Page images
PDF
EPUB

jésuite. En 1604, Réné Benoît, curé de Saint-Eustache, qui jusqu'alors avoit confessé Henri 1v, se vit forcé par son âge et ses infirmités, de renoncer à ce ministère, et ce fut alors que le roi prit le père Coton qui confessa même Louis XIII jusqu'en 1617. Soit qu'il eût quitté volontairement la cour, soit qu'il eût été supplanté par ses confrères, on n'en parla plus.

4. Le père Jean Arnoux, d'une des meilleures familles de Riom en Auvergne, fut nommé en 1617 confesseur du roi. Il étoit savant et altier, et par cette dernière raison, peu susceptible de se maintenir dans une cour agitée par des cabales, quoiqu'il fût aussi le confesseur du duc de Luynes. Il déplut à ce favori, en détournant le roi de donner l'archevêché de Sens à l'abbé de Rucellai qui, au lieu des qualités nécessaires à un évêque, n'avoit qu'un esprit d'intrigue et de cabales. Le duc de Luynes obligea le père Arnoux de quitter la

cour.

5. Le père Gaspard Séguiran remplaça le père Arnoux. Il étoit d'une famille noble et ancienne de Provence, et distinguée dans l'épée et dans la robe. On a cru qu'ayant proposé à la reine-mère, Marie de Médicis, pendant son séjour à Blois, de se faire religieuse, cette princesse fut si outrée de la proposition, qu'aussitôt qu'elle fut rentrée dans les bonnes graces de son fils, ne pouvant se venger sur ceux qui avoient fait agir le jésuite, elle s'en prit à lui et le fit disgracier.

6. Louis xin choisit de son propre mouvement, pour remplacer le père Séguiran, le père Jean Suffren, d'une famille originaire de Salon en Provence, et qui a marqué dans l'épée et dans la robe. Il se rencontra une difficulté dans le choix du roi, parce que le père Suffren

étoit confesseur de la reine-mère, qu'on obligea d'en chercher un autre. Dans un ministère fort délicat par lui-même, et qui le devint bien plus encore par des circonstances particulières, le père Suffren se conduisit à la satisfaction de la mère et du fils. Un seul trait peindra le désintéressement et la franchise de ce jésuite ; la reine-mère étant sortie du royaume, le père Suffren sollicita long-temps en vain la permission de la suivre, qu'il n'obtint qu'en disant au roi : Votre majesté ne manquera pas de confesseur, mais la reine, dans son exil, a besoin de consolateur. Le père Suffren mourut à Flessingue, le 17 septembre 1641, en revenant d'Angleterre. La reine-mère, qu'il avoit confessée pendant plus de trente ans, le regretta amèrement.

7. Le père Alexandre Jari, de Poitiers, qui remplaça le père Suffren, ne dirigea que pendant quelques mois la conscience du roi.

8. Le père Charles Maillant, de Bellay en Bugei; avoit connu à Avignon le cardinal de Richelieu qui, estimant son mérite, engagea le roi à le choisir pour son confesseur. Attaqué de violentes coliques, il espéra trouver du soulagement aux eaux de Bourbon-Lanci, où il mourut, âgé de soixante-huit ans.

9. Le père Jacques Gourdon, Ecossais, âgé de quatre-vingt-deux ans, succéda au père Maillant, et après deux années d'exercice, il se retira, en 1637, dans la maison professe de Paris, où il mourut le 17 novembre 1641, âgé de quatre-vingt-huit ans.

10. Le père Nicolas Caussin, de Troyes en Champagne, remplaça le père Gourdon. Il joignoit à beaucoup d'esprit et de savoir, une grande simplicité de moeurs; mais il devint suspect au cardinal de Richelieu,

qui le fit exiler au fond de la Bretagne, en 1637, d'où il ne revint qu'après la mort de ce ministre.

11. Le père Jacques Sirmond, de Riom en Auvergne, l'un des plus savans hommes de son siècle, succéda au père Caussin à la fin de décembre 1637, et dirigea la conscience du roi jusqu'en 1642, qu'une surdité l'obligea de quitter la cour et le métier de confesseur.

12. Le père Jacques Dinet, né à Moulins, remplaça le père Sirmond, et reçut les derniers soupirs de Louis XIII.

13. Le père Charles Paulin, né à Orléans, fut confesseur de Louis XIV, et mourut en 1653.

14. Le père François Annat, né en Rouergue, en 1590, remplaça le père Paulin, et confessa Louis XIV pendant seize ans; il abdiqua volontairement son emploi en 1670, et mourut le 14 juin de la même année, quatre mois après avoir quitté la cour.

15. Le père Jean Ferrier, compatriote du père Annat, lui succéda, et mourut en 164.

16. Le père François de la Chaise, petit-neveu du père Coton, et d'une famille noble du Forêts, fut nommé confesseur du roi en 1675, et après avoir dirigé la conscience de ce monarque pendant trente-quatre aus, il mourut le 20 de janvier 1709, âgé de quatrevingt-cinq ans. Il fut remplacé par :

17. Le père Michel Letellier, fils d'un procureur de Vire en Normandie. Il confessa Louis XIV depuis mars 1709 jusqu'au mois de septembre 1715, époque de la mort du monarque. Le caractère intrigant et altier du père Letellier l'avoit rendu si odieux, que le duc d'Orléans, régent du royaume, l'exila au collège de la

Flèche, en Anjou, où il mourut le 2 septembre 1719.

18. Le père Claude - Bertrand Taschereau de Lignières, né à Tours d'une famille distinguée dans la robe, fut nommé directeur de la conscience de Louis xv, en mars 1722. Le duc de Bourbon et le maréchal de Villeroi lui avoient procuré cet emploi, que l'abbé Fleuri exerça d'abord. Le roi d'Espagne, Philippe v, lors du mariage de Louis xv avec l'Infante, avoit témoigné le desir, que son neveu prît un confesseur jé – suite. Le père de Lignières confessa le roi pour la première fois à Saint-Cyr, le 29 de juin 1722.

N° 4.

PIÈCES SUR LES PROTESTANS.

ÉCLAIRCISSEMENS

Sur un article des Mémoires historiques de l'année 1661, tome 1.

APRÈS avoir expliqué à son fils, quel avoit été, depuis neuf ans qu'il gouvernoit, son plan de conduite relativement aux réformés, plan très-judicieux et conforme à la vraie politique comme à une sage tolérance, Louis XIV ajoute: «< Mais il s'en faut beau>> coup que je n'aie employé tous les moyens que j'ai » dans l'esprit, pour ramener ceux que la naissance, » l'éducation, et le plus souvent un grand zèle sans » connoissance, tiennent de bonne foi dans ces perni>> cieuses erreurs ».

L'auteur plein de sagacité des Eclaircissemens historiques sur les causes de la révocation de l'Edit de Nantes, M. de Rhulières, a prouvé par le passage important dont il s'agit ici, que Louis XIV, loin d'avoir conçu et préparé de loin cette fatale mesure, comme l'assuroient ses apologistes, suivit de fait et par choix, pendant beaucoup d'années, un systême

UV. DE LOUIS XIV. TOME VI.

23

« PreviousContinue »