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diamans en pointes de tous côtés, et d'accepter cette petite reconnoissance qu'il doit à l'honneur que Sa Majesté lui a fait.

Son éminence déclare avoir mis entre les mains du sieur Lescot soixante-un ou soixante-deux marcs d'or, afin de faire quelques ouvrages qu'elle avoit destinés pour M. le duc d'Anjou, frère unique du roi; il supplie son altesse royale de les avoir agréables, ensemble trente-une émeraudes dont plusieurs sont fort grandes; un des beaux cabinets de jaspe venus de Rome depuis peu, et la tapisserie de Léandre, priant son altesse royale de continuer sa protection envers ceux de la maison de son éminence.

Plus, son éminence donne et lègue à monseigneur le cardinal Colonna une grande horloge d'or qui vient de la feue reine mère du roi défunt, de glorieuse mémoire, et qui est à present dans la chambre de son Eminence.

Plus, donne et lègue à monseigneur le maréchal de Grammont la somme de 100,000 liv. tournois, que ledit seigneur maréchal lui doit par obligation, laquelle il veut lui être rendue comme acquittée.

Donne et lègue à monseigneur le premier président du parlement, un des plus grands bassins avec son vase, d'argent blanc et doré, que son Eminence a fait faire à Augsbourg, outre ce que son Eminence a ordonné lui être baillé comme l'un des exécuteurs de son testament.

Plus, donne et lègue à monseigneur l'archevêque d'Amasie une grosse horloge ronde à boîte d'or.

Mondit seigneur duc se remet à ses héritiers universels de faire des présens à tous ses principaux amis, ainsi qu'il s'en est expliqué de vive voix.

Déclare qu'il est très-satisfait des services de M. de Massac, avocat, qu'il a appelé en son conseil il y a plusieurs années; lui donne et lègue un diamant de la somme de 1,500 liv. tournois.

Donne et lègue au sieur Poisson, son apothicaire, la somme de 4,000 liv. tournois une fois payée.

Item. Donne et lègue à l'église de Saint-Pierre et Saint-Paul de Rome, une lampe d'argent de trois mille écus.

Item. Donne et lègue au crucifix miraculeux de Sainte-Brigite à Rome, une lampe d'argent de mille écus.

Donne et lègue une châsse d'argent de cinq ou six mille écus à Saint-Roch, suivant l'ordre qu'il plaira à la reine-mère d'en donner.

Veut et ordonne son Eminence, qu'après le partage fait de son palais à Paris, et des bustes et figures qui y sont, auquel partage le choix appartiendra à monseigneur le duc Mazarini, ainsi qu'il est porté en son présent codicile, M. le marquis Mancini ait le choix de prendre la somme de 300,000 liv. pour la portion qui lui aura été donnée dudit palais et des bustes et figures, et en cas du choix, mondit seigneur le duc Mazarini sera tenu de lui payer ladite somme de 300,000 liv., auquel cas tous les bustes et figures dudit palais seront compris en la substitution dont mondit seigneur le duc Mazarin est chargé, sans y comprendre néanmoins ledit palais qui demeurera en sa disposition libre, selon el ainsi qu'il est contenu audit codicile.

Et en cas de choix de la part dudit seigneur marquis Mancini d'accepter lesdits 300,000 liv. tournois pour récompense, l'emploi de ladite somme sera fait en l'achat

d'une maison pour le logement dudit seigneur marquis de Mancini, le tout par l'avis dudit sieur Colbert.

Plus, mondit seigneur cardinal-duc donne et lègue à mademoiselle Marie Mancini, sa nièce, outre tout ce qui lui est légué par lesdits testament et codicile, son équipage de chevaux, carrosses, meubles et argenterie, jusqu'à la somme de 15,000 liv., compris ce qui conviendra pour les frais de son voyage en Italie.

