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viticulteurs angevins se soient laissé entraîner à propager ce cépage sur des recommandations qui n'avaient pas pour elles l'expérience. Ce qu'ils ont de mieux à faire aujourd'hui pour corriger le peu de richesse de son moût, c'est de lui associer un bon cépage blanc dans la proportion d'un dixième ou d'un huitième au plus. J'ai bu dans la Savoie des vins de Corbeau faits dans ces conditions qui n'étaient réellement pas mauvais, je pourrais même dire qu'ls étaient bons.

J'ai l'honneur de vous adresser, en même temps que ma lettre, six exemplaires de mes Descriptions et Synonymies. Un de ces exemplaires où des feuilles blanches sont intercalées pour des annotations, vous est destiné. Vous voudrez bien offrir les autres à la Société Industrielle qui a bien voulu m'honorer du titre de membre correspondant. C'est là tout ce que je puis vous offrir de mes écrits sur les variétés de vignes. Vous trouveriez des renseignements bien plus complets dans le Vignoble que je publie depuis 1874, mais je n'ai pu décrire encore qu'un certain nombre de cépages; l'ouvrage ne sera à peu près complet qu'en 1880. Dans ce mois-ci je publierai le Cot qui est, je crois le cépage dominant de vos contrées; j'ai tâché d'établir son origine. Je ne sais pas s'il me sera possible de continuer mon œuvre, faute de souscripteurs je n'ai pas été soutenu dans ma publication par les Sociétés d'Agriculture, qui devraient cependant souscrire à un ouvrage qui me semble utile à la viticulture.

Je vous engage beaucoup à faire une Monographie des Cépages de Maine-et-Loire. Ces traités spéciaux sont d'une grande utilité. Pour pouvoir faire ce travail très-complet, vous devriez pousser votre Société à faire une Exposition des raisins de tous vos vignobles, en septembre prochain. Plusieurs départements de notre région ont fait des Expositions de ce genre et sont arrivés à dresser la nomenclature complète avec synonymies de toutes les vignes qu'ils cultivent; je pourrai vous adresser prochainement, j'espère, le rapport sur l'Exposition des raisins faite à Poligny (Jura), commune modèle du genre.

Si vous voulez bien me le permettre, je ferai reproduire

par le Cultivateur les passages de votre lettre concernant l'Alcantino.

Pardonnez-moi, Monsieur, le décousu de cette trop longue lettre et veuillez croire à mes sentiments sympathiques et respectueux.

J. PULLIAT.

PROJET

DE RECOUVRIR D'EAU LES PRAIRIES DE LA MAYENNE,
DE LA SARTHE ET DU LOIR,

Présenté par M. ALLARD père, membre titulaire.

Messieurs,

Le but que nous nous proposons tous ici étant de rechercher les améliorations susceptibles d'ajouter à la richesse de notre pays, j'ai l'honneur de vous soumettre une proposition destinée, si elle reçoit son exécution, à augmenter d'une façon régulière le rendement de nos prairies naturelles.

La sécheresse excessive que nous avons subie cette année et la très-petite quantité de fourrages qui a été récoltée, n'a conduit à chercher s'il ne serait pas possible d'en diminuer les effets désastreux, surtout pour celles de nos prairies situées sur le bord des rivières qui sillonnent notre département; ces cours d'eau, en raison de leur pente, qui est assez considérable, pourraient permettre de prendre l'eau et de l'employer à l'usage que je vais indiquer.

Je m'occuperai ici uniquement des prairies situées sur les rives de la Mayenne, de la Sarthe et du Loir; mais ce qui est possible et avantageux pour ces rivières, l'est également pour d'autres, pour l'Authion, par exemple.

600 h.

On peut estimer à six cents hectares environ l'étendue des prairies de l'île de Saint-Aubin, ci....... D'Epinard à Grez-Neuville, on peut compter environ même surface....

D'Epinard à Châteauneuf..

Sur le cours du Loir jusqu'à Villevêque....

600

1,800

600

Surface totale sur les trois rivières..... 3,600 h.

Je suis persuadé qu'il est possible de couvir d'eau à volonté toutes les prairies mentionnées ci-dessus. Voici le moyen que je proposerais d'employer je prendrais sur chacune de nos trois rivières les points extrêmes, Grez-Neuville sur la Mayenne, Châteauneuf sur la Sarthe, et, sur le Loir, Villevêque; à chacun de ces points, j'établirais une prise d'eau au moyen de tuyaux en fonte ou en bois, dont le diamètre serait à déterminer; ces tuyaux seraient placés parallèlement à la rivière, sur le sol ou dans la terre à une petite profondeur et munis de robinets, qui permettraient à chacun des propriétaires placés sur leur passage, de prendre de l'eau suivant les besoins des prairies et dans la mesure qui serait indiquée.

Dans une année de sécheresse, tous les prés pourraient être successivement couverts d'une couche d'eau suffisante pour entretenir une fraîcheur favorable et activer le développement de l'herbe. Cette opération pourrait être répétée autant de fois qu'il serait nécessaire, pendant chaque saison. Par ce moyen nous aurions chaque année des récoltes régulières et abondantes.

