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service et nous n'aurions pas eu les belles journées qui viennent de se passer.

Donc un triple vivat à Genève et aux bons fruits de la fête Dufour!

La distribution des prix du tir national a eu lieu lundi 2 juin, à 5 heures, au stand de la Coulouvrenière.

Voici les noms des tireurs les plus heureux :

Cible général Dufour: 1. Jean Beck, Genève; 2. G. Larue, Carouge; 3. A. Delacrétaz, Vaud; 5. A. Piachaud.

Cible nationale: 1. Ed. Lamotte, Genève; 2. Louis Raymond; 3. J. Delapraz; 4. Vettiner; 5. Jules Pièce.

Cible militaire (Nombre): 1. J. Blandin, Troinex; 2. Elmer, St-Gall; 3. F. Huber; 4. Léon Calpini; 5. Ariste Robert, Chauxde-Fonds; 6. Benziger.

Cible militaire (Mouche): 1. Ch. Ramu, Morges; 2. G. Kunz; 3. J. Delapraz; 4. Dubois-Miéville, Coppet; 5. Edmond Eynard. Cible Genève : 1. James Vautier, Carouge; 2. A. Grether, Les Ponts: 3. J. Lander; 4. A. Audeoud; 5. H. Turian, Satigny.

A la cible nationale les primes au plus grand nombre de cartons ont été obtenues par: 1. Frédéric Huber; 2. John Lander; 3. Jules Vettiner.

Les mitrailleuses perfectionnées.

Nous avons déjà souvent entretenu nos lecteurs de cet engin tout moderne, l'un des nombreux et merveilleux produits de la guerre américaine de la sécession appelé aussi canon-machine, canon-mécanique, fusil à machine, etc. On se rappelle sans doute que dès la fin de cette grande lutte, le nouvel engin s'est présenté, en maints spécimens, sur nos places d'armes et sur nos champs de bataille européens, au profit de l'industrie transatlantique et à la gloire du génie inventif des mécaniciens et des armuriers des Etats-Unis. Nous avons entr'autres parlé, en leur temps, de la mitrailleuse de M. Gatling, l'habile officier d'ordnance, (1) d'Indianapolis, et de celle de l'ingénieur suédois Palmkranz, (2) dont des échantillons ont été expérimentés en Suisse. On sait en outre que nos autorités fédérales font essayer en ce

(1) L'Ordnance est un corps spécial de l'armée des Etats-Unis qui correspond à peu près à ce que, dans les armées européennes, on appelle état-major particulier d'artillerie. Il a le soin de la fabrication des armes et des munitions.

(2) Voir notamment notre numéro 20 de 1875.

moment la mitrailleuse ou fusil à machine Gardner, munie de canons de fusil Mauser, et nous apprenons que les résultats ont été assez satisfaisants. Son mécanisme fonctionne bien et permet de tirer 260 à 300 balles par minute. D'autres essais seront faits après transformation du calibre Mauser à notre calibre d'ordonnance, afin d'utiliser la cartouche ordinaire du Vetterli.

Mais toutes ces machineries ont jusqu'à présent fourni aussi maints inconvénients à côté de leurs avantages incontestables. Les unes sont trop lourdes pour être facilement et rapidement mobilisées ; d'autres ont un mécanisme trop compliqué pour pouvoir changer le pointage à volonté pendant l'action; d'autres sont trop délicates pour supporter les atteintes des boulets ennemis; toutes enfin sont moins des pièces de campagne que des pièces de position excellant à battre des espaces de terrain déterminés d'avance, défilés, abords de positions défensives, campements, etc., mais sans action efficace contre des objectifs mobiles ou couverts et à distances inconnues. En tout cas leur tir doit être précédé et accompagné de celui des fantassins ou de bouches à feu légères pour donner les distances exactes.

Pour remédier à ces divers inconvénients, de grands efforts ont été faits par les inventeurs des mitrailleuses depuis les expériences de 1865 en Amérique et en Europe. On est arrivé ainsi à perfectionner d'une manière avantageuse tous les systèmes primitifs et notamment le premier modèle Gatling, devenu aujourd'hui, paraît-il, le meilleur de ces engins.

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Cette mitrailleuse Gatling est formée d'une réunion de six, huit ou dix canons, à volonté, selon les conditions à remplir de légèreté et de nombre de coups par minute. Ce faisceau est maintenu rigide par des frêtes conçues de telle sorte qu'elles permettent la dilatation du métal. Chacun des canons de fusil correspond à un nombre égal de platines. En actionnant une manivelle, canons et platines tournent en même temps. Indépendamment de ce mouvement de rotation, les platines en ont un autre qui leur est propre en avant et en arrière. Le premier, en avant, introduit les cartouches dans le tonnerre et obture la culasse au moment de chaque décharge; le second, en arrière, opère l'extraction des douilles vides. L'extracteur n'a pas de ressort. Il saisit le culot de la cartouche au moment de son introduction, avant qu'elle ne soit poussée dans le canon. Par ce moyen les culots sont rarement arrachés pour peu que les douilles soient de bonne qualité.

