde fois dans l'île normande, en 1585, il est nommé Recteur de Grouville. On le trouve recteur de St-Hélier en 1587 (3). Peu après, il put rentrer en France et reprendre à St-Lô, ses fonctions ministrales.

Mathieu exerçait sur ses corréligionnaires une influence considérable. Ce fut lui qui, pour les besoins de sa cause,

(1) Plus tard, en 1641, le 12 Novembre, Maurice, alors Ministre du St Evangile de l'église des Veys, épousa Marie de Béchevel, fille de Jean S1 du Castel.

(2) Galland. Loc. cit. passim.

(3) Bulletin de la Société Jersiaise, 1914. Un Philippe de la Faye, exerçait la médecine à Jersey, en 1627. Etait-ce un parent du Recteur ?

engagea un certain Thomas Bouchard à venir fonder une imprimerie à St-Lô. Un protestant aussi, ce Thomas Bouchard, et sans doute un Normand, peut-être de Landelles; car il venait de Caen où de nombreux ateliers étaient alors en activité (1).

C'est de ses presses que sortit, en 1564, un travail de de La Faye: « Traité de la peste auquel est monstré qu'elle est envoyée de Dieu pour punir les peschez des hommes' quel remède il y faut chercher, quelle consolation reste quand par icelle on seroit retiré du monde, avec un prière pour les malades plus un sermon de Saint-Cyprien en touchant la mortalité » (2).

Lorsqu'en 1563 parurent les psaumes de David, mis en vers par Clément Marot et Théodore de Bèze, ils eurent une vogue incomparable, à telle enseigne que tous les protestants tenaient à les avoir entre les mains, à côté de la Bible. Monsieur de la Faye, disposant de l'imprimerie de Bouchard auquel était venu se joindre un nommé Lebas, en donna une nouvelle édition avec préface et notes, à l'usage des Réformés du Cotentin (3).

Mathieu de la Faye était originaire de Tonnerre, ainsi qu'en fait foi la pièce suivante: « Fut présent M Mathieu de la Faye, natif de Tonnerre en Champagne, demeurant en la ville de Saint-Lô, lequel nomme et constitue un procureur spécial..., auquel il a donné plaine puissance et authorité de faire et passer fraction au nom dud. constituant, par devant tabellions ou notaires en bonne forme et valable forme de vente par luy faicte à M Vincent de la Faye son frère, controlleur en la maison de Madame la duchesse

(1) Annuaire de la Manche, 1895.

(2) Saint-Lô. Thomas Bouchard 14-18 de 109 pages.

(3) La première édition avait été imprimée, à Lyon, par Jean de Tournes.

Le Musée de Saint-Lô possède un petit livre de controverse religieuse présenté par François Charles aux ministres de Grandchamp et d'Arthenay, et sorti des presses de Jean Pien, Saint-Lô 1663.

d'Uzès demeurant audit Tonnerre cest assavoir dun quanton de prey nommé les Allois... un journal de terre nommé Cacuel à le prendre du costé de Nicolas Lousson,... demiarpent de terre près le fossey de Maligny... et demi journal de terre appelé les Aubriottes... le tout assis au finage de Merdy, advenuz audit M Mathieu par la succession de feue dame Didier Matteral mère ded. vendeurs et acquesteur..., moyennant quoy led. acheteur en payer entre les mains dud. procureur le prix et somme de douze escus sol en principal marché et les vins accoustumés... » En date du 23 Janvier 1600 (1.

Déjà, le 27 Mars 1598, il avait vendu au même Vincent de la Faye controlleur de la maison de Mme la duchesse de Uzée, comtesse de Tonnerre « une pièce de vigne assise au triage de Molesans, lieu dit les Beauvoys, contenant l'œuvre de 4 hommes et demi ou environ, comme lad. pièce se comporte et contient, tenant aud. M° Vincent acquesteur. » Le 20 Octobre 1602, devant les Tabellions de St-Lô, de la Faye consentait en faveur de Charles de Martigny, une autre vente de 6 livres tournois de rente qu'il avait droit « d'avoir et prendre, chacun an, au terme de Noël sur les biens et héritages de Gilles Nicole et Sarra Le Cornu sa femme... et ce fut fait par 60 livres pour le principal. »

Mathieu de la Faye contracta trois mariages. Le 27 Février 1559, il épousait Madeleine Brossard dont il eut une fille, Elisabeth, qui devint la femme de M. Thomas Ollivier, ministre de la parole de Dieu, en l'église de Gersé, paroisse de St-Hélier.

Le 15 Décembre 1576, il se remariait avec Jeanne Le Rogeron qui lui donna trois filles: Marie, femme de Pierre Quesnot, chirurgien à St-Lô ; Suzanne mariée à Pierre Bouil

(1) Le Canton doit s'entendre dans le sens de « morceau, parcelle D. Le Journal, dans le Tonnerois, d'après le tableau de concordance des anciennes et nouvelles mesures, représentait à peu près 30 ares. (Communication de M. Porée, archiviste de l'Yonne.

lon de la ville de Dinan; Sara qui épousa M Aaron Cartault, apoticaire à St-Lô. Jeanne Le Rogeron avait un frère, Julien, sieur de Préaulx, auquel, le 3 Janvier 1585 Ma de la Faye vendait 4 escus deux tiers d'or de rente.

Enfin, le 20 Septembre 1595, il contracte une troisième union avec Jacqueline de Hernière, fille de Louis de Hernière, écuier, et de demoiselle Marie du Bouchard, et sœur de Richard de Hernière, sieur de la Groudière et de la Fresnaye.

Le ministre de la Faye mourut en 1603. Le 12 Novembre de cette année, eut lieu, entre ses quatre filles, le partage de ses biens, qui comprenaient, en particulier, une maison avec un jardin, situés en la paroisse St-Thomas, sur la rue des Fourchemins. Il restait en usufruit, à sa dernière femme, une rente de 50 livres qui, après le décès de Jacqueline de Hernière, fut partagée le 14 Mars 1608 (1).

Moïse Cartault 1599.

Le Tellier, S de la Banque 1604-1612. Jean Le Tellier appartenait à la vieille bourgeoisie Saint-Loise. Dès 1295, on trouve un Pierre Le Tellier qui possédait aux environs de la Canée, paroisse de St-Thomas, des terres relevant de la seigneurie de Lignerolles (2).

Ce ministre épousa Catherine de Cabazac qui lui donna quatre enfants: deux filles, Anne et Marie; deux garçons, Jacques et Michel.

Le 18 Juillet 1616, Catherine se remariait avec M Jean Baudet S du Grix-Cailloux. Dans l'acte de contrat de mariage, il est dit « que les futurs mariés ont gratuitement donné aux deux enfants Soubz-âgés dudit feu S' dela Banque et de lad. veufve leur nourriture et entretien pour le

(1) On ne trouve pas trace dans les actes civils, du décès des dames de la Faye. D'ailleurs, les registres de la fin du XVI siècle sont incomplets.

(2) Généalogie des principales familles protestantes de St-Lô. Dr R. Le Clerc, archives de la Société d'Archéologie de la Manche.

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