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** См. т. 1, прим. 284.

*** См. т. 1, док. 22.

péus se rapporta à la mission de Mr Lombard à Bruxelles **. Le ministre de cabinet commença par mettre en avant quelques raisons qui devaient la justifier, mais il finit par convenir qu'elle n'avait aucunement amené le résultat qu'on s'en était promis, celui d'approfondir les intentions de Bonaparte et de lui inspirer de la modération. Il cita à son tour un fait bien qualifié, d'après sa manière de voir, à inspirer de la défiance si l'on y inclinait ici. Il soutint que le rapprochement entre la Russie et la France, quoique négocié par la Prusse et sous sa médiation, n'avait cependant pu inspirer au cabinet de St.-Pétersbourg assez de confiance pour qu'il eût communiqué à celui de Berlin la convention secrète***conclue entre elles, dont ce dernier n'a eu connaissance que depuis peu. Le conseiller privé d'Alopéus répliqua que la négociation, dont elle est devenue le résultat, a été conduite à Paris; qu'entamée d'ailleurs sous le règne précédent, on a sous celui-ci suivi simplement le fil et donné la sanction à un ouvrage qui était déjà autant que terminé. Le baron de Hardenberg se mit alors à relever les soupçons qui avaient été articulés, il y a un an, sur de prétendus armements en Prusse; il en passa aux deux dernières lettres autographes de s. m. l'empereur au roi****, qui l'une et l'autre font mention du malheureux sujet de défiance dont ce ministre prétendait qu'il n'en existe le moindre motif, vu qu'il pouvait assurer sur son honneur qu'en Prusse on avait songé l'année passée aussi peu que cette année-ci à faire les moindres apprêts militaires, à ceux près qui se répètent tous les ans dans la plus profonde paix et qui tiennent à l'organisation militaire de la monarchie prussienne. Il en inféra qu'il existe des gens dont tous les efforts se concentrent dans la déplorable occupa

**** Речь идет о письмах Александра 1 к прусскому королю от 10(22) декабря 1804 г. ■ 10(22) января 1805 г. (см. аннотации на стр. 219 и 273).

à

Aucune collision n'existe l'égard de ceux-ci entre elle (la Russie) et la Prusse, dont l'amitié sûre et loyale lui sert de premier boulevard contre toute attaque pour ellemême et pour les Etats faibles du Nord auxquels elle s'intéresse. Si le roi veut la conservation de la paix aussi longtemps que des circonstances impérieuses ne le forcent à prendre les armes, c'est que ce système est le seul qui convienne autant à son coeur qu'au bonheur de ses peuples, le seul qui puisse le mettre en état de soutenir avec force et vigueur une guerre défensive.

** См. док. 13, 23.

tion d'inspirer de la défiance et d'affaiblir ainsi l'amitié intime et l'heureuse confiance qui avaient commencé à s'établir entre les deux monarques. Le conseiller privé d'Alopéus répondit que, n'ayant point connaissance des deux lettres autographes, il ne pouvait rien dire à ce sujet, mais qu'il connaît assez les principes et les sentiments de son auguste maître pour oser avancer que s.m.i. désire sincèrement de cimenter de plus en plus l'étroite union qui subsiste si heureusement entre les deux monarchies. Le baron de Wintzingerode à son tour se mit à exposer le véritable sens des deux lettres mentionnées et à en déduire qu'elles contenaient la preuve irréfragable que s.m. l'empereur n'ajoute aucune foi aux bruits relatifs à ces prétendus armements.

Au passage que la Prusse sert de premier boulevard et que le système de la conservation de la paix est le seul qui convienne à son cœur et au bonheur de ses peuples, le général de Wintzingerode, en rendant les éloges dûs à ces sentiments, remarqua qu'il pourrait cependant naître des cas où un tel système devînt préjudiciable à la Russie en paralysant les opérations, supposé qu'elle fût forcée de rompre avec la France. Le baron de Hardenberg à son tour observa que si l'on pouvait imaginer le cas que la Russie voulût agir du côté du Nord de l'Allemagne, la gêne, qu'elle éprouverait, était la suite nécessaire du concert établi par la convention secrète du 24 de mai 1804 *****. Dès lors s'éleva une longue discussion sur la manière d'entendre les stipulations de cette convention. Le baron de Hardenberg la considéra sous le rapport d'un avantage immédiat pour la Russie, vu qu'en cas d'une rupture avec la France elle mettrait son aile droite à l'abri de toute insulte; il soutint que sans cette convention les villes anséatiques et la banque de Hambourg auraient depuis longtemps

