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consister le bonheur que dans la vertu ; ils appelaient souverain bien la conformité avec l'ordre, et mal ce qui lui était contraire. Leur doctrine pure et sublime entretint la vigueur et l'esprit public chez les peuples qui l'adoptèrent; mais elle était cependant trop austère et trop au-dessus de l'humanité.

ÉPICURE donnait ses leçons à Athènes dans un jardin. Il ne nous reste rien de ses nombreux ouvrages; mais sa grande renommée dure encore. Lucrèce et Cicéron nous ont fait connaître son système développé dans les temps modernes par Gassendi. Opposé aux stoïciens, il faisait consister le mal dans la douleur, et le bonheur dans la volupté. Il attribuait la formation du monde au hasard, et ne croyait pas que les dieux s'occupassent de la terre. Le souverain bien se trouvait, selon lui, dans le repos et dans l'absence des peines : aussi fit-il de cette impassibilité l'attribut des dieux.

Sa conduite était austère et sa doctrine relâchée. Pour éviter les maux qui suivent les excès et les peines qui dérivent des vices, on le vit toujours vertueux, tempérant et frugal.

On n'imita point ses vertus; on abusa de son système : et il est bon de remarquer que sa philosophie amollit les mœurs, et corrompit les peuples qui abandonnèrent la doctrine de Zénon pour suivre la sienne.

PYRRHON, citoyen d'Élide. Sa doctrine était celle du doute; son école fut appelée sceptique. Ce philosophe soutenait qu'il n'existait rien de certain, et qu'on devait toujours suspendre son jugement. Les conséquences de ce système sont trèsdangereuses, puisqu'il fait douter de la justice et de la vérité, de l'honnêteté et de l'infamie; et que, conformément à ces principes, la justice et l'injustice dépendent, non de l'ordre éternel établi par Dieu, mais de l'intérêt et des conventions des hommes. Ce système conduisait nécessairement à l'indifférence pour le bien et pour le mal, et à la destruction de

tout esprit public; car il ne peut exister de bons citoyens là où l'on ne croit pas fermement à la vertu.

ARISTIPPE, disciple de Socrate, fut accusé par les stoïciens et les académiciens d'être novateur, et de vouloir établir une alliance monstrueuse entre la vertu et la volupté. Faisant ⚫ consister le bonheur dans une suite d'impressions douces, il rapportait tout à lui, et ne tenait à l'univers que par son intérêt les devoirs ne lui paraissaient que des échanges; il enseignait à respecter les lois pour n'être pas inquiété, et faisait du bien pour en recevoir.

Selon sa doctrine, on devait oublier le passé, ne point craindre l'avenir, et ne penser qu'au présent.

Sa complaisante philosophie lui valut la faveur du tyran de Syracuse, qu'il flatta bassement; et, comme on lui reprochait de s'être mis aux genoux de Denys, afin d'obtenir une gràce pour un de ses amis, il répondit : « Est-ce ma faute si cet << homme a les oreilles aux pieds? »

MÉNANDRE était un poëte athénien, qui, selon le jugement de Quintilien, effaça ses prédécesseurs, et se montra aussi comique qu'Aristophane, avec un goût plus fin et plus délicat.

PHIDIAS. Cet artiste est immortel comme les monuments d'Athènes qu'il dirigea. Ses ouvrages avaient un si grand caractère, que, selon la remarque de Quintilien, il réussit mieux à représenter les dieux que les hommes.

La statue de Minerve, haute de vingt-six coudées, fut son chef-d'œuvre. Il voulait la construire en marbre, et dit au peuple qu'en la faisant ainsi elle durerait plus et coûterait moins. La vanité du peuple, choquée de cette économie, lui ordonna de se taire, et on décida que la statue serait en or et en ivoire.

Son génie fut la victime de l'envie on l'accusa de vol et

d'impiété; la puissance et l'amitié de Périclès ne le sauvèrent pas de la mort.

METON, célèbre astronome, dix mois avant la guerre du Péloponèse, ayant observé le solstice d'été, produisit une période de dix-neuf années solaires, qui renfermaient deux cent trente-cinq lunaisons, et ramenaient le soleil et la lune à peu près au même point du ciel.

Les auteurs comiques l'attaquèrent vainement dans leurs satires; il obtint un succès éclatant. Les Athéniens gravèrent les points des solstices et des équinoxes sur leurs murs, et fixèrent le commencement de l'année, ainsi que le renouvellement des archontes, à la lune qui suit le solstice d'été.

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POLYGNOTE employa son talent à consacrer la gloire de la Grèce il fut remercié par un décret des amphictyons pour avoir peint dans un portique d'Athènes les événements de la guerre de Troie; on décida qu'il devait être partout nourri gratuitement.

