ANALYSE DU RAPPORT DE M. PULLIAT

(ÉTUDE AMPÉLOGRAPHIQUE),

Par M. le docteur HOUDBINE, vice-président.

Messieurs,

Nous regrettons bien vivement que la longueur du rapport de M. Pulliat sur les raisins envoyés à l'Exposition régionale de Lyon et sur les excursions faites par MM. les membres de la Commission ampélographique dans l'Isère, la Drôme et l'Ardèche, ne vous ait pas permis de le lire à la séance générale où il vous a été présenté. C'est un travail très-sérieux, très-bien fait et d'un haut intérêt ampélographique, qui méritait d'être entendu dans son

entier.

L'analyse que nous vous présentons aujourd'hui, sur votre demande, ne vous donnera, nous le craignons, qu'une idée bien insuffisante de ce beau travail; la générosité de l'auteur qui a bien voulu mettre à notre disposition quarante exemplaires de son rapport, comblera cette insuffisance en permettant à la plupart des amateurs de viticulture de notre Société, d'en prendre une connaissance complète.

Ce rapport comprend deux parties distinctes: 1° la deuxième partie du rapport sur les raisins envoyés à l'Exposition de Lyon; 2° le rapport sur l'excursion ampélographique dans la partie sud du Rhône, l'Isère, la Drôme et l'Ardèche.

Première partie : Exposition des raisins à Lyon. - 5 octobre.

En 1872, lorsque l'Exposition de Lyon fut décrétée, la Société de viticulture du Rhône invita tous les viticulteurs du Lyonnais et des départements voisins à lui envoyer leurs collections de raisins afin de lui permettre de continuer ses études ampélographiques.

Un assez grand nombre de viticulteurs répondirent à cet appel.

M. le comte de Sambuy envoya vingt-cinq variétés : 1o les cépages qui produisent les vins fins de la vallée du Pô: le Grignolino, le Nebiolo, l'Aleatico; 2° ceux qui donnent les vins ordinaires: la Lambrusca, la Celerina, la Rossea, etc., etc. Quelques bonnes variétés du Languedoc et de la Provence le Grenache, le Mourvèdre, l'Aramont, etc. Les raisins noirs et blancs du Bordelais, le Cabernet franc, le Cabernet Sauvignon, le Merlot, le Sauvignon et le Sémillon.

M. Rovasenda de Turin présenta, parmi les trente variétés qu'il avait adressées à l'Exposition, quatre variétés d'introduction nouvelle : le Cipro Nero, le Cipro Rosso, l'Egitto Nero et l'Egitto Rosso.

La Société de viticulture de Brioude (Haute-Loire) avait adressé des vignes marcottées, représentant les cépages cultivés dans sa circonscription, et avait joint à cet envoi un mémoire très-intéressant sur les variétés de vignes qui peuplaient les vignobles de Brioude en 1783.

Ce mémoire de M. Gueyffier de Talairet signalait trentecinq variétés. Ces variétés sont encore les variétés cultivées dans ce pays, sauf trois ou quatre qui sont ou disparues ou cultivées. sous un autre nom.

Les fins Pineaux de Bourgogne, connus en 1743 sous le nom de Langedet, tendent à disparaître, dit l'auteur du rapport, et sont remplacés par le Petit Gamay de Beaujolais.

De même les cépages grossiers, le Bruneau, le Noireau, le Fort, le Sapinay, le Pilau ne se rencontrent plus que sur les hauteurs où le petit Gamay ne peut végéter.

La Commission ampélographique n'a pu donner de synonyme à ces cinq variétés, quoiqu'il lui ait paru reconnaître quelques-uns de leurs caractères.

Parmi les cépages qui portaient dans cette collection le nom de Gamay, un seul, le Gros Rondelet, leur a semblé mériter ce nom. Il leur a paru être le Petit Gamay. Les deux autres le Petit Gamay, le Petit Rondelet n'étaient pas des Gamay. La Commission engage les vignerons de Brioude à préférer le Gros Rondelet aux autres Gamay.

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Les chasselas qui acquièrent à Brioude et aux environs

du Puy une si bonne maturité, semblent au rapporteur très-bons à employer pour les vins blancs abondants. Pour les vins rouges il conseille de planter le Mornen noir, ou Chasselas noir, qui donne de si bons résultats dans le canton de Mornant.

Le Comice agricole de Vendôme, par les soins de son président M. Blaise des Vosges, a envoyé une assez grande quantité de variétés parmi lesquelles ont été reconnus : le Gros Noir du pays pour le Teinturier måle de Bourgogne; le Gros Noir de Villebaron pour le Teinturier femelle; le Meslier jaune du clos Belle-Grenetière, pour le Meslier jaune des environs de Paris; le Pineau Noir du clos Santoriaux pour un Cabernet; le Surin Vert pour le Sauvignon de la Gironde; le Grelot de Cinq-Mars pour le Groslot de Cinq-Mars; le Pineau d'Aunis pour le Chenin de la Vienne; l'Auvernat Meunier pour le Meunier; le Cahors à queue verte pour le Cot à queue verte; l'Orbois n'a pas paru à la commission être le Meslier du docteur Guyot: il ressemblait davantage au Chevalier d'Ambrieux; le Gamay du Bois-Bigot n'est autre que le Petit Gamay du Beaujolais.