été la proie de la France, considérations qui, même pour la Russie, devaient être d'un grand poids. Le baron de Wintzingerode, sans le contester, regarda comme forcée l'interprétation que le concert entre la Russie et la Prusse dût produire l'effet d'empêcher la première à attaquer la France du côté qu'elle le jugerait à propos et, par conséquent, à la paralyser dans ses opérations, assurant que telle n'avait jamais été l'intention de sa cour en le proposant, tandis que Mr de Hardenberg prétendait que le but de ce concert ne portait que sur la conservation de la tranquillité du Nord de l'Allemagne. S'expliquant sur ce qu'on entend par le Nord de l'Allemagne, il rangea sous cette catégorie tous les Etats et provinces en deçà du Veser et de la Werra. A la suite de ces discussions Mr de Hardenberg ne cacha point que dans le malheureux cas d'une guerre sur le continent il ne prévoyait que trop que le roi, son maître. serait dans la nécessité de renoncer au système de neutralité qui lui tient si fort à cœur, après l'avoir soutenu toutefois jusqu'à la dernière extrémité et qu'alors ses dispositions personnelles, comme son intérêt le porteraient sans doute à se déclarer pour la Russie. Mr de Wintzingerode s'attachant à ce mot lui demanda si l'on pouvait compter sur cette assurance et s'il l'autorisait à la transmettre à son auguste maître ? Le ministre de cabinet ne voulut point qu'elle dût être considérée comme officielle, mais il répéta qu'il en était intimement convaincu, et cela d'autant plus que l'intérêt de la Prusse, ce grand mobile de la saine politique, l'exigeait impérieusement. Il regarda de plus comme impossible, dans le cas d'une rupture entre la Russie et la France, que la Prusse ne fût forcée par la dernière à se déclarer contre elle en vertu de ses engagements contractés le 24 mai 1804 ***** vu que non seulement la France avait promis de ne point augmenter forces dans le Hannovre au-delà de

26 à 27 mille hommes, mais que même la formation d'une armée sur le Rhin devait être regardée par la Prusse comme une mesure inadmissible, engagements qui, à en juger par la conduite observée jusqu'ici par la France, seraient immanquablement enfreints.

La conversation avait amené la question si la Saxe voudrait et pourrait soutenir une rigoureuse neutralité au cas que la guerre éclat ât entre la Russie et la France ? Mr de Hardenberg pensa qu'oui et s'appuya de la conduite de l'électeur de Saxe dans des pareilles occasions, ainsi que des preuves de son inébranlable fermeté, ce prince étant connu à la vérité par sa modération, mais aussi par sa manière d'agir très conséquente. Pouvant porter sans grands efforts son armée à 40 mille, même à 50 mille hommes en cas d'urgente nécessité, il croyait que la Saxe est un Etat qu'il convient de ménager. A ce raisonnement il ajouta la réflexion que le cas malheureux où l'on se mettrait à obliger l'électeur par la force ouverte de renoncer à son système, serait d'autant plus à regretter que naturellement ce prince se replierait sur le roi de Prusse, dont les principes et l'intérêt exigeaient qu'il s'attachât au même système de rigoureuse neutralité.

L'ordre des matières conduisit au projet de concert entre les trois cours 12. Ici le conseiller privé d'Alopéus exprima son extrême regret de ce que la réponse verbale ne contient point de réponse précise aux ouvertures qu'il avait eu l'honneur de faire de bouche à Mr le baron de Hardenberg ****** et le met par conséquent dans l'impossibilité de présenter quelque résultat à l'empereur, son auguste maître, sur cet objet de la plus haute et plus urgente importance. Le ministre de cabinet crut pouvoir soutenir l'opinion contraire. Il trouva dans la détermination de s.m. prussienne de prendre ** Имеются в виду заявления, сделанные М. М. Алопеусом Гарденбергу на основании инструкции А. А. Чарторыйского от 16(28) января 1805 г. (см. док. 92).

К письму к его сиятельству кн[язю] А.А.Чар

торыйскому под No 57.

Получено 22 марта 1805 г.

Печат. по копии.

l'engagement de n'en contracter aucun avec qui que ce soit à l'insu des deux cours impériales un résultat très essentiel. I attacha également la plus haute importance à la franchise et à l'abandon avec lesquels la Prusse expose son système politique, même avant d'avoir obtenu de la part des deux cours impériales l'assurance qu'elles en agiront de même, condition que toutefois le roi regarde comme préalable avant que s.m. puisse prendre un parti ultérieur et définitif relativement au concert qu'on a en vue. Mr d'Alopéus observa que la politique de l'empereur, son auguste maître, était à découvert, ayant le caractère distinctif d'être noble, généreuse, parfaitement désintéressée et son but ne portant que sur l'indépendance des Etats qui n'ont pas encore subi le joug dont la France manifeste évidemment le désir de vouloir les accabler soit par la force, soit par la ruse et d'étendre ainsi sa domination non seulement sur ceux qui l'avoisinent, mais aussi sur des puissances plus éloignées. Quant à la politique actuelle de la cour de Vienne, Mr d'Alopéus pensa que les ouvertures du comte de Metternich ne laissaient rien à désirer; sur quoi Mr de Hardenberg incidenta: mais il n'a jamais été question de l'Angleterre et des relations avec elle. Il y fut répliqué ce qu'il n'existe point d'engagements avec cette puissance, autant qu'il nous en est connu. Le ministre de cabinet mit fin à la conférence en disant qu'il ne pouvait point aller au-delà des ordres du roi son maître, et qu'ici il ne s'agissait pas de ses sentiments personnels.

On s'est dispensé de faire entrer dans ce précis ce que le baron de Hardenberg a dit de l'affaire de Suède, parce que ce n'était que la récapitulation de ce qui se trouve dans la note signée par ce ministre.

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