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au cardinalat. En 1491 il inaugura un mont-de-piété pour garantir les pauvres contre l'usure des juifs. Tous les contemporains de Barozzi en font l'élo- | ge. Le sénat lui consacra un monument après sa mort.

Le cardinal François Pisani fut évêque de Padoue de 1524 à 1567. Sa générosité permit d'entreprendre la construction d'une nouvelle et magnifique cathédrale. En 1529 on inaugura l'hôpital des Orphelins de Nazareth. Le cardinal renonça à son siége et mourut à Rome, évêque d'Ostie, en 1570.

Nicolas Ormanetto, de Vérone, de l'école de S. Charles Borromée, prélat d'une grande science et d'une haute vertu, fonda, conformément aux décrets de Trente, un séminaire, et fit un grand nombre de legs pieux. Il mourut en Espagne, où le Pape Grégoire XIII l'avait envoyé en qualité de légat au roi Philippe II.

Frédéric Corner devint cardinal en 1583. Il réforma le peuple et le clergé, conformément au concile de Trente, à Bergame et à Padoue, dont il était simultanément évêque. La vie religieuse prit un vigoureux essor sous son épiscopat. Il mourut à Rome en 1590, durant le conclave qui élut Urbain VII. En 1599 fut bâti l'hôpital des mendiants; en 1603 on établit le ghetto (quartier fermé des juifs), et on prit diverses autres mesures d'ordre.

Le grand cardinal Grégoire Barbarigo dirigea pendant 33 ans le diocèse de Padoue, pour le salut des âmes et sa propre sanctification; il fut pour Padoue ce que S. Charles avait été pour Milan et mourut en 1697. Il fut déclaré vénérable en 1725, béatifié en 1761; sa mémoire se fait le 18 juin.

Charles Rezzonico, cardinal depuis 1737, devint en 1743 évêque de Padoue; il fut le bienfaiteur des pauvres, le modèle de toutes les vertus épiscopales, acheva la cathédrale et la

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dota richement. Après la mort de Benoît XIV il se rendit à Rome et fut élu Pape sous le nom de Clément XIII (1). Il se donna pour successeur Santi Véronèse, son vicaire général, et le créa cardinal en 1759. Celui-ci mourut en 1767.

Nicolas-Antoine Giustiniani, le 124° évêque de Padoue, moine bénédictin, d'abord évêque de Trécello, puis de Vérone, transféré à Padoue en 1772, reçut deux fois le Pape Pie VI, lors de son voyage à Vienne, posa la première pierre de l'hôpital, et fit, à l'âge de soixante-quatorze ans, paraître, avec une dédicace au Pape Pie VI, le catalogue des évêques de Padoue que nous avons sous les yeux : Serie cronologica dei vescovi di Padova, alla Santità di N. Pio P. VI, Padova, 1786 (2).

A cette époque s'ouvrit pour Padoue l'ère des spoliations, des confiscations, des commotions dont la révolution française donna partout le signal. On peut se faire une idée du pillage dont Padoue fut la proie par l'exemple de ce qui se passa dans la basilique de Saint-Antoine. La république de Venise, à son déclin, prit d'abord dans cette église des objets d'une valeur de 81,894 livres. La même année les Français enlevèrent ce qui restait : 6 candélabres en argent massif pesant 5,399 onces, une croix de pur argent pesant 1,573 onces, 86 chandeliers pesant 10,352 onces d'argent; tous ces objets furent remplacés par des objets en bois argenté. La lampe du Saint-Sacrement seule pesait 1,592 onces de pur argent; 52 lampes brûlaient dans la chapelle des Saints; la première était en or massif, pesant 361 onces et valant 42,000 francs : c'était un don du cardinal Barbarigo. La seconde lampe,

(1) Voy. CLÉMENT XIII.

(2) Cf. Ughelli, Italia sacra, et de nombreux écrits sur l'université de Padoue, dans Grævius Burmann, et dans Muratori, Script. rer. Ital.

