M. Moscheles. S'il est vrai qu'il n'y a pas une grande différence entre ce qui se passe au Natal et ce qui se pratique au Congo, il n'en est pas moins vrai qu'il faut flétrir les atrocités du Congo.

M. Arnaud propose l'approbation du texte amendé. Par 65 voix contre 53, la rédaction suivante est adoptée :

Vu la résolution adoptée par l'Assemblée des Délégués des Sociétés de la Paix, à Turin, en 1898, pour protester contre les iniquités infligées aux peuples faibles par les peuples forts;

Vu les résolutions adoptées par le IXme Congrès de la Paix, à Paris, en 1900,, relatives au traitement des indigènes ;

Vu la résolution adoptée par le XIII Congrès de la Paix à Boston, en 1904;

Considérant qu'il s'est commis, dans les colonies africaines, des meurtres, des violences, des viols, des injustices et des atrocités sans nom, contraires à l'esprit et aux termes mêmes des résolutions précitées du Congrès de Paris;

Considérant que ces horreurs, dont on a longtemps nié l'authenticité, sont maintenant constatées, pour l'Etat indépendant du Congo par la Commission d'enquête qu'il a nommée lui-même, et, pour le Congo français, par l'enquête officielle faite par le grand colonisateur pacifique qui en fut le fondateur, feu M. Savorgnan de Brazza;

Espère que les gouvernements, conformément à leurs engagements, prendront les mesures nécessaires pour faire cesser cet état de choses;

Et demande la réunion d'une nouvelle Conférence des Puissances intéressées à la colonisation de l'Afrique pour reviser et compléter l'œuvre entreprise par la Conférence de Berlin en 1884-1885 en adoptant des mesures rigoureuses propres à supprimer les intolérables abus commis dans les colonies africaines et en particulier dans le bassin du Congo.

II. Le Congrès, considérant que des excès semblables sont inévitablement liés à toute politique coloniale de conquête ou d'exploitation des indigènes,

Engage les pacifistes de tous les pays à s'opposer inlassablement et énergiquement à une telle politique dans leur propre pays."

M. Fried demande l'adoption du vœu suivant: „Au cas où les troubles intérieurs en Russie retarderaient de nouveau la réunion de la Conférence de La Haye, prévue pour l'année prochaine, le Congrès émet le vœu que M. le Président Roosevelt reprenne son initiative pour la réalisation de cette œuvre de Paix commencée par lui."

Adopté à l'unanimité.

M. Moneta propose qu'une nouvelle séance ait lieu dans l'aprèsmidi pour terminer les travaux du Congrès. L'assemblée approuve et la séance est levée à midi 1/2.

DIXIÈME SÉANCE

Samedi 22 septembre, à 21 heures de l'après-midi.

Villa Reale.

Présidence de M. Moneta.

Ordre du jour:

1° Questions de propagande et autres.

2o Siège du prochain Congrés.

3o Appel aux nations.

M. Emile Arnaud donne lecture d'une résolution concernant la réduction des tarifs postaux internationaux. (Proposition de la Ligue internationale de la Paix et de la Liberté.)

Question postale.

Considérant que l'abaissement des tarifs postaux internationaux contribuerait d'une manière sensible au développement utile des relations interpopulaires;

Considérant que toute proposition de réduction de tarifs qui ne provoquerait pas de brusque diminution de recettes, mais, au contraire, préparerait un excédent par une augmentation de trafic, aurait de grandes chances d'être accueillie par les Gouvernements;

Considérant que cette solution peut être obtenue d'une part en élevant le poids des lettres, qui resteraient taxées au prix actuel, d'autre part en créant la carte-lettre internationale;

Considérant qu'il n'est aucune raison pour accorder à la carte postale, correspondance lisible et indiscrète, un tarif de faveur sur la carte-lettre gommée, correspondance discrète et fermée, dont le poids est sensiblement le même;

Le XVe Congrès de la Paix

Emet le vœu :

Qu'il soit créé des cartes-lettres internationales à 0,10 centimes;

Que le poids des lettres affranchies à 25 centimes soit porté à 50 grammes;

que la taxe minima des papiers d'affaires soit abaissée à 10 centimes (10 centimes par 100 grammes);

que les épreuves d'imprimerie corrigées soient assimilées aux imprimés;

Et qu'il soit conclu entre nations voisines le plus grand nombre possible de conventions réduisant plus encore entre les contractants la taxe des lettres et des papiers d'affaires. Adopté à l'unanimité.

Le Congrès adopte également sans opposition la résolution suivante, présentée par Mme Andrée d'Albert :

Fondation de Foyers pacifistes.

1. Considérant que l'éducation pacifiste contribue essentiellement à inculquer dans l'esprit des générations nouvelles les principes du respect de la vie humaine et de la fraternelle entente entre les races et les nations,

Le Congrès émet le vœu :

Que les femmes pacifistes, aidées de groupes d'Education populaire, organisent des Foyers pacifiques, destinés à donner aux enfants et à leurs familles des idées précises sur la conciliation entre les races, sur le droit des gens et sur la nécessité d'une entente universelle.

2. Le Congrès émet le vœu :

Que des femmes d'élite exercent activement auprès de toutes les femmes la propagande des idées pacifistes et leur précisent les moyens de les inculquer à la jeunesse.

Définition du Patriotisme.

M. Moscheles, désireux de donner une définition exacte du patriotisme, fait approuver la résolution suivante:

Le Congrès

Appelle l'attention des pacifistes sur la nécessité de préciser la vraie notion du patriotisme national, puis de la propager, afin qu'il ne subsiste dans les esprits aucun sentiment contraire au patriotisme international et à la justice due aux autres patries."

Le vœu suivant avait été également proposé par M. Emile Arnaud :

„La Ligue internationale de la Paix et de la Liberté, assemblée à Milan le 15 septembre 1906,

Propose au Congrès universel de la Paix l'envoi et la publication de l'appel ci-après, au sujet des évènements de Russie :

"Que plus un être humain, quelles que soient sa nationalité, sa religion ou sa politique, ne meure victime d'autres êtres humains!

La vie humaine doit rester inviolée. Que chacun et que tous la respectent!

„Ainsi s'accomplira le premier et le plus grand des progrès.

Sans lui les autres ne seront qu'apparents et momentanés. Il faut la Paix et la Tolérance entre les hommes pour établir définitivement, en un pays quelconque, la Justice avec la Liberté."

M. Green proteste contre cette proposition, qu'il trouve inopportune, quelle que soit d'ailleurs sa sympathie pour les persécutés et les malheureux.

M. Passy propose qu'on passe à l'ordre du jour.

M. Arnaud retire sa proposition.

M. le Dr Suarez de Mendoza présente les salutations de l'Association internationale des médecins contre la guerre, qui comprend aujourd'hui 1900 membres.

M. Moscheles fait encore adopter la proposition suivante:

Union des Sociétés de la Paix.

„Constatant avec satisfaction les progrès accomplis dans le sens de l'Union plus étroite des Sociétés de la Paix, pro