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aussi chez les patriarches une vigilance toute spéciale sur cette force instinctive de la nature. Cette donnée est, dans tous les cas, en rapport intime avec l'âge extraordinaire qu'atteignirent les patriarches.

parlent si unanimement de la vie presque millénaire des hommes de l'âge primitif que cette croyance doit nécessairement être fondée sur une tradition authentique. Les anciens s'occupèrent déjà de résoudre cette question. Var

Nous avons dit ce qu'il y a de plus im-ro argumentari nixus est cur puportant, dans l'article AGE (grand), des hommes du monde primitif. Nous n'ajouterons que les réflexions suivantes :

1. Les données bibliques portent réellement sur des années solaires, comme le prouve le récit du déluge, qui a le caractère d'un journal régulièrement tenu et ne nous laisse aucun doute sur le calcul de l'année. La connaissance de l'année solaire remonte jusqu'au commencement de l'histoire.

Il est de fait que dans la plus haute antiquité l'année sidérale avait trois cent soixante-cinq jours, six heures, douze minutes, trente-six secondes, ce qui ne diffère que de deux minutes de notre calcul.

2. La question d'un âge si avancé n'est pas du ressort de la physiologie moderne, puisque nous ne connaissons ni la force vitale de l'homme, ni la constitution physique de la terre dans la période du monde primitif. Dieu voulut rendre impossible à l'homme le renouvellement d'un abus aussi terrible de la nature et de son propre corps en transformant complétement toutes les relations physiques.

Notre vie actuelle, si courte, est une chose tout aussi anormale que cette longue vie des patriarches. La lenteur de notre développement spirituel est dans une disproportion frappante avec la brièveté de notre vie, si bien qu'il semble que nous sommes arrivés à cet égard aux dernières limites; car, quand ils parviennent à la maturité de la vie intellectuelle (et ce n'est guère avant trente ans), une foule d'hommes sont déjà au déclin de leur vie physique.

3. Tous les peuples de l'antiquité

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tarentur antiqui mille annos victitasse, dit Lactance (1).

Cf. Haneberg, Histoire de la Révélation, trad. par I. Goschler, t. II, p. 34, Vaton, 1856 et les art. Noé, HÉBREUX. SCHEGG.

PATRICE (S.), apôtre de l'Irlande. Voyez IRLANde.

PATRICIENS. Les descendants des Pères conscrits ou des sénateurs élus sous les rois, dans Rome, demeurèrent les patrons des plébéiens. Au temps des empereurs, au quatrième et au cinquième siècle, le patriciat prit une autre forme il devint une dignité que l'empereur accordait à des hommes de mérite, étrangers et indigènes. Constantin le Grand, dit-on, introduisit le premier cet usage, et l'empereur Zénon honora du patriciat le roi des Goths, Théodoric et Odoacre. Les patriciens avaient le pas sur le préfet du prétoire et les évêques; ils marchaient de pair avec le patriarche, qui venait immédiatement après l'empereur.

Au douzième siècle la bourgeoisie romaine donna le nom de patriciens aux autorités qu'elle choisit elle-même. Eugène III, en 1145, fit la guerre aux Romains, chassa les patriciens et les remplaça par un collége de sénateurs ayant le préfet de la ville à leur tête.

Le patriciat germanique fut une imitation du patriciat romain.

On nommait patriciens, homines nobiles, gentilshommes, les nobles ayant droit de bourgeoisie dans les villes et revêtus en même temps des dignités municipales.

(1) De Orig. error., II, 1, c. 12.

L'orgueil de ce patriciat noble sus- | systématique des matières tirées des

cita souvent de l'agitation et des désordres dans les vieilles villes de l'empire, à Augsbourg, Strasbourg, Wissembourg, etc., etc., et ces troubles eurent le plus souvent pour conséquence que les patriciens furent obligés de céder aux communes un certain nombre de places de sénateurs ou de conseillers, et d'autres fonctions administratives ou honorifiques restées jusqu'alors uniquement entre leurs mains.

Le patriciat perdit de sa considération et tomba lorsque les patriciens se mirent à contracter des mariages avec les bourgeois des communes.

