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l'aspect qu'on est habitué à lui voir dans les maisons d'exportation de la Côte.

C'est d'ailleurs tout simplement la forme que lui donnaient les Malgaches dès le début, et qui n'a pour objet que de réduire la fibre à un volume assez restreint pour que les balles de rafia, transportées généralement pendant plusieurs jours par terre ou en pirogue, n'occupent pas une place trop considérable. Les paquets de rafia sont alors formés de torsades de fibres, mesurant chacune environ cinq centimètres de diamètre.

Ces torsades sont composées de fibres réunies ensemble et attachées par la partie de la fibre qui provient de la région la plus voisine du pétiole. Aussi, une extrémité, la plus ancienne dans la formation du tissu végétal, présente-t-elle une couleur jaune assez accentuée, tandis que celle qui provient de l'extrémité des folioles est, au contraire, pour le rafia nouvellement préparé, d'une couleur presque blanche.

Ces torsades, au nombre de cinq ou six, sont elles-mêmes enroulées l'une autour de l'autre pour former un paquet qui pèsera environ six kilogrammes.

RENDEMENT EN RAFIA

Il est intéressant de savoir ce que peut produire une feuille en rafia, en talankira (nervures des folioles) et en pétioles, en un mot ce que chaque feuille peut donner des différents produits utiles qui, à des titres divers, sont employés par l'indigène.

Bien que le palmier soit très répandu sur la Côte et que bien des Européens aient été à même d'en voir l'exploitation, je crois que, jusqu'à présent, personne n'a eu l'idée de consigner ces résultats, pourtant faciles à se procurer.

Voici ceux que j'ai obtenus en opérant sur douze feuilles de rafia exploitables de longueur moyenne (6m 50 à 8 mètres):

Les 12 feuilles pesaient, munies des folioles,.
Les folioles provenant des 12 feuilles pesaient.

Et les pétioles ou bao...

Le rafia frais provenant de douze feuilles pesait..
Le rafia sec (rafia commercial) ..

Les nervures des folioles (talankira) pesaient vertes.

205 kil.

106

99

11.090

6.600

28

Les mêmes pesaient sèches.

Les résidus provenant des tissus des folioles non uti

lisables pesaient verts..

13

66.910

On déduit de là facilement que le rapport entre le poids des feuilles coupées, c'est-à-dire la matière végétale fraîche enlevée au végétal, et le poids du rafia sec obtenu est de 0 kil. 0322.

En un mot, 100 kilos de matière verte enlevée au palmier ne produisent que 3 kil. 220 de fibre à l'état commercial.

Le rapport entre le rafia humide retiré des folioles et le même produit après dessiccation complète est de 1 kil. 68, c'est-à-dire que 100 kilogrammes de fibres pesées au moment où l'on vient de les retirer des folioles par le procédé primitif que nous avons indiqué, ne fournissent que 59 kil. 60 de rafia commercial.

La fibre fraîche contient donc plus de 40 % d'humidité. Un pied de rafia arrivé à l'âge d'exploitabilité donne environ une dizaine de feuilles par an. Mais l'indigène en laisse toujours quelques-unes se développer, et pratiquement on peut considérer le nombre de six feuilles comme le maximum de ce que fournit un rafia exploité, ce qui correspond à un rendement moyen de 3 kil. 300 de rafia commercial.

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CULTURE DU SORGHO

DANS LES VALLÉES DU NIGER ET DU HAUT SÉNÉGAL

Le sorgho ou gros mil, Nion ou Bembéré en langues Malinké et Bambara, du genre Sorghum vulgare (Pers.) ou Holcus sorghum (Z) ou Andropogon sorghum (Brot.) est une plante annuelle de la tribu des Andropogonés, famille des graminées, pouvant atteindre cinq à six mètres de hauteur. Les tiges, grosses à la base de deux à trois centimètres de diamètre, sont garnies de feuilles engainantes, terminées en pointe, à nervures parallèles, longues de cinquante, soixante et quatre-vingts centimètres, larges de cinq à dix. Elles émettent généralement des racines adventives aux nodosités inférieures. Fréquemment les bourgeons latéraux se développent et produisent une inflorescence.

L'inflorescence du sorgho est une panicule. « Les épillets sont com« posés de deux fleurs, l'inférieure neutre et à une seule glumelle, <«la supérieure hermaphrodite ou unisexuée; ils sont géminés ou «ternés, l'intermédiaire sessile et fertile, les autres pédicellés et << stériles. Les glumes deviennent dures et sont mutiques. Les «glumelles, plus courtes qu'elles, sont l'inférieure mutique ou << aristée dans la fleur hermaphrodite, la supérieure plus petite, mutique <<< et quelquefois nulle. Les deux glumelles sont tronquées et ordinai«<rement glabres. Il y a de une à trois étamines et un ovaire << sessile, glabre, surmonté de deux styles stigmatisés plumeux. (H. Baillon.)

Le fruit est un caryopse plus ou moins libre entre les glumes; cependant celles-ci peuvent former induvie dans certaines variétés.

