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envoyer assez à temps pour servir à votre mariage.

Je crois qu'il ne sera pas retardé bien longtemps, par ce qu'on est obligé de faire, pour obliger le duc de Savoie à exécuter son traité. Il ne me reste qu'à assurer V. M. de la tendre amitié que j'ai pour elle. La suite du temps vous la fera encore mieux connoître.

AU MÊME.

Meudon, le 13 juillet 1701.

JE vous envoie Marcin pour demeurer auprès de vous. Il vous dira beaucoup de choses importantes dont je l'ai chargé. Donnez-lui une entière croyance. Je me fie à lui; vous pouvez en faire de même, et être persuadé qu'il ne vous proposera rien qui ne soit utile à nos intérêts communs. Je ne saurois finir sans assurer V. M. de ma tendresse, et lui dire, que je souhaite avec toute l'ardeur dont je suis сараble, de vous voir un aussi grand roi que vous pouvez l'être si vous le voulez.

AU MÊME.

Marli, le 29 juillet 1701.

J'AI cru devoir différer votre mariage, sur des avis que j'ai reçus du peu de sincérité du duc de Savoie. Vous connoissez son caractère. J'avois écrit au marquis de Castel-Rodrigo de suspendre la négociation; j'ai appris depuis qu'elle étoit déjà finie. Ne vous étonnez pas cependant s'il fait naître quelque difficulté dans l'exécution: je souhaite qu'il en trouve les moyens. Je n'ai de vue que le bien de V. M. et de la rendre plus heureuse, en retardant même la satisfaction qu'elle croit trouver dans son mariage. Je crois que vous ne devez rien changer à l'égard de votre départ de Madrid.

AU MÊME.

Marli, le 30 juillet 1701.

J'AI appris avec grand plaisir ce que vous avez fait pour le marquis de Castel dos Rios (1). Je vous en suis très-obligé. Je lui ai donné la

(1) Il lui avoit accordé la Grandesse sur la demande de Louis XIV. Il fut ensuite vice-roi du Mexique.

nouvelle avec joie, que vous l'avez fait Grand. Il a reçu cet honneur comme il le devoit. Duras s'en va, pour instruire le duc d'Harcourt de plusieurs affaires utiles à nos intérêts communs. Donnez attention à tout ce qu'il vous proposera. Tâchez d'en profiter, et me croyez plus tendre et plus plein d'amitié que jamais pour vous.

J'oubliois de vous dire que le portrait que vous desirez est fait. Vous devez m'être obligé du temps que j'ai donné pour vous plaire. Quand le tableau sera achevé, on vous l'enverra sans perdre de temps.

AU MÊME.

Versailles, le 7 août 1701.

Vous jugez parfaitement bien du mémoire du duc d'Arcos. Il est de votre autorité de soutenir ce que vous avez réglé pour les honneurs réciproques entre les Ducs et les Grands. Blécour (1) vous dira mon avis à l'égard de celui qui vous a présenté ce mémoire. Il faut un exemple; celui que vous avez fait sur un de vos Grands, est très à propos. Le refus de l'in

(1) Envoyé de Louis xiv à Madrid.

vestiture a dû vous faire de la peine (1); mais le ressentiment ne doit paroître que quand le bien de l'Etat le demande. Il faut l'éteindre ou le témoigner, suivant les circonstances. Si l'effet ne suit immédiatement les menaces, elles sont presque inutiles et ridicules. Il n'y a pas d'apparence que le pape donne l'investiture de Naples à l'archiduc : il ne vient point en Italie. J'avoue que la pensée que vous aviez me fait un sensible plaisir; elle est digne de votre sang, et je souhaiterois et je souhaiterois que l'état de vos affaires et la saison vous eussent permis de l'exécuter; mais il ne faut pas y songer pour cette année. Non-seulement je consentirai que vous passiez au printemps en Italie, si la guerre dure encore; mais dès à présent, je vous le conseille, indépendamment de ce que l'archiduc ou le roi des Romains pourront faire. Rien ne vous donnera plus de réputation, et de gloire dans le monde, particulièrement dans vos royaumes. Gardez le secret de cette résolution, si vous voulez qu'elle réussisse quand vous l'exécuterez. Vous gagnerez le cœur de vos sujets; vos ennemis seront forcés à vous estimer et à vous craindre. Que je serai heu

(1) Il s'agit de l'investiture du royaume de Naples sur laquelle le Pape tergiversoit.

reux, quand je vous verrai dans le haut point de gloire, où j'espère que votre courage vous élevera! Je vous aimerai davantage; et mon estime se fortifiant, ma tendresse augmentera en vous voyant tel que je vous desire, et que je me persuade que vous serez.

AU MÊME.

Versailles, le 21 août 1701.

JE renvoie votre courrier, et j'ai écrit à Castel-Rodrigo (i) de conclure votre mariage. Vous en apprendrez les raisons; le détail en seroit trop long à vous expliquer. Votre déférence à mes conseils augmente encore mon attention à vous les donner conformes à vos intérêts. Celui d'aller en Italie au printemps prochain, sera certainement de votre goût. Je crois ce voyage nécessaire, si la guerre continue; mais je souhaite en même temps qu'elle soit terminée cette campagne. Je l'espère, si le maréchal de Villeroi exécute mes ordres, comme j'ai lieu de le croire.

(1) Ministre d'Espagne à Turin: il avoit conclu le mariage de Philippe avec la princesse de Savoie, sœur de la duchesse de Bourgogne.

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