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sant aux patriarches, aux archevêques, évêques et abbés mitrés, leur dit : frères, fratres; tous les autres fidèles, laïques et ecclésiastiques, il les nomme fils, filii. Il donne aussi, dans un sens strict, le titre de fils aux cardinaux, pour désigner le rapport tout intime qui existe entre eux et lui (1).

principe de droit: Pater est quem justæ nuptiæ demonstrant (1), tant que le contraire n'est pas rigoureusement démontré, c'est-à-dire tant qu'il n'est pas complétement établi que, durant le temps auquel la loi fait remonter la conception de l'enfant, l'époux n'a pas pu cohabiter maritalement avec sa femme. Ce temps, suivant le droit romain, dure depuis le septième mois après la conclusion du mariage (2), plus exactement depuis le 182o jour (3), jusqu'au dixième mois révolu après le divorce (4).

Si ces délais tombent pendant la durée du mariage, il faut que le mari fasse la preuve de l'illégitimité de l'enfant, probatio de partu supposito,

tère et affirmerait que l'enfant est d'un autre père (5).

3o Mais, à partir du moment où le monachisme fut positivement organisé, ce fut aux religieux qu'on donna plus spécialement le nom de père et de frère, pour distinguer les moines prêtres de ceux qui n'étaient pas engagés dans les ordres sacrés. Il y eut pendant longtemps des confréries de moines qui étaient tous laïques, et qui n'avaient au milieu d'eux qu'un prêtre chargé d'offrir le saint Sacrifice et d'adminis-même quand la femme avouerait l'adultrer les sacrements, ou qui recevaient les soins sacramentels d'un prêtre appartenant à une église voisine. Dans ces congrégations le fondateur ou le supérieur seul était honoré du titre de père. Mais, lorsque les couvents se peuplèrent d'ecclésiastiques, et que peu à peu il se forma des congrégations et des ordres entiers de prêtres, n'admettant que le nombre de laïques strictement nécessaires pour les besoins matériels de la communauté, on nomma les premiers pères et les autres frères, et frères lais, parce que ceux-ci n'étaient pas ordonnés, quoiqu'en général ces frères fissent aussi profession, sans toutefois se lier toujours par les grands vœux. Voyez l'article CONVERS quant aux différences entre les frères lais et les convers, et entre ceux-ci et les oblats.

PERMANÉDEr.

PATERNITÉ. Ce mot désigne le rapport qu'établit entre le père et ses enfants la génération charnelle. On tient pour le père des enfants nés en légitime mariage l'époux de la mère, d'après le

(1) Voy. CARDINAL.

La reconnaissance expresse de l'enfant lui sert de preuve complète contre la dénégation que le père pourrait faire plus tard (6) et oblige le tiers qui attaque la légitimité de l'enfant à prouver ce qu'il avance (7).

Les enfants nés hors mariage n'ont, en droit, pas de père, sunt sine patre liberi, et prennent le nom et la condition de la mère.

Dans l'esprit du droit romain, qui refuse à la mère d'un enfant né hors mariage l'actio de partu agnoscendo contre le père, le Code civil français (8) ne donne pas d'action à la mère contre celui qu'elle prétend être le père. Ce n'est qu'en cas de rapt que le ravisseur

(1) Fr. 5, Dig., De in jus voc., II, 4. (2) Fr. 12, Dig., de Stat. hom., 1, 5. (3) Fr. 3, § 12, Dig., De suis et leg. hered., XXXVIII, 16.

(4) Fr. 3, § 11, Dig., eod., XXXVIII, 16. (5) Fr. 11, Dig., De leg. Jul. de Adult., XLVIII, 5; fr. 29, § 1, Dig., de Probatione, XXII, 3.

(6) C. 10, X, de Probat., II, 19.

(7) Dig., c. 3, X, Qui fil. sint leg., IV, 17. (8) Art. 340.

peut, à la demande des intéressés, être | reconnu comme le père de l'enfant, si le temps durant lequel la femme enlevée a été au pouvoir du ravisseur concourt avec celui de la conception de l'enfant.

Les lois allemandes sont plus douces et plus favorables à la mère et à l'enfant; elles accordent toujours à la femme le droit d'accuser le père, et de demander une indemnité pour elle et l'alimentation de l'enfant jusqu'à un âge déterminé.

En Autriche, celui qui est démontré, conformément à certaines dispositions prescrites par la loi, avoir cohabité, avec la mère de l'enfant en question, 7 mois au moins et 10 mois au plus avant sa délivrance, ou qui a fait cet aveu, même extralégal, est légalement présumé être le père de l'enfant (1).

