Page images
PDF
EPUB

Densité des Tissus et des cordages imperméabilisés.

Un autre résultat, auquel nous sommes arrivés par suite de la densité très-faible du corps insoluble précipité, est que les filets et les cordages ainsi préparés pèsent moins dans l'eau et sont conséquemment plus faciles à manœuvrer.

Un filet non imperméabilisé pesant dans l'air 247 kilog., mis dans l'eau perd une partie de son poids et ne pèse plus que 32 kilog., le poids du dit filet est donc allégé de 215 kilog.

Le même filet rendu imperméable pesant également dans l'air 247 kilog., surnage dans l'eau et pour le faire entrer dans ce liquide de façon à ce qu'il soit recouvert d'eau, en position bien équilibrée il faut le surcharger de 158 kilog.

Il résulte de ces faits que la manoeuvre des cordages et des filets imperméabilisés est plus facile, que les mailles flottant plus librement doivent moins peser les unes sur les autres et rester régulièrement ouvertes. La manœuvre des cordages devra moins fatiguer les équipages des navires.

Conclusions.

Nous avons donc de déduction en déduction, guidé par les travaux remarquables de Berthelot et les expériences de Duhamel du Monceau, été conduit aux résultats suivants :

1o Notre procédé d'imperméabilisation offre sur celui du goudron cet avantage, que la force du textile reste la même au lieu d'être diminuée d'un tiers.

2o Le corps insoluble étant souple et élastique, aucun durcissement immédiat n'a lieu, ni est à craindre pour l'avenir. La force des cordages et des filets reste ce qu'elle est et ne sera pas diminuée chaque jour comme par l'emploi du goudron.

3o Les cordages, filets et tissus n'absorbant que 44 % d'eau au lieu de 120 %, des causes de fermenta

tion et de pourriture sont éloignées; la tricellulose du chanvre conservera sa composition, d'où dépend la force du textile.

40 Le corps insoluble à base de résine et d'alumine, étant insoluble, indécomposable, inattaquable par l'eau et par l'air, protége comme d'un vernis la fibre, qui devient imputrescible.

5o Le corps insoluble remplissant la fibre, étant souple et élastique, l'intérieur de la fibre n'étant pas rempli d'un corps raide comme le goudron durci, la fibre textile conservera ses propriétés physiques de cylindre creux.

6o La densité de ce corps insoluble étant très-faible, presque égale à celle de l'eau, les cordages, les filets flotteront dans l'eau, n'exigeront que peu de travail pour leur manœuvre.

7° Le séchage de tous les cordages, filets et tissus. sera d'autant plus facile que l'eau absorbée est diminuée des 3/4.

La pratique a sanctionné depuis 2 ans, la qualité des tissus ainsi préparés et près de quarante mille sacs à pulpe, servent maintenant dans l'industrie sucrière ayant résisté aux efforts des presses hydrauliques et aux causes si nombreuses de pourriture.

Nous avons cru devoir mettre ces faits sous les yeux de la Société Industrielle, persuadé qu'elle appréciera la valeur des résultats acquis.

Cette question intéresse vivement l'une des principales industries de l'Anjou, l'industrie chanvrière, tout autant que l'industrie sucrière.

Tout nous fait espérer que la marine s'occupera avant peu d'expérimenter ces cordages nouveaux dont la force absolue, la manoeuvre facile, et la conservation sont une garantie sérieuse pour la sécurité des navires de l'Etat.

Angers, le 28 juin 1877.

MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE.

DIRECTION DE L'AGRICULTURE.

Monsieur le Président,

Paris, le 30 juillet 1877.

A la suite d'un vou formulé par le conseil général du département de la Loire-Inférieure, j'ai fait étudier par le Comité consultatif des épizooties, institué près de mon ministère, les causes des désordres occasionnés trop souvent dans les foires par les paniques du bétail connues sous le nom de Mouche des bêtes à cornes.

J'ai l'honneur de vous transmettre ci-joints quelques exemplaires d'une instruction rédigée d'après les indications de ce Comité, afin de porter à la connaissance des agriculteurs les moyens de détruire l'insecte auquel on doit attribuer la plupart des paniques qui s'emparent des troupeaux de bêtes à cornes Je vous prie de vouloir bien demander à MM. les membres de la société dont Vous êtes président leur concours pour répandre les renseignements contenus dans cette instruction.

