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proprement dite des connaissances humaines, telle qu'elle se pratiqua plus tard dans les couvents de Saint-Benoît en Occident. Pour organiser le travail manuel, qui consistait à tresser des corbeilles, à tisser des nattes et des couvertures, et à exercer des métiers de toute espèce, qui leur procuraient les moyens de subsister, de faire l'aumône, et pour maintenir un ordre rigoureux dans le couvent, les moines n'étaient plus désignés par leur nom, mais par des numéros, et distribués en vingt-quatre classes, d'après les lettres de l'alphabet.

Chaque classe avait son supérieur et son genre de travail particulier. Le soir les moines remettaient leur travail au supérieur, qui, à la fin de la semaine, le confiait à l'économe, cixóvopos. Les économes de chaque couvent transmettaient les produits du travail des moines à l'administrateur général de toute la congregation, μέγας εἰκόνεμος, au couvent principal, et cet administrateur veillait à la vente de ces produits, à l'achat des matériaux et à la distribution des provisions. Les moines demeuraient à deux ou trois dans une même cellule et ne se réunissaient que pour la prière et le repas. Ce repas, naturellement frugal, se prenait dans le plus rigoureux silence, et les moines, pour ne pas se voir, se couvraient la tête de leur capuchon de grosse toile (cucullus). Leurs épaules étaient couvertes d'une peau de chèvre, nommée méloté. Le premier et le dernier jour de la semaine les moines recevaient généralement la sainte communion. Quand un frère mourait la communauté faisait des prières, l'on offrait le saint Sacrifice pour lui.

L'admission dans l'ordre, dont n'étaient pas exclues même les personnes d'une constitution faible, si elles'dénotaient d'ailleurs une vraie vocation, avait lieu, après une sévère épreuve

(noviciat), par la prise d'habit et le vœu d'observer la règle. Pachôme ne permit à aucun de ses moines d'être prêtre, afin d'éviter l'orgueil et l'envie, et luimême refusa, par humilité, le sacerdoce. Toutefois il admit des prêtres dans son couvent et les autorisa à remplir leurs fonctions sacrées. Outre les monastères qu'il avait fondés Pachôme bâtit, à la demande de Sérapion, évêque de Tenthyre, non loin de ce siége, une église pour de pauvres bergers, et il y remplit, pendant quelque temps, les fonctions de lecteur, à la grande édification des assistants.

Ces travaux, le don des miracles et des prophéties dont jouissait Pachôme répandirent son nom dans les contrées les plus éloignées, lui valurent l'estime, et, en 333, la visite du grand S. Athanase (1), dont Pachôme partageait le zèle contre l'arianisme et toute espèce d'hérésie.

Une accusation calomnieuse dont notre saint fut l'objet, en 348, et qui l'obligea à paraître devant un synode à Latapolis, mit dans un jour plus éclatant son innocence, son irrécusable sainteté. La même année la peste enleva une centaine de ses moines. Pachôme lui-même fut atteint par l'épidémie, et, après quarante jours d'une maladie douloureuse, il termina sa longue carrière de vertus et de travaux. L'œuvre qu'il avait créée prospéra merveilleusement. Son ordre comptait déjà, au milieu du cinquième siècle, 50,000 moines, et subsista en Orient jusqu'au onzième siècle.

Anselme, évêque de Havelberg, raconte que, en 1137, il avait vu encore, dans un couvent de Constantinople, cinq cents religieux suivant la règle de Pachôme. Nous avons une biographie du saint écrite peu après sa mort par un de ses moines.

(1) Voy. ATHANASE.

Cf. Hélyot, Hist. des Ordres monast. religieux et chevaleresques, t. I; Henrion-Fehr, Hist. univ. des Ordres religieux, t. I, p. 17; Néander, Hist. univ. de la Religion et de l'Église chrét., t. II, P. 1, p. 504.

Hitzfelder.

