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tons. Il y a des endroits de la terre fort foufreux. Il y a des montagnes qui jettent feu & flammes, & qui contiennent un foufre allumé qui brûle continuellement. Tels font le mont Vefuve dans le Royaume de Naples, le mont Ethna ou le mont Gibel dans le Royaume de Sicile, le mont Hecla dans l'islande. &c.

Pendant que ces trois drogues bien mêlées s'echauffent les petites parties de fel de tartre agiffent les premieres & fubtilifent les parties du foufie qui fe fond, les fait changer de Couleur, & les difpofe à recevoir l'im preffion du falpêtre. Enfuite le falpêtre s'étant deffeché jufqu'à un certain point fe fond auffi, fe mêle parmi les parties foufreufes ainfi preparées, fe joint à la liqueur acide qui eft dans le foufre. Ces deux liqueurs falines, acides & corrosives deviennent femblables à l'eau forte citrine qui a enflammé les huiles de gerofles, de gaïac, &c. quand je l'y ay mêlée. Alors trouvant le fouffre preparé par le fel de tartre, le met en feu, dont la flamme s'elançant rapidement écarté impetueulement tous les corps qui l'environnent & chasse l'air avec autant de force que de vîteffe. L'air ébranlé par une fecouffe fi prompte & fi violente caufe le bruit que nous entendons.

Je fonde cette explication fur deux re

marques.

La premiere eft que cette eau forte citrine eft compofée de l'efprit de falpêtre & de l'efprit de vitriol. Cet efprit de vitriol eft femblable à l'efprit de foufre. Car l'acide du foufre, celui du vitriol & celui del'alun femblent avoir la même origine. Puifqu'ayant mis de la limaille de fer ou de cuivre à diffoudre dans de l'efprit de foufre, aprés l'evaporation on trouve le vitriol. De même ayant mis peu à peu de l'efprit de foufre fur des matieres pierreufes ou terreftres, par exemple fur de la craye, jufqu'à ce quelles en foient abbrevées, aprés une diffolution, filtration & legere évaporation, l'alun y paroît en cristaux. On pretend même compofer du foufre en mêlant de l'huile diftillée de quelque plante, par exemple de l'huile de terebentine avec auffi pe. fant d'huile de vitriol & avec quelque Alcali terreux, ou pour le mieux avec du fel de tartre, & diftillant ce mélange pour examiner enfuite cequi refte dans la cornuë. De même ayant mêlé l'efpit de foufre, ou l'huile de vitriol à des matieres dures & inflammables, par exem. ple, à du bois, du charbon &c. & les ayant diftillez à un feu aflez fort; on pretend que ce qui refte dans chaque cornue de ces deux diftillations eft femblable à nôtre foufre ordinaire, parcequ'étant diffous dans de l'en & filtré, Q iiijl

*Cha

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& fur cette diffolution ayant ajouté du vinaigre diftillé, il fe trouve enfin au fond une poudre blanchâtre qui eft un foufre inflammable. Cette compofition & décomposition du foufre font connoître en quoy il confifte; fcavoir en un fel acide, une fubftance bitumineuse, & de la terre chargée de quelques petites parties de metal.

La feconde remarque eft que fi on met du falpêtre broyé dans un vaiffeau, par exemple dans une bouteille de verre, & fi on y ajouté de l'efprit de foufre; aprés avoir expofé doucement cette bouteille à un feu de charbons pour faire bien fou re le falpêtre avec l'efprit de foufre dont on augmente la quantité s'il eft neceffaire pour former une liqueur quoyque epaiffe. Quand on voit bouillonner ce mélange & qu'on en voit fortir des vapeurs rouges, fi on le répand tout chaud fur de la rapure de bois de gaïac, fur des huiles diftillées, &c. auffi tôt ces matieres combuftibles deviennent en feu.

*

Il y en a qui pretendent que de ce pharm. mélange de falpêtre & d'efprit de foufre chym. il peut fortir par la diftillation un esprit chap. 31 de falpêtre pur, & que l'efprit de foufre 2.meth demeure joint au fel fixe du falpêtre fel de aprés en avoir déplacé l'efprit de falpê foufre. tre.

pour le

La preparation de ces liqueurs inflammatives s'accorde avec la preparation de celle qui à fervi à des exp. faites en Angleterre rapportées dans l'exper. precedente. La liqueur principale qui faifoit naître l'inflammation avec bruit étoit un efprit de falpêtre compofé dont voici la preparation.

*Poids égaux de falpêtre & d'huile *suppl• de vitriol étant mis dans une cornue & Actor. Erudit diftillez comme nôtre cau fumante, tom 3. faifant enfin rougir au feu le pot & la sett s. cornue, on a par ce moyen une liqueur p. 2274 fort active qu'il faut conferver dans une Litfi bouteille fi bién bouchée puiffe entrer.

l'air n'y que

1696.

Exper.

Fred.

** Col

Il y avoit beaucoup plus long temps slare. que cette preparation étoit connuë. ** On a auffi preparé de même de l'efprit de fel commun, ayant d'abord un peu Chym. dumecté ce fel d'eau commune.

lectan.

Leyden

'u 4.

La poudre fulminante caufe un grand cap.149 bruit quand elle s'enflamme expofée proceyà l'air libre, & pendant que la poudre & cap. à canon brûle elle n'en fait prefque point 6. fi elle n'eft renfermée. Cette difference 185. vient de ce que toutes les parties de la poudre fulminante agiffent en même temps, & que les grains de la poudre à canon brûlent l'un aprés l'autre. Et quand la poudre à canon brûle renfermée dans un lieu, elle ébranle & chaffe l'air

rapidement par où elle peut avoir fortie, & c'eft de cet ébranlement fubit que vient le bruit.

Une preuve certaine que les grains de poudre à canon enflammée ne brûlent pas tous en même temps, c'eft qu'il y a fouvent des grains de poudre qui ont entré dans le vilage des chaffeurs en fortant de l'amorce de leurs armes avant que d'être brûlez. Je ne doute point que fi une arme à feu feulement chargée de poudre étoit déchargée de prés vers une Turface enduite de cire ou de fuif. il n'y parût beaucoup de grains de poudre qui y auroient entré fans être brûlez. C'est pourquoy les armes dont l'amorce est vers la fin de la charge de poudre, chaffent beaucoup plus loin le plomb, &c. fi l'amorce étoit vers le commence. ment. Parcequ'alors il y a plus de poudre qui brûle. Il eft vray auffi qu'ils recalent plus fortement Parceque la dilatation de l'air qui eft dans le canon eft beaucoup plus violente, & que l'air du dehors qui et devant refifte & ne cede pas affez promptement à cette vîteffe, femblable à une porte fort mobile fur fes gonds remuée par une legere preffion de la main, & cependant percée par une bale de moufquet fansê tre meue. C'eft donc cette reliftance de l'air du dehors qui ne cede pas auffi tôt, qui determine

que

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