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portent le sceau du génie le plus idéal, | de l'Enfant, placé doucement sur les

le plus sublime et le plus pur. Ses cuvres les plus grandioses furent achevées entre 1508 et 1520. Le Pape Jules II l'appela à Rome et ouvrit un vaste champ à sa féconde activité. Il peignit, dans les chambres du Vatican, la Dispute du saint Sacrement, Héliodore au temple, Léon et Attila, la Victoire de Constantin sur Maxence, Puis il orna la cour du Vatican, dite des Loges, de fresques représentant 48 scènes de 'Ancien Testament et 4 du Nouveau, Léon X lui confia la décoration de la chapelle Sixtine. Le bas des murailles devait être orné de magnifiques tapisseries représentant des scènes du Nouveau Testament, pour les quelles Raphaël composa, en 1515 et 1516, les cartons qui furent exécutés en Flandre. On y voit: la Péche de S. Pierre, le Châtiment d'Ananie, la Conversion de S. Paul, la Punition du mage Élymas, la Prédication de S, Paul à Athènes. Parmi les madones que Raphaël peignit à cette époque on distingue la Madone à la chaise et la Madone de Foligno. Son chef-d'œuvre, et peut-être celui de la peinture, est la Madone Sixtine. Cette peinture avait été originairement destinée à figurer sur une bannière, et parvint, à travers les vicissitudes les plus singulières, entre les mains d'Auguste de Saxe. On sait que ce tableau représente la Reine du ciel, planant dans les nuées, tenant l'Enfant divin dans ses bras; à droite se trouve, à genoux, le Pape S. Sixte montrant à la Vierge l'église de Foligno, qu'il lui recommande; à gauche se trouve, également à genoux, Ste Barbe, jetant un regard doux et protecteur vers cette même église. Au bas du tableau sont accoudés deux anges, que Raphaël n'ajouta que plus tard, et qui se sentent parfaitement à leur aise dans cette auguste société. Une grandeur divine respire sur la face de la Vierge; les yeux

bras de sa mère, sont d'une profondeur sans égale; tout révèle que c'est un enfant divin. D'autres tableaux dus au pinceau de ce grand maître sont: Jésus portant la croix, qui se trouve à Madrid; la Vision d'Ézéchiel, et le dernier de ses travaux, qu'on exposa à ses funérailles, la Transfiguration.

Raphaël mourut à l'âge de trente-sept ans, au milieu de sa gloire, de sa fécondité. C'est un génie incomparable. Il réunissait toutes les qualités de l'école ombrienne et de l'école florentine, la grâce, la beauté, la grandeur, la sublimité, la plénitude de l'esprit chrétien. Ses tableaux profanes et mythologiques sont d'un caractère aussi magistral et aussi inimitable que ses tableaux religieux.

Léonard de Vinci, Michel-Ange, et surtout Raphaël, les trois grands maîtres de la peinture en Italie, durant cette brillante et unique période, laissèrent après eux de nombreux élèves, remarquables par leur talent, leur habileté, mais qui n'atteignirent jamais à la hauteur de leurs maîtres; ils s'éloignèrent, en général, après la mort de ces derniers, du principe qui les avait inspirés, et leur pinceau fut plus mondain que religieux,

Le plus habile élève de Raphaël fut Jules Romain (1492-1546). Après lui se distingue Antoine Allegri, surnommé Le Corrége, du lieu de sa naissance, né en 1494 († 1534), Le Corrége est inimitable dans son clair-obscur; il crée des tons de lumière merveilleux; telle est la lumière de son célèbre tableau de la Sainte Nuit, à Dresde. Du reste Le Corrége s'écarte du style strictement religieux; ses tableaux sacrés sont entachés d'une sentimentalité exagérée et d'une fausse grâce. Ce ne sont plus les personnages de Pérugin, de Francia, de Raphaël, de Léonard. Aux œuvres les plus remarquables du Corrége

il faut ajouter les fresques de la coupole du dôme de Parme, la Madeleine pécheresse, le Mariage de Ste Catherine avec l'enfant Jésus, à Naples, et la Madonna Cingarelli.

A côté des écoles de Florence et de l'Ombrie fleurit, durant cette période, l'école de Venise, remarquable surtout par son brillant coloris; son style est profane, mythologique et vulgaire. Les peintres de cette école traitent encore des sujets sacrés, mais ils n'ont plus l'esprit religieux. Malgré leur habileté incontestable et leur adresse à manier la couleur ils manquent la plupart de grandeur et d'inspiration véritable.

Les artistes les plus étonnants de cette école brillante et bruyante sont : Le Titien (1477-1576); on admire de lui le Christ porté au tombeau, l'Ascension. Ses couleurs sont merveilleusement fondues; ses tableaux de mythologie et d'histoire profane sont nombreux.

