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NOUVEAUX TROUBLES DANS LA GRÈCE.

(An du monde 3626.-Avant Jésus-Christ 378.)

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Renouvellement de la guerre. Révolution à Thèbes. citoyens. Pélopidas au nombre des exilés.

Exil de quatre cents Caractère de Pélopidas et

d'Epaminondas. — Conspiration de Pélopidas favorisée par Épaminondas. Victoire de Chabrias. -Le bataillon sacré.

Succès de cette conspiration.

Victoire de Pélopidas.- Armement à Sparte. - Bataille de Leuctres.

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- Victoire Conspiration déjouée par

Emprisonnement et jugement de
La bataille sans larmes.

Pélopidas et d'Épaminondas. Leur acquittement.

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-Éducation de Philippe à Thèbes. Révolution en Thessalie. Gouvernement d'Alexandre de Phères. Sa tyrannie. Emprisonnement de Pélopidas. Nouveau commandement d'Épaminondas. Liberté de Pélopidas. Sa victoire sur Alexandre. Sa mort. - - Affliction des Thébains à ce sujet. Mort d'Alexandre. Trait de courage du soldat Isadas. - Bataille de Mantinée. Mort d'Épaminondas.

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tion d'Agésilas. Sa mort. La guerre des alliés. Mort de Chabrias. Commandement de Charès. Exil de Timothée. Témérité d'Iphicrate. Repos d'Athènes.

Les passions qui avaient mis toute la Grèce en armes ne furent point éteintes par ce honteux traité, ouvrage de la lassitude et non de la raison. Un court repos leur rendit leurs premières forces.

Thèbes et Corinthe étaient mécontentes de la paix d'Antalcide, qui avait affranchi les villes de leur dépendance, tandis que Sparte, après avoir diminué leur autorité, conservait la sienne sur la plus grande partie du Péloponèse.

L'ambition lacédémonienne donna bientôt à la haine de nouveaux aliments sous un léger prétexte, les Spartiates firent la guerre aux Olinthiens, et s'emparèrent de Potidée, leur alliée. Une entreprise plus audacieuse porta l'exaspération au plus haut point.

La ville de Thèbes était agitée par deux partis, que lettes intérêts opposés rendent en fout temps inconciliables lorsqu un

VAUDOISE

troisième pouvoir ne les comprime pas ces deux partis étaient celui de la démocratie et celui de l'oligarchie.

Le premier veut l'égalité, et mène presque toujours à l'anarchie; l'autre, sous pretexte de conserver l'ordre public en plaçant le gouvernement dans les mains des hommes les plus riches, les plus instruits et les plus distingués, conduit souvent à la tyrannie.

Ces deux factions étant alors fort animées l'une contre l'autre, le général spartiate Phébidas profita de leurs divisions, promit d'appuyer les oligarques, et s'introduisit dans la citadelle, dont il s'empara.

Le parti populaire, abattu, se vit livré aux vengeances de ses ennemis, qui en proscrivirent tous les chefs; quatre cents citoyens se bannirent eux-mêmes, et cherchèrent un asile dans la ville d'Athènes, toujours favorable à la démocratie.

Au nombre de ces exilés on remarquait Pélopidas, déjà connu par des exploits guerriers, et dont le noble caractère promettait un libérateur et un héros à sa patrie. Épaminondas, digne de partager sa gloire, et qui devait même la surpasser, était lié avec lui d'une amitié qu'aucune rivalité ne put affaiblir; elle se soutint également dans le malheur et dans la prospérité : mais, quoique Épaminondas fùt du même parti que son ami, il ne l'accompagna pas dans sa fuite, et resta tranquille à Thèbes : son amour pour la littérature et pour la philosophie, le faisant croire exempt d'ambition, le mit à l'abri de la haine d'un gouvernement soupçonneux et jaloux.

Il était évident que Phébidas, en s'emparant de Cadmée en pleine paix, avait fait une infraction au droit des gens, qui devait alarmer toutes les villes libres. Le sénat de Sparte prouva plus dans cette occasion sa mauvaise foi que sa justice il condamna Phébidas à l'amende; mais il conserva la citadelle de Cadmée, et fit mettre à mort Isménie, général thébain et l'un des chefs du parti populaire.

Cet acte de violence rendit la haine de Thèbes irréconci

liable les proscriptions civiles ne sont que des malheurs; celles qu'exerce l'influence étrangère sont des affronts.

Rien n'aveugle comme l'ambition : Agésilas lui-même défendit Phébidas, disant que, si son entreprise n'était pas juste, elle était au moins très-utile. Son orgueil pour sa patrie lui faisait oublier cette maxime, bien plus vraie, sortie de sa bouche «La justice est la première de toutes les vertus, puisque << tous les hommes étaient justes, on n'aurait pas besoin de « lois. >>

Au reste, Sparte ne tarda pas à éprouver la vérité d'une autre maxime qu'on perd trop souvent de vue : c'est que tout ce qui est injuste devient à la longue plus nuisible qu'utile. Tout parut dans les premiers moments justifier les fautes de Lacédémone.

