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Danemarck, ou à l'un d'eux, d'entrer en cette guerre contre les Etats-Généraux, au moins de les obliger à se tenir neutres, et l'on tâchera de même d'attirer dans ce parti les électeurs de Cologne et de Brandebourg, la maison de Brunswick, le duc de Neubourg et l'évêque de Munster. Lesdits seigneurs Rois feront aussi leur possible pour persuader, même à l'Empereur et à la couronne d'Espagne, de ne s'opposer pas à la conquête dudit pays.

6°. Ces fondemens étant posés, et le roi de la Grande, Bretagne après s'être déclaré catholique, étant en paix chez lui, laisse au roi Très-Chrétien la liberté de nommer le tempsauquel on aura à faire la guerre avec leurs forces unies contre les Etats-Généraux; et ainsi a été arrêté et conclu que le roi Très-Chrétien nommera le temps qui lui semblera le plus opportun pour la déclaration de ladite guerre; le roi de la Grande-Bretagne étant assuré que sa majesté Très-Chrétienne en nommant ledit temps aura égard aux intérêts des deux, couronnes, qui après la conclusion de ce traité seront communs et inséparables

7°. Si à l'occasion de cet accord l'un ou l'autre desdits seigneurs Rois se trouve ci-après engagé dans des guerres étrangères ou domestiques, celui des deux seigneurs Rois qui ne sera point attaqué, assistera l'autre de toutes ses forces, jusqu'à ce que l'étrangère ou la rebellion puisse être appaisée.

8. Si dans aucun, traité précédent fait par l'un ou l'autre desdits seigneurs Rois avec quelque prince ou Etat que ce soit, il se trouve des clauses contraires à celles qui sont spécifiées dans cette ligue, lesdites clauses seront nulles, et celles qui sont contenues dans ce présent traité demeureront en leur force et vigueur.

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PROJET DE LA FIN DE L'ARTICLE II.

Le roi de la Grande-Bretagne, étant convaincu de la vérité de la religion catholique, est résolu de se réconcilier avec l'église rómaine, aussi-tôt que le bien des affaires de son royaume lui pourra permettre; et quoiqu'il ait tout sujet d'espérer et de se promettre de l'affection et de la fidélité de tous ses sujets, que ceux même sur qui Dieu n'aura pas encore répandu ses graces assez abondamment pour les disposer par un exemple si auguste à se convertir, ne manqueront pas à l'obéissance inviolable que tous les peuples doivent à leurs souverains, même de religion contraire : néanmoins comme il se trouve souvent dans les grands Etats des esprits brouillons et inquiets qui s'efforcent de troubler le repos public, principalement quand ils en ont des prétextes aussi plausibles' que celui de la religion, sa majesté Britannique, qui n'a rien plus à coeur, après avoir donné le repos à sa conscience, que d'affermir celui que la douceur de son gouvernement a procuré à ses sujets, a cru que le meilleur moyen pour empêcher qu'il ne fût altéré, serait d'être assuré, en cas de trouble, des assistances de sa majesté Très-Chrétienne; laquelle voulant en cette occasion donner audit roi de la Grande-Bretagne des preuves effectives de son amitié, et du desir qu'elle a de contribuer au bon succès d'un dessein si avantageux à sa majesté Britannique, et même à toute la religion catholique, a promis et promet de fournir audit roi de la Grande-Bretagne la somme de, &c.

N° 95.

RECIT de ce qui a été dit au roi d'Angleterre par l'ambassadeur de France, dans la conférence du 28 septembre 1670 (1).

