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quemment. J'en ai la preuve dans les carrières de marbre qui étaient exploitées dans le voisinage de la fontaine dès le temps des Juifs, et qui le furent encore bien des siècles après. Si Volney avait fait des recherches consciencieuses, en comparant les grands blocs de marbre, débris de palais royaux, que l'on voit gisant à Naplouse et à Césarée, avec ceux qui existent encore près de cette carrière, il les aurait trouvés entièrement semblables entre eux, et il les aurait tous trouvés semblables aussi à ceux qui furent extraits et conduits postérieurement de cette même carrière, pour décorer d'autres saints lieux de Jérusalem et de Bethléem. On n'aura pu faire cette opération qu'au moyen de chariots, qui auront eu besoin d'un chemin pour circuler, car ni les ânes, ni les chameaux n'ont pu traîner, encore moins porter sur leur dos, ces masses colossales que nous voyons disséminées dans les ruines, ou décorant de somptueuses églises construites en Palestine dans le quatrième siècle.

Avec de pareilles données, la raison suffit pour démontrer que la chose n'a pu se faire d'une autre manière. Aujourd'hui même, le chemin pourrait redevenir une route à voitures avec fort peu de travail et de dépense; les rochers et les masses rocailleuses qui parurent si gigantesques à Volney, sont le résultat des éboulements et des tremblements de terre qui ont eu lieu dans l'espace de quinze siècles, durant lesquels personne n'a songé à en réparer les effets, pas même à briser les quartiers de rocher tombés des montagnes du voisinage.

Mais le voyageur dont nous parlons, tout en déplorant la transformation totale que la Palestine a subie, voudrait voir les chemins conservés dans leur état pri

mitif. Contradiction fréquente chez les hommes qui forment leur jugement avant d'examiner, et qui ne craignent point de formuler leur opinion avant de connaitre les motifs sur lesquels elle doit être sérieusement appuyée.

Quel cas devons-nous faire des écrits de ces hommes en qui nous retrouvons les tristes effets des passions humaines? La saine raison et la critique judicieuse répondront suffisamment à chacun sur ce point; je me bornerai à faire observer que Volney tombe dans d'autres contradictions semblables, et qui témoignent de ses préventions, conçues de vieille date, au sujet des objets qu'il visitait. « Je ne consulterai jamais les écrits des hommes » passionnés, et je n'irai point chercher des lumières » dans les œuvres de ceux qui n'en ont pas eu suffisam»ment pour connaître les préjugés qui empêchent d'ar» river au vrai, » a dit un écrivain que les libéraux français vénèrent aujourd'hui comme un de leurs oracles.

Tandis que je pensais à Volney, assis sur le bord de la fontaine, quelques Bédouins pensaient à moi et vinrent ensemble me demander un bakchis. Je ne voyais aucun moyen de me soustraire à quelque mauvais projet de leur part, le pays étant complétement désert; aussi, pour chercher à les satisfaire, je tirai l'argent que j'avais sur moi et je le leur distribuai sans délai. L'un d'eux eut l'exquise politesse de me prendre la bourse dans la main pour vérifier s'il n'y restait pas quelque chose, et me la rendit après s'être assuré que je ne le trompais point.

CHAPITRE XIV.

Aspect de Jérusalem. Entrée. Intérieur de la ville. ·

Montagne

de Sion. Il ne restera pas pierre sur pierre. — Les Juifs. — Le mont Moriah. - Quartier des Musulmans. - Quartier des chrétiens. Ruines et souvenirs de toutes les époques. Sa population ac- Le patriarche latin. - Séminaire. Les Pères de TerreLeurs missions et leurs couvents. - Hospices pour les Les protestants y sont reçus. Ressources de ces Volney, Châteaubriand et Lamartine. de la Charité. Un couvent grec. Moines arméniens. monastère cophte. Tradition.

tuelle.
Sainte.
pèlerins.
établissements.

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Les Syriens.

-Sœurs Un

J'avais fait deux heures de marche depuis que j'avais quitté les montagnes de Juda; Jérusalem ne pouvait être bien éloignée désormais; et mon cœur me le disait bien. Les monticules se succédaient néanmoins les uns aux autres, et la sainte cité semblait se cacher obstinément derrière chacun d'eux à des yeux toujours fixés sur le point où ils espéraient la voir paraître. Le soleil allait cacher ses derniers rayons; un vent brûlant, venu de l'Arabie, soulevait des nuages de sable; aucun être vivant ne se mouvait dans la vaste étendue de terrain que mon œil pouvait embrasser, et le silence le plus profond n'était interrompu de temps à autre que par la furie de cet élément, comprimé dans les étroites vallées de Josaphat et de Siloé.

La patrie des prophètes présentait un sombre tableau, au centre duquel j'apercevais les murs de Sion, qui s'é

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