Les Olinthiens, qui s'étaient révoltés et qui avaient tué le général Téleutius, furent vaincus par Agésilas et obligés de se rendre. Le gouvernement thébain, protégé par les Spartiates, se trouvait forcé de suivre leurs lois. Athènes et Corinthe redoutaient leurs armes. La domination de Sparte sur la Grèce paraissait établie : la décadence suit de près une grandeur excessive; et la fière Lacédémone, qui devait bientôt l'éprouver, était loin alors de prévoir que deux simples citoyens de Thèbes fussent destinés par le sort à renverser sa puissance.

Ces deux hommes étaient Pélopidas et Épaminondas : leur vertu fit leur grandeur; l'amour de leur patrie et le désir de la sauver furent leur seule ambition.

Tous deux, également célèbres par leurs succès militaires, brillaient par des qualités différentes: Pélopidas, riche, généreux, uniquement occupé des affaires publiques, excellait dans tous les exercices du corps, ses seuls amusements.

Épaminondas, pauvre, désintéressé, refusant les secours même de l'amitié, exempt d'ambition, n'aimait que les lettres et la philosophie, et ne put être arraché à ses études favorites que par les extrêmes dangers de sa patrie. Excellent citoyen,

juste dans ses actions et franc dans son langage, tout mensonge, même en riant, lui paraissait un crime. Resté à Thébes dans le temps de la tyrannie aristocratique et de la domination étrangère, il attendait impatiemment l'occasion de briser cette double chaîne.

L'orgueil de Lacédémone lui en donna les moyens. On doit ménager les ennemis vaincus l'opprimé qu'on pousse au désespoir devient redoutable. Le sénat de Sparte, qui voulait tout faire ployer sous sa volonté, ordonna aux Athéniens de chasser les bannis de Thèbes réfugiés chez eux. Cette persécution les détermina à tenter l'entreprise la plus audacieuse. Pélopidas les arma, et conçut le projet de rentrer à leur tête dans sa patrie et d'y renverser le gouvernement aristocratique.

Il confia le plan de cette conspiration aux amis qu'il avait laissés à Thèbes. Épaminondas les excitait à la favoriser. Pélopidas, avec douze de ses compagnons, entra de nuit dans la ville déguisés en paysans, ils se cachèrent dans la maison de Charron, dont la fidélité leur était connue. Quarante-huit autres bannis vinrent les y joindre. Le greffier des principaux magistrats de la ville, Philidas, un des conjurés, invita tous les chefs du gouvernement à un grand festin pour les éloigner de leurs fonctions et pour les livrer tous réunis à la vengeance de leurs ennemis.

Comme ils étaient à table et dans la chaleur du festin, un courrier d'Athènes arriva : il apportait des lettres qui révélaient le plan de la conspiration dans tous ses détails. Archias, chef de l'oligarchie, ivre de plaisir et de vin, prit les dépêches sans les lire, les jeta sur son lit, et dit en riant : « A demain les affaires sérieuses. » Il se livra de nouveau à la joie qui animait les convives.

Cependant les conjurés se mirent en marche, et se divisèrent en deux troupes : l'une, commandée par Pélopidas, força la maison du gouverneur Léontide, qui périt après avoir vendu chèrement sa vie; l'autre, introduite chez Philidas,

entra dans la salle du festin et massacra tous les magistrats. Les conjurés, s'étant ensuite tous réunis, forcèrent les prisons, enfoncèrent les boutiques des fourbisseurs, et se répandirent dans toute la ville en criant : « Liberté! liberté ! » Épaminondas les seconda par son éloquence et par son épée.

Le reste des bannis, qui était déjà retourné à Athènes, croyant la conspiration découverte et manquée, accourut promptement en apprenant ce succès inespéré. Une armée athénienne les suivit; les villes de Béotie envoyèrent des secours. Le peuple, enthousiasmé par le courage et les harangues de Pélopidas, le proclama son libérateur.

Les Lacédémoniens se renfermèrent dans la citadelle, et ils y furent assiégés par Pélopidas et Épaminondas, déjà à la tête de douze mille hommes: la garnison, dépourvue de vivres, ne put attendre le secours de Sparte; et capitula. Le sénat de Lacédémone, toujours inflexible, fit punir de mort les généraux qui avaient signé cette capitulation.

Cependant le roi de Sparte, Cléombrote, entré en Béotie, la ravageait; son invasion effrayait Athènes à peine relevée de ses ruines, cette république sentait le besoin du repos, et se décidait à rompre son alliance avec Thèbes; mais Pélopidas, aussi habile que brave, trouva le moyen de compromettre les Athéniens et de les forcer à déclarer la guerre à Sparte.

Connaissant le caractère présomptueux de Sphodrias, général spartiate qui commandait des troupes dans l'Attique, il lui fit conseiller sous main de s'emparer du Pirée. Ce général malhabile tenta cette entreprise et échoua. Athènes se plaignit vivement de cette hostilité, et demanda le châtiment de Sphodrias. Agésilas, cédant aux prières de son fils, lié d'amitié avec ce général, le fit absoudre. Un tel déni de justice irrita au dernier point les Athéniens, qui renouèrent leur alliance avec Thèbes.

Chabrias, commandant l'armée d'Athènes, arrêta, par d'habiles manœuvres, la marche d'Agésilas. S'étant ensuite em

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