ZEUXIS surpassa peut-être tous ses rivaux en force et en coloris: il disait avec fierté qu'il donnait ses ouvrages, parce qu'on ne pouvait pas les payer.

PROTOGENE acquit aussi beaucoup de gloire par ses pinceaux. Il était ami d'Aristote.

PRAXITÈLE fut l'un des plus habiles sculpteurs : son chefd'œuvre était un Cupidon, dont il fit présent à la courtisane Phryné. Cette femme, célèbre par sa beauté et par ses vices, s'était engagée à payer la reconstruction de la ville de Thèbes, pourvu qu'on y mît cette inscription : « Alexandre a détruit Thèbes; Phryné l'a rebâtie. »

POLYCLETE se distingua par la beauté de ses statues d'ai

rain.

APELLE, dont le nom retrace la gloire, perfectionna la peinture par ses écrits autant que par ses tableaux : il fit plusieurs portraits d'Alexandre; le plus admiré était celui qui le représentait un foudre à la main.

Lorsqu'il vint à la cour de Ptolémée, roi d'Égypte, l'envie se déchaîna contre lui; ses ennemis voulurent le perdre. Revenu à Éphèse, il s'en vengea en composant son fameux tableau de la Calomnie On dit que sa Vénus sortant de la mer était la plus belle de ses productions.

LYSIPPE, immortel parmi les sculpteurs, fut un des ornements de Sicyone, sa patrie. Alexandre avait défendu à tout autre qu'à lui de faire sa statue, comme à tout autre qu'à Apelle de peindre son portrait.

Son chef-d'œuvre fut une statue en bronze de ce héros, que dans la suite Néron eut le mauvais goût de vouloir faire dorer.

Nous ne comprenons point dans ce tableau les orateurs célèbres, tels que Périclès, Alcibiade, Démosthène, Eschine, Lycurgue. Dans ces siècles de liberté l'éloquence était le premier moyen pour arriver à la tête des gouvernements, et tous les hommes qu'on vient de nommer se trouvent acteurs principaux dans les événements politiques : ils ont paru assez souvent sur la scène de l'histoire pour n'en pas faire mention dans cette notice.

Le célèbre Pythagore appartient aussi aux mêmes époques; mais, comme législateur et philosophe, il trouvera sa place lorsque nous parlerons de la Grande-Grèce.

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naturel d'Alexandre. Régence de Perdiccas. — Sa mort. - Règne d'Antipater.

Armement des Athéniens. tipater. Fuite de Démosthène. -Régence de Polysperchon.

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Rappel de Démosthène.

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Sa

Sa mort.-Soumission d'Athènes à Antipater. Retour de la reine Olympias en Macédoine. Accusation contre Phocion. Sa mort. Honneurs rendus à sa mémoire. Gouvernement de Démétrius de Phalère. Crimes de la reine Olympias. mort.― Reconstruction de Thèbes par Cassandre.— Troubles à Athènes, causés par Démétrius Poliorcète. Siége de Rhodes. Invention d'une machine de guerre. -Bataille d'Ipsus.-Partage de l'empire d'Alexandre.-Prise d'Athènes par Dém trius. · Caractère et exploits de Pyrrhus. — Défaite, fuite et mort de Démétrius. — Arrivée de Pyrrhus à Athènes. — Son départ pour l'Italie. — Sa victoire sur les Romains. Ses propositions de paix rejetées par le sénat romain. Son expédition en Sicile. Son retour en Italie. Sa défaite et son retour en Épire. — Événements en Macédoine en l'absence de Pyrrhus. — Victoire de Pyrrhus sur les Gaulois. Guerre de Pyrrhus contre Lacédémone.— Courage Armement général de Sparte.

des femmes de Sparte.

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Assaut général. Magnanimité d'Antigone.

Lorsque Alexandre, après avoir traversé la Grèce, la Syrie, la Phénicie, l'Égypte, la Perse et la Médie, se précipitait sur les provinces de l'Inde avec la rapidité d'un torrent, et semblait regarder l'empire du monde comme le prix de la course aux jeux olympiques, plusieurs brachmanes qui se trouvaient sur son passage frappèrent tour à tour la terre de leurs pieds. Alexandre leur ayant demandé la raison de ce mouvement, ils répondirent: « Quelque ambitieux, quelque puissant que << soit un homme pendant sa vie, il ne peut occuper sur la « terre, après sa mort, qu'une place égale à la mesure de « son corps. » On dut se rappeler cette sage réponse dès que le sort eut terminé les jours du conquérant de l'Asie : ce héros, qui remplit l'univers de sa gloire, qui laissait un si grand vide dans le monde, demeura quelques jours isolé sans

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