également en or, était un don d'un pa- | réouverture du couvent des Francis

tricien de Venise; une autre, en argent, provenait d'un duc de Bavière. La perte, sans le vol de Venise, monta à 20,116,010 francs, suivant d'autres à 38,305,446 francs. Et malgré cela les choses les plus précieuses du trésor des reliques furent sauvées, moyennant un don de 64,000 francs fait aux commissaires français. La paix de Campo-Formio donna Padoue, en 1797, à l'Autriche. La paix de Presbourg, de 1805, restitua Padoue au royaume d'Italie. Dans les années 1806 et suivantes les couvents furent abolis. L'évêque Giustiniani était mort en novembre 1796. La biographie de ce pieux prélat, qui se distingua comme écrivain, se trouve dans la Biographie universelle, et surtout dans l'ouvrage de Moschini, Storia della Litteratura Veneziana, II, 210.

cains, près de l'église Saint-Antoine. Il a paru dernièrement, sur cette église, le magnifique ouvrage intitulé: la Basilica di S. Antonio di Padova, descritta ed illustrata del Padre Bernardo Gonzali. M. C. Con Savole. Padova, 1852, 2 vol. Cf. Gennari, Annali della città di Padova, 1804.

A côté de cette église on remarque la cathédrale, bâtie de 1524 à 1754, et l'église de Sainte-Justine, une des plus nobles et des plus belles de l'Italie, construite vers 1516. La ville de Padoue a, comme l'Italie en général, de nombreux établissements de bienfaisance. En 1834 il y avait dans son territoire cinq hôpitaux avec 3,648 malades, trois maisons de santé avec 837 habitants, 25 instituts de pauvres avec 2,022 individus.

En 1834 on comptait à Padoue 907 prêtres séculiers, 134 moines, 95 religieuses, distribués en 4 couvents d'hommes et 3 monastères de femmes. La population était de 286,812 âmes dans le district de Padoue, qui forme à peu près le diocèse.

Le 11 janvier 1807 Napoléon data de Varsovie un décret nommant évêque de Padoue le chanoine Dondi dell' Orologio. La même année toutes les confréries religieuses furent abolies, et tous les établissements de bienfaisance furent confiés à une administration laïque. L'évêque Dondi assista au con- Cf. Almanaco per le provincie socile national de Paris, de 1811, et du- gette all' imperio regio governo de rant toute cette année il sembla se Venezia per l'anno 1832-1834; Essai montrer très-souple à l'égard de l'auto-historique et statistique de la mo.

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homme corruptible et à des figures d'oiseaux, de bêtes à quatre pieds et de reptiles (1).» Ainsi S. Paul ne donne pas comme point de départ du paganisme un prétendu état de pure nature, dont l'humanité se serait peu à peu affranchie, pour s'élever par degrés jusqu'à la connaissance de Dieu, mais une connaissance positive de Dieu, qui s'est peu à peu obscurcie dans l'humanité à travers les diverses phases du paganisme. Celui-ci est, dans tous les cas, une chute, une décadence, un éloigne ment de la vérité connue. L'Apôtre désigne comme cause de cette chute le péché; après le péché la connaissance de Dieu que l'homme conserva ne fut plus une reconnaissance effective, puisque l'homme, en fait, se proclama seul Dieu en ne réalisant plus que sa propre volonté. Cette négation de fait commença avec la chute; le péché fut la source du paganisme; il fallait nécessairement que la corruption morale produite par le péché réagît sur la connaissance même de Dieu. Le péché entraîna non-seulement un affaiblissement de toutes les facultés naturelles de l'homme, mais la division et la contradiction entre ces facultés elles-mêmes. Dès lors les forces spirituelles et les forces sensibles de l'homme se développèrent, indépendantes les unes des autres. Mais les forces sensibles se développent plus tôt et plus rapidement que les forces spirituelles, celles-là prédominent facilement cellesci et les gênent et les troublent de toute manière dans leur déploiement. La prédominance de la sensualité sur l'esprit croît à mesure que le péché s'accroît lui-même dans chaque homme et dans l'humanité entière. L'homme finit par devenir complétement matériel. Ne sachant plus aimer et estimer que les biens sensibles, il perd le sens des

(1) Rom., 1, 21-23.

choses spirituelles, il les oublie entièrement, ou, s'il ne peut les oublier, il les rabaisse au niveau de son imagination grossière.