Giorgione (1477-1511); Bordenone, son élève (1487-1531); Paul Véronèse (1530-88) (les Noces de Cana, avec cent vingt figures), à Paris; Bellini (14261516), et son frère, Gentile Bellini (1421-1501); Le Tintoret (1512-1594), très-fécond, incline vers l'allégorie; Basano, scènes champêtres, images bibliques et mythologiques, le plus insignifiant de tous ceux qui ont été nommés jusqu'ici.

L'esprit religieux se perd peu à peu et finit par s'évanouir complétement. Padoue, Milan, Naples et Ferrare ont des peintres qui suivent des directions diverses, se rapprochant les uns de l'école florentine, les autres de celle de l'Ombrie; tels sont Castagno, Pollajuolo, Verocchio, Lorenzo Costa, Squarzone, Forli, Antonio, Solario.

Les Allemands eurent, durant cette période, une école florissante et indépendante de celles d'Italie.

chrétienne passa les Alpes, sous Charlemagne, et fut cultivée par les moines, qui couvrirent leurs manuscrits d'inimitables miniatures (1). Ces images microscopiques sont faites avec un soin, un esprit, une netteté admirables; tel est l'Évangile de la bibliothèque de Munich, provenant du couvent de Niedermunster, près de Ratisbonne. Hors de là le type byzantin régna sans partage jusqu'au treizième siècle. Le treizième siècle inaugure en Allemagne une période plus favorable à la peinture chrétienne, et celle-ci se développe, dans le courant du siècle suivant, en même temps que l'architecture gothique et la poésie, avec un éclat et un succès croissant, à Augsbourg, Cologne, Nuremberg, Ulm, en Saxe et dans les Pays-Bas. La peinture allemande a beaucoup d'analogie avec l'école ombrienne. Les formes sont d'abord mesquines, mais l'expression des visages devient profonde, sérieuse, pleine de foi. Il est difficile de voir de plus belles têtes que celles des anciens maîtres allemands. Les tableaux, peints sur fond d'or, sont d'une expression grave et d'un coloris chaud et vigoureux. Ils sont, en général, tirés de l'histoire sainte et des légendes. Les ennemis de Jésus sont représentés avec des figures d'une laideur qui, le plus souvent, n'a plus rien d'humain. Aux maîtres les plus remarquables de cette période appartiennent Jean et Hubert van Eyk (2) (13661426); Jean Hemmeling (1479), grave et digne (3); Isaac de Malines; Jean Holbein l'ancien, d'Augsbourg, dur et austère; Martin Schön, de Colmar, est plus délicat. Nuremberg donne le jour à Michel Wohlgemuth

(1) Voy. BIBLE DES PAUVRES. (2) Voy. EYK.

(3) Voir son S. Christophe portant l'enfant Jésus à travers les flots. La tête de l'enfant est

Dès le huitième siècle la peinture belle et aimable.

La peinture des vitraux fleurit aussi à cette époque. La peinture ordinaire ne trouvant pas de place dans les églises gothiques, on la remplaça par les vitraux dont on orna les fenêtres et qui représentèrent surtout le côté mystique de la religion.

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(† 1519), d'abord assez doux, puis dur | réformateurs, le luxe des cours, les agijusqu'au difforme; à Albert Dürer tations politiques de cette époque, tout (1471, † 1528), le Léonard de Vinci al- concourut à éloigner la peinture de son lemand (1). Luc Kranach, né en 1472, principe. Parmi les artistes les plus re† 1553, appartient à l'école de Saxe. marquables de cette période, qui, en A Ulm Zeitblom a un coloris chaud conservant beaucoup d'habileté et une et ardent; Jean Holbein le jeune certaine grandeur, abandonnent plus (1498-1544), connu par sa Madone de ou moins le type religieux, on cite, en Dresde, sa Danse des Morts à Bâle. Italie : Annibal et Ludovic Carrache Le Hollandais Luc de Leyde, le Néer- (1609); le Dominicain; Guido Reni landais Quintin Messis († 1529); puis († 1642), grand dans le détail, plus tard Jean Schoreel, à qui on doit la Mort sentimental, théâtral (1); Sassoferrato, de la Ste Vierge qui se voit à Munich. Baroccio, Lanfranc; Carlo Dolce (1686), doux comme son nom; Pierre de Cortone († 1669), la plupart éclectiques; en Flandre: Pierre-Paul Rubens, né à Cologne en 1577, grandiose, d'un coloris frais et ardent, d'une fécondité extraordinaire. Il y a peu d'églises dans les Pays-Bas qui ne possède un tableau de Rubens; des galeries entières sont ornées de tableaux de ce peintre inépuisable, surtout à Paris. Parmi ses œuvres religieuses les plus célèbres on cite la Descente de croix, de la cathédrale d'Anvers. Il mourut en 1640. Son plus illustre élève est Antoine Van Dyck, né à Anvers en 1599, † en 1641, plus délicat et moins vigoureux que Rubens; Gaspard Crayer, † à Gand en 1669, auteur d'une foule de diptyques d'autel; Rembrandt, né en 1660 près de Leyde, incomparable pour ses clairs-obscurs, mais dont les peintures religieuses ont peu de valeur. La plupart des autres peintres néerlandais négligent les sujets religieux et ne font plus que des tableaux de genre. En Espagne la peinture religieuse, subissant à la fois l'influence de l'Italie et de l'Allemagne, parvint à un haut degré de prospérité. Le plus grand peintre de l'école espagnole est Murillo, né à Séville en 1618 et mort à l'hôpital de cette ville en 1682. Il est profond, son co

