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Dieu tous les premiers nés des hommes et des animaux, afin de conserver à jamais la mémoire des miracles faits pour terminer leur captivité. Depuis ce temps, cette consécration a toujours eu lieu, et les Hébreux ont toujours été obligés de racheter leurs premiers nés et ceux des animaux qu'ils voulaient garder.

Après le départ des Israélites, Pharaon se repentit de leur avoir rendu la liberté. Furieux de perdre un si grand nombre d'ouvriers et d'esclaves, il rassembla tous ses soldats et ses chariots de guerre, et poursuivit lui-même les Hébreux à la tête de son armée.

Dès que les Israélites aperçurent ces troupes, ils éclatèrent en plaintes contre Moïse, lui demandant s'il n'y avait pas assez de sépulcres pour eux en Égypte, et pourquoi il les avait emmenés si loin pour les faire tous périr le même jour. Moïse les rassura en leur promettant de nouveaux miracles. La colonne de nuées qui les précédait se plaça derrière eux, entre Israël et Pharaon : elle était obscure du côté des Égyptiens et lumineuse du côté des Hébreux. Moïse, ayant pris les ordres du Seigneur, étendit sa verge sur la mer Rouge, qui s'ouvrit : les eaux se séparèrent, et tout le peuple d'Israël traversa la mer à pied sec, entre ses eaux, comme entre deux murailles'.

Lorsque l'armée israélite fut sur l'autre rive, elle vit l'armée égyptienne qui la suivait par ce même chemin ouvert pour elle au milieu des eaux. Mais Moïse ayant étendu une seconde fois sa verge sur la mer, les vagues se précipitèrent avec furie les unes sur les autres, et l'armée entière des Égyptiens s'engloutit dans les flots avec son monarque.

Moïse célébra cette victoire par un cantique que Marie, sa sœur, et les femmes israélites chantaient en dansant au son des instruments. Quelques phrases suffiront ici pour donner une juste idée de l'esprit de ce temps, et de la poésie de Moïse << Chanton des hymnes au Seigneur, parce qu'il a <«< fait éclater sa grandeur et sa gloire, et qu'il a précipité

Même année, 2513.

« dans la mer le cheval et le cavalier. Le Seigneur est ma «force et le sujet de mes louanges, parce qu'il est devenu << mon sauveur : c'est lui qui est mon Dieu, et je publierai sa « gloire. Il est le Dieu de mon père, et je révélerai są gran<<< deur. Le Seigneur a paru comme un guerrier: son nom « est le Tout-Puissant. Il a fait tomber dans la mer les cha<< riots de Pharaon et son armée. Les plus grands d'entre ces princes ont été submergés dans la mer Rouge; ils ont été << ensevelis dans les abimes; ils sont tombés comme une << pierre au fond des eaux. Votre droite, Seigneur, s'est signalée, et a fait éclater sa force; votre droite, Seigneur, a << frappé l'ennemi de votre adversaire par la grandeur de << votre puissance et de votre gloire; vous avez envoyé le feu << de votre colère qui les a dévorés comme la paille. »

Les Israélites entrèrent dans le désert de Sur. Au bout de quelques jours de marche, ils éprouvèrent une grande disette d'eau, et n'en trouvèrent que dans un lieu nommé Mara; mais cette eau, trop amère, n'était point potable. Moïse fit un nouveau prodige, et l'adoucit en y jetant des morceaux d'un bois que l'Écriture ne nomme pas.

Quinze jours après, l'armée étant arrivée à Élieu, y trouva douze fontaines et soixante-dix palmiers; mais le pain était épuisé, les vivres manquaient les murmures commencèrent; le peuple regrettait hautement les viandes et les oignons d'Égypte. Dieu, après leur avoir reproché leur ingratitude, opéra un nouveau prodige en leur faveur. Une multitude innombrable de cailles couvrit le camp, et le Seigneur fit tomber du ciel une gelée nourrissante, que les Hébreux nommèrent manne. Ce présent du ciel leur fut continué pendant quarante ans qu'ils habitèrent le désert. Ils en récoltaient pendant six jours de la semaine; le septième il n'en tombait pas, parce que ce jour, ainsi que le prescrivit Moïse, devait être consacré au repos et au culte de Dieu; c'est ce qu'on appelle le jour du sabbat. Le précepte qui le concerne a été jusqu'à présent religieusement observé par les Juifs.

Les Israélites continuèrent leur marche. Trois mois après leur entrée dans le désert, se trouvant près de Raphiti, ils souffrirent encore d'une nouvelle disette d'eau. Ce peuple, incrédule et indocile, douta de la protection du Seigneur, de sa puissance, et reprocha avec ingratitude à Moïse de l'avoir tiré d'un pays fertile pour le faire mourir de soif dans le désert. Moïse eut recours au Seigneur, qui lui dit d'approcher de la montagne d'Horeb avec les anciens, et de frapper de sa verge le rocher. Il le fit, et vit jaillir de ce rocher une eau abondante qui désaltéra le peuple.