Dès lors l'homme ne peut plus conserver l'idée de Dieu dans sa pure spiritualité; Dieu, dont il lui est impossible toutefois d'anéantir en lui-même la pensée, devient pour lui un objet sensible. Mais, sitôt que Dieu est confondu avec le monde sensible et borné, il perd son attribut le plus essentiel, il cesse d'être infini, et par là même il perd son unité; il devient un être individuel à côté d'autres individualités; la représentation du divin s'attache bientôt à telle ou telle de ces individualités du monde sensible, et de là naît le polythéisme. A la place de l'intelligence, qui doit concevoir et contempler Dieu se révélant à l'homme, se substitue l'imagination, celle de ses facultés qui est dans le rapport le plus intime avec sa vie sensible; l'imagination éparpille l'idée de Dieu dans des images multiples, et confond bientôt, dans ses créations fantastiques, la Divinité avec la nature et l'humanité elle-même (mythologie) (1).

L'homme matérialisé se confond avec la nature; ce n'est que par les progrès de son esprit, la culture de ses facultés spirituelles, qu'il peut se détacher du monde extérieur et sentir sa puissance et son indépendance en face de ce monde; c'est pourquoi l'idolâtrie est partout d'abord le culte de la nature (2), et ce n'est que peu à peu que les dieux prennent des formes humaines.

Comme la corruption de l'idée de Dieu était née de la perversion morale, cette idée fausse de Dieu devait, à son tour, miner complétement la base de la moralité, en dépravant radicalement la conscience. L'idée de la moralité ne re

(1) Voy. MYTHOLOGIE. (2) Voy. IDOLATRIE.

pose que sur celle de la Divinité : Dieu | lieu de l'erreur, et, par conséquent, le

est toujours l'idéal de la perfection morale. La Divinité est-elle dépouillée de sa perfection morale: la moralité de l'homme n'a plus de fondement, le vice lui-même peut devenir l'objet du culte religieux, et c'est le cas des religions naturelles. L'apothéose de la vie de la nature entraîne le déchaînement complet de la vie naturelle dans l'homme, et le penchant sexuel dans ses plus honteux excès devient le mystère primordial de la religion. Quelque profonde que nous puissions nous représenter la corruption de toutes les idées religieuses et morales dans le paganisme, nous ne pouvons méconnaître qu'à travers son développement éclate un reste de vérité, provenant de la connaissance antique et préalable de Dieu. L'homme, tel qu'il sortit du Paradis, quelle que fût la chute de ses facultés, était toujours un homme élevé par Dieu, et par conséquent il portait en lui le germe et l'instinct de la civilisation. Le premier homme fut comme le premier anneau d'une éducation traditionnelle; celle-ci rattacha plus ou moins toutes les races postérieures à l'homme primitif, n'abandonna jamais la culture intellectuelle à son propre mouvement, et, par conséquent, à la prédominance exclusive de la sensualité, mais elle réveilla la vie spirituelle dans l'homme en la prévenant et en la provoquant, elle lui communiqua une certaine indépendance, et empêcha les facultés destinées à la contemplation de s'éteindre dans les excès d'une sensualité effrénée.

Ce fut aussi par la voie de la tradition que se transmit, dans l'humanité, le souvenir, quoique obscur et corrompu, de la vérité religieuse primordiale. Sans doute cette tradition ne s'est conservée pure nulle part; elle s'est mêlée partout à des idées fausses, et néanmoins elle est restée le germe de la vérité au mi

point de départ d'une doctrine plus haute. Mais, même là où l'imagination, affranchie de l'antique tradition, créa sa mythologie, ses créations ne furent pas un jeu purement arbitraire; cette mythologie fut, d'une part, modifiée par les conditions de climat, de nationalité, et soumise, d'autre part, aux conditions de la nature humaine. Or la nature humaine n'est pas devenue entièrement mauvaise par le péché, et, comme elle est demeurée accessible au bien et au divin, le bon et le divin sont demeurés en germe en elle; elle sent ce qui lu manque, et la conscience d'une privation est toujours la conscience plus ou moins claire de l'objet dont on est privé. Si donc l'imagination créatrice ne peut, en général, exprimer que ce qui est préalablement caché dans la nature humaine, l'imagination, en créant la mythologie, ne peut se séparer de cette nature universelle; il faut que, malgré elle et à son insu, elle exprime les pressentiments religieux de l'humanité, et qu'ainsi elle préfigure la Révélation. Ce sont surtout les Pères de l'école d'Alexandrie qui ont reconnu ces reflets de la vérité révélée dans le paganisme, et ils les ont attribués à l'action universelle du Verbe dans l'humanité païenne, puisque, suivant la parole de S. Jean, « le Verbe est la lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde. »>