Recevez, Monsieur le Président, l'assurance de ma considération très-distinguée.

Le Ministre de l'Agriculture et du Commerce.

C. DE MEAUX.

MOUCHE DES BÊTES A CORNES.

Conseils donnés aux Agriculteurs, d'après les indications du Comité consullatif des épizooties.

Tous les agriculteurs savent que des terreurs paniques saisissent quelquefois les animaux de l'espèce bovine; ils ont vu l'épouvante gagner des troupeaux entiers et les animaux affolés s'enfuir brisant ou renversant tout sur leur passage; ils connaissent les graves conséquences que ces terreurs peuvent avoir lorsqu'elles se produisent parmi les boeufs et les vaches rassemblés dans les champs de foire, au milieu de la foule.

Il est possible de diminuer les chances que ces accidents ont de se produire, et la présente instruction a pour objet de porter à la connaissance des agriculteurs les moyens employés pour atteindre ce but.

La plupart des terreurs paniques auxquelles le gros bétail peut être en proie sont produites par les attaques d'une mouche d'espèce particulière connue sous les noms de mouches des bêtes à cornes, cestre du bœuf hypoderma bovis; c'est effectivement lorsque cette mouche bourdonne autour des boeufs que l'on voit le troupeau s'enfuir en beuglant, le cou tendu, la queue relevée et agitée par des mouvements violents.

L'estre poursuit les animaux surtout dans les bocages et dans les bois; il paraît attaquer moins fréquemment les bœufs qui paissent dans les plaines et semble s'écarter des terrains humides; son vol est rapide et produit un sifflement particulier dont l'imitation par d'imprudents bouviers même aux époques de l'année où il n'existe pas d'œstre volant, suffit à constituer un danger véritable, tant est forte et durable l'impression de terreur que l'insecte inspire au bétail.

C'est pendant les mois de juillet, août et septembre que les bêtes de l'espèce bovine sont attaquées par

l'œstre volant; mais à ce moment de son existence cet insecte est difficile à atteindre, tandis qu'il est facile à détruire lorsqu'il est encore à l'état de larve.

Il ne poursuit pas les boeufs pour se nourrir de leur sang, comme le fait le taon avec lequel on l'a souvent confondu; il cherche seulement à introduire ses œufs sous la peau de l'animal; aussi est-ce la femelle seule de l'œstre qui jette le désordre dans les troupeaux.

La larve qui sort de l'œuf ainsi abrité occasionne les tumeurs que l'on remarque particulièrement sur le dos des bœufs et des vaches et que quelques-uns regardent à tort, comme un signe de vigueur et de santé. Les tumeurs, d'abord grosses comme un pois, puis comme une noisette, et enfin comme une noix, ont à leur sommet une petite ouverture qui permet la respiration de la larve et que l'on peut apercevoir en écartant les poils. La larve est un ver blanchâtre, plus gros à son extrémité antérieure; elle séjourne sous la peau jusqu'au mois de juin et juillet de l'année suivante; arrivée alors au terme de sa croissance et mesurant une longueur de vingt-cinq à vingt-sept milimètres, elle sort de sa demeure, tombe sur le sol et se cache dans l'herbe pour se transformer en nymphe; six ou sept semaines après sa dernière métamorphose s'est accomplie, et un nouvel œestre s'envole, qui, presque aussitôt, poursuit les bêtes bovines pour déposer sous leur peau les œufs destinés à perpétuer son espèce.

On peut tuer cette larve avec une alène introduite par le petit trou qui existe au sommet de la tumeur; on comprime préalablement celle-ci avec les doigts afin d'en resserver la cavité intérieure, d'immobiliser la larve, et de faire, s'il est possible, saillir à l'entrée du trou le dernier anneau de son abdomen. Une fois percée, la larve se vide, meurt et est éliminée par la suppuration.

Un autre procédé consiste à asphyxier la larve en obstruant avec un peu de térébenthine le trou dont il vient d'être parlé.

Enfin, on peut encore extraire directement la larve en pressant la tumeur à sa base; il peut être utile dans ce cas d'agrandir préalablement l'ouverture de la tumeur avec un canif ou un couteau pointu et tranchant.

« PreviousContinue »