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était venu dans leur ville capitale, et qu'une courtisane nommée Dalila lui inspirait de l'amour, firent de grands présents à cette femme pour l'engager à découvrir le secret de la force prodigieuse de Samson. Il résista d'abord aux demandes, aux prières de Dalila; et feignant ensuite de se laisser toucher, il lui dit que si on le liait avec sept grosses cordes mouillées, il deviendrait faible comme les autres hommes. Les princes des Philistins, instruits de sa réponse, engagèrent Dalila à le lier comme il l'avait dit. Cet ordre fut exécuté; mais quand les Philistins parurent, Samson rompit ses cordes comme un fil, et s'échappa. Il trompa encore deux fois Dalila par des ruses semblables; mais enfin, comme elle l'importunait sans cesse, et employait contre lui tous les genres de séduction, la fermeté de son âme s'affaiblit; il céda et lui dit : « Le rasoir « n'a jamais passé sur ma tête, parce que je suis nazaréen, « c'est-à-dire consacré à Dieu; si l'on me rase, toute ma force << m'abandonnera. » Dalila rendit compte aux Philistins de sa découverte; et comme Samson dormait un jour chez elle, ayant la tête sur ses genoux, elle fit couper ses cheveux par un barbier. Les Philistins parurent; Samson, réveillé, voulut en vain les combattre : sa force l'avait abandonné; le Seigneur s'était éloigné de lui. Ses ennemis le saisirent, lui arrachèrent les yeux, le menèrent à Gaza, chargé de chaînes, et l'enfermèrent dans une prison où ils lui firent tourner la meule d'un moulin 1.

Quelques mois après, lorsque ses cheveux commençaient à revenir, les princes, les grands et les officiers du pays se rassemblèrent dans un temple pour immoler des hosties à leur dieu Dagon, et pour y faire des festins en réjouissance de leur triomphe. Ayant ordonné qu'on leur amenât Samson pour jouer de la harpe devant eux, son guide le plaça entre deux colonnes qui soutenaient l'édifice. Demandant alors à Dieu de lui rendre sa force pour se venger de ses ennemis, il ébranla

An du monde 2885.- Avant Jésus-Christ 1119.

fortement les deux colonnes, et dit : «Que je meure avec les << Philistins! » Aussitôt le temple s'écroula 1. Tout ce qui s'y trouvait de grands et de peuple y fut écrasé, et Samson immola beaucoup plus de Philistins en mourant qu'il n'en avait tué dans sa vie.

Pendant quelque temps, les tribus d'Israël existèrent sans juges, sans princes, et dans la plus complète anarchie. Un homme d'Ephraïm, appelé Michas, s'était fait une riche idole. Un lévite corrompu consentit à en être le prêtre. Les peuples de la tribu de Dan, mécontents de leur partage, voulurent augmenter leurs possessions. Six cents hommes de cette tribu, persuadés que l'idole de Michas les protégerait, la lui dérobèrent, s'emparèrent de la ville de Laïs, qui appartenait aux Sidoniens, la détruisirent, et en rebâtirent une autre qu'ils appelèrent Dan. Ils y établirent l'image de leurs faux dieux, dont Jonathan, petit-fils de Moïse, fut le pontife. Ainsi, tandis que l'arche sainte était à Silo, une partie infidèle des Hébreux dressait des autels aux dieux étrangers.

D'autres désordres attirèrent de grandes calamités sur ce peuple. Un lévite d'Ephraïm s'était marié à une femme de Bethleem. Sa femme le quitta et revint dans sa ville natale, où elle passa quatorze mois chez son père. Bientôt le lévite accourut pour se réconcilier avec elle. Il y parvint; et, ayant consenti à rester trois jours avec son beau-père, il emmena sa femme, traversa Jérusalem, où il ne voulut pas s'arrêter, parce que les Jébuséens, qui l'habitaient, étaient étrangers. Il continua sa marche jusqu'à Gabaa, de la tribu de Benjamin, où il n'arriva qu'à l'approche de la nuit. Non seulement les habitants lui refusèrent l'hospitalité, mais ils voulurent l'insulter et s'emparer de sa femme qu'ils outragèrent : elle vint expirer à la porte d'un vieillard chez lequel son mari avait été forcé de se réfugier. Le lévite, furieux, emporta dans son pays le corps de cette malheureuse victime, et le coupa en douze

Même année, 2885.

* Même année, 2885.

morceaux qu'il envoya aux douze tribus pour les exciter à la vengeance.

Les tribus, s'étant rassemblées, se liguèrent contre cette ville coupable. Les enfants de Benjamin, au nombre de vingtcinq mille, prirent le parti de Gabaa, et remportèrent deux victoires contre la ligue des autres tribus.

Phinée, petit-fils d'Aaron, consulté par les Israélites, leur parla au nom du Seigneur, et leur promit son appui. Les Benjamites et les habitants de Gabaa tombèrent dans une embuscade, furent battus et passés au fil de l'épée. On brûla la ville de Gabaa, et il ne resta que six cents hommes de la tribu de Benjamin.

Tout le peuple d'Israël se rassembla ensuite à Silo, pour rendre grâces au Seigneur. Les tribus y jurèrent de ne point donner leurs filles aux six cents Benjamites qui restaient. Se repentant ensuite d'un vœu qui prononçait la destruction totale d'une tribu, ils éludèrent leurs serments, et laissèrent les Benjamites enlever leurs filles au milieu d'une fête, pour en faire leurs épouses.

