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men. Plusieurs membres de la Commission pensant que l'allocation du prix de 500 fr. avait surtout pour but de récompenser les travaux de la Société industrielle et agricole du département de Maine-et-Loire, proposaient que ses membres titulaires, honoraires ou correspondants, nés ou domiciliés dans le département, fussent seuls admis à concourir; d'autres, au contraire, interprétant d'une façon plus large la pensée des fondateurs de ce concours, soutenaient qu'il s'agissait d'encourager d'une manière générale l'étude des arts et des sciences, sans réserve ni restriction, et qu'en conséquence le prix devait être décerné à l'auteur, quel qu'il fût, du travail le plus utile à leur progrès.

La Commission, après en avoir délibéré, a adopté cette dernière opinion. Elle a pensé qu'en effet le prix de 500 fr. avait été fondé dans un but d'utilité générale, qu'il ne convenait pas de prononcer des exclusions qui n'étaient pas exprimées par les donateurs, et que d'ailleurs il y avait lieu de se conformer à la règle établie pour les concours précédents, auxquels toutes personnes indistinctement avaient été admises. La Commission vous propose donc, Messieurs, de décider que toutes personnes, même celles qui seraient étrangères à la Société industrielle et au département, seront admises à concourir.

Cette question résolue, la véritable tâche de la Commission a commencé. Il s'agissait de désigner un sujet de concours, et tout d'abord de définir les conditions dans lesquelles cette désignation aurait lieu. Il a été convenu que le sujet à admettre ne s'écarterait pas du programme ordinaire de notre Société, et qu'en outre il devrait offrir un intérêt nouveau, c'est-à-dire n'avoir pas été traité dans les concours précédents. Cette règle a été suivie et les propositions présentées par les membres de la Commission sont à la fois nouvelles et conformes à la spécialité de nos travaux.

Ces propositions étaient d'abord au nombre de sept, mais l'une d'elles ayant été retirée, il en reste six, qui offrent toutes un grand intérêt. La Commission les a successivement examinées, puis considérant que c'est à vous, Messieurs, qu'il appartient de statuer définitivement sur

le choix du sujet de concours, elle a décidé qu'afin de faciliter ce choix les six propositions émanées de l'initiative de ses membres vous seraient également soumises. Elle s'est bornée, en conséquence, à les classer par ordre de préférence, et elle m'a chargé de vous les exposer toutes, en résumant l'examen auquel chacune d'elles a donné lieu. Je suivrai, dans l'accomplissement de cette tâche, l'ordre établi par le vote de la Commission.

La proposition classée au premier rang a été présentée par M. Brossard de Corbigny, et elle est ainsi conçue :

a Dresser une description ou statistique générale d'un CANTON • du département de Maine-et-Loire sous le rapport de ses • diverses ressources naturelles et de ses productions « minérales, végétales, animales et industrielles. »

M. Brossard de Corbigny a complété par des explications verbales le texte de sa proposition. L'étude dont il s'agit s'appliquerait, comme description ou comme statistique, à toutes les ressources et à toutes les productions d'un canton du département. Elle serait donc complète et elle offrirait un intérêt réel pour la localité, dont elle refléterait en quelque sorte la physionomie agricole et industrielle.

Le choix du canton étant libre pour les concurrents, nous posséderions sans doute à la suite du concours un certain nombre de statistiques locales. Il est vraisemblable, en effet, que sur divers points du département des hommes compétents sur ces matières s'empresseraient de prendre part à un concours si important pour leur canton. Vous pourriez d'ailleurs, Messieurs, développer à l'avenir, par votre initiative et par vos encouragements, ces premiers essais de statistique cantonale.

La proposition de M. Brossard de Corbigny peut donc être considérée comme le point de départ d'une vaste enquête industrielle et agricole s'étendant successivement à tous les cantons du département, et son adoption comme sujet de concours rendrait d'importants services à la statistique générale de Maine-et-Loire. C'est pourquoi, Messieurs, la Commission l'a placée au premier rang.

La deuxième proposition a été présentée par M. Bouchard, et elle est formulée ainsi :

• De la Viticulture dans le département de Maine-et• Loire.

« Etudier :

« 1° La culture de la vigne dans les différents cantons a viticoles;

• 2o Décrire les cépages rouges et blancs qui sont cul« tivés;

• 3° Décrire les différentes tailles employées, dire leurs « défauts et leurs avantages, observer les tailles récem•ment introduites;

4° De la fabrication des vins blancs et rouges dans le « département;

5° Faire la statistique de la quantité de vin que pro« duit le département, et déterminer approximativement « l'importance pécuniaire que ce produit donne à notre ❝ pays. »

La viticulture, Messieurs, est à la fois l'une des grandes industries et des principales sources de richesse de notre département. Tout ce qui s'y rattache mérite donc de fixer sérieusement votre attention, et vous examinerez sans doute avec intérêt la proposition de M. Bouchard.