COMME il y aura bientôt trois mois que les ratifications du traité ont été échangées, le roi mon maître croit que Votre Majesté trouvera à propos, de prendre sans délai sa dernière résolution sur l'exécution de ce qui y est contenu, afin que vous puissiez prendi 3 en→ semble des mesures certaines; car Votre Majesté voit combien le temps presse déjà, et que pour pouvoir faire quelque chose de bon contre les Hollandais, et achever promptement l'affaire, il faut commencer à entrer en action, s'il est humainement possible, dès le commencement du printemps prochain; d'autant plus que, si on ne le fait pas, on s'exposera à l'inconvénient qui est fort grand, de ne pouvoir engager dans le parti un bon nombre de princes de l'Empire, lesquels le Roi mon maître voit clair à les y faire entrer dès à présent, et Votre Majesté sait combien leur jonction, et une diversion

(1) Charles 11 n'ayant point encore reçu l'argent stipulé pour sa conversion, différoit toujours ses préparatifs pour la guerre contre la Hollande, sous le prétexte qu'il devoit d'abord décla rer cette conversion. Colbert ayant reçu de Louis xiv l'ordre de le presser de faire le contraire, rend compte au roi des argumens dont il s'est servi pour le persuader.

considérable de ce côté-là, peut contribuer au bon et prompt succès du dessein, et à sa sûreté infaillible.

Votre Majesté fera encore réflexion, s'il lui plaît, sur le besoin indispensable qu'a le Roi mon maître de faire de bonne heure, et dans cette année même, des maga sins de toute sorte de guerre et de bouche dans les Etats de l'électeur de Cologne et de l'évêque de Munster; au lieu que si Votre Majesté ne se détermine pas promptement, il sera plus facile aux Hollandais, dès qu'ils auront pris plus vivement l'alarme qu'ils ont déjà, de détourner ces princes de l'engagement où vous les voulez jeter, en y sacrifiant de grandes sommes d'argent, comme il ne faut pas douter qu'ils ne fassent avec profusion, pour les faire demeurer neutres, et même pour former aussi de ce côté-là quelque parti pour leur défense.

Il est vrai, Sire, qu'il semble que, selon les termes du traité, Votre Majesté doit premièrement faire sa déclaration de catholicité, et je puis bien lui dire aussi avec vérité, que le Roi mon maître le souhaite avec la dernière passion, tant pour l'avantage de la religion, que pour ses propres intérêts politiques; mais comme vous trouvez à propos, et qu'il est juste aussi et même absolument nécessaire, d'obtenir auparavant du pape les conditions qui peuvent faire agréer à vos sujets votre conversion, et que cette affaire, quelque diligence que l'on fasse, ne se terminera pas peut-être si promptement que le Roi mon maître et Votre Majesté le desirent, je vous prie de faire encore réflexion sur toutes les raisons qui le persuadent, que pour parvenir plus facilement et plus sûrement aux deux principales fins que vous vous êles proposées, il seroit nécessaire que la guerre de Hola

lande précédât, ou au moins accompagnât la déclaration de la catholicité; et pour cela je dois informer Votre Majesté d'une particularité dont le Roi mon maître m'écrit, qui est de grande conséquence. Vous savez combien il importe, pour la sûreté et le bon succès de votre dessein contre les Hollandais, que l'électeur de Brandebourg soit de la partie, sans quoi les autres princes ne s'engageroient avec vous qu'en tremblant. Or sur le sujet, &c. de même qu'en la lettre du Roi du 17°, Votre Majesté peut tirer de là une conséquence fort juste, combien, &c. idem jusques avant que la chose éclate.

On pourra dire à Votre Majesté sur tout ceci, que si avant la déclaration de sa catholicité, elle n'a rien fait qui puisse faire craindre ou soupçonner aux Hollandais qu'elle ait pris des liaisons contre eux avec le Roi mon maître, ils se tiendront dans un pleîn repos, et ne prendront aucune part à l'affaire, et même qu'ils n'oseroient le faire par la vive appréhension qui leur resteroit toujours, que Votre Majesté ne leur en témoignât aussitôt son ressentiment en s'unissant contre eux avec la France. Le Roi mon maître a déjà fait remarquer à Votre Majesté par ses réponses, et il m'ordonne encore de vous remettre en mémoire, le peu de solidité de cette espérance. Si on fait réflexion que Votre Majesté sé voulant conduire avec toutes les circonspections requises dans une si grande affaire, il lui sera d'une indispensable nécessité, pour mieux contenir vos peuples dans le devoir, qu'avant l'acte de votre déclaration, ou tout au moins en le faisant, vous leur donniez à connoître que vous avez fait une très-étroite liaison avec le Roi mon maître, par le moyen de laquelle, si vous le vou

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