Avec la troisième période, à dater du milieu du seizième siècle, commence la décadence de la peinture chrétienne.Si, dans la première période, l'art avait été sec, roide et anguleux, il devint désormais gras, luxurieux, mondain, esclave de l'esprit du siècle. On remarque déjà cet évanouissement du type religieux dans l'école de Venise, et, plus tard, dans celle de Florence; mais durant cette période cette aberration devient de plus en plus prononcée. Le goût de l'allégorie, la recherche de l'effet, le caractère théâtral prévalent partout. La force devient exubérance, la délicatesse fausse grâce, la mollesse sensualité. Vers la fin du dix-huitième siècle la peinture est surchargée de détails sans goût comme l'architecture; des vêtements flottant au vent, des anges qui dansent et soufflent dans des trompettes, des madones qui ont l'air de servantes ou de courtisanes, remplacent les figures nobles, chastes, modestes et pures de la bonne période. La décadence de la foi, le goût du paganisme, le fanatisme des

(1) Voy. DURER.

(1) Assomption.

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lorsque l'Église aura ranimé la foi et le génie de l'Europe vieillie et blasée. Cf. l'article ESTHÉTIQUE. WERFER.

PÉLAGE I, Pape de 555 à 560, succéda à Vigile. Il était Romain de naissance, fils de Jean, qui avait été vicaire du préfet du prétoire. Il avait été archidiacre de l'Église romaine sous le Pape Silvère et apocrisiaire à Constantinople. En 546 il fut envoyé, en qualité d'ambassadeur des Romains, vers Totila, roi des Goths; puis il redevint apocrisiaire à Constantinople et appuya, à ce titre, avec le patriarche Mennas, les plaintes des moines de Palestine contre Origène, auprès de l'empereur Justinien. Plus tard il accompagna le Pape Vigile à Constantinople et dans son exil. On le soupçonnait, dit Anastase, d'avoir pris part aux intrigues contre le Pape Silvère, ou même d'avoir été cause de la mort du Pape Vigile. Une grande partie des

Le dix-huitième siècle et le commencement du dix-neuvième furent stériles. Les artistes cultivèrent avec prédilection le paysage et le genre et partiellement l'histoire. Ils empruntèrent volontiers leurs sujets à la mythologie et à l'allégorie, Ils dédaignèrent et abandonnèrent les maîtres du moyen âge. La peinture chrétienne s'endormit, sauf dans quelques artistes isolés (Knoller, Zick, Huber de Weissenhorn), jusqu'au moment où le roi Louis de Bavière ouvrit une ère nouvelle à la pein- | ture religieuse en Allemagne. Sous l'influence de ce prince, protecteur éclairé | des arts, deux écoles fleurirent en Allemagne, l'une à Munich, l'autre à Dusseldorf. Toutes deux s'attachèrent, avec plus ou moins de bonheur, aux écoles d'Ombrie, de Florence, et à l'école alle-Romains, mus par ces motifs, ne voumande de la seconde période, et tâchèrent d'en ressusciter l'esprit. Les maîtres les plus illustres de ces écoles sont : Overbeck, à Rome (1); Cornélius, à Munich; Schorr, Hesse (fresques à Munich), Schadov, Schraudolph (dans la cathédrale de Spire), Kaulbach (la Ruine de Jérusalem); Hundertpfund, à Augsbourg. La peinture sur verre fut également restaurée et traitée de main de maître. Si l'éclat de la couleur des antiques vitraux n'a pas été complétement égalé, le grand avantage des vitraux modernes est d'éviter les désagréables rubans de plomb dans lesquels les anciens enchâssaient les divers compartiments. Le dix-neuvième siècle a fait de nobles et heureux efforts pour raviver la peinture chrétienne; elle ne reprendra sa splendeur complète que

(1) Une foule de tableaux tirés de l'histoire

sainte, la Nativité du Christ, la Mort de S. Joseph, le Triomphe de la Religion dans les arts.