Dans la plupart des autres États de la Confédération germanique la paternité n'est légalement établie qu'autant que le prétendu père s'est authentiquement reconnu tel devant le curé ou devant les autorités civiles compétentes, ou qu'il a été déclaré tel par un acte légal. Certaines législations ont, accordé à l'enfant le droit d'enfant légitime par mariage subséquent, dans le cas où la conception a eu lieu durant le temps des fiançailles ou par suite de la promesse d'un mariage subséquent.

Cf. Droit civil de Prusse, P. 2, tit. 1, $1035; Ordonnance sur le mariage de Saxe-Altenbourg, du 12 mai 1837, § 62; et l'article LÉGITIMATION PAR MARIAGE SUBSEQUENT.

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s'élèvent en terrasse. Schubert compare la forme de cette île à celle d'un aigle qui couvre ses aiglons en étendant à demi ses ailes. On estime le nombre de ses habitants à 4 ou 5,000. Ils sont établis les uns dans le port de Lascala, d'autres dans la ville proprement dite, sur la hauteur, qui est couronnée par le couvent fortifié de S. Christodulos. L'île est nominalement au pouvoir des Turcs; mais elle n'est habitée que par des Chrétiens, qui jouissent de divers priviléges, entre autres de celui de sonner les cloches.

Schubert dit qu'ils sont pieux et fort à leur aise. Toute l'île est remplie des souvenirs du séjour de l'apôtre S. Jean. Strabon (1) et Pline (2) disent expressément que Pathmos servait de lieu d'exil aux Romains.

Cf. les articles APOCALYPSE, ÉVANGILES, JEAN (épîtres de S.).

PATRIARCHE. On entend par ce mot le premier degré de la hiérarchie qui, au point de vue de la juridiction, est née historiquement de l'ordre de l'épiscopat (3). Le patriarcat est la plus haute puissance métropolitaine. De même que celle-ci est en général une émanation de la primauté papale, dont les droits se sont communiqués à certains évêques, de même l'autorité patriarcale se rattache immédiatement à la personne du prince des Apôtres.

Le patriarcat devint en effet le partage des trois grandes métropoles, Rome, Antioche, où Pierre établit d'abord son siége, et Alexandrie, siége fondé par son disciple Marc (4). Le sixième canon du concile de Nicée reconnut déjà le droit patriarcal comme très-ancien (5). A ces trois patriarcats, par lesquels Rome s'étendait sur l'Occident, Alexan

(1) 10, 767. (2) 5, 12.

(3) Voy. HIERArchie.

(4) Cf. Greg. M., Ep. VII, 40.

(5) Phillips, Droit ecclés., II, 34.

drie sur l'Afrique et Antioche sur l'O- | tropolitains de leur patriarcat, leur transmettaient le pallium (1), présidaient les conciles de leur ressort, et formaient un tribunal élevé au-dessus de celui du métropolitain (2). Des débris des patriarcats d'Orient se formèrent les divers patriarcats schismatiques des Nestoriens et des Eutychiens (3); en Occident certains métropolitains reçurent le titre honorifique de patriarche. En tête des premiers se trouve le patriarche de Chaldée, qui eut son siége à Bagdad, et dont le titre devint héréditaire dans une même famille. Un schisme, né au seizième siècle parmi les Nestoriens (4), jamena le retour d'un des deux partis et de son patriarche, nommé Catholicus, à Rome, qui reconnut sa dignité patriarcale.

rient, s'ajoutèrent, avec le cours du temps, celui de Constantinople et celui de Jérusalem. Dès le commencement du quatrième siècle l'évêque de Constantinople, résidence impériale, ambitionna le privilége d'un métropolitain, qui, grâce à la subordination des trois exarques (1) d'Éphèse, d'Héraclée et de Césarée, devait s'étendre sur l'Asie Mineure, le Pont, le Thrace et l'Illyrie. Cette juridiction, abstraction faite d'une petite partie de l'Illyrie, fut en effet admise par Grégoire le Grand, qui en même temps reconnut que l'archevêque de Constantinople occupait le second rang dans la hiérarchie de l'Église comme patriarche. A la même époque le patriarcat de Jérusalem étendit son autorité sur les trois provinces de Palestine. Mais au septième siècle l'Église perdit les patriarcats d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem, tombés au pouvoir des Arabes; au onzième siècle Constantinople se sépara de l'Eglise par le schisme grec (2).

