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Aussi les exemples que j'ai cités constituent l'exception et, malheureusement, à côté de ceux, en petit nombre, qui ont réussi, on pourrait faire une longue liste de ceux qui se sont plus ou moins ruinés.

L'exploitation des mines ne peut donc intéresser qu'un nombre restreint d'émigrants, et ce n'est pas d'ailleurs sur cette industrie qu'il faut compter pour coloniser et peupler un pays nouveau. Le mineur qui tire du sol les richesses que la nature y a enfouies ne fait que l'appauvrir et ne laisse dernière lui que des traces de dévastations que le temps seul fera disparaître, et, si les mines peuvent avoir une influence heureuse pour l'avenir, c'est uniquement par les autres émigrants qui viennent se grouper autour d'elles et qui, par leur travail, améliorent le sol qu'ils préparent pour les générations futures.

En un mot, c'est le colon cultivateur qui seul peut assurer la prospérité d'une colonie naissante, parce qu'il s'y installe à poste fixe et y crée une famille qui continuera et grandira l'œuvre commencée par lui: et, lorsque la mine sera épuisée et que ceux qui l'auront exploitée auront disparu, les colons cultivateurs seront là qui, par eux-mêmes et par leurs familles, continueront à peupler la colonie et à développer la production de la terre, source de prospérité qui, elle, ne tarit pas.

A ce point de vue et en dépit de toutes les critiques formulées, dans ces derniers temps surtout, contre la colonisation en NouvelleCalédonie, je ne crains pas d'affirmer que cette colonie offre toujours, comme par le passé, à l'homme courageux, travailleur et sobre, la possibilité de s'y créer une existence heureuse en s'occupant, suivant les capitaux dont il dispose, ou d'élevage, ou de culture, ou mieux des deux à la fois.

L'élevage des bêtes à cornes a été la première industrie de la Nouvelle-Calédonie et on comprend qu'il en ait été ainsi quand on voit à certains moments de l'année les plaines de la côte Ouest couvertes d'immenses tapis verts. Cependant ces pâturages ne ressemblent en rien à ceux de France; on n'y trouve à peu près qu'une seule herbe, l'andropogon, ou herbe à piquants, qui atteint une certaine hauteur et donne à la campagne plutôt l'aspect de vastes cultures de céréales que celui de prairies.

(A suivre.)

L. SIMON.

NOTES

LA CULTURE DU RIZ EN ITALIE

Communication du consulat de France à Florence.

Préparation du terrain, ensemencement, irrigation, culture,
fumure et procédés pour lutter contre la maladie.

་་

Les diverses espèces de riz cultivées en Italie sont les suivantes : 1° Riz«< nostrale » (du pays), plante de dimension moyenne, d'une hauteur de 1 m 25 à 1 30 environ, avec les noeuds de la paille non colorés; grains oblongs, avec arêtes abondantes et d'une couleur rougeâtre.

2o Riz «ostigliese », qui a beaucoup d'affinités avec le précédent, dont il se distingue par une couleur plus claire et par un certain engorgement de la graine.

3o Riz « Novarese », appelé aussi américain; il serait originaire de la Caroline du Sud, ne se distingue des deux premiers que par un grain un peu plus oblong; la plante est plus robuste et les nœuds de la tige sont d'une couleur violacée.

4o Riz « francone », sous-variété du précédent, dont il semble obtenu par la sélection des plantes plus résistantes au parasite le <«<bussone »; moins d'arêtes aux grains.

5o Riz «bertone » ou «<< mutico » ou encore chinois; plus petit que les précédents, 1 m 10 environ; épis très fournis de grains qui sont les plus oblongs et sans arêtes. Espèce plus précoce que les

autres.

On emploie généralement cette qualité quand on sème tardivement ou lorsque les eaux d'irrigation sont plus froides qu'à l'ordinaire.

Les cinq variétés précitées sont celles que l'on cultive depuis longtemps dans la Haute-Italie.

Les quatre premières sont vraisemblablement des modifications d'un même type. La cinquième est d'une importation plus récente;

Bulletin du Jardin colonial.

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on croit qu'elle a été introduite après les grandes invasions du « bussone » en 1820. Les espèces « ostigliese >> et << nostrale » ont à peu près disparu.

Le riz prospère ou mieux encore donne de bons produits, même dans les terrains maigres. Il n'est pas rare d'obtenir des récoltes dans les terrains tout à fait caillouteux ou sabloneux qui sont fréquents dans les régions où on cultive le riz. On peut, par ordre de qualités, classer ainsi les terrains aptes aux rizières.

1o Terres d'alluvions argileuses et argilo-calcaires; les terres argileuses compactes sont moins bonnes; ces terres produisent un grain gros et lourd donnant peu de déchet et de graines vides.

2o Terrains siliceux-argileux : ils sont moins bons suivant la quantité de cailloux qu'ils contiennent. Ces terres peuvent fournir de bonnes récoltes, mais non comparables avec celles que produisent les terrains de la première catégorie. Ils ont l'inconvénient de nécessiter une quantité bien supérieure d'eau d'irrigation.

3o Terrains siliceux ou trop froids par suite de leur nature trop compacte. Les premiers sont peu favorables à la culture du riz, surtout parce qu'ils exigent une trop grande quantité d'eau d'irrigation. Cependant, lorsque l'eau est abondante, ils peuvent porter encore des récoltes assez bonnes, à condition toutefois qu'on n'ait pas négligé de fumer abondamment. Les terres trop compactes sont encore inférieures; elles sont à considérer d'après leur degré de perméabilité.