Les patriciens, en tant que nobles, jouissaient de divers priviléges; leur sceau avait une valeur authentique, ils étaient feudataires comme les nobles terriens de l'empire et d'autres seigneurs, servaient à côté des nobles à cheval en qualité de milites castrenses, ils pouvaient, par des preuves de bravoure, acquérir la dignité de chevalier, assister aux tournois, fonder des établissements publics, devenir chanoines et dignitaires des chapitres nobles, entrer dans les ordres de chevalerie religieuse, remplir des fonctions nobles militaires et civiles, porter en qualité de nobles la chaîne d'or autour du cou; ils avaient droit au titre d'honorable, d'honnête, de discrète personne (honestus, discretus), et suspendaient comme les nobles l'écu de leurs défunts aux murailles des églises.

PATRIMOINE DE SAINT-PIERRE. Voyez ÉGLISE (États de l').

PATRIPASSIENS. Voyez ANTITRINI

TAIRES.

PATRISTIQUE. Voyez PATROLOGIE. PATROLOGIE. On la confond parfois avec la patristique, d'autres fois on l'en distingue.

Quand on l'en distingue, comme on le fait habituellement de nos jours, on entend par Patristique l'exposition

SS. Pères, ayant rapport à la foi, à la morale et à la discipline ecclésiastiques, et par Patrologie la branche de la science théologique qui traite de tout ce qui a rapport à l'usage légitime qu'on peut faire des SS. Pères.

Elle se divise naturellement en deux parties, l'une générale, l'autre particulière; l'une comprenant ce qui se rapporte également à tous les Pères, l'autre ce qui ne regarde que certains Pères en particulier.

La partie générale, que quelques-uns préfèrent désigner sous le nom d'Introduction à la Patrologie, embrasse les objets suivants :

1o Elle définit ce qu'il faut entendre par un saint Père; elle indique les signes et les notes auxquels on reconnaît un Père de l'Église et le distingue des autres écrivains chrétiens ou ecclésiastiques, pour qu'on ne confonde pas un Tertullien, un Origène, etc., etc., avec un S. Athanase, un S. Basile.

L'Église a toujours très-nettement distingué les Pères de tous les autres écrivains; la patrologie doit en faire autant si elle veut être une doctrine vraiment ecclésiastique.

20 Elle démontre l'autorité des Pères reconnus comme tels; elle expose sur quels principes catholiques cette autorité est fondée, quelles sont ses limites, quel est son degré, suivant qu'on envisage un Père isolé ou l'ensemble des Pères, consensus Patrum. Elle se préoccupe principalement de sauvegarder le point de vue catholique d'après lequel on apprécie les Pères de l'Église comme tels (1), et non comme de simples témoins de ce que l'Église a enseigné dans tel ou tel temps, dans tel ou tel pays, ce qui est le point de vue protestant de la Formule de Concorde (2).

(1) Voy. ÉGLISE (Pères de l').

(2) Formula Concordia, pars I, Epitome,

Cette appréciation véritable des Pères ne peut se puiser avec sûreté que dans les conciles œcuméniques et dans les décisions de foi des Papes. L'autorité des Pères s'étend principalement sur la doctrine traditionnelle de la foi et des mœurs, et sur le sens des saintes Écritures qui s'y rapportent.

Le consentement unanime des Pères est à considérer comme la doctrine même de l'Église, et par conséquent comme la vérité infaillible. La patrologie envisage donc de près le rapport des SS. Pères avec l'Église et l'Écriture sainte.

œuvres

3o Cette autorité ainsi établie n'appartient qu'aux œuvres qui dérivent certainement d'un Père, et non par conséquent aux œuvres d'une origine douteuse, encore moins aux apocryphes. Pour déterminer d'une manière certaine cette authenticité, elle établit et motive les principes de la critique, à laquelle la littérature patristique ouvre un champ si vaste.

4o Quand elle a ainsi donné les moyens de distinguer nettement ce qui est authentique de ce qui ne l'est pas, elle établit quels sont les meilleurs moyens d'arriver à l'intelligence des œuvres authentiques des Pères, d'en surmonter les difficultés, d'en éclaircir les obscurités. Les difficultés résident soit dans la matière même, soit dans la forme, soit dans des circons

tances extérieures.

La difficulté réside dans la matière elle-même quand les questions traitées par les SS. Pères, telles que la Trinité, l'Incarnation, le péché originel, la prédestination, les rapports de la grâce et de la liberté, appartiennent aux sujets les plus sublimes que l'esprit humain puisse concevoir et méditer. La forme présente des difficultés,

soit parce que les œuvres des Pères sont écrites dans des langues qui nous sont étrangères, soit parce qu'ils s'appuient souvent sur l'ancienne philosophie, soit parce que l'Écriture sainte y est souvent citée littéralement ou d'après son sens dans la version grecque des Septante, ou dans la version latine antérieure à S. Jérôme (vetus Itala), qui nous sont moins familières.