La panicule, plus ou moins lâche, dressée ou renversée, à branches plus ou moins longues, érigées le long de l'axe central ou retombantes, la forme du grain, sa grosseur, sa plus ou moins grande liberté entre les glumes, la longueur des glumes par rapport au grain, sont autant de caractères qui permettent de différencier les variétés de sorgho cultivées par les indigènes.

Au sujet des variétés, il importe de savoir d'ores et déjà que les

noms en changent avec les provinces, et même que le nom d'une variété dans tel cercle peut désigner une variété différente dans un autre. Cette multiplicité et cette confusion des dénominations n'est pas sans embarrasser la description. Si l'on s'en rapporte seulement aux caractères botaniques on s'aperçoit bien vite que le nombre des variétés n'est pas considérable.

VARIÉTÉS DE SORGHO DU MOYEN NIGER

1° Keudé bilé ou Keudé rouge. C'est le plus petit des sorghos cultivés. Sa tige grêle, de un mètre cinquante à deux mètres de hauteur, est terminée par une panicule lâche et peu garnie. Les glumes de couleur rouge vif dépassent un peu le grain, qui, à maturité se trouve libre, entre elles. Le grain est petit, rouge, brillant, comme vitrifié, de forme allongée, pointu à une extrémité. D'excellente qualité, le Keudé rouge est très estimé des indigènes qui le consomment cuit à la vapeur d'eau, comme le riz, sans pilonage préalable. Il se conserve sans altérations deux ans en magasin, où les insectes l'attaquent peu. Cette variété se récolte après cent à cent dix jours de végétation. Sa grande précocité lui permet d'échapper au ravage des criquets. Malheureusement le rendement toujours faible n'encourage pas à se livrer en grand à sa culture.

Il se sème en terre argilo-siliceuse.

2o Nionifi. Le nionifi a une puissante végétation. Sa tige atteint quatre et cinq mètres de haut, les feuilles dix à douze centimètres de large. La panicule est serrée, très fournie, avec des rameaux longs et rigides. Les glumes, plus courtes de moitié que le grain, l'enserrent fortement à maturité. Elles sont arrondies à leur extrémité et généralement noires. Le grain est gros, aplati, ridé à sa partie inférieure, de couleur blanchâtre tachetée de rouge.

Ce mil est peu estimé à cause de sa grossièreté. Sa conservation en magasin est difficile. Cependant sa précocité, son rendement élevé le font apprécier pour la culture, surtout dans les années de disette où l'indigène est pressé de faire une récolte. Les semis s'exécutent alors au début de l'hivernage. Il se récolte après cent vingt jours de végétation. Il peut donner trois mille kilos de grains à l'hectare. Les terres fortes lui conviennent bien.

3o Keniki. Le keniki est le plus communément cultivé en pays Bambara et Malinké pour son grand rendement, sa bonne conservation et ses qualités alimentaires.

La tige du keniki atteint quatre à cinq mètres de hauteur mais reste grêle. Les panicules ont jusqu'à soixante centimètres de long et leurs rameaux pendants de quinze à vingt centimètres. Elles s'inclinent sous le poids des grains. Ceux-ci sont gros, blancs, légèrement tachetés de rouge ou de noir. Leur forme est une ovale aplatie. A maturité, le grain est libre entre les glumes qui sont un peu plus courtes.

Semé au commencement de l'hivernage, le keniki se récolte après cent cinquante à cent soixante jours. C'est le gros mil le plus commun sur les marchés.

Il craint les terres humides.

4o Bemberi. Le bemberi se rapproche beaucoup du précédent comme durée de végétation, rendement, conservation et qualités alimentaires. Ses panicules sont également très longues; mais son grain est plus gros, très pointu aux deux extrémités, plus allongé, d'un blanc plus brillant. Les glumes sont généralement noires, pointues, de même longueur que le grain qu'elles laissent libre à maturité.

5o Keudé blanc. Le keudé blanc est petit comme le keudé bilé. Le grain, également petit, s'en distingue par sa couleur blanche. Les glumes au lieu d'être rouges sont blanches ou noires. Le rendedement est plus élevé; il donne jusqu'à quinze cents kilos à l'hectare. La principale différence réside dans la durée de végétation, cent cinquante à cent soixante jours. Le keudé blanc et le keudé bilé ne sont cultivés que par les chefs de case importants. De Korye à Ségou on rencontre beaucoup de lougans de cette variété.

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6o Amadi boubou. Cette variété se distingue par sa floraison : l'axe principale de la panicule se recourbe en crosse après la fécondation. Aussi certains botanistes ont-ils faits de cette variété et de celles qui présentent le même caractère une espèce spéciale, le Sorghum

cernum.

L'amadi boubou est très vigoureux, trapu, feuillu. Sa hauteur est de deux à trois mètres seulement. Il tale peu. La panicule est courte, à rameaux serrés et rigides. Le grain gros, arrondi à sa partie

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