PACIEN (S.). On a peu de renseignements sur la vie de ce saint. Il descendait d'une noble famille espagnole. Il était marié. Son fils, Flavius - Lucius Dexter, à qui S. Jérôme dédia son Catalogue, était, du temps d'Honorius, préfet du prétoire (1). Pacien entra dans l'état ecclésiastique et devint évêque de Barcelone. Il mourut sous Théodose (v. 370), dans un âge très-avancé, universellement estimé pour sa vertu et son éloquence. Il composa, au dire de S. Jérôme, plusieurs ouvrages. On n'en a conservé que trois lettres, une homélie sur la Pénitence, parænesis ad Pænitentiam, et un sermon sur le Baptême, sermo de Baptismo. Les trois lettres furent adressées en réponse à une lettre du Novatien Sempronien, qui ne connaissait point personnellement Pacieu, mais qui l'avait provoqué à expliquer la doctrine catholique. Pacien justifie d'abord le nom de Catholique; puis il décrit, en particulier, les sacrements de Baptême, de Confirmation et de Pénitence. La troisième lettre est assez longue; elle renferme trente-sept chapitres. Ces opuscules sont écrits avec beaucoup d'esprit, parfaitement rédigés, et Du Pin les nomme avec raison des chefs-d'œuvre dans leur genre. Un autre opuscule de S. Pacien, intitulé Cervus ou Cervulus, est cité au commencement de l'Homélie et dans le Catalogue de S. Jérôme; mais il ne nous est point parvenu. Il paraît avoir été dirigé contre certains plaisirs, certaines distractions, qui étaient ainsi nommés et qui étaient

(1) Hier., Vir. ill., 132. C. Ruf., 1, 24.

d'usage au commencement du siècle (1).

Les écrits de Pacien ont été, pour la première fois, publiés par Tilius, Paris, 1537. On les trouve dans la Bibl. max. PP., Lugd., t. IV; dans Galland, t. VII; dans Migne, t. XIII, p. 1051-1094; Tillemont, l. c.; Du Pin, Bibl., II, 101; Acta Sanctorum, 9 mars.

REUSCH. PACIFICA. Voyez CASUISTIQUE. PACTE CALIXTIN. Voyez CONCORDAT.

PADERBORN, un des évêchés que fonda Charlemagne pour propager et consolider le Christianisme parmi les Saxons. Dès 777 ce prince avait fait bâtir une église à Paderborn, qui était alors encore un endroit assez insignifiant. A la diète de Lippspringen, en 780, il érigea le diocèse de Paderborn, avec l'assentiment du Pape, et en confia provisoirement l'administration à l'évêque de Wurtzbourg. Herstelle, près du Wesser, devait être la résidence épiscopale.

En 795 Paderborn eut son premier évêque; ce fut S. Hathumar.

La ville s'étant rapidement accrue par les visites qu'y faisait Charlemagne et les nombreuses diètes qui s'y réunissaient, elle devint la résidence de l'évêque. Le diocèse appartenait à la circonscription métropolitaine de Mayence. On y unit l'évêché de Schider et une partie de celui de Burabourg (2). Hathumar commença la construction de la cathédrale. Le Pape Léon III vint, sous son épiscopat, à Paderborn pour réclamer le secours de Charlemagne. Il consacra un autel dans la cathédrale et fit la dédicace de plusieurs églises. Hathumar mourut en 815.

2. Il eut pour successeur S. Badu

(1) Voir Tillemont, Mém., 8, 539. (2) Voy. BURABOURG,

documents authentiques disparurent; mais l'empereur Othon III renouvela et ratifia les droits et les possessions de l'évéché, notamment le droit de libre élection. La femme de l'empereur Henri II, sainte Cunégonde, fut, en 1002, couronnée à Paderborn par l'archevêque de Mayence, Villigis. L'empereur et l'impératrice furent les bien

Réthar des députés de l'Église de Paderborn vinrent prier l'empereur de nommer l'évêque.

rad, né en Saxe comme son prédécesseur, mais élevé à Wurtzbourg, dont il était chanoine. Il acheva la construction de la cathédrale et de son couvent, vécut en communauté avec son clergé, et fonda l'école monastique, qui parvint, de son vivant, à une grande prospérité. Il distribua le diocèse en paroisses, construisit de nombreuses églises, et fit transporter de Mans à Paderborn, parfaiteurs du diocèse. Après la mort de l'entremise de son archidiacre, S. Meinolph, et du prêtre Ido, les reliques de S. Liborius (1), patron du diocèse. Ce fut sous son épiscopat que fut fondée la célèbre abbaye de Bénédictins de Corbie (2) et que se développèrent le couvent de femmes de Bödeken, créé par Meinolph en 837, converti, en 1409, en un couvent de chanoines réguliers, sécularisé en 1803 (3), et le couvent de Herford. S. Badurad mourut après un épiscopat de quarantequatre ans, en 859.

3. Son successeur, Luthard (859886), fonda l'abbaye de religieuses de Neuenheerse, et obtint de Charles le Gros, en faveur du clergé, le droit d'élire son successeur. Il mourut en odeur de sainteté.

4. Biso (886-908) fut, par conséquent, élu par le clergé. Il assista, en 888, au concile de Mayence, et, en 895, à une assemblée près de Tribur; exhuma les ossements de S. Badurad et de S. Meinolph, et fit rédiger, par le prêtre Ido, une biographie de S. Liborius.