Enfin l'ignorance de certaines cir constances extérieures nous rend l'intelligence des œuvres des Pères plus difficile ou presque impossible. Telles sont les circonstances générales du temps, les faits particuliers de la vie, la connaissance des erreurs et des personnes dont il s'agit, dans des ouvrages de polémique, l'occasion, le temps, l'ordre dans lesquels ils ont été écrits, ce qui est surtout le cas pour les nombreuses lettres des Pères.

Pour venir à bout de toutes ces difficultés la patrologie appelle à son aide la connaissance approfondie de la théologie et des langues (latine, grecque, syriaque), celle des diverses traductions des œuvres des Pères, de leurs avantages et de leurs défauts; l'exacte et familière connaissance de l'Écriture sainte, de la philosophie, de la mythologie (pour comprendre les apologistes), de l'histoire profane, de l'histoire de l'Église en général, de la biographie de chaque Père, au point de vue de leurs écrits; enfin celle des meilleures éditions des Pères, qui suppléent, en quelque sorte, à tous les autres moyens auxiliaires, et par conséquent celle des principales collections des œuvres patrologiques, surtout des Bibliothèques des Pères.

5° Quand elle a ainsi indiqué la voie qui mène à la vraie intelligence des Pères, à la solution des difficultés que

n. 2. Libri symbol. Eccles. Evang., éd. Hase, présente leur lecture, la patrologie convol. II, Lipsiæ, 1827, p. 570-571. clut en indiquant le meilleur usage

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qu'on en peut faire. Cet usage est offi- pour l'Église catholique, la nécessité ciel lorsque c'est toute l'Église ou son d'aviser à une exacte interprétation de chef, le Pape, qui s'appuie sur les SS. l'Écriture, et c'est ainsi que se forma, Pères dans ses déclarations dogmati- vers la fin du quatrième siècle, un nouques; il est privé lorsque c'est un sim- veau groupe de Pères de l'Église qui ple particulier qui les cite. La patro- s'occupa spécialement et avec un grand logie nous fait comprendre comment un succès de l'interprétation catholique simple écrivain peut en faire le meil- de l'Écriture, tels que S. Ephrem, le leur usage pour la dogmatique et la représentant de l'Église syriaque ; morale (y compris la pastorale et l'as- S. Chrysostome, le représentant de cétique), pour l'interprétation des sain-l'Église grecque; S. Jérôme, le repré tes Écritures (ici intervient la chaîne des Pères, catena Patrum), et comment il faut choisir ceux qui sont le plus appropriés aux besoins du lecteur, car il n'est pas donné à chacun de lire toutes les œuvres des Pères. La patrologie terminera ces généralités en donnant des indications sur les meilleures méthodes à suivre.

La partie spéciale traite de chaque Père en particulier. Elle se divise en différents chapitres, la littérature ecclésiastique ayant son caractère particulier suivant chaque époque, et les Pères ayant eu à remplir des missions diverses déterminées par le temps où ils vivaient, par les circonstances au milieu desquelles ils écrivaient. Ainsi

:

1o Les Pères apostoliques et les apologètes du second siècle, qui avaient en même temps à combattre le gnosticisme, se distinguent des Pères du troisième siècle, dont la direction est surtout pratique. Les Pères de l'Église grecque et ceux de l'Occident du quatrième siècle forment un groupe particulier très-important, qui eut pour tâche de maintenir, de défendre et d'exposer avec intelligence et clarté la doctrine révélée et traditionnelle de la Trinité, contre les Ariens et les Macédoniens. Dans cette longue et vive lutte les Ariens en avaient souvent appelé à certains passages des saintes Écritures, qui formaient, avec leur dialectique subtile et aristotélicienne, les principaux appuis de leur hérésie. Il en résulta,

sentant de l'Église latine. Lorsqu'au quatrième et au cinquième siècle les Donatistes et les Pélagiens attaquèrent la vérité, il s'éleva pour la défendre, dans l'Église, un homme si extraordinaire qu'à lui seul, par la vigueur de sa pensée et de sa parole, il triompha de ces deux hérésies; d'autres écrivains se groupèrent autour de l'illustre évêque d'Hippone. Bientôt après S. Augustin l'Église eut à combattre, pour l'unité de la personne en Jésus-Christ, contre Nestorius. Les athlètes de cette lutte, qui eurent à leur tête S. Cyrille d'Alexandrie, formèrent le groupe de Pères qui succéda à celui de S. Augustin.

