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LETTRES PARTICULIÈRES

DE

LOUIS XIV.

LE ROI AU DUC D'YORCK.

18 février 1682.

MON FRÈRE, j'ai appris par les dernières lettres du sieur Barillon, mon ambassadeur en Angleterre, que vous deviez vous rendre dans peu de jours à Newmarket, près du roi mon frère (1); et cette nouvelle m'a été d'au tant plus agréable, qu'outre l'intérêt que je prends à tout ce qui vous touche, par l'affection très-sincère et très-cordiale que j'ai pour vous, je vois bien aussi que vos conseils et votre fermeté seront dorénavant très-néces-` saires, pour fortifier le roi de la Grande-Bretagne dans la résolution de se servir des moyens

(1) L'acte du test et le catholicisme déclaré du duc d'Yorck, avoient forcé Charles I, son frère, de le reléguer en Ecosse. Il revint dans ce temps, les circonstances étant plus favorables.

que je lui offre d'affermir la paix, et de rendre inébranlables les liaisons d'amitié auxquelles vous avez tant contribué. Ledit sieur Barillon vous instruira plus amplement de mes intentions.

A L'ÉLECTEUR DE COLOGNE (1). A Marli, le 20 novembre 1687.

par

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MON FRÈRE, je vous ai ci-devant fait savoir le sieur de Gravel, mon envoyé extraordinaire auprès de vous, que tant qu'il plaira à Dieu vous conserver au gouvernement de l'électorat de Cologne, je voulois bien, par les sentimens d'affection que j'ai pour vous, empêcher qu'il ne vous fût rien demandé de ma part, des quatre cent mille livres qui vous ont été, prêtées lorsque mes troupes sont entrées dans Nuits, et des arrérages qui en sont dus. Je vous ai même témoigné que, si j'étois assuré

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(1) Cet électeur étoit Maximilien-Henri de Bavière. On sait que le cardinal de Fúrstemberg dont il est ici question, obtint en effet la coadjutorerie de Cologne, mais que son élection fut cassée par la diète de Ratisbonne et par le pape Innocent XI.

Nous donnons ces lettres sur les originaux de la main du roi, qui sont dans les archives du Gouvernement. Ce sont les seules que nous ayons recouvrées pour cette année.

que vous eussiez quelque jour un successeur qui eût d'aussi bonnes intentions que vous, et en qui je pusse prendre la même confiance, je me désisterois avec plaisir de cette dette ; et comme j'apprends que vous avez déjà donné votre consentement, et toute la disposition nécessaire à l'élection du cardinal de Furstemberg pour votre coadjuteur, vous ne devez pas douter qu'un choix qui m'est si agréable, étant suivi de la pluralité des suffrages du chapitre, ne nous attire bientôt toutes les sûretés que vous pouvez desirer, pour cette marque de l'estime et de l'amitié que j'ai pour vous.

AU MÊME.

Versailles, le 28 novembre 1687.

MON FRÈRE, la dernière lettre du sieur de Gravel m'a appris les nouvelles preuves que vous venez de me donner de votre fermeté, en recommandant au chapitre l'élection du cardinal de Furstemberg pour votre coadjuteur à l'archevêché de Cologne; et comme vous n'avez pas moins considéré en cela, ma satisfaction que le bien et l'avantage des pays et Etats que vous possédez, vous ne devez pas douter aussi que cette condescendance n'aug

mente encore en moi, le desir que j'ai de vous donner toutes les marques possibles de mon affection, et de la part que je prends à tout ce qui vous touche.

AU MARQUIS DE VILLARS (1).

8 janvier 1688.

MONSIEUR LE MARQUIS DE VILLARS, je ne doute pas que toutes les facilités que la cour de Vienne donne à l'électeur, de voir les personnes qui le peuvent abuser ou engager plus étroitement dans les intérêts de l'Empereur, ne fassent un grand obstacle à votre négociation; mais pour peu qu'il veuille ouvrir les yeux, soit à vos insinuations, ou aux conseils du chancelier Schmidt, auquel vous m'écrivez qu'il commence à prendre confiance, je m'assure qu'il ne sera pas difficile de lui faire connoître, combien il se doit défier d'une cour qui se sert de semblables moyens pour l'aveugler, et qu'il ne manquera pas de divertissemens chez lui, sans se détourner de ses véritables intérêts et de l'application qu'il y doit donner,

(1) Depuis maréchal de France. Il étoit alors ministre de France auprès de l'électeur de Bavière, que le roi vouloit mettre dans ses intérêts.

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