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bunal avait continué ses poursuites. Il paraît même, par un autre arrêt du 8 mai 1807, qu'en fait de condamnation capitale d'une personne du sexe la cour de cassation exigeait qu'il fût justifié, par les pièces mises au greffe, qu'on avait fait vérifier qu'une femme n'était pas enceinte avant de la mettre en jugement (1).

S. 272. Il n'est plus fait mention ni dans le Code de procédure criminelle, ni dans le Code pénal, de ces précautions si sages de la loi du 23 germinal; mais est-il à présumer que le législateur qui d'ailleurs a répandu tant de

traits de lumière et de bienfaisance dans ces deux Codes, ait eu l'intention d'abroger cette loi, et ne devons-nous pas croire, au contraire, qu'il a pensé qu'à défaut de dispositions littérales et particulières, les juges trouveront leur règle dans cette disposition générale, qui prescrit que: «Dans toutes les matières qui n'ont pas « été réglées par le présent Code, et qui sont des lois et des règlemens parréglées par << ticuliers, les cours et les tribunaux conti<< nueront de les observer (2).

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Quant aux gens de l'art chargés de faire. de semblables visites, il me semble que, chez une femme qui n'a pas encore atteint l'âge de cinquante ans, la grossesse doit toujours, dans ces sortes de cas, être regardée comme possible, et que dans le doute il est toujours

(1) Recueil génér. des lois et des arrêts, année 1808, deuxième partie, p. 181 et suiv. Voyez aussi le répertoire de jurisprudence au mot grossesse.

(2) Code pénal, §. 484.

Division da

plus sage de renvoyer à un nouvel examen après certain temps. Ici l'on ne risque jamais de froisser les intérêts d'un tiers, et l'on s'expose au contraire à de grands malheurs en prononçant avec précipitation. Si la femme n'est pas grosse, on lui aura du moins donné pour sa défense un temps suffisant durant lequel elle aura pu faire valoir tous ses moyens. D'ailleurs nous ne devons jamais craindre d'être trop humains, car l'humanité est la justice de la nature, et plus on en approche, plus on prouve qu'on a de lumières en législation.....

SECTION II.

De la vraie Grossesse et de ses signes.

§. 273. La grossesse se divise généralement la vraie gros- en vraie et fausse grossesse.

sesse.

La vraie grossesse est celle où la tumeur du ventre est occasionée par un ou plusieurs enfans. Dans la fausse grossesse, au contraire, cette tumeur est occasionée par des matières étrangères au produit ordinaire de la fécondation, ou même par un gonflement spasmodique indépendant d'un congrès antérieur.

La vraie grossesse se subdivise encore en grossesse naturelle, grossesse contre nature, et grossesse composée.

La grossesse naturelle est celle où le foetus est renfermé, suivant l'ordre ordinaire, dans la matrice. On appelle grossesse contre nature celle où le germe, au lieu de se développer dans l'utérus, prend son accroissement hors de cet organe ou dans une de ses

appartenances, telles que les ovaires ou les trompes, ainsi que nous en avons quelques exemples. Nous en citerons même de ceux où la grossesse a été à la fois intra et extra-utérine. Quelquefois, dans des accouchemens laborieux, les parois de la matrice se rompent, et l'enfant passe dans la cavité du basventre; mais cet accident violent n'est pas dans le cas de la grossesse extra-utérine ou contre nature dont on entend parler ici, et qui a lieu sans aucune violence.

J'appelle grossesse composée, 1° celle qui est formée de plusieurs enfans, à qui on donne communément le nom de jumeaux, quand ils ne sont que deux, de trijumeaux ou quadrijumeaux, quand ils sont au nombre de trois ou de quatre; 2° celle où, à l'existence d'un véritable enfant, est jointe encore une maladie qui augmente le volume du ventre, et qui fait souvent méconnaître la véritable grossesse. On appelle plus communément cette seconde espèce grossesse compliquée.

S. 274. Les signes de l'existence de la grossesse se composent de ceux qu'on appelle rationnels, et de signes sensibles particuliers, qu'on se procure par le toucher. Malgré les progrès de la science, nous verrons que les uns et les autres de ces signes ne sont pas encore si certains que de ne pas donner lieu quelquefois à de singulières erreurs, même lorsque les femmes n'ont aucun intérêt à tromper, et à plus forte raison, dans les visites judiciaires; qu'ainsi, au lieu de nous croire trèsassurés, nous devons au contraire, comme l'a Tome I. 28

Signes dela

grossesse.

Signes rationnels.

dit avec vérité M. Vigné, redoubler d'efforts
pour
étudier cette matière, et l'affranchir, s'il
se peut, des ténèbres dont elle est souvent
enveloppée.

S. 275. Les principaux signes rationnels se tirent',

1° De l'âge de la femme, qu'on suppose déjà ou encore propre à la fécondation. Mais à cet égard on doit se rappeler, d'une part, que, malgré la faiblesse de l'âge et l'enfance apparente des organes générateurs, la conception n'en a pas moins eu lieu quelquefois (§. 33 et 255, no 1), et, d'une autre part, qu'il est des exemples de grossesse arrivée à un âge où l'on ne l'attendait plus (§. 50).

2° Ces signes se tirent des grands changemens qui arrivent dans tous les systèmes de la femme, presque dès l'instant où elle a conçu; c'est-à-dire, dans son pouls, dans ses sécrétions et excrétions, dans l'habitude du corps, dans l'air du visage, et jusque dans son moral. Il est impossible de décrire tout ce qui se passe dans les différentes femmes grosses; mais on regarde généralement comme signes de grossesse les suivans: La suppression des règles, sans autre cause apparente; l'état de langueur et de tristesse inusitée; la sensibilité extraordinaire du ventre; le cerne des yeux; les éphélides ou taches, qui paraissent à la région de la tête; l'altération de l'appétit, des digestions, du sommeil ; les nausées et le vomissement; le goût dépravé et les envies plus ou moins extraordinaires; le crachotement fréquent, la douleur à la tête ou aux

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dents; successivement la douleur et le gonflement des mamelles, la couleur brunâtre de leurs aréoles, les papilles plus apparentes, et commençant à donner, quand on les exprime, une eau bleuâtre, entremêlée de filets laiteux; l'augmentation graduée du volume du ventre et la protubérance du nombril; le mouvement que la femme atteste éprouver dans son ventre; le besoin fréquent d'uriner, et l'enflure des extrémités inférieures, quand la grossesse est très-avancée, etc.

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Quelques femmes sont assez heureuses pour n'éprouver aucunes de ces incommodités ; quelques-unes n'en éprouvent qu'un petit nombre. A reste, tous ces signes peuvent se rencontrer et être les symptômes d'une maladie autre que la grossesse ; à plus forte raison, par conséquent, ne prouveront-ils que très-peu de chose, lorsqu'ils ne se présenteront que séparément. Néanmoins, comme c'est là la marche ordinaire de la nature, nous ne devons pas mépriser ces signes, comme l'ont fait certains accoucheurs, mais nous devons en profiter, en ayant présentes les anomalies dont ils peuvent aussi dépendre ; et c'est ce que nous expliquerons, après avoir parlé de deux signes, aujourd'hui tournés en ridicule, parce que nous n'ajoutons plus de croyance à ce que nous ne comprenons pas assez, et dont j'ai eu quelquefois occasion de vérifier l'exactitude; ce qui m'engage à en dire un mot ici: je veux parler de l'etat du pouls et de celui des urines.

Pouls et uri

S. 276. Galien, et Savonarola après lui, nes des femmes

28.

grosses.

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