On peut, dans la longue série des évêques de Paderborn, remarquer les suivants :

9. Réthar (983-1009). En l'an 1000 la cathédrale, le couvent annexe et une grande partie de la ville furent la proie d'un incendie; la plupart des

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10. L'empereur envoya Meinwerk, son cousin et son aumônier, qui régit l'Église de Paderborn de 1009 à 1036, et fut, à juste titre, nommé le second fondateur de l'évêché (1).

16. Bernard Ier, d'Oesede ou de Dissede (1127-1160), créa plusieurs couvents et mit dix ans à bâtir la cathédrale actuelle. En 1133 il accompagna l'empereur Lothaire à Rome, où le Pape l'honora du rational (manteau violet), qui, depuis lors, est le vêtement solennel des évêques de Paderborn.

18. Sous l'épiscopat de Sifrid (11781186) Paderborn entra en rapport plus direct avec Cologne, les archevêques de cette ville étant devenus, après la déposition de Henri le Lion, ducs de Westphalie. Plusieurs des évêques qui succédèrent à Sifrid eurent de vifs démêlés avec Cologne.

21. Olivier (1224), savant gentilhomme westphalien, chanoine de Paderborn et écolâtre de Cologne, prêcha, en 1210, une croisade contre les Albigeois, en 1215 et 1216 une croisade contre les Turcs. Il prit part lui-même à la croisade contre les Turcs, dirigea avec habileté et bonheur le siége de Damiette, et rédigea une histoire de ce siége et du royaume de Jérusalem, de 1095 à 1218 (2). Il présida un synode

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diocésain dans lequel il fit réunir les décrets synodaux antérieurs et les coutumes du pays, partit bientôt après pour Rome, fut créé cardinal-évêque de Sabine, et renonça, en 1225, à l'évêché de Paderborn. Il mourut probablement en 1227 (1).

22. Willebrand, comte d'Oldembourg, fit aussi une croisade dont il laissa un récit (2). Au bout de deux ans d'épiscopat il fut élu évêque d'Utrecht (1227) et renonça à son premier siége. Il s'opposa à l'abolition de la vie commune du clergé de la cathédrale, communauté qui, toutefois, cessa sous l'administration de son successeur,

23. Bernard IV, comte de la Lippe (1227-1247). A cette époque le chapitre comptait vingt-quatre chanoines qui se partageaient les biens, les prébendes et les archidiaconés du diocèse.

24. Simon I, comte de la Lippe (1247-1277), et ses successeurs immédiats eurent de longs démêlés avec les archevêques de Cologne et la ville de Paderborn.

30. Henri III, de Spiegel de Desenberge (1360-1380), abbé de Corbie et coadjuteur de son prédécesseur, Baudouin, fut le premier évêque de Paderborn nommé par le Pape (Innocent VI). Il fut, comme ses successeurs immédiats, plus homme de guerre et prince qu'évêque.

33. Jean, comte de Hoya, ayant échangé le diocèse de Paderborn contre celui de Hildesheim (1399), eut pour successeur, élu par le chapitre, Guillaume, duc de Berg. Le Pape Boniface IX, ne voulant pas reconnaître cette élection, donna le siége à un Italien.

34. C'était Bertrand, chanoine de Ravenne, qui vint à Paderborn et fut si mal reçu par les chevaliers et les bour

(1) Cf. Gaz. cath. de Munster, 1851, cah. 2. (2) Dans Léo Allatius, Symmicta, Colon., 1653.

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geois qu'au bout d'un mois il abandonna la ville. Il fut arrêté par les gens du duc Guillaume et renonça à l'évêché.

35. Guillaume, quoique âgé seulement de vingt ans, fut alors confirmé par le Pape. Il eut de nombreux démêlés, entre autres avec la ville même de Paderborn. Lorsqu'en 1414 Théodoric de Meury devint archevêque de Cologne, les habitants de Paderborn le demandèrent à titre d'administrateur; Guillaume, qui n'avait pas reçu les ordres sacrés, s'entendit avec lui, renonça à l'évêché et se maria.