Ce qui a été ainsi dicté et nommé par mondit seigneur cardinal-duc auxdits notaires, et à lui par l'un d'eux, l'autre présent, relu en la chambre sus-désignée, l'an 1661, le lundi septième jour de mars, sur les neuf heures du matin, et a mondit seigneur cardinal-duc signé la minute des présentes, demeurée vers et en la possession de Lefoin, l'un desdits notaires. (Signés ) LE VASSEUR. LEFOIN, notaires, avec paraphes.

Aujourd'hui, 18° du mois de mars, le Roi étant à Paris, s'étant fait apporter en son château du Louvre par Me François Lefoin l'un des notaires de Sa Majesté en son Châtelet de Paris, les minutes des testament et codiciles de feu M. le cardinal Mazarini, en date des troisième, sixième et septième du présent mois de mars, et Sa Majesté ayant fait faire lecture en sa présence desdits testament et codiciles, même de l'acte signé de la propre main de Sa Majesté, en son château de Vincennes le 6 du présent mois, lequel est inséré au bas du testament et du colicile en date du même jour sixième du présent mois, et par lequel Sa Majesté les confirme et se désiste de la disposition faite en sa faveur par le testament du troisieme de ce mois.

Sa Majesté a déclaré et déclare, qu'elle approuve et con.

firme le tout pour être exécuté selon sa forme et teneur, à l'exception toutefois de la disposition qui avoit été faite en sa faveur, par ledit testament du troisième du présent mois, de laquelle disposition elle se désiste de nouveau, ainsi qu'elle s'en est désistée par ledit acte du sixième dudit présent mois, à laquelle lecture ont été présens et ont assisté M. le Prince, pour et à la prière de madame la princesse de Conti, M. le duc de Mercœur, M. le comte de Soissons, madame la comtesse de Soissons son épouse, le sieur duc Mazarini, le sieur marquis de Mancini, comme aussi le sieur de Lamoignon, premier président de la cour du Parlement de Paris; le sieur Fouquet, sur-intendant des finances, le sieur évêque de Fréjus, le sieur Colbert, intendant des finances, tous quatre exécuteurs desdits testament et codiciles, en témoin de quoi Sa Majesté a signé le présent acte de sa main, et icelui fait contresigner par moi son conseiller, secrétaire d'Etat et de ses commandemens et finances. (Signés) LOUIS, et plus bas LE TELLIER.

Collationné à son original, étant ensuite de la minute des testament et codiciles de monseigneur l'éminentissime cardinal Mazarini, demeuré pardevers ledit Lefoin, notaire, et ce par les notaires gardes-notes du Roi, notre sire, en son Châtelet de Paris, soussignés, ce dernier jour de mars 1661.

NOTICE

Sur les Jésuites, confesseurs des rois de France.

1.

Le père Claude Mathieu. On trouve dans l'Histoire de la Chapelle de nos Rois, qu'Henri 111 fit une confession générale à ce jésuite, né en Lorraine; mais que s'étant jeté aveuglément dans le parti de la ligue, il perdit avec raison la confiance du roi.

2. Le père Edmond Auger, né à Sézanne en Brie, confessa Henri III, auquel il fut toujours inviolablement attaché, et qui l'envoya à Rome pour y soutenir ses intérêts; mais le crédit des ligueurs le fit exiler à Come, où il mourut peu de temps après l'assassinat de son auguste pénitent. Auger avoit du talent pour la chaire, et lisoit si parfaitement, qu'Henri III disoit, que les livres lui sembloient plus beaux, quand c'étoit le jésuite qui lisoit.

3. Le père Coton, né à Néronde en Forêts, le 7 mars 1564, fut confesseur d'Henri IV, qui lui donna sa confiance, d'après la recommandation de M. de Lesdiguière, depuis connétable de France, qui, quoique protestant, estimoit ce jésuite. Son père se nommoit Guichard Coton, et sa mère Gilberte Champrand, l'un et l'autre d'une extraction noble et distinguée dans leur province. Pierre Coton, leur second fils, devoit être conseiller au parlement de Paris, et avoit fait ses études en conséquence; mais, en septembre 1583, il se fit

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