N'ont pas été reconnus: le Meslier jaune du Gastinais, il n'avait pas du tout la saveur des Mesliers; le Gros Breton, pris d'abord pour un Cabernet, opinion rejetée après un examen plus attentif; le Noir tendre; le Franc noir, Teinturier à grappes trop grosses pour être le Teinturier ordinaire; si cette variété était fertile elle serait bonne à propager; le Pineau de Saumur, ce n'est pas le Chenin noir; l'Auvernat de Romorantin, cépage nouveau pour la Commission.

M. de Vivie, du Lot-et-Garonne, avait envoyé cinquante grappes des principaux cépages de sa collection parfaitement dénommés.

M. Chaudy exposait cinquante variétés, cinq de ces variétés étaient complétement inconnues : le Raisin d'Abondance; le Printanier; le Facun noir; le Navarrais noir et le Tarragonais. Huit de ces variétés étaient exactement dénommées.

Le Muscat romain, très-joli Muscat rouge, et le Saint-Antoine croquant, à très-gros grains olivoïdes, tous les deux

nouveaux pour la Commission, lui ont paru très-méritants. M. Duchamps, de Saint-Jean-des-Vignes (Rhône), avait adressé cinquante variétés, parmi lesquelles se trouvaient quelques raisins nouveaux pour la Commission : l'Alkermès, le Perdreau blanc, et l'Antonio. Quelques raisins seulement étaient inexactement dénommés.

Dans une petite collection très-bien étiquetée, M. Mas, de Bourg (Ain), président de la Commission, a présenté toutes les variétés cultivées au vignoble des Abbéans : le Meximeux ou Mondeuse; le Methe ou Poulsard; la Fusette blanche; le Pelossard noir, raisin bien distinct du Poulsard noir; le Mornen blanc, variété de Chasselas tout à fait différente du Chasselas doré ; le Chevalin blanc; le Chaunon noir, inconnu à la Commission; le Lardat musqué ou Chasselas musqué.

M. Joubert, de Chonas (Isère), avait apporté les raisins des Côtes-du-Rhône et le Servanin, variété inédite et trèsrecommandée par lui.

M. le vicomte de Sallemard de Peyrins (Drôme), avait exposé un cépage sous le nom de Cérigné ou Céréné, qu'il recommande beaucoup; si ce cépage est le Sérénèse de Grenoble, comme le croit la Commission, il est en effet très-recommandable.

Deuxième partie.

-Excursions ampélographiques.

La Commission, composée de MM. André Pellicot, Marès, Tochon, Joubert de Chonas et Victor Pulliat partit le 15 septembre de Lyon.

La première station de la Commission fut à Vienne, où elle s'arrêta pour visiter l'Exposition horticole. Les principaux cépages de la contrée s'y trouvaient exposés avec leurs noms de pays. Le Viogner de Condrieux, la Serine ou Sirah, le Gros Plant ou Corbeau du Lyonnais y furent

reconnus.

Quelques membres de la Commission ayant élevé des doutes sur l'identité de la Serine noire et de la Sirah de l'Hermitage, des grappes de Serine furent prises pour éclaircir ce doute aux vignobles de l'Hermitage.

Sur les coteaux de Côte-Rotie M. Joubert de Chonas fait constater que le Viogner de Condrieux n'est pas le Maclon, comme cela avait été avancé, mais bien une autre variété ayant moins de montant que le Maclon cultivé sur la rive droite du Rhône. De Côte-Rôtie à Givors la Commission le trouve mélangé avec la Serine noire; dans les vignobles de la plaine d'Ampuis, elle constate que le cépage appelé Plant de l'Hermitage n'est autre que la Dureza des vignobles de Chassis; elle trouve aussi le Mornen noir, puis, sous le nom de plant de Moirans, le Corbeau.

Arrivée à Tain (Drôme), la Commission constate que la Serine apportée de Côte-Rôtie est identiquement le même cépage que la Sirah de l'Hermitage. Au Mas-des-Rocouls elle trouve la Marsanne et la Roussanne.

Aux plateaux de Chassis, sur la droite de la route de Tain à Valence, la Sirah se trouve seule; sur la partie gauche de cette route elle n'est plus qu'en mélange avec d'autres cépages plus communs, le Corbel, le Mourre (variété de Corbel à grains couleur de suie), la Clairette noire, cépage fertile, tardif, donnant un vin solide (ce. cépage n'est pas encore décrit); la Dureza, très-fertile, mais donnant un vin grossier; la Baude, raisin de table ressemblant au Cinq-Saut, mais plus précoce; le Provereau ou Proveraou, très-fertile, à vin médiocre; le Siranié, cépage fertile devant donner de bon vin; le Cornet, plutôt raisin de table que raisin à vin, et un Muscat ressemblant au Muscat de Frontignan.

Dans les environs de Romans on trouve la Mondeuse sous le nom de Marsanne noire. Au territoire de Charmagnole, près Valence, la Marsanne noire et un peu de Petite Sirah; au-dessous de Valence la Petite Sirah prend le nom de Sirène ou Serné, et la Mondeuse a toujours le nom de Marsanne noire.

En se rapprochant de Montélimart on trouve le Grenache, le Picpoule, les Clairette rose et blanche, et le Terret.

Au-dessous de Montelimart: le Tinto ou Etrangle-Chien (Mondeuse); le Terret-Bourret; le Terret noir ou Terrier, ou Terrin de Donzère; le Colombaou ou Colombaot; l'Olivette jaune.

Aux environs de Donzère et de la Garde-d'Adhémar sont