Lorsque les empereurs latins montèrent sur le trône de Byzance (3) les patriarches furent rétablis, sans recouvrer toutefois toute l'étendue de leur antique ressort. Mais ce rétablissement ne fut que de courte durée, et, quoique le concile de Florence (4) réveillât de nouvelles espérances à cet égard, les choses retombèrent dans leur ancienne situation. Le Pape continua toujours à nommer les chefs des patriarcats perdus, mais ils résidèrent à Rome, auprès de leur église patriarcale; celui de Jérusalem cependant réside de nouveau dans sa ville patriarcale (5).

Quant à leurs droits, ces cinq antiques patriarches consacraient les mé

(1) Voy. EXARQUES.

(2) Voy. ÉGLISE grecque.
(3) Voy. EMPIRE GREC.

(4) Voy. FLORENCE (concile de).
(5) Voy. JERUSALEM (patriarcat de).

ENCYCL. THÉOL. CATH.-T. XVII.

A côté de ce patriarcat nestorien s'était formé un patriarcat pour les Eutychiens, nommés Jacobites, d'après le moine syrien Jacob Baradæus (5), qui eut d'abord son siége à Antioche, puis à Amida. Les Arméniens eutychiens, que l'hérésie divisa de plus en plus, ont aussi un patriarcat spécial, à côté duquel se sont élevés, à la suite de divers schismes successifs, jusqu'à cinq autres patriarcats (6).

En revanche l'évêque des Arméniens orthodoxes, qui a son siége à Alep, fut reconnu comme patriarche par Benoît XIII, de même que l'évêque des Maronites orthodoxes (7), auquel, dans les temps les plus récents, a été donné le titre de patriarche d'Antioche. Les Grecs orthodoxes de ces contrées, les Melchites, se sont également élu un patriarche d'Antioche, et les Coptes d'Égypte, les Jacobites, un patriarche

(1) Voy. PALLIUM.

(2) Voy. MÉTROPOLITAIN (pouvoir).
(3) Voy. NESTORIENS, EUTYCHIENS.
(4) Voy. NESTORIENS.

(5) Voy. JACOBITES.

(6) Voy. ARMÉNIE.
(7) Voy. MARONITES.

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d'Alexandrie (1), qui, à son tour, nomme schismatiquement un patriarche d'Abyssinie (2).

L'Église russe s'est séparée en 1447 du patriarche de Constantinople (3). Pierre le Grand (4) s'attribua les droits de patriarche, de même qu'en 1833 les droits patriarcaux de la Grèce furent dévolus au roi (5).

Les patriarcats d'Occident, sauf celui de Rome, sont habituellement appelés patriarchæ minores. Ce fut d'abord l'évêque d'Aquilée qui porta le titre de patriarche, qu'il s'attribua à l'occasion de la controverse des Trois Chapitres, dont il prit la défense (6); l'Église lui opposa comme patriarche orthodoxe l'évêque de Grado (7). Le patriarcat d'Aquilée, qui s'étendait sur le Frioul, fut aboli par Benoît XIV, et celui de Grado fut, en 1451, transféré à Venise. Outre cela l'évêque de Bourges porta, pendant un certain temps, le titre de patriarche, ainsi que le grandaumônier du roi d'Espagne, patriarche des Indes occidentales, et enfin l'archevêque de Lisbonne.

PHILLIPS.

PATRIARCHES (LES ANCIENS). En mangeant du fruit défendu l'homme avait rompu son alliance originelle avec Dieu et avait contracté avec la nature une alliance illégitime. Dieu s'était dès lors éloigné de l'homme. Les meilleurs d'entre les descendants d'Adam cher-' chèrent à se rapprocher de Dieu par des sacrifices et par d'autres signes d'adoration, et Dieu lui-même se rapprocha d'eux par sa révélation; mais les plus mauvais parmi la postérité d'Adam, persévérant dans l'éloignement

(1) Voy. Cortes.

(2) Voy. ABYSSINIE. (3) Voy. RUSSES.

(4) Voy. PIERRE LE GRAND.

(5) Voy. ÉGLISE NÉO-GRECQUE.

de Dieu, s'attachèrent de plus en plus à la nature, dont ils firent les plus criminels abus, en dépravant leurs plus nobles facultés.

La saine direction du genre humain est représentée par les enfants de Seth, la mauvaise par les enfants de Caïn. Divisés moralement, ils se séparèrent aussi géographiquement dès l'origine, Caïn s'étant enfui dans le pays de Nod, T, c'est-à-dire le pays de l'exil, situé à l'est de l'Eden, d'après les données de l'Écriture.