Enfin, il fallut défendre les deux natures en Jésus-Christ, contre Eutychès et son parti, et ce fut surtout le grand Pape Léon Ier qui soutint et gagna cette cause, quoique la lutte se prolongea après ce Pape, et que les Eutychiens ou les monophysites s'efforcèrent de faire prévaloir leur erreur jusqu'au Pape Grégoire Ier, et suscitèrent par là même de nombreux et habiles défenseurs du dogme catholique.

Mais, de même que les luttes soutenues depuis lors dans le sein de l'Église jusqu'au moyen âge ne furent que les derniers échos des anciennes hérésies, de même le petit nombre de Pères qui parurent dans les derniers temps n'eurent pour ainsi dire qu'à reprendre les arguments des anciens Pères et à les mettre à la portée des esprits déchus de leur époque.

20 Cette classification des Pères établie, la patrologie décrit, avec tous les détails qu'exige l'intelligence de leurs ouvrages, la vie de chaque Père, tirée, autant que possible, de ses écrits ou des récits de ses contemporains.

3o Elle énumère avec ordre et méthode leurs œuvres authentiques, indique l'époque de leur apparition, l'occasion qui les fit naître, le but des auteurs, le cercle de lecteurs auxquels ils s'adressaient; elle donne une esquisse rapide de leur contenu, elle parle subsidiairement des œuvres douteuses ou interpolées. Quand, de temps à autre, il se rencontre des difficultés particulières par rapport à l'authenticité d'un écrit ou au sens d'un passage, elle indique la solution et fait connaître les ouvrages qui traitent plus spécialement de ces difficultés. En général une patrologie, traitée scientifiquement, doit donner une liste complète de la bibliographie qui se rapporte à chaque Père, en tant qu'elle a une véritable importance, tout comme elle doit caractériser chaque Père, afin que le lecteur acquière l'idée la plus nette et la plus complète de l'auteur qu'on lui fait connaître. Sous ce rapport il est bon d'extraire des ouvrages de chacun des Pères des preuves de la catholicité de leur doctrine, sur les points les plus importants du dogme et de la morale. Enfin il faut, pour tous les Pères, citer les éditions de leurs œuvres, surtout celles de leurs œuvres complètes, outre les éditions les plus remarquables des œuvres isolées, s'il en existe.

L'histoire de la patrologie n'est pas longue; car, quoique les Pères de l'Église aient toujours été en grand honneur dans l'Église, et qu'en tout temps il ait paru des livres fort utiles pour l'étude de la patrologie générale ou spéciale, la patrologie n'apparaît, comme branche spéciale de la théologie, que depuis le siècle dernier.

Quant à la partie générale, on trouvait autrefois des notices assez utiles, surtout sur l'autorité et l'usage des Pères, de auctoritate et usu Patrum, dans les Loci theologici (1) ou dans la dogmatique générale. La meilleure préparation se trouvait dans l'ouvrage, originairement écrit en français, qui parut plus tard en latin, de Natalis Bonaventure d'Argonne, Chartreux de Gaillon, sous ce titre : de Optima Methodo legendorum Ecclesiæ Patrum, Paris, 1688, 1697; en français, Turin, 1742; Augsbourg, 1756, en latin.

Pour la partie spéciale on peut se servir, comme de travaux préparatoires, des ouvrages anciens et modernes sur l'histoire de la littérature chrétienne, dont les anciens, depuis S. Jérôme jusqu'à Bellarmin, Labbe et Aubert Miræus, portaient habituellement le titre suivant: de Viris illustribus ou de Scriptoribus ecclesiasticis, et ne renferment que quelques données générales sur la vie des écrivains, l'énumération de leurs ouvrages, accompagnée de temps à autre d'une ou de deux remarques, mais sans distinguer en aucune façon les Pères des autres écrivains ecclésiastiques.

Les travaux préparatoires les plus remarquables parmi les modernes, outre les excellentes préfaces et les avertissements des Bénédictins de SaintMaur, Præfationes, Monita, qui précèdent leurs magnifiques éditions des Pères, sont les deux grands ouvrages, si importants pour l'histoire littéraire, de Du Pin, Nouvelle Bibliothèque des Auteurs ecclésiastiques, Paris, 16931715, 19 vol. in-4o, et de D. Ceillier, Histoire générale des Auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1729-63, en 23 vol. in-4o, avec deux volumes de table.

Ces deux ouvrages vont jusqu'au dix

(1) Voy. LIEUX THÉOLOGIQUES.

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