De la manière dont naît le paganisme il résulte qu'il doit apparaître sous des formes très-multiples. Ce sont surtout les différentes nationalités, et, par conséquent, les éléments modifiant ces nationalités, tels que le climat, la position géographique, l'histoire, etc., qui ont déterminé les formes du paganisme. Toutes les religions païennes se divisent en deux classes: elles divinisent ou la nature ou l'homme, et dans les deux cas elles se développent à des degrés divers. Au plus bas degré la religion

naturelle est le simple sentiment d'une puissance aveugle dont l'homme dépend et qui réside indistinctement dans tel ou tel objet de la nature extérieure (fétichisme). A un degré plus élevé ce sont les grands phénomènes et les grandes forces de la nature qui sont divinisés, comme le soleil, la lune, la vie en général; et, ici, en personnifiant ces forces, on se rapproche déjà de la religion historique ou humaine. Enfin toute la nature est substituée, comme unité, à l'idée de Dieu, et, à ce degré, qui ne peut être que le résultat de la spéculation, le polythéisme devient panthéisme | formel, comme dans les systèmes religieux des Chinois, des Indiens et des Persans.

La religion de l'histoire ou l'apothéose de l'homme apparaît quand l'homme acquiert la conscience de sa libre personnalité, en tant que puissance placée en face et au-dessus de la nature. Si, dans ce cas, il divinise la nature, il se la représente comme une personne, et son dieu est la personnification même des forces de la na

ture.

A un degré plus haut encore il divinise l'homme, l'homme devient Dieu de là le culte des héros; et, enfin, l'esprit se développant de plus en plus, la réflexion s'empare de ce système et en développe de nouvelles idées qui constituent un système de religion spéculative. Mais on ne peut suivre chez aucun peuple ce développement à travers tous ses degrés. Lorsque naît l'his toire des peuples proprement dite, ceuxci nous apparaissent déjà à tel ou tel degré de la réalité historique, et nous n'assistons nulle part au progrès successif et réel du système.

Nous trouvons naturellement le plus bas degré de l'idolâtrie chez les peuples qui se sont le plus isolés de la marche progressive et universelle de l'humanité et qui vivent à l'état sauvage. Ainsi la

ENCYCL. THEOL. CATHOL. T. XVII.

religion des insulaires de l'Australie, des habitants de l'Afrique centrale, des Américains primitifs, des Finnois, des Lapons, est le pur fétichisme.

Les religions des anciens peuples qui se groupent, dans l'Asie occidentale, autour du foyer central de l'histoire de la civilisation, sont sans comparaison plus élevées.

Les peuples sémitiques, les Babyloniens, les Assyriens, les Syriens et les Phéniciens, ont une religion commune, quelle que soit la diversité des noms de leurs dieux et de leurs attributs. Le vieux monothéisme, qui ne se conserva purement que chez les Hébreux, se fit sentir, il est vrai d'une manière bien obscure, dans ces religions, dans l'idée d'un Dieu suprême, de Baal (le Seigneur). Le feu, la lumière, la chaleur, le soleil, principes de fécondité, sont compris comme l'essence de la nature et divinisés dans Baal (1). C'est pourquoi il paraît d'abord, dans Babylone, sous le nom de Bel, comme dieu du Soleil. Le Moloch (roi) (2), qui, chez les Ammonites, s'appelle aussi Milkolm, chez les Phéniciens Melkart (roi de la ville; Mélékertes, l'Hercule Syrien), ne diffère pas essentiellement de Baal. On lui offre des sacrifices humains. Baal apparaît aussi comme Thamnus (Adonis), qu'on honore tout ensemble par un jour de deuil et un jour de fête, durant lesquels on pleure d'abord sa mort et l'on se réjouit ensuite de sa résurrection. Mais, comme on adorait dans Baal la force génératrice de la nature, on était bien près de se représenter cette force naturelle elle-même concevant et enfantant, et, par conséquent, de reconnaître la distinction des sexes même dans la divinité.

Ainsi Baal fut représenté comme femme (ń Bázλ, Baάλτı), plus habituelle

(1) Voy. BAAL. (2) Voy. MOLOCH.

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