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Pour que le tir soit possible il faut que la manivelle tourne de gauche à droite, c'est-à-dire qu'elle soit poussée en avant; de plus, par un bouton de sûreté on peut, même dans ce sens, interdire au percuteur de toucher l'amorce. Ceci pour éviter tout accident au cas où il faudrait faire manoeuvrer la pièce toute chargée.

Pendant l'action, cinq cartouches sont constamment à divers degrés d'introduction, une d'elles fait feu, et cinq cartouches aussi à divers degrés d'extraction. Ces phases se succèdent sans interruption; tant que la pièce est approvisionnée, le chargement, le tir et l'extraction se font régulièrement et automatiquement. La mitrailleuse ancienne Gatling s'approvisionnait par un tambour ou barillet; plus tard par une sorte d'étui dans lequel on introduisait environ quarante cartouches qui descendaient en vertu de leur poids. A l'usage et au tir rapide on a reconnu que, de temps à autre, les cartouches pleines ou les douilles vides pouvaient se chevaucher, se gripper entre elles, inconvénient entraînant la suspension momentanée du tir.

Le nouveau système de chargement, dit système Accles, se fait par le moyen d'un disque vertical, dans lequel cent-quatre cartouches sont obligées de suivre une spirale allant du centre à la circonférence, jusqu'à l'instant où elles sont introduites de force dans les logements. La propulsion des cartouches dans la spirale se fait par des ailettes placées dans le disque et mues par la manivelle elle-même. La gravité n'a plus rien à faire dans l'acte du passage de la cartouche du magasin dans la culasse de la pièce.

Cela est si vrai que le chargement fonctionne également bien, que le magasin d'alimentation soit horizontal, incliné, vertical, ou qu'il soit placé sur ie côté de la pièce ou même pardessous. Cette disposition supprime toute chance de grippement, et permet à l'homme le moins expérimenté d'obtenir de l'arme son maximum d'effet. En outre, le chargement pouvant se faire, quelle que soit l'inclinaison de l'axe de la pièce, fût-elle verticale, on peut dès lors atteindre par des salves de feux plongeants des hommes abrités par un parapet ou par une tranchée; on peut fouiller les vallons, les couverts et les traverses des ouvrages, ce qu'aucune mitrailleuse n'a réalisé jusqu'à présent; enfin la Gatling peut fournir jusqu'à douze cents (1,200) coups par minute.

Son poids total est d'environ 300 kilogrammes, se décomposant comme suit, dans ses principales pièces :

Faisceau de dix canons de fusil avec l'appareil revolver

Monture universelle, métallique, avec limbe horizontal, cadran vertical, vis et verniers.

(Une monture plus simple mais moins parfaite pour pièce de campagne.

L'affût.

Deux roues

95 kil. 25

37 kil. 50

12 kil.)

61 kil. 50

60 kil. 75

255 kil. 00

30 kil. 0

6 kil. 8

11 kil. 4

54 kil. 4

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75 kil. 0

Deux magasins de munitions sur les essieux
Chaque boîte de chargement vide.

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Voici quelques résultats des expériences qui ont été faites sur la mitrailleuse perfectionnée Gatling en Amérique, en Angleterre, en Italie, en Autriche et en France.

Aux Etats-Uuis, les essais ont eu lieu à Sandy-Hook pendant les mois de juillet, août, septembre 1882, et en janvier 1883; ils ont été faits par le comité de l'artillerie des Etats-Unis 1. Le rapport officiel s'exprime comme suit:

Les expériences portèrent sur deux points: d'abord, épreuve du nouveau magasin; en second lieu détermination de la pé» nétration et de la précision du tir sur des cibles couchées ho» rizontalement sur le sol à des distances variant de 200 à 3,000 » yards (180 à 2,750 mètres). ›

Quant au nouveau magasin, le rapport du comité dit :

Le chargement, comme l'affirme l'inventeur, est parfaitement » régulier et continu tant que l'on tourne la manivelle. Le fait que la cartouche est introduite mécaniquement dans chaque » canon indépendamment de la pesanteur, constitue une impor⚫ tante amélioration. La mitrailleuse fonctionne également bien, » que le magasin d'alimentation soit horizontal, incliné ou verti› cal. Il ne s'est produit, pendant les expériences, aucune obs»truction ni difficulté d'aucune sorte, et la succession des salves a suivi avec précison les révolutions de la manivelle. » En ce qui concerne la pénétration:

Entre 1,000 et 3,000 yards (914 à 2,750 mètres) la pénétra» tion était de deux pouces (0,06) dans un madrier de sapin et de trois à cinq pouces (0,076 à 0,127) dans le sable. » Des expériences furent faites aux angles suivants : Pour des portées de 200 yards (188 mètres) on tira sous une élévation de 88o 1/2. Le trajet des balles durait 57 secondes.

Α 500 yards ( 457m) angle de 85°

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Ces tirs plongeants exécutés avec la précision qu'offrent les canons mécaniques ouvrent à la science de l'artilleur, dit le rapport, un champ tout nouveau et bien digne de l'attention des officiers de terre et de mer de tous les pays.

Lieutenant-colonel Baylor, président. Major G.-W. Mackee. Capitaine Charles Shaler.

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