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D'autres analyses, en particulier celle publiée il y a quelques mois par M. Chevalier, au sujet d'une nouvelle espèce africaine1, ont encore confirmé cette règle. L'absence de caféine apparaissait donc tout à fait propre au café de la Grande Comore. Il restait à déterminer l'importance exacte de ce caractère.

J'ai proposé déjà de le considérer comme spécifique, et d'en tenir compte dans la diagnose, au même titre que ceux tirés de la forme extérieure et de l'anatomie. Néanmoins, en raison de la ressemblance étroite du Coffea Humblotiana et du Coffea arabica, il était nécessaire de savoir si la distinction des deux espèces est vraiment fondée, si l'absence de caféine ne résultait pas simplement avec les autres caractères de quelque circonstance accidentelle, par exemple d'une déviation d'origine pathologique.

L'examen de plusieurs cafés sauvages provenant de Madagascar me permet aujourd'hui d'apporter une réponse à cette intéressante opération.

Ces cafés, récoltés 2 dans le massif de la montagne d'Ambre, un peu au sud de la baie de Diego-Suarez, ont été étudiés d'abord au point de vue botanique par M. Dubard. Ce botaniste les rapporte à trois espèces nouvelles : Coffea Gallienii, C. Bonnieri et G. Mogeneti 3.

J'ai analysé à mon tour les graines de ces nouveaux. Or, bien qu'elles appartiennent à des espèces parfaitement distinctes, je les ai trouvées toutes les trois exemptes de caféine. Leur composition chimique, avec l'absence de l'alcaloïde, la faible teneur en azote et aussi la présence d'une notable quantité d'un principe amer, analogue ou identique à celui que j'ai désigné sous le nom de cafamarine, les rapproche done du café de la Grande Comore dont elles s'éloignent, cependant, d'une manière très nette, au point de vue botanique.

Voici les résultats principaux fournis par l'analyse :

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3. L'Agriculture pratique des pays chauds, février 1905. 4. Bull. Soc. chim., 3a série, t. XXV, p. 379 (1901).

Ces résultats, obtenus avec plusieurs espèces nettement différenciées par la forme de leurs organes, montrent qu'on doit considérer l'absence de caféine dans certains cafés non comme un fait accidentel, mais comme un caractère physiologique normal, de valeur au moins spécifique, et dont on pourrait tenir compte désormais, avec avantage, dans l'étude systématique du genre Coffea.

Leur application immédiate permet déjà de trancher le cas douteux du café de la Grande Comore et de caractériser cette espèce comme réellement distincte du Coffea arabica L.; mais il faut surtout les envisager comme l'exemple d'un nouveau genre de services que la chimie biologique est appelé à rendre aux sciences naturelles, quand les classifications tiendront un plus grand compte de l'ensemble des caractères particuliers aux êtres vivants.

Ces résultats suggèrent encore une remarque. Tous les cafés sans caféine connus maintenant - et même le Coffea Mauritiana -- proviennent de Madagascar ou d'îles extrêmement voisines. Étant donnée l'allure spéciale de la faune et de la flore de Madagascar il est au moins curieux de voir les cafés originaires de cette région présenter, mais cette fois au point de vue physiologique, un caractère qui n'a pu être retrouvé encore dans aucune espèce des régions continentales environnantes.

GABRIEL BERTRAND.

MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS

L'Éditeur-Gérant : A. CHALLAMEL.

PARTIE OFFICIELLE

COTE D'IVOIRE

ARRÊTÉ

Le Gouverneur des Colonies, lieutenant-gouverneur de la Côte d'Ivoire, chevalier de la Légion d'honneur,

Vu l'ordonnance organique du 7 septembre 1810, rendue applicable à la Côte d'Ivoire par décret du 10 mars 1893, ensemble le décret du 18 octobre 1904, portant réorganisation du Gouvernement général de l'Afrique Occidentale française et plus spécialement l'article 8 de ce dernier décret;

Vu le décret du 14 avril 1905, remplaçant l'arrêté du 19 juin 1899, sur les taxes de consommation à acquitter par les marchandises mises à la consommation et de toute provenance;

Vu le décret du 30 janvier 1867 sur les pouvoirs des gouverneurs dans les colonies autres que celles à Sénatus-consulte;

Vu le décret du 6 mars 1877, rendant le code pénal métropolitain applicable aux colonies de la Côte Occidentale d'Afrique, ensemble le décret du 30 septembre 1887, portant répression disciplinaire spéciale à l'indigénat du Sénégal et Dépendances,

ARRÊTE :

ARTICLE 1er.