Les Israélites continuèrent encore à vivre sans juges, sans princes et sans gouvernement régulier.

C'est dans cet endroit que l'Écriture rapporte l'histoire de Ruth, dans le dessein de faire connaître d'avance la famille et l'origine de David, que Dieu destinait à régner avec éclat sur son peuple, et dont la race devait donner naissance à la mère du Sauveur du monde.

Lorsque les juges gouvernaient encore Israël, il arriva dans le pays une famine, pendant laquelle un homme de la tribu de Juda, nommé Élimélech, se réfugia dans le royaume des Moabites avec sa femme Noémi, dont le nom attestait la beauté il y mourut. Ses fils épousèrent deux filles moabites; l'une se nomma Orpha, l'autre Ruth; elles devinrent veuves, de sorte que Noémi, restée seule avec ses belles-filles, résolut de retourner au pays de Juda. Noémi proposa à ses bellesfilles de demeurer dans leur patrie. Orpha y consentit; mais

Ruth, ne voulant pas quitter sa belle-mère, qui était vieille, malheureuse et isolée, s'attacha à son sort, et la suivit à Bethléem, adoptant ainsi la patrie de Noémi pour la sienne, et quittant ses idoles pour le culte du Seigneur. Les habitants se ressouvinrent de sa beauté, et accoururent en foule pour la voir; mais elle leur dit : «Ne me nommez plus Noémi; appe<< lez-moi plutôt Mara, car le Seigneur m'a remplie d'amer<< tume. >>

Un des parents de la famille d'Élimélech, nommé Booz, vivait alors à Bethléem : c'était un homme riche, puissant et bienfaisant. Ruth, avec la permission de sa belle-mère, allait un jour glaner dans les champs. Elle se trouva par hasard sur les terres de Booz. Celui-ci, touché de sa grâce et de sa modestie, lui permit d'y revenir, et ordonna à ses moissonneurs de laisser pour elle, derrière eux, une grande quantité d'épis. Après lui avoir exprimé sa reconnaissance, Ruth courut en rendre compte à sa belle-mère.

La loi voulait alors qu'une jeune veuve fût épousée par un de ses parents. Noémi conseilla à Ruth de retourner dans le champ de Booz, de chercher à entrer dans sa tente sans être vue, de l'attendre le soir, en se couchant au pied de son lit, et de lui proposer, sans détour, de la prendre pour sa femme. Elle suivit ponctuellement ce conseil. Booz, surpris, en rentrant le soir chez lui, d'y trouver cette jeune personne, se sentit attendri par sa candeur et son innocence; et, comme il était informé de sa piété filiale pour la vertueuse Noémi, et de sa conversion au culte du Seigneur, il consentit à sa demande. Ayant engagé ses parents à lui céder leurs droits sur elle, il l'épousa un enfant naquit de ce mariage; on le nomma Obed. Le fils d'Obed s'appela Isaïe, et Isaïe fut le père de David.

An du monde 2808. Avant Jésus-Christ 1196.

Naissance de Samuel.-Victoire des Philistins sur les Israélites. Prise de l'arche

sainte. Renvoi de l'arche. Victoire des Israélites sur les Philistins.

vernement de Samuël. Samuel et de Saül. Ammonites.

de Samuel contre Saül.

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Demande d'un roi par les Israélites.

GouEntrevue de Sacre de Saül. Son avénement. Sa victoire sur les Nouvelles victoires sur les Philistins et les Amalécites. Colère Sacre de David. Nouvelle guerre entre les Philistins et Israël. Défi du géant Goliath. Combat de David et de Goliath. Mort de Goliath. Jalousie de Saül envers David. Fuite de David.. Sa victoire sur les Philistins. Apparition de l'ombre de Samuël à Saül.

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Mort de Samuel. Magnanimité de David.

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Un homme de la ville de Romatha, nommé Elcanna, s'était établi dans la tribu d'Éphraïm. Il avait deux femmes, Anne et Phenenna. La dernière eut des enfants; Anne fut stérile. Dans ce temps la stérilité était un malheur humiliant. C'est peutêtre à ce sentiment, à cette opinion, qu'on peut attribuer en partie le prompt accroissement et l'excessive population des anciennes nations.

Les larmes et les prières d'Anne touchèrent le Seigneur. Elle fit vou, si elle avait un enfant, de le consacrer à Dieu, et promit que jamais rasoir ne passerait sur sa tête. Sa stérilité cessa, elle mit au monde un fils qu'on appela Samuël'. Lorsqu'on l'eut sevré, elle prit avec elle des offrandes, et amena son fils à Silo, où était l'arche du Seigneur. Samuël fut consacré au culte de Dieu, et le servit avec les deux enfants du grand-prêtre Héli. Les fils du pontife, loin d'être vertueux comme leur père, méprisaient la loi divine, exigeaient des présents du peuple, dérobaient une partie des offrandes, et séduisaient les femines des Israélites.

L'enfant Samuël remplissait avec zèle tous les devoirs de la religion; il mérita ainsi la protection du ciel et l'amitié du grand-prêtre, qui bénit ses parents.

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