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sur ce poursuivi et deffendeur aussy présent et pariant par Gohier advocat de sa Majesté dautre part, lesdites parties ouyes ensemble le procureur du Roy par Jean Neel advocat de sa Majesté nous avons ordonné quil sera procédé à la liquidaon de ladite légitime par leurs parents faisant profession de la religion catholique apostolique et romaine et non de ceux faisant profession de la R P R laquelle pour en convenir, et cependant adjuge à ladite Hardy la somme de 50 livres a executer suivant lordonnance comme d'aliment et permis audit Hardy faire entendre sa sœur sur article dont ledit Hardy a déclaré appeler sans préjudice de quoy sera la presente executée suivant l'ordonnance et mandement » (1).

Du fait de tous ces évenements et circonstances, la situation devenait de plus en plus sombre pour les religionnaires. Afin de parer à l'orage, quelques Anciens essayèrent de remplacer les Ministres. Sanson de Cahanel et le sieur des Longchamps Bosquet, secondés par une institutrice, Ester Le Menuet, fille d'Isaac, serger, avaient tenu chez eux des réunions religieuses. Cette infraction leur valut d'être inculpés par le Procureur royal, qui instruisit leur procès le 8 Novembre 1685.

Restait la question des baptêmes. D'après une mesure prise par Louis XIV, en faveur de la ville de Montauban, certains pasteurs furent chargés de baptiser les enfants, défense leur étant faite de marier et de prêcher. L'autorité judiciaire désigna d'abord Louis Fleury et Jembelin; puis, après leur condamnation au bannissement, elle délégua un sieur Guérard, ministre de Glatigny.

Le dernier baptême, célébré au temple, est du 14 Novembre 1684. A partir de cette date, la cérémonie a lieu, soit au domicile des parents, soit chez un protestant de marque,

(1) Ces Hardy étaient les enfants de Estienne S de la Coudraye, décédé le 22 Août 1653 et de Jeanne Hue morte le 4 Février 1663.

presque toujours M' Dubois avocat, s'il s'agit d'un enfant étranger à Saint-Lô. Les deux derniers baptêmes, 28 Septembre et 24 Octobre 1685, furent conférés dans la Maison de ville.

Le ministre, pour présider au baptême, devait être muni d'une autorisation spéciale dont voici un modèle:

« Le baptême de Sabine fille de Jacques Antoine de Saint Simon comte de Courtomer et de noble dame Marthe Chardon de Sainte-Mère-Eglise, nommée par Léonor Antoine de Saint Simon et noble dame Anne de Thioult, a été célébré dans la maison de M. le comte de Courtomer présence de M Jean Neél et Denis Laurence habitans de ladite paroisse, faisant profession de la religion catholique apostolique et romaine suivant l'ordre de M. l'Intendant qui m'en a été donné dans une lettre adressée à M. de la Tour S' de Martigny, Lieutenant général civil et criminel ».

De plus, la cérémonie ne pouvait avoir lieu qu'en présence de deux membres du tribunal du Bailliage.

M' Galland, dans sa thèse, a été mal informé, lorqu'il mentionne comme nécessaire l'assistance d'un ecclésiastique et d'un marguillier. Les seuls noms, relevés sur les actes civils des protestants, concernent tous des magistrats. Ce sont MM. de Martigny, Lieutenant général ; Néel, avocat du Roy; Le Heup, avocat du Roy; de Cerisay, Cer du Roy, assesseur criminel et Lieutenant particulier; du Hamel, conseiller assesseur; bault, conseillers assesseurs ;

de Lécluze et de CléramDenis Laurence, Avocat

du Roy; de la Monnaye, Procureur du Roy.

Malgré les ordonnances et les prohibitions, certains ministres ne désarmaient pas. Guérard de Glatigny, qui avait été autorisé à administrer les baptêmes, ne résista pas à recommencer les presches. Cette incartade lui valut une plainte du Procureur du Roy, à la date du 7 Juin 1685 (1). Trois témoins furent cités à comparaître.

1° MR Denis Raoult, prestre choriste de léglise Notre Dame,

« a depose que sur lavis à luy donné le jour de dimanche dernier issue de la grand messe paroissiale que un nommé Guerard soy disant ministre feroit le presche chez luy, le déposant fut accompagné du S' Le Tousey phre dans une chambre vis à vis de la maison ou demeure Guerard cordonnier frère dud Guerard ou sestant approché dune fenestre estant a lad chambre le deposant entendit la voix dun homme qui preschai sans avoir pu discerner ce quil disoit et est ce qui a dit scavoir ».