Une taxe de consommation de 10 °, ad valorem est établie sur les kolas récoltés et consommés dans la colonie. La valeur de ce produit sera fixée annuellement par arrêté en Conseil d'administration rendu sur le rapport des commandants de cercle intéressés.

ᎪᏒᎢ. 2. Toute manœuvre frauduleuse ayant pour but de se soustraire au paiement de la taxe ci-dessus spécifiée sera passible des peines de simple police; toutefois, lorsque les auteurs de cette manœuvre seront des indigènes non citoyens français, ils seront punis disciplinairement dans la limite fixée par l'article 2, paragraphe 1er, du décret précité du 30 septembre 1887.

Bulletin du Jardin colonial.

12

ART. 3. Les administrateurs, commandants de cercle, chacun en ce qui les concerne, sont chargés de l'exécution du présent arrêté, qui sera enregistré et communiqué partout où besoin sera et inséré aux publications officielles de la colonie.

Bingerville, le 3 juin 1905.

CLOZEL.

NOMINATIONS ET MUTATIONS

DANS LE PERSONNEL AGRICOLE

Indo-Chine.

Par arrêté en date du 21 juin 1905, M. Magnien, garde général de 1re classe des eaux et forêts, en service détaché en Indo-Chine, est élevé à la première classe de son grade dans le cadre de l'Indo-Chine, à compter du 16 avril 1905, date de sa promotion dans le cadre métropolitain.

Par arrêté en date du 30 juin 1905, M. Thibaudeau est nommé inspecteur stagiaire des épizooties du cadre de l'Indo-Chine, à partir du 30 janvier 1905, date de son entrée à l'Institut Pasteur de Lille, pour y accomplir un stage de technique bactériologique, et mis à la disposition du Résident supérieur du Tonkin.

Guinée Française.

Par décision en date du 21 juin, M. Guardia, agent de culture de 5e classe, est appelé à continuer ses services à Timbo.

EXPOSITION NATIONALE D'AGRICULTURE COLONIALE

AU JARDIN COLONIAL EN 1905

RAPPORTS

I

LES TEXTILES ET LA SPARTERIE

La richesse d'une colonie dépend en général des produits de sa culture; d'où cette dernière doit être développée le plus possible en instruisant son colon par des études préalables.

C'est à ce but que répondait très exactement l'Exposition nationale d'agriculture coloniale, vivante et pratique, organisée à Nogentsur-Marne dans le Jardin colonial, par M. J. Dybowski. On s'en rendra facilement compte en parcourant avec nous les étalages primés de la section des textiles seulement; nous montrerons ainsi aux futurs colons le travail effectué par quelques-uns de leurs anciens pour mettre en valeur leurs concessions.

C'est comme planteurs de jute principalement, et comme manufacturiers de ce textile et d'autres, que la maison Saint frères1 s'est présentée à l'Exposition coloniale de Nogent.

A cet effet elle a exposé:

En matières premières :

1o Des tiges et filasses de jute, de leurs domaine et concessions de Phu-Doan (Tonkin), et de leurs divers champs de démonstration, dans les principaux centres agricoles de la colonie, destinés à la propagation et au développement de la culture de ce textile en Indo-Chine, et pour la comparaison des échantillons similaires des Indes Anglaises;

2o Filasses d'abaca, ramie et aloès, provenant des premiers essais de culture et de défibration de ces divers textiles par l'agent de la maison.

1. Saint frères, 34, rue du Louvre, Paris.

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