Avant de semer le riz, il est bon de l'immerger dans une solution de sulfate de cuivre à 1 pour 100. Les parties trop légères montent à la surface et sont éliminées; on obtient ainsi une sélection des bonnes graines; les graines trop petites ou atrophiées, les graines des autres herbes viennent également à la surface et sont écartées. Parmi les nombreuses espèces d'herbes à semences qui infestent le riz, celles qui ne flottent pas sont rares; aussi, par ce procédé, on les évite à peu près toutes.

Il faut laisser les grains une heure dans la solution précitée ; cette immersion ne nuit pas à la qualité germinative, elle a de plus l'avantage de détruire les petits cryptogames qui entourent les grains de riz.

On peut procéder à l'ensemencement aussitôt après; si ce n'est pas possible il est bon de faire sécher les grains.

On emploie aussi un autre moyen pour séparer du riz les graines

des herbes nuisibles. La plus grande partie de celles qui infestent les rizières proviennent de semences transportées par les eaux, aussi ce procédé consiste à intercaler dans les canaux secondaires d'irrigation des filtres de toiles montées sur filets métalliques; ces toiles retiennent toutes les matières en suspension dans l'eau, y compris les graines inutiles. Les expériences ont donné pour résultat une diminution de 50 et même de 90 % de ces graines ainsi éliminées. La quantité de semence nécessaire par hectare varie entre 2 et 3 1/2 hectolitres, suivant la fertilité du terrain, selon que ce terrain est employé pour la première fois à ce genre de culture et aussi d'après la température de l'eau. Il va de soi qu'on sème moins de graines dans les conditions les plus favorables

Après l'ensemencement, on fait traîner par un animal une planche appelée ici« scalone », afin d'appuyer les grains contre le sol et d'éviter ainsi de les laisser emporter par l'eau.

Eaur d'irrigation. -La composition et la température des eaux d'irrigation ont une grande influence sur la production des rizières. L'eau doit être avant tout chaude; la moins bonne est par conséquent celle qui vient des réservoirs souterrains.

L'origine de l'eau a une influence importante sur sa composition; la composition elle-même est à considérer pour le bénéfice qu'elle apporte dans les irrigations.

La quantité d'eau à employer par hectare de terrain est subordonnée à la nature du terrain; il faut une telle quantité d'eau dans certaines terres poreuses, qu'il vaut souvent mieux renoncer à y cultiver des rizières.

L'emploi des engrais est excellent comme pour toutes autres cultures; jusqu'ici c'est l'emploi des engrais azotés qui a donné les meilleurs résultats ainsi que celui des engrais phosphatés de préférence aux engrais potassiques.

Parmi les engrais chimiques, les plus usités, ceux qui ont la préférence pour la culture du riz, consistent en un mélange de phosphates, de sulfate d'ammoniaque et de sulfate de potasse. Le premier et le dernier mélange se donnent avant l'ensemencement; le sulfate d'ammoniaque s'étend quand on dessèche les rizières avant l'émondage.

Les rizières souffrent plus du manque de phosphates que des produits azotés ou de potasse.

L'emploi du sulfate d'ammoniaque a produit généralement en Italie de bons effets.

Des expériences faites récemment dans diverses rizières ont prouvé que l'emploi répété des phosphates et sulfate d'ammoniaque donne de meilleurs résultats que le nitrate de soude.

Les terrains destinés à recevoir le riz doivent être disposés par paliers horizontaux, bordés de petites digues, destinées à retenir une épaisseur de 12 à 15 centimètres d'eau. Par conséquent, dans les terrains peu inclinés, les digues doivent être plus espacées et moins élevées; dans les terrains inclinés, les paliers sont plus nombreux et les différences de niveau plus sensibles.

La formation de ces compartiments n'exige pas un grand travail annuel pour les terrains qui sont constamment sujets à l'irrigation et qui doivent déjà se trouver par plans horizontaux ou avec une très petite inclinaison.

On y travaille avec une petite charrue, à l'automne ou à la fin de l'hiver, suivant l'état des saisons, c'est-à-dire suivant que le riz succède à lui-même, à une prairie, au blé ou à d'autres céréales.

Le terrain se travaille en le divisant en portions non inférieures à trois mètres et non supérieures à six mètres, séparées par des petits fossés qui circulent parallèlement de haut en bas du champ. On forme ensuite de petites digues dont un certain nombre se trouvent sur les bordures des paliers, et les autres leur sont perpendiculaires. Si les paliers sont très étendus, on fait plusieurs files de petites digues parallèles, de façon à ce que chaque cadre ne mesure pas plus de 1.000 à 1.500 mètres carrés. On nivelle bien les cadres, de façon à ce que l'eau atteigne partout la même hauteur.

Dans les rizières qui se succèdent à elles-mêmes, les petites digues situées le long des compartiments sont renversées le par labourage lorsque les différences de niveau sont peu importantes; on les conserve si les différences de niveau sont très sensibles; dans le premier cas, on change les dispositions pour l'irrigation, ce qui est un avantage au point de vue de la production.

Au moment d'irriguer, on fait arriver l'eau par un canal supérieur flanqué de petites digues qui la maintiennent élevée au-dessus du niveau de la rizière. Le long du remblai inférieur sont pratiquées des ouvertures par lesquelles l'eau entre dans les premiers cadres du champ ; de là elle passe successivement dans les autres par des ouvertures ménagées dans les petites digues respectives.

Les compartiments qui reçoivent l'eau les premiers sont ceux qui produisent le moins, parce que l'eau est plus froide que dans les

autres.

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