« 2° Jean Cousin fils Pierre demeurant en la rue du Chasteau a déposé que le jour de dimanche dernier a l'issue de la grande messe paroissiale de lad. paroisse de Notre-Dame sur un bruit qui courut par plusieurs personnes que l'on allait entendre Guerard ministre qui feroit un presche le deposant y fut et ou parvenu en la maison ou chambre de la Neufve Rue qui donne vis a vis ou lon fesoit le presche, led. deposant entendit de la voye dud. Guerard ministre coe un sermon, mais ne put discerner ce quil pouvoit dire et est ce ql a dit scavoir. »

<3 Nicolas Guillemin fils de Raoul Guillemin vivant marchand bourgeois de cette ville demeurant dans lenclos chez sa sœur aage de quinze ans ou viron a dit que le jour de dimanche dernier il vit bien plusieurs particuliers venir voir la maison du S′ Guerard ministre que lon disoit faire le presche mais ne vit et n'entendit rien et est ce qui a dit scavoir. »

En présence du peu de précision de ces dépositions, la plainte ne semble pas avoir eu de suites; tout au moins, on ne trouve aucun document la confirmant.

(1) Arch. de la Manche. B. 373.

D' R. LE CLERC.

(A Suivre)

Le Trésor du Cimetière

de Blainville (Manche)

La presse régionale et même la presse parisienne, ont relaté, avec quelques détails, la découverte faite, au mois de juillet 1923, dans le cimetière de Blainville (Manche), d'un assez important trésor, vraisemblablement caché en cet endroit depuis la seconde moitié du XIV siècle.

Si intéressants que fussent les détails publiés alors sur cette trouvaille, ils n'avaient que très imparfaitement satisfait ma curiocité d'archéologue. Sur le lieu et les circonstances de la découverte notamment, les renseignements donnés par les journaux m'avaient paru vagues, peu précis et, pour tout dire, incomplets. Aussi m'étais-je bien promis de saisir la première occasion favorable pour procéder, sur place, à une petite enquête personnelle, dont j'escomptais à l'avance les plus heureux résultats. Je me hâte de dire que les résultats obtenus ont dépassé mon attente. Grâce, en effet, à l'obligeance bien connue de M. Mauger, le sympathique et distingué Directeur de l'école des garçons de Blainville, qui remplit, en même temps, dans cette importante commune, les fonctions de secrétaire de mairie, j'ai pu repérer exactement l'endroit où se trouvait le trésor ; connaître, en tous leurs détails, les circonstances particulières et très curieuses qui en ont amené la découverte ; enfin, point essentiel, me rendre compte, de visu, de la topographie des lieux. J'ai pu ainsi me faire une opinion sur cette question, qui me paraît maintenant à peu près élucidée.

Sur ma demande, et avec un empressement qui m'a profondément touché, M. Mauger a poussé l'amabilité jusqu'à m'adresser à ce sujet une notice très documentée, très complète, reproduite ci-après, qui me semble de nature à intéresser la Société d'Archéologie.

Notes concernant la trouvaille de pièces d'or dans le Cimetière de Blainville (Manche)

A défaut du fossoyeur communal, qui réclamait une augmentation de salaire, et s'était refusé à creuser une fosse, en vue d'une inhumation qui devait avoir lieu le 6 juillet 1923, deux ouvriers entreprennent, la veille, dans l'après-midi, de faire le travail. La fosse devait avoir 2 TM 66 de profondeur, au lieu de 2 mètres, dimension ordinaire, étant destinée à recevoir plus tard un autre cercueil.

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Les ouvriers pratiquent, dès la surface du sol, une large ouverture, d'environ 1 80, entament les entre-tombes nord et sud, afin que le rejet de la terre soit plus facile. Etant à 0 80 de profondeur et travaillant dans le sud-est de la tombe, l'ouvrier qui se trouvait dans le fond jette une pelletée de terre en haut. Son camarade voit alors 10 pièces d'or s'aligner sur le sol; il avertit l'ouvrier du fond, qui creuse à nouveau, et met à jour 21 autres pièces d'or et 3 bagues, dont l'une avait une pierre qui se détacha aussitôt. Pièces et bagues étaient à nu; aucun débris d'enveloppe quelconque ne fut trouvé. Les ouvriers fouillèrent les bords et ne trouvèrent pas autre chose.

La fosse creusée le 5 juillet se trouve dans la partie est du cimetière, à 8 mètres de la pointe de l'église. Le terrain où elle se trouve n'est à usage de cimetière que depuis 1874. C'était auparavant une pièce de terre. La fosse avait été creusée la première fois, en juin 1885, et la seconde fois en novembre 1902, mais on n'avait pas touché à l'entretombe.

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