lurent pas le reconnaître d'abord, et il ne trouva pas trois évêques qui consentissent à le sacrer. Le sacre eut cependant lieu par les mains de Jean, évêque de Pérouse, Bonus, évêque de Férentinum, et du prêtre André, d'Ostie, Pélage, pour se laver des soupçons qui planaient sur lui, jura solennellement sur l'Évangile et la croix qu'il était innocent des accusations qu'on faisait peser sur lui. La continuation de la controverse des Trois-Chapitres (1) troubla tout le pontificat de Pélage Ier. S'étant prononcé en faveur du cinquième concile œcuménique et contre les Trois-Chapitres, il fut accusé par ses adversaires de trahir le concile universel de Chalcédoine. Pélage réfuta cette accusation dans une lettre adressée aux évêques et dans un écrit destiné à toute l'Église. L'évêque Primasius, de Carthage, porta

(1) Voy. CHAPITRES (Trois-).

aussi les évêques d'Afrique à reconnaî- | les empereurs de Bysance leur avaient tre le cinquième concile universel; en quelque sorte abandonnée.

mais dans le nord de l'Italie et en Istrie on en vint à un schisme universel, à la tête duquel se placèrent Paulin, évêque d'Aquilée, et Vitalis, évêque de Milan. Le concile de Constantinople (cinquième œcuménique) fut rejeté, par un synode d'Aquilée de 557, comme contraire au concile de Chalcédoine; Pélage et le général des armées de l'empereur, Narsès, furent excommuniés. Pélage engagea Narsès à arrêter Paulin et Vitalis comme schismatiques; mais Narsès refusa.

Le schisme se perpétua après la mort du Pape (1). Pélage nomma, à la demande de Childebert, roi des Franks, Sapaudus, évêque d'Arles, vicaire apostolique dans les Gaules. Peu de temps après le Pape mourut, ayant, au commencement du mois de mars 560, posé la première pierre de l'église des Apôtres S. Philippe et S. Jacques.

REUSCH.

PÉLAGE II, Pape.-Pélage Ier avait eu pour successeur Jean III, auquel avait succédé Benoît Ier. Ce Pape eut pour héritier au trône pontifical Pélage II (577-590). Né à Rome, Pélage, d'après le nom de son père, Winigildes, devait être d'origine gothique. Rome étant assiégée par les Lombards (2) et fort agitée d'ailleurs, le clergé crut qu'il était important de pourvoir sans retard à la vacance du Saint-Siége, et Pélage fut sacré avant que son élection eût été confirmée par l'empereur. Le diacre Grégoire (qui devint le successeur de Pélage sous le nom de Grégoire Ier) fut alors envoyé en qualité d'apocrisiaire à Constantinople pour justifier ce qui s'était "passé et demander en même temps l'appui de l'empereur contre les Lombards, qui troublaient toute l'Italie, que

(1) Voy. AQUILÉE. (2) Voy. LOMBARDS.

Plus tard Pélage chercha, par l'intermédiaire d'Aunacharius, évêque d'Auxerre, à obtenir le secours des Franks contre les Lombards. Les efforts qu'il fit pour mettre un terme au schisme de l'Istrie furent inutiles.. Il envoya, dans cette circonstance, à Élie, patriarche d'Aquilée, trois écrits rédigés les uns après les autres par Grégoire; mais Élie résista opiniâtrément. Les mesures de rigueur que l'exarque Smaragdus prit contre le successeur d'Élie, Sévère, et trois de ses évêques, restèrent également sans résultat.

Lorsque, en 588, le patriarche Jean le Jeûneur se fit donner le titre d'évêque œcuménique par le concile de Constantinople, le Pape Pélage protesta contre cette usurpation et interdit à son apocrisiaire toute communication avec ce patriarche. Un écrit du Pape, relatif à cette affaire, qui se trouve dans les collections des conciles, est, contrairement à l'avis de Baronius et de Ceillier, considéré comme peu authentique par la plupart des historiens. D'autres lettres, également attribuées à Pélage, ne méritent pas plus de crédit ; ainsi, par exemple, l'écrit adressé aux évêques des Gaules et de la Germanie sur la Préface de la Messe. On vante la générosité de Pélage envers les pauvres. Il mourut, en février 590, de la peste. Son successeur fut Grégoire le Grand. Cf. Natal. Alex., sæc. 6.

REUSCH.

PÉLAGE (S.) de Laodicée. Il s'était marié fort jeune, mais il s'était consacré avec sa femme à une absolue continence. Cette vertu et d'autres qualités éminentes le recommandèrent aux fidèles, qui l'élurent évêque de Laodicée. Il fut, à ce titre, un des chefs des orthodoxes contre les Ariens. En 363, au temps de l'empereur Jovien, il assista au concile d'Antioche, dans lequel

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