36. Théodoric III (1415-63) conserva le titre d'administrateur de Paderborn; il chercha à réunir à perpétuité ses deux diocèses, mais il échoua devant la résistance du chapitre et des états de Paderborn. La guerre et d'inutiles prodigalités l'endettèrent. Il chargea la Westphalie d'impôts pour s'acquitter. Le mécontentement général suscita la guerre dite de Soest (la ville de Soest était le foyer de l'opposition), et cette guerre, qui dura jusqu'en 1449, entraîna d'affreux désastres. Ce fut sous son administration que moururent Gobelin Persona (1), écrivain connu, dans le couvent de Bödeken, et Dietrich de Niem (Nieheim, dans le diocèse de Paderborn) (2). Depuis lors il arriva fréquemment que Paderborn eut administrateur l'évêque d'un autre

pour diocèse.

38. Déjà le second successeur de Théodoric, Hermann Ier, landgrave de Hesse, était en même temps archevêque de Cologne.

39. Éric, duc de Brunswick (1508-32), prince énergique, s'opposa vigoureusement au protestantisme naissant, qui, dès l'origine, eut des partisans dans Paderborn.

40. Malheureusement il eut pour successeur le misérable Hermann II,

(1) Voy. PERSONA. (2) Voy. NIEM.

comte de Wied, archevêque de Colo- | maria pour ne pas laisser s'éteindre la famille d'Isenbourg.

gne (1). Le protestantisme trouva des adhérents dans Paderborn, Soest, Höxter, Waldeck et Lippe. Hermann le combattit d'abord, mais en 1545 il ordonna l'abolition de tous les usages catholiques dans toutes les églises du diocèse; le chapitre et les états résistèrent, et, deux ans après, Hermann fut déposé.

44. Son successeur, Henri IV, duc de Saxe-Lauenbourg (1577-1585), était publiquement Luthérien et concubinaire. Il était déjà archevêque de Lauenbourg et administrateur d'Osnabruck, et cherchait encore à accaparer l'évêché de Munster, aspirant, selon toute apparence, de même que son ami Gebhard, de Cologne, à se créer, de tous ces évêchés, une principauté temporelle. Quelques curés prêchaient ouver

41. Son successeur, Rembert de Kerssenbrock (1552-68), évêque catholique, ardent et vigoureux, parvint à ramener, pour quelque temps, à l'É-tement le protestantisme; mais, malglise les contrées infidèles; mais, après les traités de Passau (1552) et d'Augsbourg (1555), Lippe, Waldeck et quelques localités des frontières apostasièrent. A Paderborn même un curé défectionnaire, Martin Hoitband, intrigua en faveur du protestantisme. Il fut chassé par l'évêque, mais rentra dans sa cure après la mort du prélat.

42. Jean II, comte de Hoya, évêque de Munster et d'Osnabruck (1568-74), excellent jurisconsulte, qui avait été président du tribunal de l'empire à Spire, expulsa derechef le curé rebelle, qui se rendit à Soest, d'où déjà tous les Catholiques avaient été bannis. Jean chassa de même, d'autres endroits, les prédicateurs protestants, fit promulguer les décrets du concile de Trente (1571) et introduisit le catéchisme romain dans le diocèse.

43. Salentin, comte d'Isenbourg, était archevêque de Cologne depuis sept ans, lorsque, en 1574, il devint princeévêque de Paderborn. Il rendit, sous beaucoup de rapports, des services au diocèse, notamment par la création et la surveillance des écoles (le gymnase de Paderborn porta le nom de l'évêque pendant quelque temps). Salentin n'avait pas reçu les ordres majeurs; en 1577 il renonça à ses deux siéges et se

(1) Voy. WIED.

gré les efforts de l'évêque, le chapitre demeura fidèle à la foi antique et appela les Jésuites à prêcher dans la cathédrale et à enseigner au gymnase. Henri, revenant, le dimanche des Rameaux 1585, d'un prêche protestant, tomba de cheval et mourut quatorze jours après.

45. Il fut remplacé par l'excellent Théodore de Furstenberg (1585-1618), ancien prévôt de la cathédrale de Paderborn. Il créa, en 1596, un collége de Jésuites; en 1612, un noviciat (où plus tard le célèbre Athanase Kircher fut novice), et, en 1614, une université, composée des facultés de théologie et de philosophie, laquelle fut approuvée par le Pape Paul V et l'empereur Matthias (le gymnase et le séminaire se nomment encore de nos jours Theodorianum). Les Capucins obtinrent également un couvent à Paderborn. Ce fut surtout par les efforts des Jésuites que la foi catholique fut rétablie dans le diocèse. Le parti protestant de la ville, dirigé par le bourgmestre Wichard, succomba après une longue lutte, Le pays eut beaucoup à souffrir des invasions des Hollandais et de ses agitations intérieures. Néanmoins Théodore parvint, par son économie et sa sage administration, à éteindre les dettes du diocèse.

46. Ferdinand Ier, duc de Bavière,

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