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défectueux, avec la bonne terre; 15 centimètres de profondeur suffisent pour le manioc dont les racines sont traçantes.

On reprochait aussi au labour de ne pas laisser à la plante assez de résistance contre les cyclones; or, le manioc craint énormément le vent. Pour obvier à ces inconvénients, il suffit de faire passer la charrue un mois avant la plantation, de prendre l'épaisseur du sol comme limite maximum du labourage, et si l'on a besoin de défoncer le sous-sol, d'exécuter ce travail avec des fouilleuses qui le diviseront et l'ameubliront sans le remonter à la surface.

En suivant ces méthodes, les cultivateurs sont arrivés à des résultats concluants, et aujourd'hui on ne rencontre plus d'adversaires à ce mode de travail.

En opérant à la Station Agronomique de La Réunion en terrain compact, médiocre et jamais labouré, on a obtenu les résultats

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Le sol avait environ 22 à 23 centimètres de profondeur et le soussol était de qualité inférieure. Les résultats montrent que les rendements ont été en augmentant jusqu'à 20 centimètres et ont ensuite baissé légèrement.

Assolement.

Le manioc succède généralement à trois récoltes de cannes à sucre; cet assolement semble très favorable tant au rendement du manioc qu'à la couverture de légumineuses venant généralement entre cette récolte et une nouvelle plantation de cannes; les racines traçantes profitent de l'engrais laissé en terre par la canne et du terreau fourni par les feuilles sèches de celle-ci; de plus, elles ameublissent le sol destiné à recevoir la couverture.

Il est mauvais de faire succéder le manioc à lui-même, parce qu'il

a des tendances à devenir vénéneux et que le rendement diminue très progressivement, finissant par être presque nul après plusieurs récoltes.

Une rotation souvent suivie et qui donne de bons résultats est la

suivante :

Are Année. Plantation de cannes; fumure avec 20.000 kilos de fumier de ferme et engrais chimiques.

2o Année. Filées ou 1re coupe. Engrais chimique après la 1re coupe. 3e Année. 1re coupe ou filées.

4e Année. 2e coupe.

5e Année. Filées.

6e Année. 3 coupe et plantation de manioc. Culture intercalaire. 7e Année. Filé. Récolte de la culture intercalaire.

8e Année. Récolte manioc; plantations légumineuses avec ou sans

maïs.

9e Année. Couverture.

Aussitôt après la dernière coupe de cannes, qui dans notre rotation se fait de juillet à septembre, on donne un coup de labour pour extraire les vieilles souches, avec une charrue type Brahant double no 4 spécial, ou 4 bis double. Ce premier labour est pénible pour les animaux, car si la plantation et la culture ont été bien faites, ces souches sont solidement implantées dans le sol, et il faut atteler aux charrues, pas moins de 6 à 10 bœufs, pour un travail de 30 à 40 ares par jour; au deuxième labour, on arrive à 50 ares.

Avant celui-ci, on passe quelquefois un extirpateur à tiges droites, pour secouer les souches de cannes et les ramener à la surface du champ; souvent, on se contente d'un seul coup de charrue et on complète le travail par deux hersages croisés. Exposées au soleil et à la pluie, les souches ne tardent pas à se décomposer sur le sol.

Les planteurs qui n'ont pas de charrue ou dont les terrains ne se prêtent pas au labourage sont obligés de faire tous ces travaux à la main. Ils enlèvent une à une, au moyen du pic, les vieilles souches de cannes, et les rangent le long de l'ancien sillon en les renversant pour exposer leurs racines au soleil; ce travail est long, fatiguant, coûteux et incomplet, car un homme vigoureux et habile ne peut extirper que 250 à 300 souches par journée de travail, représentant environ de 4 à 5 ares 1. Une grande partie des racines de la canne

1. On compte généralement 6.000 souches de cannes à l'hectare. Bulletin du Jardin colonial.

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ne peuvent être enlevées par le pic, elles encombrent alors le sol, pourrissent lentement et nuisent au développement du manioc.

On sillonne ensuite le champ au moyen d'un rayonneur, en ayant soin de toujours donner aux lignes une direction perpendiculaire à la pente générale du sol, afin d'empêcher les fortes pluies d'entraîner la terre et de mettre à nu les jeunes racines de manioc, les exposant ainsi à la destruction par le soleil.

Plantation.