Ce fut dans ce lieu que les Amalécites, en armes, vinrent attaquer les Hébreux1. Moïse, assis sur la montagne pendant le combat, éleva les mains vers Dieu pour implorer son secours. Tant que les bras de Moïse étaient élevés vers le ciel, Israël avait l'avantage; mais, lorsque ses bras se baissaient, la fortune favorisait les Amalécites. Aaron s'en aperçut, et soutint les bras de Moïse pour qu'ils restassent levés. Par ce moyen, les Hébreux, commandés par Josué, remportèrent une victoire complète sur Amalec, et taillèrent son armée en pièces.

En même temps, Jéthro, beau-père de Moïse, vint le trouver avec sa famille, et le félicita des prodiges qu'il avait opérés par la protection du Seigneur. Avant de le quitter, il lui donna le sage conseil de se vouer exclusivement au sacerdoce et à la législation. Moïse suivit son avis; il nomma des chefs qui commandèrent le peuple, partagé en troupes de mille, de cent, de cinquante et de dix hommes; il leur confia le soin de juger leurs différends, se réservant l'appel de ces causes et la décision des affaires les plus importantes.

Lorsque les Hébreux furent arrivés près du mont Sinaï, Dieu ordonna à Moïse et à Aaron de leur dire « Vous avez « vu vous-mêmes ce que j'ai fait aux Égyptiens, et de quelle << manière je vous ai portés comme l'aigle porte ses aiglons << sur ses ailes, et je vous ai pris pour être à moi. Si donc, Même année, 2513.

«< vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance, vous << serez le seul de tous les peuples que je posséderai comme << mon bien propre; car toute la terre est à moi. Vous serez « mon royaume, et un royaume consacré par la prêtrise; << vous serez la nation sainte. >>

Moïse leur annonça ensuite que le Seigneur se montrerait à eux dans le sein des nuages, sur le sommet du mont Sinaï. Il leur ordonna de planter des poteaux au pied de la monta- · gne, et les prévint que ceux qui oseraient franchir ces limites seraient frappés de mort.

Au jour prédit, un nuage épais couvrit le mont Sinai. Au milieu des feux et des éclairs qui brillaient dans le ciel, et dans l'intervalle des éclats du tonnerre qui grondait, on entendit la voix de Dieu appeler Moïse et Aaron du sommet de la montagne. Le peuple d'Israël, qui couvrait toute la plaine, ayant entendu le tonnerre de la voix de Dieu qui parlait à Moïse, fut saisi de frayeur; et, lorsque le prophète descendit de la montagne vers eux, ils le supplièrent de demander au Seigneur de ne plus faire entendre sa voix formidable, dont ils ne pouvaient soutenir l'éclat.

Moïse et Aaron, étant retournés sur la montagne, rapportèrent au peuple les commandements de Dieu et les lois qu'il prescrivait à Israël1. Ces commandements, que les Hébreux avaient entendu dicter à Moïse par Dieu même, renferment les principes de toute la morale, et rendraient toutes les autres lois inutiles pour les hommes qui s'y conformeraient avec exactitude, puisqu'ils nous défendent l'idolâtrie, tous les crimes, et nous enseignent tous les devoirs.

Nous ne donnerons qu'une idée sommaire de toutes les autres lois de Moïse, qui forment un code très-complet et trèsdétaillé, mais nous rappellerons textuellement les premiers commandements, puisqu'ils sont encore restés et considérés parmi nous comme la base sacrée de la législation de tous les peuples chrétiens : « Je suis le Seigneur votre Dieu, qui vous ai

Même année, 2513.

« tirés d'Égypte, de la maison de servitude. Vous n'aurez << point de dieux étrangers devant moi. Vous ne ferez point << d'images taillées ni aucune figure de tout ce qui est en << haut dans le ciel, et en bas sur la terre, ni de tout ce qui « est dans les eaux, sous la terre. Vous ne les adorerez « point, et vous ne leur rendrez point le souverain culte; car « je suis le Seigneur votre Dieu, le Dieu fort et jaloux, qui « venge l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troiasième et quatrième génération, dans tous ceux qui me

haïssent, et qui fais miséricorde, dans la suite de mille gé<< nérations, à ceux qui m'aiment et qui gardent mes pré« ceptes.

« Vous ne prendrez point en vain le nom du Seigneur << votre Dieu; car le Seigneur ne tiendra point pour innocent « celui qui aura pris en vain le nom du Seigneur son Dieu.

<< Souvenez-vous de sanctifier le jour du sabbat. Vous tra<< vaillerez durant six jours, et vous ferez tout ce que vous << aurez à faire; mais le septième jour est le jour du repos, «< consacré au Seigneur votre Dieu. Vous ne ferez en ce jour « aucun ouvrage; ni vous, ni votre fils, ni votre fille, ni << votre serviteur, ni votre servante, ni vos bêtes de service, «< ni l'étranger qui sera dans l'enceinte de vos villes; car le << Seigneur a fait en six jours le ciel, la terre et la mer, et « tout ce qui y est renfermé, et s'est reposé le septième : «< c'est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat, et l'a <<< sanctifié.

<< Honorez votre père et votre mère, afin que vous viviez « longtemps sur la terre que le Seigneur votre Dieu vous << donnera.

« Vous ne tuerez point.

« Vous ne commettrez point de fornication.

« Vous ne déroberez point.

« Vous ne porterez point de faux témoignage contre votre << prochain.

« Vous ne désirerez point la maison de votre prochain;

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