Les questions de viticulture et d'œnologie qu'elle contient se rattachent au programme ordinaire de nos travaux. Plusieurs d'entr'elles, il est vrai, ont déjà été traitées par des viticulteurs expérimentés, que nous comptons au nombre de nos collègues, mais, malgré les écrits qu'ils ont publiés sur ces matières, la culture de la vigne et la fabrication du vin ont une telle importance pour nos contrées, qu'il conviendrait peut-être de profiter du concours qui se prépare pour constater leur situation actuelle et leurs besoins nouveaux.

La proposition de M. Bouchard comprend d'ailleurs une partie statistique d'un haut intérêt par rapport à la quantité et à la valeur des produits œnologiques de Maine-etLoire. Les renseignements que fournirait cette statistique auraient une grande importance pour les viticulteurs de

l'Anjou. Ils offriraient même un caractère d'utilité générale, en permettant de comparer les rendements de nos vignobles avec les produits similaires des départements voisins.

Vous pèserez ces considérations, Messieurs, et vous déciderez dans quelles proportions elles peuvent influer sur le choix que vous avez à faire.

La troisième proposition est due à l'initiative de M. Parage-Farran, et elle est ainsi formulée :

« 1° Etudier tous les engrais et amendements dans leur « fabrication, dans leur conservation et dans leur appli«< cation propre aux principales cultures du département : « comme les céréales, les plantes textiles et oléagineuses, « les racines de toutes sortes, les prairies naturelles et « artificielles, la vigne et l'arboriculture en général;

a 2o Indiquer les fraudes auxquelles les engrais et « amendements du commerce sont exposés, et par quels a moyens usuels et pratiques on peut les reconnaître. >>

Dans une notice jointe à sa proposition, M. ParageFarran fait observer avec raison que, par suite de la fondation récente d'un laboratoire de chimie agricole, la question des engrais se présente d'elle-même à votre attention. En effet, Messieurs, l'établissement de ce laboratoire permettra aux membres de notre Société, et même aux personnes qui y sont étrangères, de faire analyser les engrais de toute espèce dont ils se proposent de faire usage.

Bien que restreinte à une spécialité, la proposition de M. Parage-Farran n'en est pas moins fort vaste, car elle comprend, selon les expressions de son auteur, l'étude de tous les engrais et amendements dans leur fabrication, dans leur conservation et dans leur application propre aux principales cultures du département. Elle concerne également les moyens à employer pour constater les fraudes qui se commettent trop souvent dans la fabrication des engrais et amendements du commerce, et qui paralysent d'une façon si fâcheuse l'action de ces précieux auxiliaires de l'agriculture.

Cette proposition, Messieurs, est donc très-importante par elle-même, à raison des améliorations qu'elle apporterait aux différentes cultures du département. Elle emprunte, en outre, à l'établissement du laboratoire agricole un caractère exceptionnel d'actualité qui la recommande à votre sérieuse attention.

La quatrième proposition a été présentée par M. Auguste Chénuau, et elle est ainsi conçue :

a De l'influence des chemins de fer départementaux sur « les progrès de l'agriculture et de l'industrie locales. « On fera connaître autant que possible les résultats « obtenus dans les départements qui possèdent déjà des « chemins de fer d'intérêt local, mais la question sera sur<< tout traitée au point de vue des intérêts agricoles et ina dustriels du département de Maine-et-Loire. »

Cette proposition aurait pour but, Messieurs, de rechercher l'influence que les chemins de fer départementaux, projetés en Maine-et-Loire, sont appelés à exercer sur les progrès de l'agriculture et de l'industrie de notre département.

Il est incontestable que les moyens de transport, en facilitant à la fois l'importation et l'exportation, donnent une impulsion féconde aux différentes industries des contrées qu'ils parcourent, et l'on a dit avec raison des grandes compagnies de chemins de fer qu'elles étaient l'un des principaux agents de la richesse nationale. Ce qui est vrai pour les grandes lignes d'utilité publique ne l'est-il pas également, quoique dans des proportions moindres, pour les petites lignes d'intérêt local? C'est ce qu'il s'agirait de rechercher et de faire ressortir au point de vue particulier des intérêts agricoles et industriels du département de Maine-et-Loire.

Vous déciderez, Messieurs, s'il convient de donner suite à cette proposition, dont l'opportunité tient surtout à l'exécution prochaine de nos chemins de fer départementaux.

La cinquième proposition a été présentée par M. le doc

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