Le besoin de ces submersions se ferait généralement sentir en avril et en mai.

L'achat et la pose des tuyaux coûteraient environ 8 à 10 mille francs par kilomètre; supposons que ce travail comprenne seize kilomètres sur chacune des trois rivières, nous aurions une longueur totale de quarante-huit kilomètres, et une dépense de 480,000 francs.

Voyons maintenant si cette dépense peut être justifiée, et si les avantages que l'on en retirera seront en proportion du sacrifice demandé. La dépense est de 150 francs environ par hectare arrosé; cette dépense, faite une fois,

donnera constamment des bénéfices que nous allons essayer d'apprécier.

Dans les années moyennes, les bonnes prairies rapportent de quatre à six mille kilogrammes de foin à l'hectare et mille kilogrammes valent environ 60 francs. L'hectare rapporte donc 360 francs.

Cette année, la récolte n'a pas dépassé quinze cents à deux mille kilogrammes, et le foin s'est vendu 150 à 160 francs les mille kilogrammes. L'hectare n'a donc rapporté que 300 francs.

Si, dans une année de sécheresse, on faisait produire, au moyen des arrosages, cinq mille kilogrammes de foin à l'hectare, le prix de 150 francs aurait, quand même, sa raison d'être, car les causes particulières qui nous donneraient une récolte abondante n'existant pas ailleurs, les foins seraient rares, le produit d'un hectare serait alors de 750 francs, c'est-à-dire un excédant de 400 francs sur les années favorables, et les 3,600 hectares, dont je m'occupe ici, donneraient 1,440,000 francs de produit, qui, dans l'état actuel des prairies, sont perdus complétement, chaque année de sécheresse.

Les années sèches ne sont pas rares on peut citer 1832, 1833, 1834, 1841, 1858, 1871, 1874, 1875.

En 1858, l'état des prairies, au mois de mai, était à peu près ce qu'il était cette année à pareille époque; le 28 mai, une inondation survient et couvre les prés pendant huit jours, la récolte fut de quatre mille cinq cent kilogr. à l'hectare, tandis que les pays épargnés, et en particulier la Daguenière, Brain-sur-l'Authion, eurent une récolte insignifiante.

La seconde herbe, ou regain, si précieuse pour l'élevage et l'engraissement des bestiaux, manque fréquemment par suite de la sécheresse ou ne donne qu'une faible partie de la nourriture qu'on est en droit d'en attendre; au moyen des arrosages, cette seconde récolte deviendrait aussi régulièrement abondante que la première.

Si le travail dont je viens de vous entretenir était exécuté, nous n'aurions plus besoin d'acheter, comme cela s'est fait cette année, des foins en Bretagne ou en Nor

mandie; au contraire, nous serions toujours en mesure d'en vendre aux contrées qui en manqueraient.

Ce qui précède suffit, je crois, pour démontrer que les sommes considérables perdues chaque année par l'inclémence de la saison peuvent être conservées par les arrosages.

Quant aux moyens d'exécution, je ne prendrai pas sur moi d'indiquer le meilleur, mais il me semble que si les propriétaires intéressés étaient bien pénétrés de l'importance des résultats et de la possibilité de l'exécution du projet, ils n'hésiteraient pas à se réunir pour faire une dépense si avantageuse.

Dans le même ordre d'idées, Messieurs, je désire vous entretenir des prairies situées entre le Loir et la Sarthe, dont la surface peut être évaluée à deux mille hectares; elles ne sont aujourd'hui que de mauvais prés; le foin qu'on y récolte se vend 20 francs les mille kilogrammes, l'eau y séjourne presque toute l'année; à peine peut-on trouver entre deux petites crues le moment de couper et d'enlever la récolte; ces prés sont sillonnés d'une multitude de fossés communiquant directement avec la rivière; les pluies d'orage suffisent pour faire refluer l'eau par ces fossés, et la récolte est perdue ou avariée.

Dans ces prés, la partie qui borde la rivière et qu'on appelle Chantier, est plus élevée de 1" environ que les autres parties, (peut-être doit-on voir dans cette disposition du terrain la trace des travaux de préservation exécutés par nos ancêtres), en prenant au bord de la rivière, pendant l'été, de la terre que l'on placerait sur ces chantiers; on les élèverait facilement encore de 1" ou 1,50, les prés se trouveraient ainsi à l'abri de la plus grande partie des inondations; pour consolider la terre placée sur les chantiers on y sèmerait de la graine de foin; puis il faudrait supprimer les petits fossés et les remplacer par des canaux destinés à assainir le sol, et munis de portes.

Le premier résultat de ce travail serait donc d'arracher les prairies dont il est question aux ravages que leur causent, presque chaque année, les crues, petites et moyennes, témoin la crue du mois d'août dernier.

Le second consisterait dans la transformation que subi

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