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César en étant averti commanda à ceux,

par le pays desquels ils avoient passé, de les chercher et de les ramener, en cas qu'ils ne voulussent pas qu'il se plaignît d'eux.

Il traita d'ennemis tous ceux qu'on lui ramena et pardonna à tous les autres, après qu'ils eurent donné des otages et rendu les armes et les fugitifs.

Il ordonna aux Suisses, à ceux de Stulinghen et de Lausanne, de retourner dans leurs pays, d'où ils étoient partis, et parce qu'ayant consommé tous leurs vivres il n'y avoit plus rien chez eux pour les nourrir, il commanda à ceux de Savoie de leur fournir du blé; et à eux il leur ordonna de rebâtir leurs villes et leurs villages qu'ils avoient brûlés. Ce qu'il fit principalement à cause qu'il ne vouloit pas que le lieu que les Suisses avoient abandonné demeurât sans habitans, de peur que les Allemands qui sont au-delà du Rhin ne passassent de leur pays dans celui-là, à cause de la bonté du terroir, et qu'ainsi ils ne fussent voisins de la province de la Gaule et de la

Savoie.

Il accorda les Boiiens à ceux d'Autun, qui les demandoient pour les établir dans leur pays, à cause qu'ils les connoissoient gens de grand cœur: auxquels ils donnèrent des terres,

et ensuite les reçurent en la même condition de droits et de libertés dont ils jouissoient eux-mêmes.

On trouva dans le camp des Suisses des rôles écrits en caractères grecs et qui furent apportés à César, dans lesquels étoient nommément le nombre de ceux qui étoient sortis de leur pays en âge de porter les armes et séparément aussi les enfans, les vieillards et les femmes, dont le sommaire étoit tel:

Des Suisses deux cent soixante et trois mille.

De ceux de Stulinghen trente-six mille.
De ceux de Lausanne quatorze mille......
De ceux de Bâle vingt-trois mille.

Des Boiiens trente-deux mille.

De ces gens-là il y en avoit jusqu'à quatrevingt-douze mille qui pouvoient porter les

armes.

En tout ils étoient trois cent soixante et huit mille.

De ceux qui retournèrent dans leur pays, la revue en ayant été faite comme César l'avoit commandé, il s'en trouva le nombre de cent dix mille..

AMUSEMENS POÉTIQUES.

LOUIS XIV, dit l'historien de son siècle, se plaisoit et se connoissoit aux choses ingénieuses, aux impromptus et aux chansons agréables : quelquefois même il faisoit sur-le-champ de petites parodies sur les airs qui étoient en vogue. Nous en avons recueilli trois de ce genre. Nous les tirons d'un manuscrit qui contient beaucoup de vers anecdotiques, et dont les notes sont d'un contemporain; homme de la cour, très au fait de toutes les occasions qui faisoient naître ces bagatelles.

I.

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OR vous dites, la Tambonne,
La Tambonne Tambonneau,
Pour l'appui de la Couronne
Qui fit le marquis Michaud?
Notre histoire peu sincère,
A toujours pris soin de taire
Qui fit le marquis Michaud,
A Tambonne Tambonneau.

Le roi fit, avec madame de Montespan, cette chanson sur la présidente Tambonneau et son fils. La présidente avoit eu, ce que notre manuscrit appelle

une affaire, avec le marquis de Mortemart, père de madame de Montespan.

II.

CHEZ mon cadet de frère
Le chancelier Ferrand,
Est bien moins nécessaire
Qu'un maréchal ferrant.
Mais celui qui sait plaire
Est le sage Boisfranc.

On voit qu'il s'agit de deux officiers de la maison de MONSIEUR.

Notre manuscrit porte ces mots : « C'est le roi lui-même qui a fait cette chanson ». Voltaire, qui la rapporte, en a supprimé le jeu de mots; et pourtant, si simple qu'il soit, c'est le trait qui paroît avoir appelé les rimes.

III.

Impromptu fait en congédiant le Conseil. Le conseil à ses yeux a beau se présenter, Sitôt qu'il voit sa chienne, il quitte tout pour elle: Rien ne peut l'arrêter

Quand la chasse l'appelle.

FIN DE LA IV°. PARTIE ET DES ŒUV. de Louis XIV.

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