La meilleure époque pour la plantation va du mois de juin au mois d'octobre; la récolte se fait de 18 à 24 mois après, à peu près à toute époque pour les racines destinées à l'alimentation des animaux, et d'avril à septembre pour celles destinées à la fabrication de la fécule, parce qu'alors la richesse en amidon est la plus forte.

Reproduction du manioc.

Les graines de manioc sont très fertiles, et on rencontre souvent dans les champs de véritables semis poussés dans les sillons, mais il se produit ici un phénomène de réversion vers un type qui n'est jamais celui qui lui a donné naissance, c'est pourquoi les cultivateurs de La Réunion ont toujours repoussé sans réserve ce mode de multiplication. De plus il donne des racines petites, ne contenant pas de fécule, comme le manioc sauvage dont nous donnons ci-dessous deux analyses extraites du livre Historia das plantas e de gozo do Brazil, par Theodoro Pekolt:

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Il serait intéressant de voir si par une culture bien conduite et une sélection attentive des graines, on n'arriverait pas à créer une variété nouvelle riche en fécule. Nous croyons qu'aucun essai sérieux n'a été tenté dans ce sens.

Le mode de reproduction adopté est le bouturage qui donne toujours la variété choisie avec tous ses caractères.

Choix des boutures.

Il faut d'abord rejeter tous les bois trop jeunes et l'extrémité des branches, enlever la partie inférieure de la tige centrale et ne prendre que la partie médiane de la plante. Ce choix est absolument indispensable, sans quoi on s'expose à des déceptions comme cela s'est vu bien souvent, et alors on incrimine la terre, sans songer à s'en prendre à soi-même.

Le jeune bois n'a jamais donné que de mauvais rendements; le vieux bois pousse difficilement et occasionne de nombreuses lacunes dans la plantation. Un hectare de terrain en récolte permet la plantation de deux à trois hectares, quelquefois davantage.

Le sectionnement peut être fait à l'aide d'un instrument bien tranchant, mais il est préférable d'employer la scie qui donne une section plus nette. Le couteau oblige l'ouvrier à appuyer la tige sur un corps résistant pour frapper, il en résulte un écrasement de tissus formant une plaie assez large et favorisant la pénétration des ferments de putréfaction. Les boutures doivent avoir une longueur d'environ 10 à 15 centimètres; les boutures plus longues donnent naissance à une grande quantité de tiges qui poussent au détriment des racines. La coupe des boutures à la longueur doit être faite au moment même de la plantation, car elles se dessèchent très rapidement; quarante-huit heures d'intervalle, surtout si le soleil est ardent, suffisent souvent pour compromettre toute une plantation. Le bouturage, qui au premier abord semble une opération très simple, demande cependant des hommes soigneux, car aucune des prescriptions indiquées ne peut être négligée, sans risques de gros mécomptes.

Plantation du manioc.

Quand le terrain est travaillé à la charrue, le manioc se plante généralement à 0m 70 d'intervalle sur la ligne, avec des interlignes

de 1m 20, ce qui donne environ 12.000 pieds à l'hectare; dans des terres riches et fertiles, la distance des interlignes doit être augmentée sans aller au delà de 1 m 50.

Quand la plantation est faite à la main, on utilise les trous laissés par les souches de cannes extirpées, et l'on a 6.000 pieds à l'hectare (1 m 1 m 66).

Les trous dans les terrains sillonnés sont faits en cuvette à la pioche à 12 ou 15 centimètres dans leur plus grande profondeur, 10 à 15 centimètres de largeur et autant de longueur; le semeur place dans chaque fosse une ou deux boutures de manioc, en ayant soin de bien poser le bois au fond du trou et de le faire adhérer au sol; puis il ferme la fosse en émiettant la terre à la main et il la tasse ensuite assez fortement avec le pied.

Dans les localités pluvieuses une seule bouture est suffisante, car il est ensuite plus facile d'éclaircir la plantation. Celle-ci est faite généralement par trois personnes un homme qui troue, un enfant qui dépose la bouture et un autre enfant qui recouvre le bois; suivant le degré d'humidité de la terre, la sortie des tiges a lieu entre le quinzième et le vingtième jour après la plantation.

Des expériences ont été faites à la Station Agronomique de l'île de La Réunion, dans un terrain labouré, médiocre, sans fertilisants, pour apprécier l'influence de la distance des interligres sur le rendement. Elles ont donné les résultats suivants, avec une distance de 0m 70 entre les pieds sur une même ligne.

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La distance la plus favorable serait donc de 1 m 40 pour le champ d'expériences.

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