L'Écriture mentionne huit générations des enfants de Seth, qui constituent les patriarches du monde primitif. En y comprenant Adam et Seth ils sont par conséquent au nombre de dix.

Le document sacré n'énumère que sept générations des enfants de Caïn. Voilà la série parallèle des deux géné rations.

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Nous ne savons pas jusqu'où ces deux races se prolongent parallèlement, parce que l'âge des descendants de Caïn n'est pas indiqué. Hénoch correspond au Lamech caïnite dans la série, et tous deux paraissent en ef

(6) Voy. CHAPITRES (Controverse des Trois). fet avoir terminé une période de l'his

(7) Voy. AQUILÉE.

toire du monde primitif. L'Écriture, en

rapportant, d'une part, que Lamech « Seth vécut cent cinq ans et il engen

prit deux femmes, en citant textuellement les paroles que Lamech adresse à ces femmes au moment où il leur annonce qu'il a commis un meurtre, en racontant, d'un autre côté, « qu'Hénoch marchait avec Dieu, et qu'après avoir vécu sur la terre 365 ans il ne parut plus, parce que Dieu l'enleva,» semble marquer par ce double récit un point culminant de l'opposition du bien et du mal, et une lutte dans laquelle les bons succombèrent.

dra Énos... Jared vécut cent soixantedeux ans et il engendra Hénoch. >> La naissance la plus prématurée eut lieu lorsque le père avait soixantecinq ans, la plus tardive lorsque le père eut atteint cent quatre-vingt-sept ans. Ce grand âge précédant la naissance du premier-né indique bien la nature jeune, vigoureuse et fraîche du genre humain. Plus, dit Schubert, le développement d'une créature est dans sa pureté primitive, plus ses penchants sexuels sont tardifs, tout comme ils sont prématurés, prédominants et excessifs dans une nature imparfaite et peu développée. Le bambou, qui se rapproche de la nature des plantes les plus an

Le mal avait emporté la balance, et la masse des méchants avait attiré à elle et dans ses voies les enfants de Seth; la séparation qui avait existé entre les deux races cessa. « Les enfants de Dieu, voyant que les filles des hom-ciennes de ce globe, est, pendant la pémes étaient belles, prirent pour leurs femmes celles d'entre elles qui leur avaient plu (1). »

Hénoch fut enlevé pour ne pas voir la corruption qui était parvenue à son comble, et dont la contagion était telle que Lamech, son petit-fils, ne vit de remède aux maux de la terre que dans une intervention directe et extraordinaire de Dieu, intervention qu'il annonça prophétiquement en nommant son premier né Noë, , repos.

La mission des patriarches, à dater d'Enos, fut d'annoncer la parole de Dieu (2) à leurs contemporains et à la postérité; ils furent les dépositaires de la tradition divine, les hérauts et les prédicateurs de la foi.

Hénoch eut un caractère spécial parmi les patriarches (3), et sa mission devint l'objet de légendes nombreuses (4). Ce n'est pas sans motif qu'en général l'Écriture, en mentionnant la naissance d'un premier-né, indique les années du père, disant, par exemple:

(1) Gen., 6, 2.

(2) Ibid., 4, 26. Cf. Noé.

(3) Voy. HÉNOCH.

(4) Voir Herbelot, s. v. Edris.

riode la plus saine et la plus vigoureuse de sa vie, absolument stérile, ne portant ni fleur ni fruit. Ce n'est que lorsqu'il est près de se flétrir que l'appareil sexuel se développe, que la floraison éclate, et l'arbuste meurt après avoir porté des fleurs. Il en est de même des palmiers et de la plupart des arbustes liliacés. Ce fait est encore plus visible dans le règne animal. Parmi les animaux actuellement vivants, l'éléphant est évidemment celui qui se rapproche le plus du monde primitif. Il est précisément le plus chaste des animaux connus, tandis que dans les espèces animales les plus imparfaites l'instinct sexuel devient si puissant qu'il déborde en une sauvage fureur et engendre des guerres sanglantes.

Plus l'appétit sexuel était retardé dans le monde primitif, plus sa dépravation devint terrible, car le genre humain, dans sa jeunesse, avait une vigueur presque inépuisable, et on comprend qu'en s'alliant à des natures démoniaques la fureur sexuelle put attirer sur le genre humain la terrible sentence du déluge universel.

Nous pouvons d'ailleurs admettre

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